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Billet de blog 26 novembre 2014

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Ni poujadistes Ni nihilistes. Démocrates, Républicains, socialistes et citoyens jusqu'à la moelle

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ni poujadistes (1), ni nihilistes (2). Démocrates, Républicains, Socialistes et citoyens jusqu’à la moelle !

Un texte en réponse à des paroles tenues à l'égard de militants responsables socialistes au sein de notre fédération, qui dénoncent les régressions au sein du Parti Socialiste quand à le place de la diversité et de sa représentation politique et électorale ainsi que dans les instances du PS.

Petit rappel du contexte:

Notre propos rappelle des réalités telles que:

  • Le droit de vote des étrangers aux oubliettes,
  • 1 % des parlementaires métropolitains, 5% de conseillers régionaux et seuls 14 conseillers généraux dans l’ensemble des Conseils généraux de la Métropole issus de la diversité
  • Un seul ambassadeur issu de la diversité, nommé par François Hollande,
  • Sur les 52 préfets choisis par le chef de l’Etat, seuls trois sont ainsi issus de la diversité. (2)
  • Sur les 140 directeurs de cabinets et chef de cabinets et leurs adjoints, seuls 5 ont des noms hors UE.
  • Et au sein même du PS, sur les 203 membres du Conseil National, 7 seulement sont issus de la diversité ! Et dans notre fédération : 0 représentant de la diversité dans le bureau et Secrétariat Fédéral.
  • ....

La vision du monde faisant la promotion de l’oligarchie locale, de la petite politique sociale ou « socialisante » qui serait « assiégée », assiégée, bien entendu, à la fois par une bureaucratie étatique « socialiste » et par un libéralisme menaçant, n’est elle pas elle même ce poujadisme qu’on nous assène ? "

Sommes nous des poujadistes en rappelant cet amer constat ?

  • Qui sont les poujadistes ?

De nos jours, par extension, le terme "poujadisme" est utilisé pour désigner une attitude démagogique en faveur des petits commerçants,

un corporatisme revendicatif. Il est considéré souvent comme un "conservatisme petit-bourgeois".

Quelle est la base sociale et culturelle de notre constat de l’échec de la reconnaissance de la diversité ?

Nous sommes des personnes issues d’une même ville, qui vivons avec les gens, partageons leur quotidien, échangeons sur leurs problèmes. Nous arrivons avec un autre discours, loin des préoccupations communautaires. Un discours dans lequel ces citoyens se retrouvent et relate la multi culturalité.

Pour nous, la politique, ce n’est pas un métier, c’est un moyen de se faire entendre, de se faire respecter, de mettre en lumière des problèmes en utilisant les outils de la démocratie.  Pour nous la politique ne doit pas se transformer en rente de situation, car nombreux de nos concitoyens qui n’acceptent pas que des élus ne soient là que pour les indemnités.

Nous sommes membre actifs d’au moins une association et collectifs œuvrant dans des domaines variés (solidarité, arts et culture, sport ou éducation) tout en étant des militants politiques.

Nous considérons que la présence de la diversité est un acteur important dans les zones appelées « quartiers populaires » !  Cette diversité souffre énormément des insuffisances des politiques de cohésion sociale.

Nous avons cru comme la majorité des habitants issus de la diversité, qu'on aurait la chance d'être écouté et de représenter notre parti socialiste, pour agir dans le cadre des politiques de la ville, au cœur des projets des territoires. Une seul préoccupation : Comment faire entendre, dans leur diversité, les voix de ceux qui travaillent et produisent des richesses, de ceux qui cherchent, créent et innovent, de ceux qui s’engagent au quotidien auprès des jeunes, notamment dans le sport, mais aussi au service des plus démunis (notamment les plus vieux appelé tendrement « les chibanis » ou des accidentés de la vie? 

Sommes nous, de ces contrées ce que vilipendait Poujade : les intellectuels, les "professeurs", « sorbonnards », énarques, « vaillants pédagogues », au pouvoir de « chef-lieu-de-canton", les technocrates, les polytechniciens, ... ?

Alors quel est le lien avec le poujadisme ?

Le poujadisme était une réaction corporatiste contre la modernisation du capitalisme qui se déroulait alors.

Le poujadisme désigne un mouvement d'essence petite-bourgeoise qui vise à préserver un statu quo dans le cadre de la société capitaliste. Le fond de la démarche est un individualisme borné basé sur la défense de la propriété privée.

Il est où notre individualisme ?

Il est où notre démarche pour la propriété privée ?

Sommes nous assimilés au poujadisme du Front National qui n'est qu'une étape dans la marche avant le fascisme ?

