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Billet de blog 31 août 2017

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Des racines politiques du fondamentalisme religieux.

" Je chie sur toutes les religions" disent-ils… et ils ont torts d’en être si fiers. Tant il est vrai que faire aveu de son intolérance n’est pas la meilleure façon de favoriser la concorde. Un papier islamo-gauchiste en diable, ou il sera question de djihadisme et d'inquisition, et qui va tenter de remettre un peu le débat sur pied.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La semaine dernière, j’ai écorné le piédestal de Charlie Hebdo, en affirmant quelque chose qui ne nécessite pas, certes, d’être une lumière pour s’en rendre compte, puisque c’est même remonté jusqu’à l’esprit, parfois embrumé, il faut bien le dire, de l’inénarrable Stéphane le Foll, à savoir que le journal « satirique » (oui, il me semble que, désormais, les guillemets s’imposent) est, notamment sous la plume de son rédacteur en chef Riss, traversé par l’islamophobie la plus crasse.

Le papier a été bien accueilli par beaucoup –la preuve, il a été retweeté et partagé sur Facebook par les amis d’Eric Zemmour, assorti de quelques insultes à mon endroit (authentique). D’autres, visiblement piqués au vif dans leur humanisme, un humanisme qui les pousse très certainement à faire leurs prières cinq fois par jour en direction de la villa provençale de Philippe Val ou des bureaux de Manuel Valls à Evry, ont saisi l’occasion pour déverser sur moi, et sur ceux qui étaient d’accord avec mes propos, quelques insanités de bon aloi et ma foi fort amènes, m’accusant en gros de faire l’apologie du terrorisme (ce qui est proprement ignoble) et d’être de toute évidence lobotomisé par le discours sectaire et réactionnaire propre, comme chacun sait, à TOUTES les religions, et dont eux, libres penseurs devant l’éternel-qui-n’existe-pas, voient bien ce qu’il a de toxique, car on ne la leur fait pas.   

Bon nombre de ces charmantes personnes faisaient reposer leur pensée sur cette idée : à Charlie, ils ont bien raison, les religions, ce n’est que de la merde, et voilà.

Religion = violence et éclipse de la raison ? Allons donc !

Ces attaques, pour la plupart, ne volent pas bien haut, et ne méritent aucune réponse. Mais, dans les arguments qui m’ont été opposés, il y a évidemment un sujet sur lequel on ne peut pas faire l’impasse : celui des rapports qu’entretiennent la religion et la violence. Violence guerrière, mais aussi violence des mœurs, notamment vis-à-vis des femmes. La religion est-elle nécessairement synonyme de violence, comme le professent certains ? La question mérite d’être posée ; avec cependant une condition nécessaire : la poser pour toutes les religions, et ne pas se dissimuler derrière le faux-nez du « je chie à la gueule de toutes les croyances » pour distiller sans honte sa haine des Arabes et de l’islam –ce qu’on appelle dorénavant : la méthode Charlie.

Bref. C’est donc à ce thème que j’ai décidé, disposant d’un peu de temps libre grâce aux largesses imméritées dont je bénéficie de par mon statut d’assisté improductif chronique, de consacrer un papier, avec comme hypothèse sous-jacente ceci : contrairement à ce que beaucoup aimeraient penser, les religions ne sont pas en soi nocives ou violentes, mais toujours sujettes à diverses récupérations, conséquence de divers contextes historiques et politiques. Récupérations facilitées, dans le cas des monothéismes surtout, par le fait que les textes sacrés, poèmes nébuleux rédigés il y a fort longtemps dans des langues aujourd’hui disparues, sont, bien souvent si ce n’est toujours, d’une ambigüité complète sur à peu près tous les sujets existants.  

Je suis moi-même athée, et complètement infoutu, je pense, d’accéder un jour à la lumière du très-haut, même si on ne sait jamais ce qui peut arriver dans une vie. Par contre, après avoir été pendant longtemps un opposant radical –et, il faut bien le dire, légèrement intolérant- à toutes les religions, j’en suis aujourd’hui revenu à une vision plus apaisée de la foi. Cette foi, je ne l’ai pas. Pas en un quelconque Dieu, en tous les cas. Mais j’ai aujourd’hui conscience de deux choses.

