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Лентяй (fainéant), бывший неудачник (ex- loser), негодяй (vaurien), самозванец (imposteur), лицемер (hypocrite), категоричный (péremptoire), retraité sans gloire, probable escroc, possible usurpateur, politiquement suspect, traducteur très amateur de littérature russe.

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Billet de blog 12 février 2016

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Лентяй (fainéant), бывший неудачник (ex- loser), негодяй (vaurien), самозванец (imposteur), лицемер (hypocrite), категоричный (péremptoire), retraité sans gloire, probable escroc, possible usurpateur, politiquement suspect, traducteur très amateur de littérature russe.

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Les tourments de Jacques Julliard

Je voudrais commenter ici brièvement le dernier éditorial tonitruant de Jacques Julliard dans «Marianne» de cette semaine.

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Les tourments de Jacques Julliard

Je voudrais commenter ici brièvement le dernier éditorial tonitruant de Jacques Julliard dans «Marianne» de cette semaine.

Notre héros y raconte le spleen qui l’a envahi l’autre jour à l’Académie - il s’était rendu sous la coupole pour assister à l’intronisation d’une tête de Turc que chacun reconnaîtra - en constatant que ces chefs chenus, voire branlants, appartenaient pour l’essentiel à la vieille droite, découverte témoignant d’une grande perspicacité. Maître Jacques, qui tient toujours le nouvel académicien pour un homme de gauche «exaspéré par les dérives de son propre camp», se désolait de ce qu’à son avis «l’hégémonie intellectuelle appartient désormais à la droite».

Et de faire le procès de la gauche, aussi bien du PS via la critique de Terra Nova que surtout de ce qu’il nomme «la gauche de la gauche», terme contesté par ceux et celles qui ripostent : «la gauche de gauche», mais bon, ne chipotons pas. 

Le titre de l’article se veut incisif : «Questions à la gauche identitaire, votre problème c’est le peuple

Et celui qui se présente modestement comme «l’homme de gauche que je suis né et que je mourrai» d’invectiver contre une gauche qu’il rebaptise «essentialiste», certaine de détenir un ou deux morceaux de la vraie croix, etc.

Tout l’article détaille les torts de cette «gauche identitaire», le premier étant bien sûr l’oubli de la laïcité : «quand des laïques «ouverts» acceptent, voire favorisent al pénétration de l’islamisme culturel dans la société française, sous prétexte de lutter contre le racisme antimusulman, je me pers en conjectures sur les fondements inconscients d’une pareille aberration culturelle». On reconnaît là un de nos thèmes de discussion depuis des mois et plus, certains - dont je suis en général - retournant l’argument et disant que la lutte contre la pénétration de l’islamisme culturel est aussi le cache-sexe du racisme antimusulman, notion charriant son poids d’histoire récente (voir plus loin). Que ce débat soit tout sauf simple, nous sommes payés - ou plutôt, nous payons - pour le savoir, à Mediapart. Mais le résumer, comme le fait un peu rapidement notre auteur en écrivant : «ce dont nous ne voulons pas, de toute notre conviction laïque, c’est justement de cette libanisation spirituelle de la France», est une formulation davantage entendue dans d’autres rangs politiques...Mais il est vrai que, pour JJ  «La gauche de la gauche, si elle veut influer de nouveau un jour sur les destinées du pays, devra en finir avec son mépris du peuple déguisé en détestation du Front national. Derrière les accusations mille fois répétées de racisme contre un FN qui, au vu de ses déclarations, ne mérite plus stricto sensu cette accusation, il faut de plus en plus souvent entendre un réquisitoire de nos élites contre notre peuple.»

Et notre penseur poursuit son réquisitoire à lui : il s’en prend même aux malheureux frondeurs, accusés de mépriser superbement la déchéance de la langue et de la culture française, promue aussi bien par le pouvoir actuel qu’approuvée par la fameuse «gauche identitaire». On ignore si l’envol des accents circonflexes navre ou non notre auteur.

Mais le voici qui brandit haut le drapeau de la France éternelle et déplore «l’erreur de l’extrême-gauche universaliste, comme naguère de la deuxième gauche, que d’avoir négligé le sentiment national.» Et de relever que les gens qui s’offusquent de la déchéance de nationalité devraient d’abord se ressouvenir de l’idée de nation.

Notre héraut a la bonne idée, vers la fin, de résumer son réquisitoire : «Si la gauche a aujourd’hui perdu la bataille des idées, ce n’est pas que ces idées aient été vaincues; c’est qu’elles les a abandonnées, c’est qu’elle se les est laissé prendre ! Faudrait-il par hasard se rallier à la droite pour avoir désormais le droit de se réclamer de la laïcité, de l’école républicaine, de la langue française, du peuple de France et de la France elle-même ? Pour ma part, je m’y refuse. Depuis un an, ce peuple ne cesse de nous dire que lui, au moins, il croit à ces valeurs. et c’est ce moment que la gauche identitaire, avec des mines de vierges effarouchées, choisit pour les abandonner ! Comment les classes populaires continueraient-elles à faire confiance à des gens qui ont déserté toutes leurs valeurs ? Après cela, étonnez-vous des raclées que la gauche, et notamment cette gauche identitaire, prend à chaque élection !»

Et voilà le travail...Je croyais bêtement que le «peuple de gauche» s’abstenait en partie depuis deux ans - ce qui modifie toute la donne électorale - en raison de sa déception sociale, en se sentant floué devant les promesses non tenues et le mépris de plus en plus franc affiché par l’exécutif, je n’avais pas compris, idiot (utile) que je suis, qu’il en avait après la religion, la langue et le drapeau...Un autre penseur ambigu, Laurent Bouvet, se montre plus malin, qui parle «d’insécurité sociale et culturelle» ressentie par les «couches populaires». C’est plus malin, mais c’est bien proche de discours venant, là encore, théoriquement, d’une autre rive...Quant aux résultats fort décevants de ce qui se voit à la gauche du PS, les causes en sont nombreuses, du sectarisme de chapelle au manque de lisibilité politique dans les thèmes et les alliances, je doute fort que les "valeurs" ci-dessus soient en cause.

Résumons cet éditorial : pour Jacques Julliard, la devise de la gauche doit être : laïcité, langue et culture, France dont on se fait une certaine idée - en oubliant le passé qui ne passe pas, colonisation et décolonisation malheureuse.

En lisant ce triptyque, j’ai repensé soudain à un autre, dont les termes brillent par leur absence, dans cet article de quatre pages. Sauf erreur, ils ne s’y trouvent pas une seule fois.

Liberté, EGALITE, fraternité, citoyen Julliard, ces mots-là, tu les as oubliés ? 

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