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Billet de blog 4 septembre 2025

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Adieu François, et merci. Lettre à bye-Bayrou

Sans aucune ironie, oui, merci, François. Vraiment, merci. Ta glorieuse incompétence aura été la meilleure chose qui pouvait arriver pour révéler aux yeux du plus grand nombre la faillite de la Macronie, et la nullité politique abyssale de ce petit monde.

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Je te connais depuis si longtemps, François. Pour tout te dire, j’ai grandi avec toi, enfin, plus précisément, avec cette marionnette aux grandes oreilles qui te figurait dans les Guignols de l’Info, et qui, il faut bien l’avouer, était d’une telle efficacité qu’elle avait fait de toi la risée du pays, y compris des enfants -auxquels, en passant, tu n’hésitais pas à mettre des claques. Incarnation publique du politicien loser, avec ton bus au colza et ta grand-mère de Bagnère-de-Buigorre -fictive, car dans la réalité tu avais un grand-oncle militant à l’Action Française-, tu te gaufrais à chaque élection en finissant dans le fond du bac à solde, tentant systématiquement de brader tes voix contre un poste avec le sérieux papal hilarant d’un chanteur persuadé qu’il est Ramazzotti alors qu’il est Carlos.

Illustration 1

Puis, le temps a passé, les Guignols ont arrêté de nous faire rire avant de finalement disparaître, et nous t’avons tous oublié. Jusqu’à cette année fatidique de 2017, durant laquelle un certain Emmanuel Macron, jusque-là inconnu lui aussi, mais qui avait su s’entourer de tous les marketeux, milliardaires et traîne-savates du pays (la preuve, même Robert Hue était dans le kit), est arrivé au pouvoir, et t’a nommé comme ministre de la Justice. La consécration ? Non, raté : tu as dû démissionner, en raison de soupçons d’emplois fictifs dans ton parti -car oui, ce temps lointain, les macronistes démissionnaient en cas d’affaire, depuis c’est devenu une ligne à ajouter sur son profil Linkedin.

Tu es donc piteusement rentré à Pau, te contentant de l’obscur titre honorifique de « haut-commissaire au plan », mais un « bullshit job » c’est toujours mieux et moins risqué qu’un emploi fictif.

Ta carrière mort-née aurait pu -aurait dû- en rester là. Mais voilà qu’en 2024, alors que Macron, après avoir dissout l’assemblée nationale et s’être pris une veste, cherche un premier ministre et n’en trouve pas, et pense à tout le monde sauf à toi, un 13 décembre au matin, tu l’appelles, tout rouge, tout colère, et tu lui dis que s’il ne te nomme pas, ton petit parti tout nul mais dont le président, isolé, a néanmoins besoin, claquera la porte. Et donc, lui, qui voulait plutôt Le Drian ou Lecornu, te choisit, comme des gosses bien obligés de prendre le tête-à-claque nul au foot dans leur équipe juste parce que c’est lui qui a le ballon.

Et partir de là, le sketch a commencé : manifestement, tu t’es levé chaque matin te demandant comment faire pour passer pour une buse, et comment dévoiler une par une toutes les failles les plus vermoulues du macronisme. Un agent saboteur anarchiste ne s’y serait pas mieux pris.

« À une semaine de la chute probable du gouvernement de François Bayrou, la tentation est grande de constater l’impasse politique dans laquelle s’est embourbé le leader centriste […] Le gouvernement Bayrou a un bilan, une couleur politique, des lois adoptées et, pour la plupart, promulguées » (Mediapart). Et tout ça est nul, indigne, abject et dangereux.

Tu as piétiné la douleur des victimes de Notre-Dame de Bétharram. 200 plaintes concernent des agressions commises entre 1950 et 2010 dans ce pensionnat où tes propres enfants -car tu n’es même pas foutu de prendre soin de tes propres gosses, et d’ailleurs ta fille a témoigné contre toi auprès de Mediapart- ont été scolarisés. Et toi, tu savais, et tu n’as rien fait. Tu es même soupçonné d’être intervenu pour retarder la mise en examen d’un religieux. Si l’enfer existe, comme tu sembles le croire, une marmite t’y attend donc.