Dans les propos tenus à notre égard, la vision du monde faisant la promotion de l’oligarchie locale, de la petite politique sociale ou « socialisante » qui serait « assiégée », assiégée, bien entendu, à la fois par une bureaucratie étatique « socialiste » et par un libéralisme menaçant, n’est elle pas elle même ce poujadisme qu’on nous assène ?

Mais c'est justement la nature du poujadisme que de brouiller les contradictions de sa légitimité sociale  et de faire « disparaître » la « bobocratie » dominante derrière « le peuple ».

Quand on parle de poujadisme, la question du fascisme est justement tout de suite liée.

Il est intéressant de voir qu'une partie de ce discours, au nom des intérêts populaires et de la diversité, montre qu'elle n'a strictement rien compris du fascisme comme mouvement mobilisant les masses.

Attention, il n’y a qu’un pas à franchir !

  • Qui sont les nihilistes ?

L'esthétique nihiliste a bien raison : une pomme réelle est plus belle qu'une pomme peinte,

et un corps vivant qu'une Vénus de pierre.

Le monde que nous vénérons et le monde que nous vivons, le monde que nous sommes, vit une contradiction entre les promesses et les actes.

Il nous reste, soit à supprimer notre génération, soit à nous supprimer nous-mêmes. Le second cas est vraisemblablement celui que nous laisse la doxa politique quand à la promesse républicaine de faire de ses enfants quelques soient leurs origines, des égaux : une sorte de nihilisme de l’institution politique et des ses outils (partis et organisations du pouvoir).

Le nihilisme des partis  est la conséquence immédiate de l'idéal actuel, non rempli. Il est même une source potentielle riche à l’extrémisme et à ses corollaires djihadistes!

Nous nous apercevons que nous ne pouvons atteindre la sphère où nous avons placé nos valeurs. Mais, par ce fait, l'autre sphère, celle où nous vivons, n'a nullement gagné en valeur. Au contraire, nous sommes fatigués, parce que nous avons perdu notre principal stimulus. " En vain, jusqu'à présent ! ", disait Nietzsche !

Le regard que nous avons de ce que nos valeurs ont subit comme dégradations liées aux promesses non tenues, nous fait oser la question: Toutes les " valeurs " ne sont-elles pas des moyens de séduction, pour faire traîner la comédie de notre appartenance au récit républicain en longueur, mais sans que le dénouement approche ?

Cette durée, avec un " en vain ", sans but ni raison, paralysante, surtout lorsque l'on comprend que l'on est dupé, sans avoir la force de ne pas se laisser duper.

Nous nous efforçons de donner un " sens " à nos engagements au sein des outils d’exercice de la démocratie (parties, syndicats, associations...), un sens qui ne s'y trouve pas.

Mais on finit par perdre courage.

Nous nous efforçons de comprendre les mécanismes de ces blocages plus accentués chez celles et ceux de qui nous nous sentons les plus proches : la gauche, le gauche de la gauche et ceux qui placent l’humain au centre de leur combat.

Mais la connaissance du long gaspillage de la force, la torture qu'occasionne cet " en vain ", l'incertitude, le manque d'occasion de se refaire de quelque façon que ce soit, de se tranquilliser au sujet de quoi que ce soit - la honte de soi-même, comme si l'on s'était dupé trop longtemps...

Tout cela isole !

Ce sens aurait pu être: l'" accomplissement " d'une morale dans tout ce qui est arrivé, ou l'augmentation de l’acceptation dans les rapports entre les êtres que nous sommes; ou la réalisation partielle d'une condition de bonheur du vivre ensemble; ou même la mise en marche vers ce vivre ensemble serein.

Un but, quel qu'il soit, suffit à prêter un sens.

Toutes ces attentes ont cela de commun : elles veulent atteindre quelque chose par le processus lui-même:  et l'on s'aperçoit maintenant que par ce " devenir " rien n'est réalisé, rien n'est atteint...

C'est donc la déception au sujet d'un prétendu but du devenir qui est la cause de notre désarroi: On n’apparaît plus en tant qu’humains, mais uniquement comme des bulletins de vote, et, moins comme le centre du devenir, le centre du vivre ensemble.

Alors on est en face de ces promesses non tenues, de ces négations sibyllines, on a conservé les valeurs qui jugent - et rien de plus !

Les faibles parmi nous s'y briseront,

Les forts parmi nous détruisent ce qui ne se brise pas,

Les plus forts surmontent les valeurs qui jugent.

Tout cela réuni crée l'âge tragique :

Celui de l’abandon de la République par manque de confiance

Celui de l’abandon de la démocratie, par manque d’égalité

Celui de l’abandon de la citoyenneté, par émancipation du communautarisme

Celui de la victoire des heures noires promises par ceux qui saluaient la victoire allemande en 1940 !