D’une part, si l’athéisme était un vaccin efficace contre la connerie, ça se saurait. A toutes fins utiles, je rappelle que l’auteur du Traité d’athéologie n’est autre que Michel Onfray, camarade d’esprit, d’antenne et de caniveau de la bande à Zemmour. Ça calme. D’autre part, la religion, ça n’est pas seulement des interdits, des obligations, et une poignée de superstitions d’un autre âge, c’est aussi une culture, donc une littérature, une philosophie, de la musique, des romans, des coutumes, des peuples, et j’en passe. C’est les splendeurs de la poésie Yiddish. Les quatrains de Khayam. La Divine comédie. Les Versets Sataniques, de Rushdie, un texte magnifique non pas contre l’islam mais sur l’islam –mais allez expliquer ça à un mollah Iranien. La Genèse illustrée par Crumb. Le Livre de l’Ami et de l’Aimée, de Ramon Lull. La sagesse bouddhique, taoïste ou que sais-je. Ce sont les contes prodigieux issus de l’animisme Africain. Gilgamesh. Le blues et les negro spiritual. Les merveilles ethnographiques, les superstitions, rites, traditions, des milliers de cultures différentes à travers le monde. Ce sont aussi des courants politiques émancipateurs : le Bund, la théologie de la Libération, le mouvement des Noirs musulmans aux USA –ce dernier ne fut bien entendu pas exempt de lourds défauts, et a basculé aujourd’hui dans l’antisémitisme à la Dieudo-, etc. Et c’est aussi, bien entendu, une multitude d’individus, tous plus différents les uns que les autres, certains très sympathiques et d’autres complètement abrutis, sans que cela ait quoi que ce soit à voir avec leur foi.

Et, faut-il le préciser, tous n’ont pas tous le cerveau siphonné par leur croyance. Un commentaire à mon papier sur Charlie disait[i] : « Chaque croyant doit tout de même être conscient que le simple fait de passer sa foi dans un être (ou autre instance) immatériel, omniscient, omnipotent et omniprésent, dont l’existence ne pourra jamais être l’objet d’une preuve au sens scientifique du terme, qui passe par divers moyens afin d’édicter les règles du comportement humain, fixe les « pénalités » et les « récompenses » dans cette vie et/ou après la mort etc. est déjà un encouragement à laisser de côté la raison la réflexion et le sens de responsabilité individuelle et collective ». Et là, je dis non. A ce que je sache, une bonne partie de nos plus grands philosophes, scientifiques et écrivains étaient croyants. On peut croire en faisant usage de raison, Avicenne s’est penché sur cette question, de même que bon nombre de théologiens de toutes les religions, notamment dans l’Andalousie médiévale. S’imaginer que la foi amoindrit les capacités intellectuelles, c’est méprisant, et c’est vouer l’humanité à un bien triste destin, puisque je ne pense pas qu’on puisse un jour dissuader l’humanité entière de croire en quelque Dieu ou en quelque entité que ce soit –et ce n’est d’ailleurs pas souhaitable, car se serait perdre une richesse, celle de toutes les cultures précédemment citées.

Bref. Tout en continuant à vouer aux gémonies les bigots et culs-bénits de touts bords, des excités-balais-dans-le-cul de la Manif pour tous aux Rabbis ultra-orthodoxes de Gaza en passant par les imams cinglés des bas-fonds et les moines bouddhistes génocidaires de Birmanie, j’ai cessé de mépriser a priori les religions, et de bouffer du curé, car ça a très mauvais goût, les enfants de cœur Irlandais en savent quelque chose.

Evidemment, et pour conclure là-dessus mes désaccords avec Charlie, comme la mauvaise blague ci-dessus l’indique, je continue tout de même à considérer qu’il faut rire de tout, des barbus frapadingues, des curés violeurs, des athées hystériques et de tous les autres. Cependant, en humour comme en tout, il y a quelque chose qu’il ne faut jamais oublier : c’est le contexte. Se moquer de l’islam en Iran ou dans l’Etat Islamique, c’est courageux. De même que de critiquer l’Eglise catholique dans des pays latino-américains encore très largement sous la coupe des prédicateurs en soutane.

Par contre, se foutre de la gueule d’une religion ou d’une ethnie minoritaire, dans n’importe quel pays que ce soit, je ne suis pas preneur, ayant tendance à considérer que l’humour, fidèle à ses origines carnavalesques, doit toujours de préférence s’en prendre aux puissants, aux idées reçues, aux instruments de domination, et pas à des gens déjà constamment stigmatisés et privés en sus de touts droits de représentation et de parole. Se moquer des Tamouls au Sri Lanka, ce n’est pas très malin, voire incroyablement con. Se gausser des Kurdes en Turquie : idem. Des Juifs en Iran : itou. D’autant plus quand il ne s’agit pas de critiquer par le rire les éléments les plus radicaux et dangereux de cette communauté, mais celle-ci en son entier –car on ne m’ôtera pas de l’idée que quiconque lit Charlie plus ou moins assidument ne pourra qu’en ressortir avec cette idées : les musulmans sont tous des cons. Et, dans le contexte de la France d’aujourd’hui, ça fait tache. Fin du débat -de mon côté- avec nos amis satiristes.

