M BENTAHAR (avatar)

M BENTAHAR

Esprit libre

Abonné·e de Mediapart

269 Billets

0 Édition

Billet de blog 26 mai 2014

M BENTAHAR (avatar)

M BENTAHAR

Esprit libre

Abonné·e de Mediapart

EP2014 - la République affaiblie face au Front National qui fanfaronne

M BENTAHAR (avatar)

M BENTAHAR

Esprit libre

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« Il n’est pas question de livrer le monde aux assassins d’aube »

Aimé Césaire, Moi, laminaire .. – 1982

On peut repartir de la fameuse formule de Marx sur l’histoire qui se répète d’abord comme événement authentique pour se répéter comme farce constitue le message de chacune des élections des 15 dernières années.

Où en est le discours officiel ?

 1.     Manuel Valls : nous vivons une crise de confiance

Dans sa déclaration solennelle, le Premier Ministre Manuel Valls a parlé de « Choc, score médiocre de la gauche, de séisme, un moment grave, très grave pour l’Europe. Aucun d’entre nous ne peut se dérober de sa responsabilité. » 

Certes, c’est un langage d’un républicain en responsabilité de redresser la France qui se trouve face à une expression électorale teintée d’une haute dose d’hostilité et à une crise qui ne se résorbe pas.

« La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau tarde à venir» disait Antonio Gramsci dans ses Ecrits politiques !

Il est désagréable pour un Président en exercice ou un chef de gouvernement et même préjudiciable de subir un revers électoral.

Sommes-nous encore dans le stade de revers électoraux ?

Sondages, hostilités médiatiques, couacs, une communication en double lame avec une constante : les reculs, les échecs électoraux : 10 des 11 élections partielles, les élections municipales, les élections européennes, ... Un lot d’échecs sans équivalent dans la 5ème république.

La fièvre du rejet a franchit un pas supplémentaire

  • Effets du couple François Hollande / Manuel Valls

Les mots de Manuel Valls, Premier Ministre le plus populaire de François Hollande, sont ils assez forts ? Son intronisation à Matignon a-t-elle eu l’effet escompté ? Surement pas encore !

Il était en première ligne pour ces européennes, il a participé à la campagne de Martin Schulz jusqu’à ses terres catalanes.

Il a pris un grand risque politique en mettant son aura de Ministre de l’intérieur au service d’une loyauté au Président au plus bas des sondages mais le résultat de la 1ère grande élection tombé, montre les limites de la genèse d’une alliance improbable.

Résultat immédiat : Le FN en haut de la liste et le PS de Valls à 11 points derrière l’extrême droite, une réalité du jour !!

Ni La tribune de François Hollande dans le journal Le Monde sur « L’Europe que je veux », pourtant très pertinente, ni le papier « Europe » de Stéphane Le Foll (MAAAF), ancien député européen et fin connaisseur des rouages des institutions européennes dans Marianne, passé totalement inaperçu, n’ont changé quelque chose au vote des Français. Problème de communication ? Surement en partie!

« Au fond de la piscine de la popularité, le chef de l’Etat, n’a d’autre choix que de manifester sa capacité à mener le jeu et à imprimer  son tempo. Ce n’est pas seulement une règle d’or footballistique ! C’est aussi que les Français, par-delà les controverses économiques et les palinodies politiques, attendent » écrit  Denis Pingaud dans  « l’Homme sans Com’ ».

  • Qu’en est-il des solutions ? Agir pour réussir

Les semaines à venir, et dès demain, Manuel Valls, au non du Président de la République doit agir vite, faire mieux et expliquer plus.

D’abord au niveau européen, préparer le sommet des Chefs d’Etats et de gouvernement européens à Bruxelles qui se penchera sur les résultats des élections européennes et désignera les nouvelles instances de gouvernance. Ce sera un moment crucial vu ces résultats et de cela dépendra l’orientation future de l’Europe, condition sine qua none de ce que seront les politiques publiques futures et entre autre la règle des déficits publiques, l’austérité et les réformes structurelles.

Ca sera aussi l’occasion de faire le point sur l’avancement des négociations de libre échanges et sur les points de blocage (tribunal arbitral, ..)

Et au niveau français, et dans la suite de la conférence de presse du 14 Janvier 2014, où François Hollande a mit sur la table le Pacte de responsabilité qui fixe le cap d’aller jusqu’au bout de la logique de redressement du pays, d’apporter plus des réponses claires économiquement, les temps sont à l’activation de l’option résultats.

