« La cruauté », « l’infliction délibérée d’une souffrance physique puis émotionnelle sur une personne ou un groupe plus faible dans un but défini », est plus facile à mettre en place pour un dépositaire du pouvoir public car il se représente sa victime comme une abstraction. » écrivit Judith Shklar, immigrée juive originaire qui a théorisé la cruauté pratiquée par le pouvoir.
Une période dure et angoissante, celle que vivent les migrants et particulièrement les musulmans ou devrais-je dire les humains de confession musulmane !
Et des Chefs d’Etat habituellement trop volubiles, sont devenus bègues. Ils ne peuvent pas s'exprimer, ils sont réduits au silence, ils refusent de parler de la dangerosité de celui qu’ils ont fait roi parmi les rois.
Et Malek Boutih, Mais t’es pas là, Mais t’es où ?, chanterait Vianney, toi qui s’est converti à la religion anti-radicalisation islamiste, et que tu vois partout, même chez Benoit Hamon ?
Encore plus dure celle qui s’annonce. Dans le radar de l’actualité sanglante et anxiogène, ils sont pointés du doigt, accusés de complicité passive avec des entreprises terroristes, sommés de prendre de la distance avec les discours et les postures de haine que des assassins de DAESH, au nom de leur appartenance à cette "communauté" et à cette religion, commettent des actes de rupture et s’inscrivent dans des démarches et des logiques terroristes.
A tel point qu'un candidat à la présidentielle française de 2017, Benoit Hamon, scande pour la première fois de la 5ème République entre autres déclarations : "on demande aux musulmans d'être musulmans sans pratiquer l'islam " !
Et curieusement, la tabors médiatiques dans nos contrées s’ingénient à minimiser les effets en parlant d’effet d’annonce ». Combien étaient-ils à parler de « guerre de civilisation » lors des attentats dans 99% des cas commis par des ressortissants européens ou nord-américains ?
Combien étaient-ils à dénoncer les propos sur l’islamo-facisme?
Et combien sont-ils à dénoncer le Ku KLUX KLAN au pouvoir représentée par un « raciste » (et pas un fou, ce qui atténue le danger), qui œuvre pour la suprématiste blanche, la xénophobie et n’est autre chose qu’une émanation protestante ?
Je n’oublie pas, bien évidement l’honneur journalistique sauve du New York Times qui décrit avec ces mots, « Une mesure fanatique, lâche, trompeuse. ».
Une attaque « hors règles » sous les yeux du monde, de ces « premières victimes » des guerres de ce même monde qui « avaient toutes les raisons de croire qu’ils avaient échappé au carnage et au despotisme dans leurs pays d’origine pour rejoindre une nation de l’espoir ».
La justification l’attaque du 11 septembre 2001, autant « ridicule » que « dénuée de logique », tout en n’incluant pas dans la liste les ressortissants de l’Arabie saoudite, du Liban, de l’Egypte ou des Emirats arabes unis – pays d’où provenaient les kamikazes du 11-Septembre, est une autre démonstration du non-sens Trumpiste, désormais accepté uniquement comme un « trait de caractère » !
Il faut dire que les postures et les discours racistes sont libérés. Bulgares, Hongrois, Polonais, et maintenant Trump. Ils se sont donné le mot. Les immigrés, assimilés aux arabes et musulmans radicaux ou l’inverse.
Sale temps pour les Arabes. Dès le réveil et avant même de tomber sur notre reflet dans une glace, la honte d'être nous tient à la gorge. Les médias jubilent et crachent les nouvelles encore fraîches sur tel ou tel violence.
Trump aurait-il agit ainsi si la série devenue culte ne s’est pas répandue partout dans le monde ?
Trump aurait-il agit ainsi si l’image de l'Arabe et du couteau, l'arme blanche du basané, cette vieille métaphore Camusienne nous rattrape en caleçon telle une malédiction inéluctable.
Nous n’en sommes pas loin. Alors pourquoi parlent-ils d’effet d’annonce ?
Que faire avec cette avalanche culpabilisante ? Comment se tenir face à ce packaging ethnique du sordide ? Mettre du Lexomil dans son café du matin ? Serrer son fils dans ses bras un peu plus fort que d'habitude.
