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Billet de blog 26 février 2015

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Un an de prison pour acte islamophobe contre la mosquée des Sablons au Mans

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

«Les efforts pour restreindre la liberté d'expression, peuvent vite devenir un outil pour réduire au silence les critiques et opprimer les minorités.» Barack Obama s'adressant aux Nations Unies

1. Une condamnation inéquitable

"Sur fond de préjugés raciaux et d'amalgames stigmatisants", il encourait 10 ans d"emprisonnement, il s"en sort avec 3 ans dont deux avec sursis!!! Il ne s"agit en aucun cas d'exercice d'une quelconque liberté d'expression. Il s'agît ni plus ni moins d'une attaque armée, et qui plus est contre un symbole religieux : une mosquée !

Tout celà dans un contexte marqué par :

147 actes islamophobes depuis l'attentat de Charlie Hebdo

Les attaques de l'islamo-fascisme par Le 1er Ministre Manuel Valls

L'accusation des jeunes musulmans par Roger Cukierman Président du CRIF .....

Et un sursis....

Mon dieu c'est quoi la prochaine fois?

Une étoile verte à l'instar de l'étoile jaune?

Un pointage préfectoral pour identifier les musulmans et les classer en catégories : djihadiste recruteur, djihadiste dormant, musulman incompatible avec la République....?

Un sursis.. !!!!!

Pas de privation de droits civiques, pas d"affichage ou diffusion de la décision prononcée, un montant d'amende très bas.....

Quel message aux islamophobes ??

N'y a-t-il pas derrière ça un double standard en matière de traitement de deux faces de la même pièce : un racisme anti-religieux? (*)

Je rappelle juste ce qui se serait passé en cas de propos antisémites et les peines encourues:

Provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale. (Art. 24 alinéa 6 loi 1881) : Emprisonnement de 1 an au plus et/ou amende de 45 000 € au plus

Provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence nationale, raciale ou religieuse (Loi 1881 : art. 23 et 24 al.8 ) : Emprisonnement de 1 an au plus, amende de 45.000 € / Privation de droits civiques pendant 5 ans au plus, affichage ou diffusion de la décision prononcée

Provocation non publique à la discrimination, à la haine ou à la violence nationale, raciale ou religieuse (CP : art. R. 625-7) : Amende de 1.500 € / Saisie et confiscation, travaux d’intérêt général

Diffamation publique raciale, nationale ou religieuse (Loi 1881 : art. 23, 29 al. 1, 32 al. 2, 4 et 5) : Emprisonnement de 1 an, amende de 45.000 € / Affichage ou diffusion de la décision prononcée

Injure publique raciale nationale ou religieuse (Loi 1881 : art. 23, 29 alinéa 2, 33 al. 3, 5 et 6) : Emprisonnement de 6 mois, amende de 22.500 € / Affichage ou diffusion de la décision prononcée

Apologie de crime contre l’humanité (Loi 1881 : art. 23, 24 al. 1 et 5) : Emprisonnement de 5 ans, amende de 45.000 € / Privation de droits civiques pendant 5 ans au plus, affichage ou diffusion de la décision prononcée

Contestation de l’existence de crimes contre l’humanité définis par le statut du tribunal international de Nuremberg de 1945 (Loi 1881 : art. 23 et 24 bis) : Emprisonnement de 1 an, amende de 45.000 € / Affichage ou diffusion de la décision prononcée

Port ou exhibition d’uniformes, insignes ou emblèmes rappelant ceux des responsables de crimes contre l’humanité (CP : art. R. 645-1) : Amende de 1.500 € / Saisie et confiscation, Travail d’intérêt général

Violation de sépulture à caractère raciste ou antireligieux (CP : art. 225-18) : Emprisonnement de 3 à 5 ans, amende de 45 000 à 75 000 €

Dans le cas de la mosquée, ou le risque est plus grave qui pourrait attenter aux vies humaines, la sanction prononcée est inférieure à toutes celles qu'aurait risqué quelqu'un qui aurait tenu des propos antisémites !

2. (*) Un double standard : l'affaire «Nous en avions tous rêvé… Le Hamas l’a fait»

L'affaire concerne un Français qui avait saisi la Cour européenne pour faire valoir son droit à la liberté d'expression, conformément à l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme.

Denis Leroy est dessinateur. Un de ses dessins représentant l’attentat du World Trade Center a été publié le 13 septembre 2011 dans un hebdomadaire basque avec la légende suivante: «Nous en avions tous rêvé… Le Hamas l’a fait.»

Ayant été condamné à une amende pour «apologie du terrorisme», Denis Leroy soutenait que sa liberté d’expression avait été violée.

La Cour a estimé qu’à travers son dessin, Denis Leroy glorifiait la destruction de l’impérialisme américain par la violence, exprimait son appui et sa solidarité morale avec les auteurs de l’attentat du 11-Septembre, jugeait favorablement la violence perpétrée à l’encontre de milliers de civils et portait atteinte à la dignité des victimes.

Malgré la diffusion limitée de l’hebdomadaire, la Cour a constaté que celle-ci avait entraîné des réactions, pouvant attiser la violence et démontrant son impact plausible sur l’ordre public au Pays basque.

La Cour a conclu à la non-violation de l’article 10. Comment pourrat-on justifier la condamnation de tels faits, tout en défendant les dessinateurs et les réalisateurs qui ridiculisent Mahomet?

Vous ne le pouvez pas. Soit vous les censurez tous, soit vous n'en censurez aucun.

Ce principe, qu'attestent ces exemples pitoyables de condamnations liées à des pratiques , des actes et des discours de haine, mérite d'être défendu.

Mais tout d'abord, nous devons réellement nous y conformer.

Il est peut être temps d'admettre, une bonne fois pour toutes, que l'islamophobie et les discriminations sur la base d'une religion ou d'une croyance sont des formes contemporaines de racisme et doivent être traitées comme telles.

Ne pas le faire serait un parfait exemple de deux poids deux mesures. Le traitement accordé à l'islamophobie, dans la loi comme dans la pratique, doit être égal à celui de l'antisémitisme.

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