Manuel Valls est confronté au fait que les réponses économiques tardent à venir et les résultats avec. La règle des 3% reste une des clés de la relation avec l’Europe.  Thierry Mandon, porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale déclare : « Y’en a marre des politiques qui ne produisent pas d’effet ».  Ces mêmes clés qui ne solutionneront pas tout !

Ce que disait déjà François Hollande dans ses discours de campagne  « ..Nous ne retrouverons pas rapidement en Europe des taux de croissance supérieurs à 3 %. Quand bien même y parviendrait-on, nous n’en serions pas pour autant tirés d’affaire, et notamment en France. »

 2.     La responsabilité des médias :

« Notre Hexagone empoisonné de malheur et semble s’y complaire ! N’y prêtons pas la main»  disait Albert Camus dans l’Esprit de la lourdeur.

La responsabilité des médias est manifeste :

Le Front National a réalisé un score de 25%. Mais 25% de quoi ?

N’ayez pas peur des chiffres.

25% de suffrages exprimés. C’est à dire de ceux qui se sont déplacés et mis un bulletin de vote dans l’urne. Ils sont donc au nombre de 4,7 millions de l’ensemble de ceux qui ont voté.

Comparons ce chiffre à celui de l’ensemble de Français en droit de voter : Il sont 44,6 Millions 44,6 millions d’inscrits au 1er mars 2014, soit 11 Millions).

Avec une abstention de 58%, cela donne 18,7 millions de votes exprimés.

Les 25% de 18,7 Millions donne 4,7 Millions.

Les 4,7 millions représentent 43% de 25% des Français exprimés. Soit à peine 10% de l’ensemble des inscrits.

Elle est ou la marée du FN, quand les républicains représentent 90% de la représentation des suffrages exprimés.

Les médias tournent en boucle cette supposé marée et les mots exprimant une humeur politique exécrables : catastrophe, séisme, crise, journée triste pour l’Europe...

Il en était de même lors des municipales avec un score cumulé du FN de l’ordre de 4,6%.

Jean Marie Cavada, ancien président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, très bien placé pour évoquer le sujet, a parlé de la responsabilité des médias dans la montée du FN à travers le nombre incommensurable de reportages et d’émissions spécial FN. Il évoque de même le rôle des médias allemands dans la victoire de l’Esprit d’Europe et la place négligeable de l’extrême droite allemande dans les médias.

Les médias ont inventé le FN new look. Il n’est ni dédiabolisé (il n’y a qu’à voir les déclaration de Le Pen père sur Ebola, Pierre Marie Couteaux sur les Roms ou les candidats aux municipales et leur venin !), ni a changé (son programme est quasiment le même depuis 30 ans), ni plus fréquentable (les fréquentations de Marine Le Men avec l’extrême droite autrichienne ou avec le PVV néerlandais très islamophobes) !!

Le citoyen refusant les promesses non tenues se réfugie derrière le vote protestation même s’il n’y adhère pas. Et là est le danger pour la démocratie !

En réalité, ce ne sont ni les indicateurs économiques, ni les résultats des politiques menées qui font que le FN obtiennent des résultats aussi important. Les scores obtenus sont en grande partie obtenus par absence de charisme et de leader de la gauche et de la droite.

La liberté d’expression qui a donné le nazisme et le fascisme, peut donner une autre bête immonde !

« J’appelle malheureux tous ceux qui n’ont à choisir qu’entre deux choses : devenir des bêtes féroces ou de féroces dompteurs de bêtes ; auprès d’eux je ne voudrais pas dresser ma tente » recommandait Nietzsche dans « Ainsi Parlait Zarathoustra »

3.     Un leadership européen cohérent presque inexistant

En 1979, les têtes de listes étaient : François Mitterrand, Georges Marchais, Jacques Chirac et Simone Weil. Ceux de 2014 sont presque tous de parfaits inconnus du grand public, en dehors des Le Pen père et fille.

Si être inconnu n’est pas un handicap en soi, l’être et être inaudible, trop techno et  retournant l’image d’une classe politique rejetée par un électorat irresponsable électoralement par son abstention constituent de sérieuses raisons de la défection de l’électorat et de la montée du FN.

4.     Non le FN n’est pas « encore » le premier parti de France

Non le FN n'est pas le premier parti de France.

Certes il est en tête du scrutin. "La France n’a pas la même force, le même poids, dans les groupes politiques. C’est un affaiblissement de la France", estime Jérôme Jaffré su RTL

Certes le FN est en tête dans 5 régions sur 8. Mais cela ne fait pas de lui le premier parti de France.

Certes le FN est en tête dans 71 département sur 101 en France.

