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Billet de blog 4 juin 2025

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Marquer l’histoire par son courage, ou par sa honte

Rima Hassan, Greta Thunberg et les personnes qui les accompagnent sont actuellement à bord de la Freedom Flotilla en direction de Gaza. Tandis qu’elles fendent les flots, le monde politique et médiatique s’enfonce dans sa honte. A chacun de choisir son camp. Celui de Greta et Rima, de la Palestine, ou des soutiens du génocide. De Hichem Miraoui, ou de son assassin. Et l’Histoire jugera.

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Ça veut dire quoi, « rentrer dans l’histoire » ?

Dans le cas de l’histoire humaine, c’est entrer dans une chose pas très ragoutante. Un charnier encombré des corps de toutes nos luttes, d’« inoubliables cicatrices de sang sur le corps du prolétariat » comme l’a formulé Eisenstein, les dépouilles des justes piétiné·es par les bottes sanglantes des dominants.

Mais sur cette vaste plaine empuantie et toxique, poussent également de nombreuses fleurs. Des roses vives, aux épines venimeuses pour tout pouvoir qui tenterait d’y mettre la main. Greta et Rima sur leur bateau, et les personnes qui avec elles ont pris part à cette aventure, en sont.

La flottille s’est élancée. Moi, dans mon petit salon, je les regarde, et je me sens tout con. Con d’être là, impuissant, infinitésimal, nul, néant face à la beauté et au courage qui gonflent la voile de ce bateau.

L’épopée n’est pas sans risque. En 2010, Israël avait pris d'assaut et mitraillé un navire humanitaire du même type, exécutant 9 humanitaires désarmé·es et en blessant des dizaines d’autres.

Et les drones tueurs menacent.

All eyes on that boat. All eyes on Gaza.

Mais il n’y a pas que ce courage-là. Il y a tous les autres, une voie lactée, une galaxie de courages agglomérés. Selon Paul Nizan, « le courage véritable consiste chaque jour à vaincre les petits ennemis ».

Dans le contexte d’une société paranoïaque, malade à en gerber de son islamophobie et de son racisme anti-arabes, Hichem Miraoui a été assassiné par son voisin dans le Var, mon département de naissance.

« Quand Hichem cuisinait, a déclaré sa cousine, le voisin criait: "Ça pue la bouffe d’arabe!"… Mais Hichem ne voulait surtout pas faire d’histoire. Il y a encore quelques jours, il a offert une assiette de couscous à ce fameux voisin, pour tenter de créer du lien, une réconciliation...  C’était ça, Hichem.»

Courage de cet homme, qui jusqu’au bout face à l’immondice a répondu par son indéboulonnable humanité. Honte et lâcheté de celui qui lui a pris la vie, minable crapule fasciste, honte et lâcheté du Rassemblement National qui est le parti de cœur de cet abruti, honte et lâcheté d’un gouvernement qui entretient ce climat de haine en criminalisant les personnes musulmanes et Arabes de la même façon qu’il criminalise le soutien à la Palestine, honte et lâcheté de Retailleau. L’Histoire les jugera en liant leurs noms au sang qu’ils ont contribué à verser. Nos gosses apprendront à mépriser leur mémoire, et à saluer avec émotion celle des Rima, des Greta, des Hichem et de tant d’autres.

Souvent, la dépression me guette. Le courage parfois, je ne sais plus où le trouver, tant tout semble perdu.

Puis, je pense à Rima, à Greta, à ce navire.

Avons-nous des raisons d’espérer ? On a appris récemment avec stupeur que notre fière République est en fait bâtie sur des piliers en petit Lu, puisqu’il suffirait, selon une Macronie qui ne cache plus son complotisme raciste, de deux pelés et un barbu pour faire trembler ses fondements les plus sacrés. Quant on sait que Darmanin-la-déglingue a indiqué que près de 10 000 personnes étaient suivies pour leur appartenance à la dite « ultra-gauche », dont 3000 fichées S, et qu’on lit ce que peuvent faire selon eux quelques centaines d’excités, on peut donc se rassurer : la victoire est au bout du chemin, camarades.

Soyons donc des centaines, des milliers, des millions de « Freedom Flotilla », anonymes ou non, à voguer librement, courageusement sous leurs drones de merde et par-dessus leur honte, jusqu’à ce que nous obtenions justice car, ainsi que l’ont formulé les anarchistes Sacco & Vanzetti avant d’être injustement exécutés, « la seule vengeance qui nous apaiserait, c'est l'avènement de la liberté, la grande délivrance qui profiterait à nos amis et aussi à nos ennemis. Tous ».

Mais en attendant, ces ennemis, nous allons les vaincre. Chaque jour.

Mačko Dràgàn

PS : retrouvez moi samedi 7 juin pour la projection de Dalleuses, le film documentaire que j'ai co-réalisé : https://www.helloasso.com/associations/association-pour-la-reconnaissance-des-medias-alternatifs-arma/evenements/projection-de-dalleuses-a-la-bellevilloise

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