La direction de feu Solferino, tel le Lapin blanc de Lewis Carroll, est toujours en retard, et court après des chimères.
En 1959, le programme de Bad Godesberg a marqué une rupture pour le SPD allemand en officialisant l’abandon formel des références marxistes et la reconnaissance de l’économie de marché. C’est peu dire que "nos" socialistes français sont allés bien au-delà ce stade.
La primaire a montré de façon irréversible l'impasse face à laquelle ça se trouver le PS et ses minuscules soutiens écolos convertis à l'amour des mandats et le PRG, un nain politique.
Les Hollandais se démarquent, sans se reconstruire. Vincent Peillon ne fera guère plus qu'une illusion.
Benoît Hamon s'ouvre des voies de la transformation sociale et écologique vers les gauches non Solferiniennes.
Arnaud Montebourg s'éclipse dans une vision souverainiste et pose les fondations de sa confrérie du patriotisme 2.0.
Après les municipales de 2014, le PS a perdu la moitié de ses élus, passant de 60.000 à 30.000 selon les chiffres de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNSER) elle-même.
Depuis, le Sénat a été perdu et les élections départementales suivies des régionales ont amplifie cette situation.
Les élections partielles presque toutes perdues et avec elles des élus en moins.
Abandonné par ses électeurs, le Parti socialiste est aussi déserté par ses militants. Les chiffres sont évidemment secrets, mais à fin 2016, le PS est passé de 180 000 (2012) à 40000. Soit une baisse de 78% des cotisations des militants par rapport à ce qui était prévu. Le rêve de 500 000 adhérents de Jean-Christophe Cambadelis évaporé.
Depuis le 31 Mars 2014, la composition du gouvernement Valls II, l’affaire Thévenoud, la gestion calamiteuse de la mort de Rémy Fraisse, l'episode de la déchéance de la nationalité et la loi travail et son 49.3, n’ont pu qu’aliéner de nouvelles franges de militants au PS. Le nombre de cartes est probablement désormais inférieur à 40.000, et les militants qui restent hésitent à arpenter les marchés, le masochisme trouve parfois ses limites.
Ajouté à cela, le fait que l’effondrement du PS n’a généré aucune polarisation sur sa gauche, ni dans les luttes, ni dans les urnes. La Grèce, l’Espagne ont connu de très fortes mobilisations sociales et connaissent avec Syriza et Podemos un débouché politique potentiellement majoritaire. Ce n’est pas le cas en France, et c’est sans doute le principal problème que doit relever une gauche de transformation qui n’a pas renoncer à son projet émancipateur, à son combat pour l’égalité.
Le mouvement Nuit Debout a souffert de l'absence de leadership et d'un projet porteur et concret.
La convergence des luttes contre la loi travail a fini par se ranger après le sinistre 49.3.
Paradoxalement, la chance pour un projet émancipateur réside dans la quasi certitude qu’il n’y aura pas de candidat de gauche au second tour de la présidentielle de 2017. Le piège du vote utile dont le PS a usé et abusé tout au long de ces dernières années s’est refermé sur lui. Désormais, envoyer un candidat du PS au second tour, c’est assurer l’élection d’une Marine Le Pen.
Bien sûr, cela révèle le caractère très dégradé des rapports de force politiques mais cela peut aussi permettre de délaisser les petits calculs électoraux à courte vue au profit de l’indispensable reconstruction.
L'hypothèse de voir un Valls ou un Montebourg se ranger derrière Melenchon est plus qu'improbable. Il est rare que des couples se reconstituent après un divorce houleux. Et Jean-Luc Melenchon, n'est pas du genre à lâcher le siège d'autant plus que ça sera sûrement son dernier tour de piste à 66 ans.
La vague Macron finira-t-elle avec les douces rêveries qui relèvent de paradis artificiels ?. Elle fait illusion. Elle fait fausse route.
Les écologistes en état de decomposition avancé, sortis du gouvernement envoient des signaux contradictoires et restent au milieu du gué.
Rassembler tout ou partie des courants qui se sont opposés à la politique de François Hollande et de Manuel Valls pour créer une coalition qui d’emblée soit en mesure de dépasser le Parti socialiste est l’enjeu de l’heure. Cela a un nom : une gauche alternative de rassemblement desamiantée des egos
Relégué au second rang, celui-ci tel le PASOK entamerait sa crise terminale. Un tel regroupement n’ouvrirait pas simplement un espace électoral mais serait aussi un formidable encouragement pour les mobilisations sociales en dessinant les contours d’une alternative possible et permettrait d’agréger des forces disponibles au sein de la société civile.
Deux droites guettent le PS et nous guettent : une droite extrême et extrême droite qui se rejoignent.
Et une gauche droitisée partant de Valls à Macron en par les barons socialistes déchus ou peur de l'être, les éconduits et les ambitieux aux dents longues !
Le PS est à l’agonie ? Il est temps de l’achever.
Malheureusement c'est une vérité de plus en plus vraie. Et “La vérité, c'est une agonie qui n'en finit pas. La vérité de ce monde, c'est la mort.” aurait prédit Louis-Ferdinand Céline (voyage au bout de la nuit)