Mais de près comment se traduit ce résultat sur l'importance des partis en France?

  • Arithmétique électorale : le FN perd 2 millions de voix entre 2012 et 2014

Avec un taux d’abstention de seulement 20,53%, Marine Le Pen avait alors rassemblé sur son nom 17,9% des 36.584.399 votants, soit 6.421.426 voix. L’abstention avoisine les 57%, un score voisin de 25% pour le FN ne représenterait que 10% des 44,6 millions d’inscrits au 1er mars 2014 (d’après l’Insee), soit environ 4,7 millions de voix.

En valeur absolue, ce serait donc environ 2 millions de voix de moins que celles recueillies par Marine Le Pen en avril 2012. «Lorsque plus d’un électeur sur deux, voire deux électeurs sur trois, ne vont pas voter, cela n’a pas de sens de parler d’un "premier parti de France”», assène sur Le Lab le politologue et ancien eurodéputé PS Olivier Duhamel.

  • Les européennes ne sont pas la présidentielle:

La participation aux européennes n’a cessé de s’écrouler au cours des dernières décennies, mais les Français restent assidus pour la présidentielle. Avec à peine 40 % de participation attendus dimanche, dans un scrutin proportionnel à un tour, après une campagne courte qui n’a pas intéressé les Français, il est donc impossible de tirer des conclusions sur les prochaines échéances nationales. Comme le rappelle Olivier Duhamel:

«Les écologistes ont obtenu 16% aux européennes de 2009 et leur candidate 2% à la présidentielle de 2012. Les socialistes 16% aux mêmes européennes et près de 29% au 1er tour de l’élection présidentielle, qu’ils ont gagnée.»

  • Le FN incapable de rassembler

Quand bien même il pèserait vraiment 25 % de l’électorat, le FN ne serait toujours pas en mesure de prendre le pouvoir. «La spécificité du Front national est qu’il ne peut participer à aucune coalition gouvernementale ou même régionale. Il a contre lui des formations très diverses mais que rassemble un point commun: la volonté de ne pas gouverner avec lui. C’est une position d’impuissance», explique Jean-Yves Camus, chercheur associé à l’Iris:
«On est un grand parti quand on a la capacité de traduire son programme par des décisions politiques. Or, la posture à laquelle sera réduite le FN au Parlement européen est celle de l’opposition marginalisée, de même que les deux députés frontistes au Parlement français sont très seuls.»

  • Le FN reste minoritaire sur le terrain des idées

54% des Français estiment qu’il s’agit «seulement d’un parti qui a vocation à rassembler les votes d’opposition». Le FN est encore durablement coincé sous un plafond de verre.

Le dernier baromètre d'image du Front national réalisé par TNS Sofres pour Le Monde, France Info et Canal+ en février 2014 montre que 34% des Français «adhèrent aux idées du Front national»

  • Un nombré d'adhérent : Ce n’est pas avec les 75.000 adhérents "revendiqués" qu'il est le premier parti de France

L'UMP compte officiellement 205.000 adhérents en août 2013. Le PS est légèrement distancé. Lors de son dernier congrès, en octobre 2012, 173.486 militants à jour de leur cotisation ont été autorisés à voter, si l’on en croit un listing publié à l’époque.

5.     La droite républicaine prend le chemin  de l’implosion

L’UMP Sarko-copéiste, pas toujours brillante de ses analyses de la situation politique, économique et sociale du pays, vit l’une des pires périodes de son histoire : Elle se trouve au bord de l’implosion.  Et malgré l’initiative de Sarkozy par sa tribune à la veille de l’élection, il n’en a rien été quand à ses effets sur le résultat. Elle a juste rappelé que le message principal  de la droite  à l’Europe est celui de sa vision sur comment faire face à l’immigration.

D’abord le résultat électoral  des européennes en recul par rapport aux municipales qui ne permet pas à Jean François Copé d’éviter d’apporter des réponses convaincantes et défendables quand à l’affaire Bigmallion. Les dirigeants du mouvement sont quasiment unanimes : Copé doit s’expliquer !

Puis malgré l’envolée électorale des municipales, cette droite est au cœur d’un climat des affaires : Guéant en garde à vue dans l’affaire Tapie, Balkany dans le blanchiment d’argent, la multitudes des affaires de Sarkozy, les poursuites d’Henri Guaino sur la justice, les affaires de Jean François Copé.

Et enfin la division entre les centristes et l’UMP, couplée à une gestion des affaires du parti calamiteuse par l’équipe Copé depuis la « tricherie » de l’élection du Président. Cela n’a pas facilité le travail pour donner des réponses politiques expliquant la défaite de 2012 et se projetant vers 2017 et se contentant d’un rôle d’opposition stérile.

