Si le RN domine les sondages, les triangulaires rendent les pronostics complexes.
Si notre camp se mobilise en évitant les chausse-trappes, une victoire est à portée de main.
“Malheur à toi, pays dont le roi est un enfant” disait la Bible… Emmanuel Macron tel un gamin gâté qui a pris la mouche, a décidé d’allumer l’incendie. Depuis Pétain, jamais l’extrême droite n’avait gouverné la France mais, en un geste fou, notre Président de la République semble vouloir punir la nation qui ne l’aime plus : il déroule le tapis rouge au Rassemblement National qui pourrait arriver à Matignon dans deux semaines. Déjà, les ministres se désolidarisent du chef de l’Etat, ses parlementaires se préparent à la déroute : la macronie naufrage.
Ce qui se joue est un danger majeur pour notre état de droit, pour notre démocratie et pour notre continent tout entier. Imaginons Bardella s’opposant au soutien à l’Ukraine au sein du Conseil européen. Imaginons une coalition fascisante et pro russe portée par la France, la Hongrie, l’Italie, l’Autriche, avec, au loin, la bénédiction d’un Donald Trump réélu à la Maison Blanche. Ce n’est pas seulement le tapis rouge au RN, c’est le tapis rouge à Vladimir Poutine que prépare Emmanuel Macron.
Face à cette perspective effrayante, un espoir subsiste. Au lendemain de la dissolution, une réaction salutaire est venue de la gauche et des écologistes, qui malgré des différences et des clivages, ont su se rassembler. Ce sursaut a rappelé un héritage resté dans la mémoire collective. Celui des gauches qui, face aux fascistes des années 30, se sont alliées pour changer la vie des Françaises et des Français. Le premier Front Populaire a donné la semaine de 40 heures, les congés payés, les accords Matignon qui protègent le droit syndical. Le Nouveau Front Populaire est la promesse d’un Etat social qui oriente les richesses confisquées vers les quartiers populaires, la ruralité, la culture et la transition écologique. Ce choix est courageux, il se heurtera nécessairement aux privilégiés, mais il est indispensable. Le creusement des inégalités, véritable carburant de l’extrême droite, n’a aucune justification valable.
Ce chemin étant tracé, j’affirme qu’une victoire est possible. Pourquoi ? D’une part, le Nouveau Front Populaire distancie largement le camp présidentiel et il n’est pas si loin du RN dans les sondages. D’autre part, si l’extrême droite a de l’avance, les sondages actuels doivent être considérés avec précaution car les triangulaires rendent les pronostics complexes et peuvent être plus nombreuses que prévu si l'abstention recule.
A ce stade de la campagne, plusieurs enjeux prioritaires permettront de mettre toutes les chances de notre côté. Premièrement, nous devons rester unis, sans relâcher nos exigences : il est indispensable de rassurer les électeurs concernant un certain nombre de postures ou de personnalités clivantes. Par ailleurs, nous devons, dès à présent, donner des consignes de vote claires en vue du second tour. En cas d'affrontement entre un candidat républicain et un RN, l’ensemble des partenaires du NFP doivent appeler à voter pour le candidat ou la candidate qui fait face à l’extrême droite. Aux côtés de 200 personnalités écologistes et de gauche j’ai signé une tribune publiée par Le Monde appelant à ce désistement républicain, c’est l’une des clés du scrutin.
Évidemment, j’attends des macronistes et des LR canal historique qu’ils soient aussi clairs et responsables que nous à cet égard. Or pour l’instant, l’irresponsabilité et la complicité entre le centre, les droites et l’extrême droite dominent. La porte-parole du gouvernement a même déclaré vouloir faire “barrage aux représentants de cette nouvelle Nupes". La député macroniste Aurore Bergé a, sans gêne aucune, affirmé que “le meilleur rempart face au NFP ce n’est pas le RN, c’est nous” - comme si son principal problème n’était pas le RN mais la gauche et les écologistes ! Après la dissolution, sachant qu’il ne peuvent plus gagner, Macron et les siens feraient donc le choix réfléchi du RN comme futur partenaire en vue d’une cohabitation. Cela n’est plus un geste fou et un mauvais calcul, c’est - et je pèse mes mots - de la collaboration.
Il nous reste quelques jours. Tout doit être fait pour éviter le pire. Maintenons la pression et gardons à l’esprit que tout est encore possible. La gauche et les écologistes ont très peu mobilisé pendant les européennes, contrairement au RN qui a fait le plein. La peur du chaos va provoquer un sursaut chez nos électeurs et la mobilisation sera là, je n’ai aucun doute. Mais elle doit être encore plus que cela : elle doit être massive, écrasante, irrésistible ! C’est à ce prix que nous gagnerons.