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Billet de blog 17 avril 2023

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Emmanuel Macron, marchepied de l’extrême droite

Avant d’accéder au pouvoir, Emmanuel Macron avait annoncé son ambition de bâtir un « rempart » face à l’extrême-droite. Six ans après son élection à la Présidence de la République, on constate que son autoritarisme et son mépris pour les questions de droits humains l’en rapprochent dangereusement.

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Avant d’accéder au pouvoir, Emmanuel Macron avait annoncé son ambition de bâtir un “rempart” face à l’extrême-droite. Six ans après son élection à la Présidence de la République, on constate que son autoritarisme et son mépris pour les questions de droits humains l’en rapprochent dangereusement. 

La récente sortie de Gérald Darmanin, menaçant de supprimer les subventions publiques de la Ligue des Droits de l’Homme, vigie des violences policières à Sainte Soline, n’en est que l’ultime illustration. Dérapage ? Pas du tout, puisqu’Elisabeth Borne a défendu son ministre, attaquant à son tour une association dont l’histoire se confond avec celle de notre République, depuis l’affaire Dreyfus et les calomnies antisémites de l’Action française.

Je ne m’étendrai pas sur les arguments lamentables avancés par Monsieur Darmanin et Madame Borne à l’encontre de la LDH. Selon eux, la Ligue chercherait à défendre l’ultra gauche violente, elle serait “ambiguë” face à l’islamisme radical - bref, elle appartiendrait à cette mouvance “islamo-gauchiste” que la macronie aime tant à pourfendre. Rappelons, avec le président de la LDH, l’avocat Patrick Baudouin, que la Ligue a toujours condamné les violences, qu’elles soient liées aux Black blocs, et a fortiori, au terrorisme islamiste. Rappelons aussi que la vocation de la LDH est de défendre les droits, pour toutes et tous - y compris criminels - en s’opposant à ce qui pourrait ressembler à une justice d’exception. 

Le cas de la défense de l’imam radical Hassan Iquioussen, qui a défrayé la chronique en 2022, est révélateur de la démarche de la Ligue et permet de déconstruire les accusations à son encontre. Tout en condamnant fermement les propos antisémites et misogynes de l’imam, la LDH a effectivement soutenu son avocate qui contestait l’arrêté d’expulsion le concernant. Pourquoi l’avoir fait ? Parce que l’imam vivait en France depuis sa naissance et qu’il avait une famille. Une procédure pénale pour des propos intolérables avait du sens, une expulsion du territoire n’en avait pas : elle relevait donc de l’agitation politique mais pas du droit.

“Notre combat est toujours le même, pour le respect du droit à un procès équitable” rappelle Patrick Baudouin. “Nous sommes intervenus après la première guerre mondiale sur les fusillés pour l’exemple, et on nous a accusés d’être des traîtres à la patrie. A la Libération, alors que la Ligue avait été une des victimes de Vichy et du nazisme, nous avons contesté les modalités de l’épuration. Au moment de la guerre d’Algérie, nous avons combattu la torture. Pour les sans-papiers de l’église Saint-Bernard [à Paris, en 1996], on nous a fait ce reproche d’être pour les étrangers, pour les immigrés. Tout ce que nous faisons, c’est défendre leurs droits”.

La vérité est que la LDH a particulièrement bien fait son travail à Sainte Soline, révélant que les secours médicaux n’avaient pu accéder aux blessés les plus graves. Le 28 mars, jour de la manifestation, les observateurs de la Ligue ont enregistré un appel téléphonique au cours duquel un coordinateur du Samu a déclaré avoir reçu “ordre par de ne pas envoyer” d’équipe “par les forces de l’ordre”. Le gouvernement fut donc pris en flagrant délit de non assistance à une personne en danger de mort. Pourtant, incapable de reconnaître sa faute, ce dernier a décidé de se défendre en discréditant et en menaçant la LDH.

Avec cet épisode, une ligne rouge a été franchie : celle d’une attaque directe du gouvernement contre une association de défense de l'État de droit. Elle couronne, symboliquement, plusieurs séries de violences policières massives à l’encontre des gilets jaunes, des manifestants anti-réforme des retraites ou anti-bassines. 

Dans ce contexte, on peine à s’étonner de la complaisance d’Emmanuel Macron à l’égard de certains régimes tyranniques à l’extérieur de nos frontières. Rappelons que notre Président fut le promoteur de la vente d’armes à l’Egypte et à l’Arabie Saoudite. Qu’il a poussé le “dialogue” comme aucun avec le bourreau de l’Ukraine, Vladimir Poutine. Qu’il s’est montré particulièrement conciliant à l’égard de Xi Jinping lors de son récent voyage en Chine - n’évoquant pas le génocide des Ouïghours et se désolidarisant de Taïwan - il est vrai que de gros contrats commerciaux étaient en jeu. 

En faisant si peu de cas des droits humains et du droit international, en utilisant la violence et la menace à l’encontre de ceux qui le dérangent en France, notre Président abîme nos valeurs et notre démocratie. En ce sens, il n’incarne pas un rempart, mais un marchepied pour une extrême-droite dont le sens profond est de détruire ces valeurs et cette démocratie. 

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