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Billet de blog 26 novembre 2016

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Jean-Luc Mélenchon : Nous, le tribun et le populiste

Nous restons indépendants et nous ne donnons aucune carte blanche à qui que ce soit. Mais comme nos partenaires sur le terrain, Hâtons-nous de faire de la politique.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis l’année 2008, nos sociétés occidentales sont entrées dans une ère post-libérale.  En réponse à ce tournant, des "leaders charismatiques", comme les qualifie le sociologue allemand Max Weber, sont apparus. 

Certains, comme en Amérique latine, renvoient à l’histoire du XX ème siècle tels Emiliano Zapata ou Salvador Allende, ou encore d’autres plus proches de nous en Italie, Danemark, Suède, Pologne ou Royaume Uni. 

D'autres, franchement racistes, xénophobes ou égéries d'un nationalisme zélé, tels Victor Orban, Yorg Heider, Duda ou encore Donald Trump. Ils sont devenus le parfait exemple du populisme qui surf sur les peurs et les colères pour des  projets de casse sociale.

Avec des  idées parfois détestables, ou des personnalités clivantes, ils ont développé une dimension importante du discours politique   qui s’appelle “ la persuasion rhétorique ”.

Ils ont tiré le tapis sous les pieds des communicants de la politique  traditionnelle, car ceux-ci ont oublié la fonction tribunitienne attachée à l'activité des nouveaux leaders. 

Ces derniers sont associés à une connotation péjorative du populisme, opposée à la systématique image positive de la démocratie.

Ainsi, le populisme parait  menacer la démocratie à travers la destruction de ses principes et valeurs fondamentales et la volonté de se servir de  la démocratie pour instaurer un régime  autoritaire.

Jean-Luc Mélenchon fait partie de ces grands tribuns de la Vème République. Il a rompu avec l'écosystème du Parti Socialiste et ses bien-pensants.

Un retour d'un tribun que certains ne voient pas d'un bon œil. Le classant en catégorie "populistes", ils le trouvent menaçant avec son discours très parlant aux attentes du peuple. 

Ce retour n'est autre que celui de la politique dans le vrai sens du terme qui doit comporter : constance, cohérence et noblesse des valeurs, attitudes tant attendue s par nos concitoyens.

Et cela n'est pas incompatible avec la démocratie.

Il est l’exacte réponse à la radicalité d'une droite aux portes du pouvoir. Le verbe haut, porteur d'une série de leçons pour la gauche dite réformiste. Il est au diapason des vœux des électeurs exprimant par leur vote ou par l’absention les frustrations causées par des promesses non tenues.

Face à un François Fillon, opérant un virage sans précédent vers un Thatchérisme outrancier, s'attaquant aux plus fragiles (les chômeurs, les homosexuels ou les femmes), ou fragilisant d'autres (les fonctionnaires), à coups de taxes, de remises en cause des acquis (Mariage pour tous ), de projet de renforcement des méfaits de la loi travail (39h, anti-syndicalisme primaire et attaques contre les retraites ) et de réductions drastiques des moyens de l'État, ne faudrait-il pas un charisme, une rhétorique, une radicalité et une incarnation dignes de ce nom ? 

Nous sommes observateurs engagés dans cette confrontation entre deux France :

Celle du conservatisme, de Fillon à Macron en passant par Juppé. 

Et la France combattive dun peuple de gauche, luttant contre les attaques de la mondialisation et les traités compromettant son indépendance, soutenant une Europe à l'agonie sur des sujets stratégiques, tels que la Défense, l'immigration ou la démocratie au sein de l'union. 

Une incarnation dans le sens de l'histoire.

On peut reprocher à Jean-Luc Mélenchon des positions dont les conséquences sont dramatiques jusqu’à aujourd'hui : les bombardements de la Lybie, le radicalisme inutile dans l'affaire du Burkini ou certaines déclarations sur l'immigration.

