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Billet de blog 25 décembre 2024

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«Franchement, ces parasites l’ont bien cherché» (et joyeux Noël bien sûr)

Hier avec ma chérie on a regardé Gremlins 2 en mangeant des coquillettes, vous pouvez pas test’ notre réveillon. Mais pour le reste, entre Valls, Bayrou et Macron, la magie n’est pas au rendez-vous. Alors pour les fêtes, contre ces dominants obscènes, force à nous, et gardons en tête cet adage de Santa Luigi : « Ce n’est plus une question de prise de conscience, mais de rapport de force. »

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Donc, ça y est, c’est Noël, avec mon amoureuse mais sans mon chaton, hélas pour moi et heureusement pour lui, resté au chaud dans le Sud tandis que je me congèle le fessier dans les brumes de la Loire. Et puisque ceci sonne la fin prochaine de cette année de merde, avant une autre tout aussi pourrie et tandis qu’en face de moi le grand chêne, vaguement parcouru par une mésange fatiguée, a l’air aussi morne que les mois à venir, il est temps d’en dresser le bilan. Comme dans Arcane, ma série préférée jusqu’à la fin des temps, avec Piltover et Zaun, deux mondes se regardent de loin et s’affrontent : celui de Bayrou le revenant (revenu de quoi, on se demande bien), de Valls-pire-qu’un-étron, de Manu le président-de-la-Tourette, des flics sans honneurs (des flics, quoi) et des décérébrés venus badigeonner de leur honte les murs de la maison de campagne de Méluche d’un côté, de l’autre Gisèle Pélicot, le peuple mahorais, Luigi Mangione dans sa geôle, et toutes celles et ceux qui ne renoncent pas. Donc : dans les grandes lignes, c’est foutu, mais peut-être qu’il reste un peu d’espoir -et de « si brutale honnêteté »- au fond de la hotte.

En tous les cas, s’il y en a qui n’ont très certainement rien eu au fond de leurs chaussettes ce matin pour avoir été de bien vilains nazis, ce sont les abrutis n’ayant rien trouvé de mieux que d’aller peinturlurer avec obscénité et sans respect aucun des règles les plus élémentaires de l’orthographe la bicoque de Mélenchon dans le Loiret. Une maison que le Vieux, avec sa poésie coutumière, décrit comme « une longère au bord de la forêt [...] J’en partage le jardin avec deux écureuils, un rouge gorge, une pie, et plusieurs chats de mes voisins. On y a reçu une biche et son faon qui ont lamentablement brouté mes jeunes plantations. Je constate que des lapins y tiennent régulièrement des conciles. Enfin une taupe (au moins) se sait vraiment chez elle. J’ai lâché la dispute avec elle tant elle est obstinée ». Ces mots : « On ta trouver. Nique les arabe » (sic), « Tu pouries le pays » (re-sic) nous concernent tous, toutes. Au-delà de la personne de « Jonluk » -pour laquelle j’ai personnellement de la sympathie, mais ça ne regarde que moi et mes contradictions d’anarchiste-, il est grand temps de réaliser que tout crachas, toute insulte qui lui est faite, ainsi qu’aux autres membres de la France Insoumise, sont en réalité des crachas et des insultes qui nous sont destinés à nous, gauchistes en guérilla sans armes dans l’enfer bolloréen, et qui ne sommes pas prêt·e·s à renoncer à l’utilisation du point médian et du faux-gras, à la cause palestinienne, à la lutte contre le fascisme et les violences policières et pour les droits des femmes et des LGBTQIA+, dans les campagnes, les centre-ville, les banlieues et les usines.

« Nique les arabe » : Macron lui-même n’aurait pas mieux dit -enfin, si, lui, il aurait dit « marre des rabzouz ». Car c’est aussi l’un des grands faits de l’actualité récente : la découverte -découverte très relative, tant il aurait fallu vivre sur Mars dans un bunker d’Elon Musk pour ne pas s’en être rendu compte avant-, à la faveur d’un article du Monde, du fait qu’en plus d’être le président le plus incompétent que l’on ait jamais connu, Manu cause comme un gosse de bourge d’HEC défoncé à la coke et au whisky. « Petit pédé », « grande tarlouze », « rabzouz » donc, « le problème des urgences dans ce pays, c’est que c’est rempli de Mamadou », le Matignon de Attal décrit comme une « cage aux folles » : stupeur et consternation, notre autocrate raciste et homophobe tient des propos racistes et homophobes. Et ce, juste avant d’aller, manches de chemise relevées à la OSS 117, beugler devant des Mahorais dévasté·e·s par le passage du cyclone Chido, que « si c’était pas la France, vous seriez 10.000 fois plus dans la merde ». Fin de citation(s), et je vous en prie, pour aller vomir c’est par là.

