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Лентяй (fainéant), бывший неудачник (ex- loser), негодяй (vaurien), самозванец (imposteur), лицемер (hypocrite), категоричный (péremptoire), retraité sans gloire, probable escroc, possible usurpateur, politiquement suspect, traducteur très amateur de littérature russe.

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Billet de blog 25 février 2016

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Beaucoup de bruit pour rien, ou si peu

Radioscopie de la tribune parue dans le Monde d'hier, signée par Martine Aubry et alii.

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Beaucoup de bruit pour rien ou si peu

La tribune parue dans le Monde du 25 février, et signée par Martine Aubry et quelques députés et personnalités socialistes ou écologistes a fait grand bruit. Les media se pâment devant la «fracture» qu’ils prétendent constater. Voyons un peu.

Les truqueurs...

Le gouvernement a failli se réjouir d’une baisse du nombre de chômeurs enregistrés au mois de janvier, mais patatras ! il n’ose même plus soutenir ce mensonge, car ses propres services indiquent que cette soi-disant baisse est en réalité due à une hausse des radiations - en précisant parfois que les agences de Pôle-Emploi étaient davantage fermées l’après-midi le mois en question, chose qu’on hésite à qualifier de loufoque, car elle est plutôt tragique. Mais cet aveu est significatif du fait que l’exécutif n’arrive même plus à imposer ses mensonges comme des vérités, nouvel exemple de ce que le navire fait eau de toutes parts.

Les errements gouvernementaux ont déjà été longuement analysés et commentés sur Mediapart, je n’insiste pas. En vérité, la succession accélérée, depuis novembre, de mesures et de projets de lois que ne renierait pas la droite - quand ce n’est pas l’extrême-droite - est en train d’accélérer le processus de décomposition de la gauche dite gouvernementale. La tribune du Monde ne fait que prendre acte de cette débandade, sans vraiment affirmer une autre voie.

...et leurs critiques

Décortiquons cette pleine page du Monde. On peut tout de suite en examiner le bas de page, portant les signatures de ce texte : en restant courtois - sinon, le terme de «grandes têtes molles de la gauche» viendrait irrésistiblement à l’esprit - on peut y voir une resucée de la fameuse «gauche plurielle de L. Jospin des années 1997-2002, période qui s’est conclue par le «programme non socialiste» du candidat et le brillant succès que l’on sait. 

Entendre sur BFM-business les enragés de l’ultra-libéralisme se déchaîner contre la «Madone des 35 heures» - les désorganisations qu’ils dénoncent dans certains secteurs, comme en milieu hospitalier, en résultant, provenant surtout de l’imposition bureaucratique de la nouvelle norme, sans consultation de syndicats prêts à avertir de complications possibles - ne saurait suffire à bénir M. Aubry, pas plus que les vociférations racistes entendues à l’encontre de C. Taubira de la part de la droite extrême ne permettent de conclure à l’excellence de son bilan. 

«Ce n’est plus simplement l’échec du quinquennat qui se profile, mais un affaiblissement durable de la France qui se prépare, et bien évidemment de la gauche, s’il n’est pas mis un coup d’arrêt à la chute dans laquelle nous sommes entraînés.»

Ce début de tribune est doublement révélateur. Ce n’est pas la première fois que M. Aubry prétend «sauver le quinquennat», on sent qu’elle est prête à utiliser ce leitmotiv jusqu’en mars de l’an prochain : sa bonne volonté est sans limite. D’ailleurs, elle ajoute tout de suite : «Bien sûr, nous n’oublions pas les succès de la COP21, la priorité donnée à la lutte contre les inégalités à l’école, les avancées de la loi santé.» Les succès évoqués en matière écologique et scolaire peuvent laisser très dubitatif, on remarque que le «mariage pour tous» est jeté aux oubliettes - pauvre C. Taubira - peut-être faut-il y voir un clin d’oeil ? En tout cas, Daniel CB n’a pas dû lire le texte qu’il a signé...Par ailleurs, les trémolos sur le déclin de la France, avec celui de la gauche repêchée en bout de phrase - faut ce qu’y faut - indiquent que nous sommes entre gens sérieux, préoccupés de l’avenir du pays fantasmé dont toute notre vie nous nous sommes fait une certaine idée. 

Ce qui ne nous empêche pas de nous soucier d’Europe : on règle son compte, au passage, à Monsieur 5 %. Voici « la meurtrissure de l’indécent discours de Munich...Non, Angela Merkel...n’a pas mis en danger l’Europe, elle l’a sauvée.» Rappelons qu’il s’agit de la querelle franco-allemande à propos des réfugiés. Le 13 février dernier, M. Valls profite d’une balade à Munich pour signaler que la France refuse le mécanisme permanent, défendu par la chancelière, de répartition automatique des réfugiés, et indiquer qu’elle n’entend pas pas dépasser le chiffre d’accueil annuel de 30000 réfugiés. On peut certes juger pingre cette attitude du gouvernement français, sans pour autant applaudir à tout rompre à l’ouverture unilatérale proclamée par A. Merkel, qui eût été mieux inspirée de chercher un minimum d’unité européenne sur la question, au lieu de mettre tout le monde devant le fait accompli. Ce qui fait sauter aujourd’hui l’UE - après le désastre grec - c’est la combinaison du cavalier seul de l’Allemagne et du repli frileux des autres pays. Autrement dit, Valls et Merkel se complètent, et les gouvernements autoritaires à l’est de l’Europe, en France demain - aujourd’hui déjà ? - achèveront la besogne.

Le texte passe en revue les mesures se succédant depuis deux ans : il étrille le marché de dupes passé début 2004 avec le Medef, ces 41 milliards «mobilisés pour rien ou si peu», et accélère sur «le désolant débat sur la déchéance de nationalité». Et conclut en pilonnant l’avant-projet de loi de la pauvre El-Khomri. Tout ceci est bel et bon, de quoi satisfaire - enfin - les «frondeurs» du PS, et la présence, parmi les signataires, de B. Hamon l’atteste - son ancien compère Montebourg n’a pas signé, il n’a pas que ça à faire, il est dans ses meubles et prépare sa propre entrée en campagne. Et déplore le recours, brandi comme une menace, au 49-3. Et oppose méchamment le discours du Bourget il y a quatre ans à celui de Versailles voilà quatre mois. Et appelle à «retrouver le chemin de la gauche, tout simplement !». Parce que, dans «nombre de politiques menées depuis deux ans...on trouve des propositions puisées dans le camp d’en face, qui n’ont rien de moderne et qui sont inefficaces.» Par-delà la charge contre la réécriture du code du travail - goutte d’eau en train de faire déborder le vase de l’indignation - la vraie critique est ici : Vous nous faites perdre notre électorat pour rien, votre politique est inefficace. Quant à d’éventuelles propositions alternatives, rien, pas le début d’une esquisse. On prend date, on se rappelle au bon souvenir des membres du PS - on n’ose plus dire militants, depuis longtemps - et des électeurs. Au cas où. A tout hasard. Pour soi ou pour Montebourg, en vue de bricoler une nouvelle gauche plurielle, bis repetita placent, qui sait ? Dans le catalogue de protestations de réalisme des derniers paragraphes, on relèvera la mention expéditive du «réchauffement climatique»  - trois mots sur plus de quinze cents : Messieurs Cohn-Bendit et Jadot ne sont guère exigeants...

Trop peu, trop tard.

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