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Billet de blog 25 février 2016

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Que nous reste-t-il de gauche 4 ans après ?

La vision du monde faisant la promotion de l’oligarchie locale, de la petite politique sociale ou « socialisante » qui serait « assiégée », assiégée, bien entendu, à la fois par une bureaucratie étatique « socialiste » et par un libéralisme menaçant, n’est elle pas elle même cet archaïsme qu’on nous assène ? "

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Billet d'humeur!

Notre monde, celui des reniements 

Le monde que nous vénérons et le monde que nous vivons, le monde que nous sommes, vit une contradiction entre les promesses et les actes. Et les résultats se ressentent : 

Une économie au service des plus riches et du capital.

Les inégalités accrues.

L'antisémitisme et l'islamophobie en progression constante.

Les lois coercitives à l'encontre des étrangers.

"La parole politique est devenue langue morte", disait le très libéral Manuel Valls lui même, dans son discours de politique générale le 8 avril 2014.

La concession idéologique à la droite et l'extrême droite sur le terrain des valeurs. Les attentats seuls ne justifiaient pas l'état d'urgence et la déchéance de la nationalité qui cible sans ambiguïté les binationaux.

Que nous reste-t-il ?

Il nous reste, soit à supprimer notre génération, soit à nous supprimer nous-mêmes. Le second cas est vraisemblablement celui que nous laisse la doxa politique quand à la promesse républicaine de faire de ses enfants quelques soient leurs origines, des égaux : une sorte de nihilisme de l’institution politique et des ses outils (partis et organisations du pouvoir).

Le nihilisme des partis  est la conséquence immédiate de l'idéal actuel, non rempli. Il est même une source potentielle riche à l’extrémisme et à ses corollaires djihadistes!

Nous nous apercevons que nous ne pouvons atteindre la sphère où nous avons placé nos valeurs. Mais, par ce fait, l'autre sphère, celle où nous vivons, n'a nullement gagné en valeur. Au contraire, nous sommes fatigués, parce que nous avons perdu notre principal stimulus. " En vain, jusqu'à présent ! ", disait Nietzsche !

Le regard que nous avons de ce que nos valeurs ont subit comme dégradations liées aux promesses non tenues, nous fait oser la question: Toutes les " valeurs " ne sont-elles pas des moyens de séduction, pour faire traîner la comédie de notre appartenance au récit républicain en longueur, mais sans que le dénouement approche ?

Cette durée, avec un " en vain ", sans but ni raison, paralysante, surtout lorsque l'on comprend que l'on est dupé, sans avoir la force de ne pas se laisser duper.

Nous nous efforçons de donner un " sens " à nos engagements au sein des outils d’exercice de la démocratie (parties, syndicats, associations...), un sens qui ne s'y trouve pas.

Mais on finit par perdre courage.

Nous nous efforçons de comprendre les mécanismes de ces blocages plus accentués chez celles et ceux de qui nous nous sentons les plus proches : la gauche, le gauche de la gauche et ceux qui placent l’humain au centre de leur combat.

Mais la connaissance du long gaspillage de la force, la torture qu'occasionne cet " en vain ", l'incertitude, le manque d'occasion de se refaire de quelque façon que ce soit, de se tranquilliser au sujet de quoi que ce soit - la honte de soi-même, comme si l'on s'était dupé trop longtemps...

Tout cela isole !

Ce sens aurait pu être: l'" accomplissement " d'une morale dans tout ce qui est arrivé, ou l'augmentation de l’acceptation dans les rapports entre les êtres que nous sommes; ou la réalisation partielle d'une condition de bonheur du vivre ensemble; ou même la mise en marche vers ce vivre ensemble serein.

Un but, quel qu'il soit, suffit à prêter un sens.

Toutes ces attentes ont cela de commun : elles veulent atteindre quelque chose par le processus lui-même:  et l'on s'aperçoit maintenant que par ce " devenir " rien n'est réalisé, rien n'est atteint...

C'est donc la déception au sujet d'un prétendubut du devenir qui est la cause de notre désarroi: On n’apparaît plus en tant qu’humains, mais uniquement comme des bulletins de vote, et, moins comme le centre du devenir, le centre du vivre ensemble.

Alors on est en face de ces promesses non tenues, de ces négations sibyllines, on a conservé les valeurs qui jugent - et rien de plus !

Les faibles parmi nous s'y briseront,

Les forts parmi nous détruisent ce qui ne se brise pas,

Les plus forts surmontent les valeurs qui jugent.

Tout cela réuni crée l'âge tragique :

Celui de l’abandon de la République par manque de confiance

Celui de l’abandon de la démocratie, par manque d’égalité

Celui de l’abandon de la citoyenneté, par émancipation du communautarisme

Celui de la victoire des heures noires promises par ceux qui saluaient la victoire allemande en 1940 !

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