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Billet de blog 27 septembre 2014

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Wafaa Charaf, les murs nous séparent les idées nous unissent

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Wafaa Charaf

Ecrou no 92694

Prison Civile de Tanger

Avenue Moulay Rachid

90000 Tanger Maroc

Ma chère Wafaa,

Quelques lignes tel un minime geste… j’espère qu’il te volera un sourire en ces temps difficiles.

Une étreinte de solidarité face à l’absurde érigé en système de gouvernance étatique.

Chère Wafaa,

En attendant la fin de ton procès, un véritable spectacle juridico-politico-policier, je romps le silence de l’arrêt domiciliaire afin de t’envoyer un salut fraternel.

Ça peut sembler une mauvaise stratégie de la part de quelqu’un qui risque une peine de plusieurs années de prison pour s'être solidarisé avec des personnes qui plaident leur cause face à une justice aveugle, mais je ne veux pas entrer dans la logique des oppresseurs et regarder inébranlablement comment ils emprisonnent les militants qui affrontent cette société et qui, convaincus ont passé à l’action en dénonçant les injustices.

Peu importe Wafaa. Tu es embastillée et crois qu’en aucun instant tu n’es seule et tu ne devrais pas te sentir isolée.

Le système du Makhzen utilise les mêmes stratégies, le procès qui se déroule te concernant est une mauvaise copie d’autres procès.

J’imagine le visage de jouissance de tes geôliers regardant ta dignité derrière les barreaux. Rien qu’à cette idée, la colère et le dégoût prennent place de la raison et incitent renverser la table.

La prison et la privation de liberté se trouvent dans l’ADN des irréductibles, celles et ceux que tu symbolises avec ta résistance. C’est ce qu’il en coûte de mordre les chaînes.

Les murs et les frontières nous séparent, les idées nous unissent.

Je t’envoies ce poème de Sandra Trafilaf, prisonnière politique de la dictature militaire de Pinochet écrit en 1984 :

« Les clôtures et les portes métalliques

Hantent ce monde souterrain

Tentent d’enfermer notre joie de vivre

Et d’aimer

Les lettres de mes camarades battent

Dans ce bureau de fortune

Des cris et des voix dans la distance

Se mêlant à leurs paroles

Souvenirs confus, sombres

D’envolées tueuses

Et pourtant

Je continue encore m’imprégnant de luttes

Et de victoires.

Je ne suis pas seule. »

Le jour où tu sortiras, tu pourras activer ce lien, un poème d'un militant que les moins de 20 ans n'on pasconnu (Mohamed SABAR, 1981)

https://www.youtube.com/watch?v=BsyWPKUVFWM&index=3&list=UUajeYLelzh_vMbMRDYY69cA

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