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Billet de blog 18 avril 2014

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Affaire Aquilino Morelle, une entorse à la décence commune

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Ure redifusion de cet article, publié en Avril 2015 après la chute du bani comme il aime se présenter! L'ingrat qui a traité Hollande d'enfoiré!!

« La morale est une convention privée; la décence est affaire publique; toute licence trop visible m'a toujours fait l'effet d'un étalage de mauvais aloi » Marguerite Yourcenar - Mémoires d'Hadrien (1951)

Aquilino Morelle, le conseiller politique auprès du Président de la République vient de démissionner suite une enquête de Mediapart qui révélé hier ses relations passées avec des laboratoires pharmaceutiques pendant qu’il exerçait à l’IGAS. L’enquête de Mediapart met aussi en exergue d’autres comportements critiquables dont l’utilisation de moyens de la République pour des affaires privées. Ce 18 avril 2014, Aquilino Morelle démissionne de ses fonctions de conseiller à l’Élysée.

Cette démission s’accompagne du silence de Manuel Valls. Ils ont travaillé ensemble en tant que "Conseiller" dans le cabinet de Lionel Jospin en 2002, aux manettes à Matignon avant la défaite du 21 avril 2002. La proximité d’Aquilino Morelle avec Manuel Valls a d’ailleurs fait l’objet d’un papier du Canard enchainé qui révèle bien des choses…

Conseiller du Président au service de Manuel Valls?

La question se posait jusqu’à sa démission de ce jour. Manuel Valls vient de perdre un élément important de son dispositif élyséen. 

Qui était réellement visé par Médiapart?

L’Élysée ou Matignon? Il faut croire que cette  "affaire Aquilino Morelle" n’est qu’à ses débuts et la suite risque d’apporter d’autres révélations.

Politiquement, avec cette démission, la nouvelle ligne politique dessinée par le conseiller politique Aquilino Morelle, appliquée par Matignon a peut être pris du plomb dans l’aile.

F. Hollande confirme son souhait de la République exemplaire, c’est bien. Dans l’attente d’une réaction de Manuel Valls sur cette fin de cycle de son protégé à l’Élysée, veuillez agréer…

  • Ligne d’attaque d’Aquilino Morelle

« ..Ce fut le second et dernier contrat de cette activité de conseil. Ces activités ont dû être déclarées à l’IGAS. Je n’ai pas retrouvé la trace de cette démarche en dépit de mes recherches. ». Telle est la ligne d’attaque d’Aquilino Morelle pour expliquer l’accusation de « prise illégale d’intérêt»! Drôle de ligne d’attaque.

Une « prise illégale d’intérêt»

Définition : « Le fait pour une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public ou par une personne investie d’un mandat électif public, de prendre, recevoir et conserver, directement ou indirectement, un intérêt quelconque dans une entreprise ou une opération dont elle a, au moment de l’acte, en tout ou partie, la charge de la surveillance, de l’administration, de la liquidation ou du paiement ».

L’IGAS a confirmé qu’il n’en est rien, aucune trace d’autorisation de travail pour ces laboratoires ni même une demande d’autorisation. Ce qui démontre qu’Aquilino Morelle a dissimulé une activité rémunérée qui devient de fait un trafic d’influence.

C’est à l’enquête administrative qui dira s’il y’a « prise illégale d’intérêt » ou pas, et ainsi de vérifier les accusations de Médiapart  auquel cas s’il y’a dissimulation d’activité rémunérées par les lobbys pharmaceutiques et les laboratoires. !

  • Des Pompes et fastes aux pompes tout court

« On connaît l’histoire des pompes et des fastes de la République, voici l’histoire des pompes tout court! », ca pourrait être le titre d’un récit intitulé « Il était une fois l’oreille et la plume du Président de la République! »

Dans les contes d’Aladin, les lignes suivantes pourraient être facilement intégrée :

"Il donna l’ordre au chaouch

De crier que le petit marquis qu’il est lui faisait grâce,

Et qu’il eut à se retirer.

Il passa bientôt à toute la populace qui était dans la place du palais,

Les servilités des chaouchs, qui annonçaient la même chose

Du haut des terrasses où ils étaient montés,

Achevèrent leur œuvre de cirage de pompes du petit marquis

La sollicitation que le petit marquis venait de rendre au chaouch

En lui faisant grâce désarma la populace,

Fit grandir sa servilité, et insensiblement le laissa rentrez chez lui"

Ce ne sont pas les contes d’Aladin mais les péripéties d’un chaouch au servie du petit Marquis Aquilino Morelle...

Ce que nous apprenons par Médiapart, et qui confirme les dires sur le personnage sont une entorse à ce que Georges Orwell a appelé « la décence commune ». En ces temps d’austérité la chose passe mal !

La décence commune qui ferait que les petits et les sans grades supportent les inégalités  matérielles. Celle de Rousseau, ou « nul citoyen n’est assez opulent pour pouvoir en acheter un autre, et nul n’est assez pauvre pour être contraint de se vendre». Aquilino Morelle n’en a eu rien à faire !

C’est digne de l’histoire (démentie) la vaisselle d'or dans laquelle mangeait Léon Blum, selon la presse d'extrême droite des années 30», de la baignoire en argent de Gambetta, ou Le cadeau d'une paire de chaussures Berluti à 11.000 francs par Christine Deviers-Joncourt à Roland Dumas ...