Je suis un prolo, François. Mes potes sont prolos. Certains, ayant des boulots physiques, on passé la soixantaine et n’en peuvent plus de bosser. Et toi, alors même que tu t’apprêtes à prendre la tienne, tu n’as pas voulu revenir sur la réforme des retraites. Avec ta cagoule de petit voleur à la semaine, tu nous a volé ces années de vie, et même deux jours fériés en plus, et tant qu’à faire viens péter sur notre canap’, marcher sur la queue du chat et fouiller dans notre frigo, on ne dira rien. Enfin, si, on a dit ; on a dit, « on bloque tout ». Et toi, tu, grand-bourgeois grasseyant, tu t’es foutu de notre gueule : « Le pays est devant de grands risques, tiens, nous allons le bloquer ! Comment défendre ça ? », ou encore : « C’est comme dans le film Astérix et Obélix : mission Cléopâtre : ‘Pas content ! Pas content !’», en mimant la scène. Moi je te citerai plutôt Le bon, la brute et le truand : « T’es le plus grand **** que la terre ait jamais porté ! »

Bon, pour le climat, alors que ça a cramé tout l’été, tu n’as rien fait, mais autant demander à une poule de monter un meuble Ikea.

Je souffre de troubles psys -je suis borderline. La santé mentale a été désigné grande cause nationale en 2025. Et qu’est-ce que tu as fait ? Là encore, rien, rien du tout. Les parents de Lorène, assassinée à coups de couteau par un camarade en avril à Nantes, en savent quelque chose. Ils te l’ont d’ailleurs rappelé en cette rentrée, au micro d’Inter : « La question de la santé mentale, c’est prioritaire ». Mais tu étais sans doute trop occupé à faire refaire ton bureau à Pau -en mode batcave, vu le prix- pour la coquette somme de 40 000 euros.

Et là où tu aurais pu ne rien faire, tu nous as tout fait. Tout ce qui te mets automatiquement du mauvais côté de l’Histoire. Dénoncer un prétendu « sentiment de submersion » généré, selon toi, par l’immigration. Nous coller Retailleau à l’intérieur, le laissant dire dinguerie facho sur dinguerie facho, et notamment lancer : « À bas le voile ! ». Et mettre cette petite frappe de Darmanin comme garde des Sceaux, menant une politique pire que celle sous Sarko, et d’une rare violence contre les personnes migrantes et les antifascistes -alors même que quand tes ennemis sont antifascistes, c’est qu’il est sérieusement temps de commencer à te poser des questions sur ta place dans les poubelles de l’humanité.

Alors, maintenant, juste avant de te casser, tu dis qu’il faut se priver, que la dette c’est notre faute à tous, enfin surtout aux pauvres, qu’on utilise trop de soins de santé, et de manière générale que nous avons trop de droits sociaux. OK Benito. Sauf que «la dette n’est pas attribuable à une augmentation plus marquée des dépenses publiques (…), mais plutôt à une diminution significative des recettes publiques », selon l’Observatoire français des conjonctures économiques. Donc : aux cadeaux fiscaux faits aux patrons et aux riches.

Donc, voilà. Merci à toi, merci d’avoir révélé l’état de dégénérescence démocratique absolue que représente la Macronie, ce régime de loser pathétiques nuls en économie et psychopathiquement incapables d’empathie, ce règne autoritaire qui piétine les pauvres pour plaire aux milliardaires d’extrême-droite qu’il laisse racheter tous les journaux du pays, cette clique de menteurs et de ratés, de bourgeois en fin de courses et d’opportunistes au rabais.

Bonne retraite, François. Essaye de devenir comme ta marionnette des Guignols : lui, au moins, il était marrant.

Et fais-nous confiance pour la suite. Ce sera de la bonne et saine anarchie. 

Cordialement,

Mačko Dràgàn

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