" Les morts n'appellent que le silence ", écrivait Robert Badinter.
Une haine ancrée
" Oh ! Nous on les ignore... On n’a pas à faire à eux du tout, hein... Ce sont des primitifs...Ce sont peut-être de braves gens, hein, j’en sais rien mais moi, je préfère les voir chez eux plutôt que chez moi", clamait en 1973, un azuréen d'un air détendu. (1)
Un autre :
"Monsieur, ils ont des moeurs que nous, on n’arrive pas à comprendre... Vous avez des gars, ils vivent ici depuis 20, 30 ans, eh bien ! Ils sont restés ce qu’ils sont... Ce n’est pas que je les critique, loin de là ma pensée... "
Qui sont-ils ? Les maghrébins de la Côte d'Azur et plus généralement les arabes du coin.
Un acte barbare et cette vision se précise.
Chasser l'arabe et demain peut-être l'exterminer !
Crachats sur le lieu de mort de Mohamed Lahouaiej Bouhlel.
Intimidations et insultes de son ex-épouse pourtant sortie de sa garde à vue avec un non lieu.
Des niçoises et des niçois s'en prennent à ces représentations de l'homme qui a fait 84 morts et beaucoup de blessés, sous le regard passif des autorités locales et celui, curieux, des médias !
"Pogromisation" en marche dans une région où les ratonnades anti-arabes ne sont ni nouvelles ni complètement oubliées ?
" C’est très pénible, vous savez, d’être envahi par eux " disait un Maire de droite du coin !
Et si on parlait de ce que vivent ces arabes ? Qui au passage contribuent à l'essor économique de cette belle région ?
Moghniss Abdallah a vécu les ratonnades de Grasse en 1973 raconte :
« Si je sors la nuit, tout seul, pour aller au cinéma ou au café, je ne reviens pas, je me fais jeter dans la rivière... À la gendarmerie, si je dis quelqu’un m’a fait du mal, ils me disent on verra , on verra... C’est pas bon... Il faut qu’on fasse quelque chose, quoi ! », s’insurge un habitant des quartiers populaires.
Propos qui font sortir le curé de la paroisse de son silence, avec ces quelques mots de réconfort :
"En prêtre, en représentant de l’église, je me suis senti obligé de m’adresser à eux pour leur dire : faites attention, car cela est grave, on n’a pas le droit de se dire chrétien quand on regarde avec mépris des personnes qui vivent à côté de nous et, puisque j’ai la parole, je me tourne vers les Nord-africains qui sont là, Marocains, Tunisiens, Algériens, pour demander pardon de ce qui a été fait contre eux... par les niçois ! "
Une haine non éteinte !
Un racisme individuel ou systémique dans cette " douce France ".
Une " vieille France ", qui de génération en génération maintien à distance les immigrés et leurs enfants, 54 ans après la guerre d'Algérie et des dizaines d'affrontements raciaux entre "Européens et "suppôts mahométans", pour reprendre la terminologie fleurie des amis de l'omnipotent président de région Christian Estrosi, du président du département Éric Ciotti et de l'armada Front National bien implantée dans ces circonscriptions.
Les thèses de la 5 ème colonne et de la 3 ème guerre mondiale, ne sont-elles pas un appel à la mobilisation générale de cette branche de la population qui n'a pas digéré les accords d'Evian et le départ des Harkis. (2)
Un discours belliqueux, amalgamant, incitatif à la haine et bouffant de l'arabe !
Qui pour rappel n'est pas exangue de mensonges sur les victimes du terrorisme et des guerres :
"La Première et la Seconde Guerre mondiale ont fait plusieurs millions de morts. Alors qu'en Europe et aux États-Unis les djihadistes ont fait moins de 4 000 morts. Et 90 % des massacres perpétrés par des islamistes radicaux tuent des musulmans", écrit Farhad Khosrokhavar.
Les sorties du Premier Adjoint au Maire de Nice (le Maire qui avait piscine), ne cessent de rappeler, un propos paraphrasé de 1938 :
«Avec ce peuple, je puis encore faire une guerre», d'abord pour chasser les arabes puis les exterminer en masse.
Oui, ce qui se passe à Nice demande de faire attention, "car cela est grave, on n’a pas le droit de se dire chrétien quand on regarde avec mépris des personnes qui vivent à côté de nous".
Et comme l'écrit si bien Rachid Benzine, "
"Pendant ce temps, bravant les évidences, des familles de victimes, détruites par la peine, continuent de clamer que l’amour est plus puissant que la haine, que le rire de leur enfant perdu sera toujours plus fort que les appels au meurtre de Daesh. Leur courage et leur sagesse sont mes leçons. Ils me donnent la force de croire encore que cette vie a un sens." (3)
(1) Événements de Grasse 1973 http://lmsi.net/Souvenir-de-Grasse-un-certain-12
(2) http://www.lepoint.fr/politique/cinquieme-colonne-troisieme-guerre-mondiale-les-mots-d-estrosi-a-la-loupe-30-04-2015-1925312_20.php
(3) Nice, Voyage au bout de la nuit, Rachid Benzine. https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=629624803861275&substory_index=0&id=158384104318683
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