Comme on peut lui reprocher certaines de ses positions vis à vis de Bachar Al Assad, Hugo Chavez ou Vladimir Poutine. Tout cela dépend de l'angle de vue. Et face au "chaos destructeur " pensé et programmé par l'impérialisme américain, nous sommes nombreux à partager cette résistance dans les éléments de langage exprimée par le tribun.

Ses solutions ne sont ni utopistes ni farfelues. Elles ouvrent toutes grandes  les portes des possibles : la VI ème République, retour à une souveraineté de principe en remettant les traités européens sur la table, une écologie politique porteuse d'espoirs, un soutien à l’idée d’une souveraineté du peuple et de la décision majoritaire. Il cristallise les aspirations d’un peuple, permettent par exemple de s’attaquer à des régimes autoritaires, de parler au nom des dominés, à vouloir la réalisation d’élections justes et démocratiques là où les dictateurs sévissent. 

Son discours  est inséparable du peuple et donc de la base même de la démocratie. Par conséquent, il est loin d’être son pendant négatif ou mauvais, même s’il demeure l’émanation de la démocratie représentative, dont certains estiment qu’elle conduit inévitablement à une certaine « trahison » des véritables aspirations exprimées lors du vote. 

Il est, dans cette période de conquêtes réactionnaires, facilitées par la mollesse d’une gauche qui n’avait aucune excuse en 2012, l'incarnation de  cette démocratie partout célébrée et désirée ainsi qu'une forme civilisée des conquêtes populaires partout craint et abhorré. 

Il est le symbole de la condamnation des attitudes démophobes des élites (les illettrés, les musulmans, les femmes..),  notamment celles de gauche qui stigmatisent sans cesse le peuple, tout en soutenant l'idée que le peuple suiveur d’une extrême-droite en embuscade, est en même temps parfois facilement dupé  en  "tombant dans le piège" de Marine Le Pen et ses démagogues  dangereux. 

Il a raison d’être critique vis à vis du  parti socialiste qui a tourné le dos au peuple en laissant les thématiques démago-populistes aux mains de la droite et de l'extrême droite. 

On n’est jamais sûrs de rien ET la politique n’est pas une science exacte. Mais, du moins dans la bataille des idées, le choix que nous avons à faire nous amène , dans l’état actuel des choses, à ne pas faire la fine bouche. 

Des défauts , qui n’en a pas ? Il y’en a même qui veulent aller à la primaire socialiste. Que personne ne donne des leçons à personne et que chacun montre qu’il a compris le sens de l’histoire. 

La méthode unilatérale de Jean-Luc Mélenchon n’est-elle pas du même acabit, avec une forte dose de mépris, que celle montrée par le Parti Socialiste ? Ce n’est que question d’angle de vue. Qui n’a pas constaté qu’à l'insu des électeurs(trices) et des militant(e)s que les discussions ont été soivent de sordides batailles de chiffonniers entre le PS et ses alliés écolos ou communistes pour des places éligibles ? 

Rassembler ce n’est pas se soumettre.

Nous le voulons car c’est la seule réponse possible face à ce qui nous attend, pendant 2 mois dit la droite.  S’extirper du chantage du PS et s’inscrire dans dynamique collective est le message du moment.

Nos programmes coïncidents à 90 %, et il n'existe aucun obstacle de nature politique ni idéologique qui bloquerait le rassemblement. La catastrophe écologique est en cours, la misère sociale est à son comble et le danger fasciste menace.

Il faut acter la position d’ensemble et de ce « Nous », qui stipule l’urgence de dépasser les petites mesquineries qui seules empêchent depuis 2005 l'union des forces antilibérales : les questions d'égos, les rancœurs anciennes, l'arrivisme, les patriotismes de structures et les affaires de fric, etc....

Nous restons indépendants et nous ne donnons aucune carte blanche à qui que ce soit. Mais comme nos partenaires sur le terrain, Hâtons-nous de faire de la politique. 

Signataire :

Nouvelle Donne - Comité Local Sarthe

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Nouvelle Donne Sarthe

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