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Billet de blog 31 mars 2014

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François Hollande et la défaite électorale. La nomination de M. Valls ou la bouteille à l'encre

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« Il est plus facile de tromper les gens , que de les convaincre quand ils ont été trompés » Mark Twain

La nomination de M. Valls ou la bouteille à l'encre

Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France

Chantait Jean Ferrat

Un premier constat à l’issu du 1er tour

La Gauche a perdu ces élections particulièrement dans les cités de banlieues, avec un fort taux d’abstention, particulièrement chez les français dits "de fraîche date". Les "quartiers populaires" sont devenus ceux des "noirs, Arabes, immigrés etc." pour dire les choses. C’est l’un des enseignements à tirer par la gauche.

Conséquence, une très forte abstention dans des bastions dits de Gauche, qui basculent à Droite (Roubaix, Toulouse, Marseille (sauf chez Samia Ghali) etc.,) sans compter les victoires du FN (Fréjus, Béziers, Hénin-Beaumont, etc.). Ce n’est la seule raison, naturellement, il faut y ajouter le désistement massif des autres couches ouvrières, les déçues de la politique gouvernementale mal expliqué par la gauche, une politique qui a ébranlé le socle de la présidentielle de 2012.

La bouteille à l’encre

  • Comment réagir, réagir vite, et surtout faire les bons choix ?
  • Comment resserrer l’équipe gouvernementale voulue par tout le monde?
  • Faut-il garder Jean-Marc Ayrault tout en donnant l’impression de changer, ou Nommer l’omniprésent Manuel Valls que la presse impose aux français comme le favori, sans froisser celles et ceux qui le refusent ?
  • Quel que soit le premier ministre, Comment ne pas l’envoyer au casse-pipes des européennes ?
  • Comment assurer la parité, quels nouveaux visages ?
  • Comment ménager les sensibilités de la majorité,  sachant que l’attente d’une nouvelle barre à gauche se fait de plus en plus entendre?

Bref, faut-il privilégier l’ « autorité » d’un Manuel Valls sans le soutien de la majorité ou  la personnalité nouvelle d’un homme de consensus capable de tenir la barque et défendre le cap fixé, qu’il faut trouver ? 

François Hollande fait du François Hollande

François Hollande fait du François Hollande : S’occuper des problèmes qui ne sont pas d’actualité (la loyauté de Manuel Valls en 2017) et tourne le dos aux problèmes d’actualité (ceux que les Français ont rappelé par le vote sanction).

Manuel Valls n’est certes pas responsable de tout, n’empêche, il a amplifié une défaite attendue, une constance de la 5ème république (le vainqueur de la présidentielle perd les municipales de mi-mandat) pour relativiser les choses. Mais le bilan est sévère, grâce, ou à cause de lui…

  • Ceux qui le soutiennent

Une soixantaine de députés, l’acceptation de quelques ténors du gouvernement, une opinion de droite qui le compare à un ministre aux allures du sarkozysme, une opinion publique férue de l’ordre et de l’autorité (c’est ce qu’apprécie visiblement le Président).

  • Ceux qui le refusent,

L’aile gauche du parti, les Aubrystes, les proches de Bartolone, certains poids lourds hollandais, les quartiers populaires, 1 ville de plus de 100.000 sur 3 par l’effet du gouvernement dont il occupe une part prépondérante, sa propre ville Evry où il perd 24 points au premier tour par rapport à 2008 (Le seul avec Jean-Claude Boulard au Mans), EELV (à part Jean Vincent Placé qui bave sur un maroquin ministériel), les syndicats (y compris ceux de la Police).

A la fin du XVIIIe siècle, d’une une situation pareille, on disait "clair comme la bouteille à l'encre".

La comparaison de  la situation dans laquelle se trouve François Hollande avec ce caractère opaque avec une situation manquant de clarté ou incompréhensible n’est pas fortuite.

Pour prendre sa décision,  François Hollande a imposé au gouvernement et au PS la totale discrétion par respect de la parole présidentielle et de sa solennité nécessaire à ce moment , comme l’avait demandé François Mitterrand en 1983 lors de la débâcle des municipales. 

Valls le 1er Ministre des médias et de François Hollande, quelle coïncidence ?

Bien avant les résultats définitifs de ces municipales 2014, les éléments de langage de la presse (majoritairement à droite) ne laissent aucun doute: Ils veulent installer Manuel Valls à Matignon.

Le  re(ma)niement c’est Maintenant?

Pourquoi l’engouement de la presse « Bfmisée » pour Manuel Valls?