 (1) Pour ceux qui n'était pas né à l'époque du Poujadisme, preuve de l'anachronisme que de parler de Poujadisme en 2014 pour quelque sujets que ce soit .

POUJADISME, subst. masc.

A.− Mouvement politique de droite constitué en France à la fin de la IVeRépublique et fondé sur la défense des commerçants et des artisans. On a pu voir dans le poujadisme − et l'interprétation est partiellement exacte − le sursaut de révolte de départements ayant conscience d'être délaissés par la collectivité (Meynaud, Groupes pression Fr.,1958, p. 97).De véritables révoltes qui s'affirmèrent surtout en 1947, à l'encontre des excès du contrôle économique et de 1953 à 1956, avec le poujadisme à l'encontre des excès fiscaux (Univers écon. et soc.,1960, p. 10-14).

B.− P. ext. Mouvement ou attitude fondés sur des revendications corporatistes et sur le refus d'une évolution socio-économique. Les jeunes agriculteurs de l'Orne ont répondu non. Et on les a accusés de corporatisme, de poujadisme, de vouloir entraver le progrès technique (Debatisse, Révol. silenc.,1963, p. 233).

REM.
Néo-poujadisme, subst. masc.,synon. (supra B).Mais pendant que la gauche attend la victoire, on voit naître de l'autre côté de l'échiquier politique une sorte de néo-poujadisme (...) les réflexes catégoriels se multiplient (Le Point,27 sept. 1976, p. 67, col. 3).

Prononc. : [puʒadism̭]. Étymol. et Hist. 1956 (M. Bridier, Le Poujadisme démasqué, Coll. « Savoir pour lutter », Libr. des Sc. hum., réf. ds Livres du mois, mai 1956, 4). Dér. du nom de Pierre Poujade, dirigeant de l'Union de Défense des Commerçants et Artisans, mouvement né en 1953 et particulièrement remarqué pour sa percée aux élections législatives de 1956; suffisme

(2) Nihilisme

A. − PHILOSOPHIE

1. Doctrine selon laquelle rien n'existe au sens absolu; négation de toute réalité substantielle, de toute croyance. (v. éternalisme rem. s.v. éternité). Nihilisme critique, ontologique. C'est [Flaubert] le négateur le plus large que nous ayons eu dans notre littérature. Il professe le véritable nihilisme (Zola, Romanc. natur., Flaubert, 1881, p.161):

. −Il n'y a rien. Le monde est une immense aurore boréale. Ce nihilisme absolu le rendait [Taine] triste, mais il se raidissait contre toute idée consolatrice; il mettait un âpre stoïcisme à la nier, à la détruire. Barrès, Cahiers, t.10, 1913, p.145.

2. MORALE. Négation des valeurs morales et sociales ainsi que de leur hiérarchie. Du point de vue de l'éthique, le nihilisme réfute l'idée d'une vérité morale procédant d'une hiérarchie des valeurs; la valeur elle-même serait une notion inconsistante aussi bien du point de vue théorique que du point de vue pratique(Thinès-Lemp.1975).

− Disposition d'esprit caractérisée par le pessimisme et le désenchantement moral. Cet affaiblissement de la volonté (...), c'est vraiment la maladie du siècle. On employait ce terme, il y a cinquante ans; on a parlé ensuite de grande névrose; on parle aujourd'hui de pessimisme et de nihilisme (Bourget, Nouv. Essais psychol., 1885, p.173).Jamais le patriarche du néant [Antoine Saint-Marin], à ses meilleures heures, ne s'éleva plus haut qu'un lyrique dégoût de vivre, un nihilisme caressant (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p.287).La plupart des écrivains ressassaient «notre inquiétude», et m'invitaient à un lucide désespoir. Je poussai à l'extrême ce nihilisme. Toute religion, toute morale, était une duperie (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p.228).

B. − POLITIQUE. Doctrine, apparue en Russie dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle, qui n'admettait aucune contrainte de la société sur l'individu et qui aboutit au terrorisme radical; mouvement terroriste se réclamant de cette doctrine, qui passa à l'action vers 1870. Nihilisme destructeur. Quelle aventure étrange et redoutable et ahurissante que celle du nihilisme et de la police russe! (G. Leroux, Roul. tsar, 1912, p.131).Le terme même de nihilisme a été forgé par Tourgueniev dans un roman Pères et enfants dont le héros, Bazarov, figurait la peinture de ce type d'homme [l'individu-roi] (Camus, Homme rév., 1951, p.193).

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