Il est tellement en roue libre, d’ailleurs -preuve en est, il a récupéré Valls au fond de son caniveau- qu’il a même osé dire « merci » à Gisèle Pélicot. Oui : Manu apporte son soutient à Depardieu, à Gérald Darmanin, à Damien Abad, mais il dit « merci » à Gisèle Pélicot. Je dois dire que même moi, pourtant commentateur blasé de la grossièreté des testicules-cravates qui nous gouvernent je n’ai plus les mots.

Je laisserai donc la parole à Gisèle qui, après l’annonce du verdict, une banderole « La honte change de camp » déployée en travers du boulevard, à déclaré : « C’est avec une profonde émotion que je m’exprime aujourd’hui devant vous. Ce procès était une épreuve très difficile ». Et de rendre hommage à ses avocats, « qui savent toute la reconnaissance et l’estime qu’[elle] leur porte pour [l]’avoir accompagnée à chaque étape de ce douloureux parcours », mais aussi « à tous les journalistes qui ont suivi cette affaire » dans un « traitement fidèle, respectueux et digne » et, enfin, au public venu en nombre la soutenir chaque jour, car c’est grâce à lui qu’elle a trouvé « la force pour revenir chaque jour affronter ces longues journées d’audience ». Justice est faite ? Pas complètement. Un peu quand même. Dominique Pelicot écope de vingt ans de prison. Quarante-trois accusés restent ou retournent en détention. Six autres ressortent libres. La prison ne résout rien. Rien n’est réparé, rien n’est pardonné. Tout reste à combattre. Christophe Bruschi, l’avocat d’un condamné, peut se permettre de crier, à la sortie du tribunal : « J’ai un message de la part de mon client pour toutes les hystériques. Le message c’est : “Merde !” Et avec le sourire ! » Rage. Dégoût. Mais bon. Féministes, « tant qu’il le faudra ».

Et veners. Et déterminé·e·s. A l’image de Luigi Mangione, 26 ans, qui a tué par balles (c’est mal, NDLR), le 4 décembre dernier à New York, Brian Thompson, PDG du premier assureur-santé privé des États-Unis -et en l’espèce, donc, responsable de milliers, de centaines de milliers de morts, faute de remboursements. Ainsi que Luigi l’a écrit dans une lettre-manifeste retrouvée après son arrestation : « Je m’excuse pour les traumatismes que j’ai pu causer mais il fallait que quelqu’un le fasse. Franchement, ces parasites l’ont bien cherché. Petit rappel : les États-Unis ont le système de santé le plus cher du monde, mais nous sommes 42ème en termes d’espérance de vie […] Ce n’est plus une question de prise de conscience, mais de rapport de force. De toute évidence, je suis le premier à l’affronter avec une si brutale honnêteté. »

« Une si brutale honnêteté »… Il va en falloir, sans aucun doute, dans les temps à venir. Sans armes, sans silencieux autant que possible, évidemment, mais, oui : face à Macron & ses sbires, face aux milliardaires marchands de mort, face à Bolloré, face à Praud, face aux génocidaires et leurs soutiens, le rapport de force est la seule chose qui nous reste, avant le mur, avant l’abîme, avant qu’il ne soit vraiment trop tard pour nos gosses.

Parlant de gosses, il y en a, mes petit-beaux-frères, qui nous attendent pour une partie de Unstable Unicorns au coin du feu. Donc je vais vous laisser, en vous souhaitant de joyeuses fêtes et, pour l’année à venir, des luttes, des chats, de l’amour et du punk. Et si tu me lis et que tu es nazis, va manger tes morts, et oublie pas que, ainsi que l’a chanté Poésie Zéro, « ton pays c’est de la merde / ton pays il est à chier / ouais ton pays c’est de la merde / on ferait mieux de le raser / ça ferait de la place pour se garer ».

Oh-oh-oh libertaire, Mačko Dràgàn

Journaliste prolo-punk-à-chat à Mouais, le journal dubitatif (pour les fêtes faites-vous un beau cadeau : abonnez-vous ! https://mouais.org/abonnements2024/)

PS : J’ai plein de projets pour 2025 ! Deux longs métrages documentaires (dont un avec Lauren Malka cœur cœur), des enquêtes, des reportages, un nouveau bouquin, y aura toutes les news et sur Mouais et ça va être très très très bien.

(1) https://melenchon.fr/2024/12/18/on-ta-trouver-nique-les-arabe-tu-pouries-le-pays/

Illustration 1
Montage de moi-même.

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