Et après ? Où sont-ils les Arabes médiatisés du show-biz ; les Debbouze, les Zidane, les Sami Nacéri ou les Ben Jelloun super-explicateurs ?
Peuvent-ils s'arrêter de nous divertir une seconde et user de leur aura médiatique pour nous sortir un peu de l'image de l'Arabe qui tue ou se fait tuer, l'Arabe qui brûle ou se fait brûler, qui vole, qui viole ?
En auraient-ils pour rejoindre les milliers de manifestants de la 5ème avenue et du Capitol qui disent « NoTrump » ?
Beaucoup de nos stars résident aux USA (1). Elles sont où les Omar Sy (Franco-malien), les Yasmine Bleeth (franco-Algérienne), Dany Boon (Franco-Algérien), …
Qu’en pensent-elles ? que font-elles ?
La misérable vérité est là, compacte et diffuse. Elle est doublée d'un douloureux constat : l'impossibilité de se poser quelque part quand toute la place est prise ; soit par des délinquants, soit par des daeshiens.
Où peut-on donc caser la majorité des migrants, des arabes et des nés musulmans, qui par leur comportement et non par leur peau, ressemblent au reste des êtres humains de part le monde ?.Ceux qui consomment comme tout le monde, prennent une cuite le week-end, matent les seins à la télé et se fichent d'un Trump tant qu’ils respecte les amendements l’un après l’autre ?
Sale temps pour ceux et celles qui rêvaient de respirer entre deux cultures et de "pousser comme l'herbe au milieu", selon la magnifique formule d'Henry Miller.
Sale temps pour immigrés et les Arabes, quand ils ne sont pas malmenés par le despotisme blanc des Ku Klux Klan, par les flics, assassinés par les racistes ou souillés par un « nazi » dans l’âme et je pèse mes mots.
D’ailleurs, Ils ou elles sont les premières victimes de ceux qu’ils condamnent politiquement, théologiquement et culturellement.
Sale temps pour les immigrés et les arabes, qui subissent dans un silence médiatico-politique assourdissant, les foudres d’un gouvernement despotique installé autour de Trump comme si un arabe ou un immigré dont les parents sont arabes ou immigrés est en définitive uniquement un arabe ou un immigré. Une pondération sociologique et identitaire ségrégationniste.
Alors que veut l'Europe et l’Amérique de Trump ?
Les élites bien pensantes recommandent aux musulmans de baisser la tête, et de raser les murs avant peut être d'instaurer une étoile noire obligatoire pour le musulmans en signe d'identification de citoyens « catégorie Daesh » ou un marquage vichy à l'encre noire !
Alors à quand le réveil et l’indignation effective ? « Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous, d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux. Quand quelque chose vous indigne, comme j'ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé. On rejoint le courant de l'histoire et le grand courant de l'histoire doit se poursuivre grâce à chacun. » Ecrivit - Stéphane Hessel
Nous ne sommes pas dupes et nous pouvons encore éviter une nuit du cristal. Alors ressourçons nous en histoire car elle nous en dit long sur la trajectoire du nazisme.
70 musulmans reconnus officiellement comme Justes Parmi les Nations, ont sauvé des vies. Parmi ces héros musulmans on trouve le Bosniaque Dervis Korkut, qui cacha une jeune juive résistante du nom de Mira Papo et qui préserva la Haggadah de Sarajevo, l'un des manuscrits en hébreu les plus précieux au monde.
Ou le Turc Selahattin Ulkumen, qui sauva cinquante juifs des fours d'Auschwitz. Son geste héroïque fut la cause indirecte de la mort de son épouse, Mihrinissa, tuée lors de représailles menées par les nazis. C'était peu après qu'elle eut donné naissance à leur fils, Mehmet.
Il y eut encore l'Albanais Refik Vesili qui, à l'âge de 16 ans, sauva huit juifs en les cachant dans la maison que possédait sa famille à la montagne.
Alors que font les sauvés et leurs familles pour que rien n’arrive aux descendants de leurs sauveurs et à leurs coreligionnaires ?
(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_personnalit%C3%A9s_am%C3%A9ricaines_d'origine_fran%C3%A7aise