Comment la plume du Président arrive-t-il à écrire des discours,  sur le gel des prestations sociales (AF, Aides au logement, retraites), sur le gel des points d’indice, sur le chômage qui ne baisse pas, touchant ainsi des millions de nos concitoyens et user de sa position pour servir ceux qu’il était censé contrôler ?

Comment la plume du président, qui lui préconise les discours sur la finance comme ennemie, sur le combat contre l'austérité, sur le moi président qui veut une république exemplaire, ose-t-il encore se justifier la servilité infligée à son chaouch du palais pour ses pompes...?

Aquilino Morelle, il y’a des choses qui ne se font et des choses qui ne se font pas : cela s’appelle la décence commune. C’est presque instinctif, spontané. On peut avoir cette réaction quelle que soit notre morale ou notre religion : c’est un sentiment d’injustice insupportable, ça ne devrait pas exister.

  • Usage abusif  de l’émotion : Maladresse, désarroi ou « foutage de gueule « ?

Aquilino Morelle nous fait part de ses galères professionnelles qui, dit-il « Ainsi, il est exact que mon emploi du temps extrêmement chargé ne m’a pas toujours permis d’aller moi-même chercher mon fils le lundi soir, à 19h30, à la sortie d’un enseignement –ce que j’aurais eu beaucoup de plaisir à pouvoir faire moi-même. Il en va de même pour certaines questions personnelles, que mon secrétariat m’a proposé avec gentillesse de me décharger, de façon ponctuelle. »

Combien de Français seraient sensible à ce genre d’arguments ?

Ceux qui pour un  SMIC, sont obligés de partir la semaine à des centaines de Kilomètres (je parle des travailleurs de terrassement ou des voies ferrées)? Celles et ceux qui sont obligés de cumuler des petits boulots, certains fois plusieurs par jours de 6H à 23h (par exemple ceux qui font des ménages dans les bureaux ou à la SNCF) ?

Celles et ceux à qui Manuel Valls vient d’annoncer les gels de leurs prestations sociales après la saignée des impôts des 2 premières années de la présidence Hollande ?

On peut en citer d’autres...

Ils ne se plaignent pas du fait qu’ils n’ont pas cette chance d’aller chercher leurs gamins à 19h30 Lundi à la sortie d’un enseignement qui serait privé surement puisqu’il est hors horaires scolaires.

Ils ne se plaignent pas car eux, se contentent de l’enseignement public et n’ont pas les moyens de préparer, avec la contribution du privé, leurs enfants aux voies d’excellence, tel est surement votre cas.

Maladresse Aquilino Morelle, désarroi ou « foutage de gueule » ?

  • Qui pourrait en vouloir à Aquilino Morelle ?

Selon le Monde du 18 Avril 2014,  Aquilino Morelle, a favoriser le départ de Valérie Trierweiler, qui ne le portait guère dans son coeur. Il avait activement œuvré à l’évincement de Claude Sérillon, l'un de ses rivaux sur ce terrain. Et surtout, depuis deux semaines, avec le départ de Matignon de Jean-Marc Ayrault, qui le tenait pour son pire ennemi à l'intérieur de l'Elysée, et celui de Pierre-René Lemas du secrétariat général de la présidence, contre lequel il menait une sourde lutte, en coulisses, depuis des mois.

L'arrivée au poste de premier ministre de Manuel Valls dont il est proche depuis leur collaboration au cabinet de Lionel Jospin à Matignon, de 1997 à 2001, avait parachevé ce retour en force d’Aquilino Morelle. Son entourage n'a donc pas manqué de déceler dans l'enquête de Mediapart une opportune « volonté de nuire et de salir ». « Il est à la fois l'homme qui a pris trop de place à l'Elysée, le président lui ayant témoigné sa confiance, et l'ami du nouveau premier ministre. C'est ce qu'on veut lui faire payer », peste un proche.

Et que dire de tous ces hollandais qui se sentent jetés par l’avènement de Manuel Valls, avènement qu’Aquilino Morelle a animé, souhaité et coordonné ?

  • Et la république exemplaire dans tout ça ?

« Moi, président de la République, il y aura un code de déontologie pour les ministres qui ne pourraient pas rentrer dans un conflit d’intérêt. » Quelle belle anaphore !

Cette anaphore a donné lieu à la signature par les ministres des deux premiers gouvernements d’une charte de déontologie portant notamment sur le non-cumul des mandats ou la transparence gouvernementale.

La circulaire étendant les obligations à leurs collaborateurs n'a jamais été publiée.

En revanche, le projet de loi sur la transparence de la vie publique comble ce manque en prévoyant la publication des déclarations d'intérêts des membres de cabinets ministériels.

Cette charte de déontologie n'a pas empêché l'affaire Cahuzac, les mensonges du ministre du Budget devant la représentation nationale et plusieurs mises en examen.

Cette charte n’a pas empêché l’affaire Yasmina Benguigui qui a caché ses participations dans une société privée. Ce qui a obligé Anne Hidalgo à la virer de sa liste municipale à Paris. L’ex-ministre reste tout de même conseillère de Paris !

La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, jouera-t-elle son rôle pour vérifier les situations fiscales des ministres, de leurs conseillers ainsi que ceux  de l’Elysée et les divers collaborateurs de cabinets ? Il n’y a pas de raison de douter sur sa capacité à la faire mais les affaires montrent qu’il y’a comme un système de dissimulation d’activités ou de revenus qui s’installe jusqu’au cœur de l’Etat exemplaire !

Cela alimente le discours de « tous pourris » qu’instrumentalise la droite et l’extrême droite.

Ce sont là les entorses à la république exemplaire

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