Curieusement, celui qu’une grande partie de la gauche considère comme «l’infiltré» de la droite au sein de la gauche, nous est proposé par la presse comme le 1er 1er ministrable! Va-t-il remobiliser l’électorat-déserteur des quartiers "populaires" ?, va-t-il faciliter le rassemblement de la gauche de la gauche en plus des écologistes etc.

Le doute est plus que permit.  Il faut lire ce "VallsLoving" de la Droite et de sa presse, comme une récompense. Il a consolidé, l’importance de certaines thèses dans un électorat de droite qui s’est fortement mobilisé en privilégiant l’original à la copie, on peut le dire. Celui qui n’est plus le plus populaire du gouvernement (5eme, loin derrière Fabius et Najat Belkacem) a gardé ce titre aujourd’hui encore dans la presse, et les médias font déjà campagne pour le porter sur l’estrade de Matignon, sa récompense, pour service rendu à la Droite.

Alors, le re(ma)niement c’est Maintenant? La droite l‘espère, dans son intérêt de reconquête..

Valls et la gauche 

Ce qui est frappant, c’est cette volonté très complaisante de rattacher à tout prix Manuel Valls à une tradition de gauche, et plus précisément socialiste. On ne voit pas ce qui le relie à une tradition de gauche, socialiste, française. Ni même à la social-démocratie. Dans sa forme traditionnelle, la social-démocratie n’était certes pas pour le dépassement du capitalisme, mais pour une économie mixte, son fonds de commerce était la redistribution et les politiques égalitaires. Manuel Valls manifeste, lui, un désintérêt pour les questions d’inégalités économiques,  il ne parle ni des ouvriers ni des problèmes des classes populaires et moyennes frappées par la crise.

Ses références à Moch et Clemenceau ne sont pas surprenantes. Ce sont deux républicains, dont un socialiste, qui étaient, comme Valls, très insensibles à la question sociale. Des ministres qui, rappelons-le, ont fait tirer sur les ouvriers en grève. Manuel Valls est un républicain dont la lecture de la République n’est pas celle de gauche, sociale, déclinée par exemple par Jean Jaurès, mais une lecture de droite, portée excessivement sur les questions d’ordre et de défense des biens et des personnes, qui laisse de côté la question sociale. C’est donc une grande surprise d’entendre dire qu’il « renouvelle » la social-démocratie.

Sans vilain jeu de mots, Manuel Valls c’est « la gauche affranchie », c’est la gauche « affranchie » de la gauche, et donc ce n’est plus une gauche. La République, en France en 2013, c’est le respect des institutions, vision totalement conservatrice. Il n’y a aucun discours critique sur ces institutions. Dans quel cas font-elles du bon travail ? Sont-elles justes ?... Le discours se focalise sur le besoin d’ordre et de sécurité physique.

L'aile gauche du PS constate les offensives de réseautage de Manuel Valls surtout  la défense de positions sociales-libérales. "Les amis de Valls passent leur temps à dire 'assumons ce que nous sommes', mais ne donnent jamais de contenu idéologique à ce que l'on est censé être", estime Emmanuel Maurel.

Valls et l’immigration

Gérard Mauco connu pour son tableau de “ l’assimilabilité des étrangers ” selon les nationalités que De Gaulle choisit comme Secrétaire général du Haut Comité Consultatif de la Population et de la Famille disait :

“ Parmi la diversité de races étrangères en France, il est des éléments ... (asiatique, africain, Levantin même) dont l’assimilation n’est pas possible et, au surplus, très souvent physiquement et moralement indésirable. L’échec de nombreux mariages mixtes en est une vérification. Ces immigrés portent en eux, dans leurs coutumes, dans leur tournure d’esprit, des goûts, des passions et le poids d’habitudes séculaires qui contredisent l’orientation profonde de notre civilisation ”.

Manuel Valls  a fait de cette pensée, à un poil près sa devise

L'Europe a d’ailleurs en cela du bon qu'elle a obligé le gouvernement français à ne pas stigmatiser une communauté Le ministre de l'Intérieur parle désormais de "délinquance roumaine"(comme si les Roms ne pouvaient pas venir de Bulgarie ou de Hongrie...). 

Mais qu’avons nous fait pour mériter ce casting au plus haut sommet de l’Etat ?

En réalité, notre vigilance baisse car on a de plus en plus tendance à communautariser notre univers quotidien. Cela nous permet de faciliter notre langage ou notre raisonnement. Mais à quel prix? 

N'oubliez pas les paroles

De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
Je n'en finirai pas d'écrire ta chanson
Ma France
Au grand soleil d'été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France
Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France
Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille
Ma France
Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes
Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu'il est temps que le malheur succombe
Ma France
Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l'histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France
Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstiné de ce temps quotidien
Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche
A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain
Ma France
Qu'elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France

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