Les messages envoyés par cette droite sont pour le moins ambigus. Que cela concerne les questions nationales  (l’esprit des réformes) ou européennes (immigration et Schengen).

6.     Un Front National installé

De scrutin en scrutin, le fossé entre le peuple et ses représentants professionnels se creuse.  Ce paysage favorise les partis politiques réactionnaires qui détournent cette colère en adhésion à des aventures virulentes et autoritaires.

Le FN a compris les fonctions de notre système. Pour s’installer à demeure, ces passions politiquement néfastes n’ont pas besoin de rupture violente avec le système institutionnel en place caractérisé par sa faible intensité démocratique.

Avec un tel résultat aux européennes, le FN stigmatise les institutions Françaises et européennes. Et la réponses sous entendues par les différents pays c’est éventuellement de ne pas respecter le choix des peuples et installer à la tête de la commission européenne le vainqueur : Monsieur Junker !

Le FN a compris : il s’installe

7.     La gauche a une responsabilité historique

Comment sont gérées les crises en France ? Le cap ? Quel cap ?  l’Est-il aussi évident pour le Français qui ne s’est pas déplacé ou a voté FN ? Visiblement non !

Les bonnes leçons ont elles été tirées de l’échec des municipales ? Visiblement non ?

Est-ce un problème de temps ? ca le sera toujours, mais est-ce la bonne ligne de défense ? à ce prix en 2017 on dira que nous n’avons pas eu le temps nécessaire pour faire ce qu’on a dit de faire !

  • Une incompréhension des clivages idéologiques présents chez les français 

La question n’est pas de faire plus ou moins de social. La question est comment faire du social en préservant le modèle français.

A cette question la droite répond : Préserver le modèle Français mais on éliminant des solutions ce qui contribue à l’assistanat. Quand au FN, lui il répond : Pourquoi s’occuper des autres. Il ne faut s’occuper que des Français.

Le PS et la gauche a du mal à répondre de façon claire et limpides.

Et tant que des réponses claires et limpides ne sont pas apportées, la gauche et principalement le PS aura tout le mal à mener ses politiques.

  • L’impression générale

La gestion du pays est faite au petit bonheur la chance. C'est-à-dire au gré des circonstances.  Gouverner c’est manager un pays! La France n’est pas la « Costa croisière » et le Président élu ne devrait pas  son commandant de la fuite en avant !

Selon l'humeur et le bon vouloir des êtres et des choses. Sans le leadership d'une autorité déterminée. On se croirait à un jeu de hasard. On s'assoit, en jetant les dés, et une main invisible vous pousse vers une problématique sortie de crise.

La vérité, c'est que, actuellement, aucune direction du pays  ne s'impose, en période de crise majeure, comme un recours possible. Cette tour de contrôle souveraine qui aide à baliser les chemins tortueux des problèmes du pays est à redresser le pays. Pourquoi donc cette absence de structures de gestion des crises ?

Nous vivons une crise de confiance sans précédent. Personne ne croit plus en personne. On a peur de tout, même de son ombre. Comme dirait l'autre, "On est où là ?" Tout concourt   ainsi à souligner notre incapacité notoire à trouver chez nous et en nous-mêmes les ressources nécessaires pour affronter les problèmes de croissance, du chômage et de la dette.

  • La conscience collective et l’esprit de réformes

« S’élever soi-même en responsabilité » disait Stéphane Hessel dans son petit fascicule «  Vivez ! »

La conscience collective de la situation aurait pu structurer un bloc crédible vers lequel le Président de la République tournera tout naturellement ses regards dans le redressement du pays. Il a le doit de s’élever en responsabilité. Celle du « Rêve Français ».

Cette conscience, qui n’est ni de droite ni de gauche, mais patriotique, républicaine et démocratique, par définition, est productrice de biens symboliques. Comme telle, elle n'entre pas, a priori, dans de faux deals. Elle peut suivre le chemin rectiligne des principes. Elle  a capacité à viser haut et à se mettre au-dessus de la mêlée.

L’adage africain dit : "La bouche qui mange ne parle pas". C'est suffisant pour que certaines des politiques menées se rassasient pour de bon et dorment du sommeil du juste. Qui a dit que "Qui dort dîne" ?

La gauche est assommée, mais est-ce une surprise ? Non surement pas.

Les symboles du pouvoir de gauche sont touchés. Le seul ancien ministre candidat obtient le plus faible score de tous les candidats-têtes de listes PS.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.