J’ai une mauvaise habitude, quand je travaille sur mon ordinateur (c’est à dire souvent) : je vais sur Twitter -enfin, X, parce que le « génie » milliardaire qui a racheté le bidule a décidé de flinguer son jouet en lui donnant le nom de son genre de film préféré ou que sais-je. Et donc, sur X, devenu la poubelle de l’humanité sauf qu’une poubelle est utile, on trouve tout plein de gens persuadés que leur opinion a un quelconque intérêt.
Des macronistes qui pensent que leur Petit Père des Peuples bien-aimé est tellement incroyable et beau que s’il leur demandait de s’immoler par le feu pour voir si ça fait grimper le PIB ils le feraient. Des fachos qui spament l’onglet « actualiser » des rubriques faits-divers des semaines durant jusqu’à ce qu’un mec au nom rebeu agresse quelqu’un, un gosse c’est mieux. Damien Rieu, qui gêne tout le monde en produisant des mots. Des gens qui n’ont jamais écouté la moindre chanson de rap mais ont l’air de connaître par cœur la vie et l’œuvre de Médine dont je ne serai pas surpris qu’ils nous apprennent que en fait c’est lui qui a écrit Mein Kampf. Et Jean Messiha, qui nous fait chaque jour nous poser la question : quel est l’imbécile disgracieux à qui vous aimeriez le plus pichenetter l’oreille pendant des heures et pourquoi Jean Messiha ?
Et pendant ce temps, le milliardaire susnommé fait mumuse-t’es-plus-mon-copain avec un autre milliardaire, qui a la même fougue cognitive que lui, donc quelque part entre le bigorneau après-cuisson et l’horodateur, et ces deux débiles, celui de Twitter et celui de Facebook, se sont donné rendez-vous pour un combat de MMA, puissent-ils se faire très mal même si vu leurs capacités respectives à se servir de leurs mains je doute même qu’il parviennent à se toucher et devront demander à leur boys de le faire à leur place.
Et cette connerie ambiante qui donne l’impression d’être en permanence dans un meeting géant de Fabien Roussel (fort heureusement les « meetings géants de Fabien Roussel » c’est comme les divisions par 0 ça n’existe pas) ne va pas s’arranger. Parce que comme l’a récemment rapporté le journal Slate rapportant lui-même le Washington Post, « lorsqu'il fait chaud, les gens sont plus enclins à tenir des propos haineux et à adopter des comportements hostiles ». Eh ben génial ça va être bonne ambiance cette fin du monde. Ainsi, des chercheurs de l'Institut de recherche de Potsdam « ont constaté une augmentation des discours haineux allant jusqu'à 22% sur Twitter, lorsque les températures dépassent les 41°C ».
Et ça tombe plutôt bien, puisque Météo France a annoncé à partir des jours qui viennent une montée des températures « vertigineuse ». Et entre deux tempêtes de grêle -parce qu’avec le « déréglement climatique », terme plus exact que « réchauffement », on va alternativement se les geler et se les brûler hors de toute logique saisonnière-, on a connu dans les alentours de ma chère Méditerranée des pics de chaleur mode cuisson flamenküche, avec des températures avoisinant par endroits les 50°. Au niveau de la planète, itou, ça surchauffe, et ce fut donc le mois le plus chaud jamais observé, même dans l’hémisphère Sud, où c’est pourtant censé être l’hiver.
Donc ma foi, c’est foutu. On pensait que nos enfants grandiraient dans un monde anarchiste, passant leurs journées à baiser dans l’herbe pendant que nous-mêmes passerions une retraite bien méritée à base de cuites permanentes entre potes, mais il y a eu un changement de programme. Au lieu de ça, nous allons courir sous les bombes au milieu de plaines cramées par une canicule permantente, traqués par les cyborgs ManuMacron2000 institués comme force de police après sa cinquième réélection forcée, et pris en sandwich entre les tirs de drones de l’OTAN et les frappes nucléaires de Poutine. A moins qu’on ne finisse mitraillés par un facho en goguette, désireux de répondre au souhait formulé par l’entité navrante intitulée Michel Houellebecq : « Des actes de résistance (sic) auront lieu. Il y aura des attentats et des fusillades dans les mosquées, dans des cafés fréquentés par des musulmans, bref des Bataclan à l’envers. »
C’est con, la série « Humanité » était plutôt bien partie dans ses premières saisons, avec notamment de chouettes peintures rupestres, chapeau les effets spéciaux, mais depuis l’épisode où les personnages principaux ont arrêté d’être chasseurs-cueilleurs, la qualité n’avait fait que baisser, jusqu’à cette conclusion pourrie.
En même temps, l’humanité, c’est plein de gens plutôt sympas, d’accord, mais c’est aussi les gens qui ne trouvent rien de mieux à foutre de leur vie que d’envoyer des photos de leur entrecôte de midi à Sandrine Rousseau ; les milliers d’ordures qui ont donné à la cagnotte de la honte en soutien à un raciste tueur d’enfant ; les crétins qui dès qu’il pleut deux gouttes sur leur têtes de cons te disent que tu vois bien ces histoire de climat qui change c’est des conneries d’ailleurs cette nuit j’ai eu froid ; et plus généralement cette vaste horde d’abrutis qui répètent comme des insupportables voix de GPS pété tous les discours des tocards prétentieux qui les dirigent, et qu’eux-mêmes s’obstinent encore et toujours à soutenir dans le cadre du plus incroyable et pitoyable syndrome de Stockholm à grande échelle qu’on n’aurait jamais pu imaginer.
Ce qui donne quand même à penser que la disparition de l’humanité, c’est pas si grave, et que ça laissera plus de place pour les chats, qui se passeront très bien de nous : au lieu de manger nos croquettes, ils boufferont nos cadavres, c’est tout.
En attendant la fin, une chose reste cependant à faire : pisser dans toute la mesure du possible sur la bande de sinistres fumiers qui ont coproduit cette fin du monde merdo-pathétique que tous les peuples de la terre sont très loin d’avoir désiré, et dans laquelle ils n’ont, si on y réfléchit bien, pas pris une grande part de responsabilité.
Et puis, bon, je fais mon grognon, mais peut-être même qu’à force de leur mettre des grains de sable dans la machine, des bâtons dans les roues, des patates dans le pot d’échappement voire des poings dans la gueule, on arrivera à la court-circuiter, leur mort générale programmée. A soulever, nous, Darmanin (#Cheh) avant qu’il ne soit parvenu à nous dissoudre.
Comme l’a écrit la camarade Leïla dans son récit des luttes de la Maurienne pour le numéro de rentrée de Mouais : « Nous sommes le ras-de-marée qui glisse au ralenti pour venir fracasser les vitres des nantis. Nous sommes les seules armes qu’ils ne peuvent pas produire. La puissance qu’on déploie fait frémir le pouvoir, notre orgueil leur fait peur, nos amours aussi. Notre joie, nos larmes de colère et nos cœurs acérés, c’est tout ce qu’ils redoutent et ils en entretiennent la démolition et l’anesthésie. Ça dure depuis des siècles mais maintenant, c’est fini ».
Salutations libertaires,
Mačko Dràgàn
PS : et en vrai j’ai passé un superbe été plein de luttes et d’anarchie, dans la Roya, à St Imier, au Larzac… Pour lire tout ça et bien d’autres choses une seule solution, s’abonner à Mouais ! C’est par ici, c’est beau, c’est pas cher, et ça nous aide bien : https://www.helloasso.com/associations/association-pour-la-reconnaissance-des-medias-alternatifs-arma/boutiques/abonnement-a-mouais
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