Violence religieuse, ou justification de la violence par la religion ?

Pour ce qui est des questions de mœurs et de violence sociale –notamment, je l’ai dit, contre les femmes, thème qui me tient à cœur-, je me permettrai d’évacuer rapidement le sujet : le patriarcat n’est pas propre à une religion quelconque, et prospère très bien dans des sociétés massivement déchristianisées –alors que chez les Protestants, dans le Nord Scandinave, on est plutôt dans la moyenne haute en terme de respect des droits des femmes. Il est parfaitement possible d’être croyant sans être sexiste et, à ce que je sache, l’unique société matriarcale du monde se trouve dans le Yunnan chinois. Le patriarcat est le propre de toutes les sociétés traditionnelles, il n’est l’apanage de personne, même si certains pays éclatent effectivement tous les scores, par exemple nos « amis » -enfin, ceux de nos gouvernants et de nos clubs de foot- qataris ou saoudiens. Il faut lutter contre ça, mais il ne faut pas se tromper d’ennemi : les hiérarchies conservatrices doivent être combattues, les textes sacrés, sexistes car produit de leur époque, doivent être réactualisés, mais il est idiot de s'en prendre aux croyant(e)s de bonne volonté, certains pouvant s’avérer dans le domaine des mœurs plus progressistes que bon nombres d’athées spectateurs de Hanouna. Une musulmane féministe est plus utile à la cause des femmes qu’un beauf athée laïcard qui se pignole devant les Femen.

Passons aux textes sacrés, en commençant par la Bible. Il y a de la violence dans l’Ancien Testament, bien entendu. Le Jéhovah qui nous y est décrit est une entité soupe-au-lait, voire carrément déglingo pour peu qu’on l’astique d’un peu trop près : que certains se détournent de lui en faveur d’un veau d’or, et il charge quelques fidèles de les exterminer jusqu’au dernier. Que Sodome et Gomorrhe sombrent dans la décadence et la fornication, et voilà qu’il lui vient à l’idée de disperser leurs viscères à tous les vents. Le peuple des élus, dans le Pentateuque, est un peuple guerrier, qui doit se battre pour rentrer de son exil et s’imposer à nouveau, grâce à l’alliance des 12 tribus d’Israël, des terres d’où il avait été chassé, et où il se livre à des crimes, châtiments et sacrifice variés. Tout ceci est bel et bien vrai. Mais… à Sodome, devant les supplications du sympathique Abraham, Jéhovah n’a-t-il pas dit : « Si je trouve à Sodome cinquante juste, je pardonnerai à tout ce lieu » ? Et comme Abraham insistait, déclarant : « Peut-être des cinquante justes en manque-t-il cinq : vas-tu, pour ces cinq, détruire toute la ville ? », il lui répond : « Je ne détruirai pas, si j’y trouve les quarante-cinq », et ainsi de suite, jusqu’à dix. Bon, ensuite, ça se passe mal, et le souffre et le feu tombent sur la ville –mais le brave Loth est épargné. Et la Bible regorge de manifestations de cette miséricorde divine. Ainsi, comme l’a noté Philippe Haddad, rabbin et écrivain, si la violence traverse de part en part l’Ancien Testament, en tant que fondement inévitable de la nature humaine (et divine aussi, il faut croire) depuis le crime originel de Caïn, le texte est également porteur d’une utopie : celle d’un peuple qui puisse enfin vivre en paix, et mettre de côté l’épée pour se retrouver rassemblés jusqu’à la fin des temps dans la Jérusalem Céleste –avec aucune mention d’une quelconque judéité conquérante ni de la nécessité de revenir en Terre Promise, la Jérusalem Céleste étant dans le cœur des élus. Cette utopie, d’ailleurs, ce sera celle que développera plus tard le grand Baal Shem Tov (Besht), fondateur du hassidisme (courant très répandu au sein des Juifs Ashkénazes), qui professait l’amour de Dieu et des hommes dans la fête, la musique, la danse, la joie de vivre, la bienveillance et le respect du corps, et qui déclarait : « L’amour de Dieu, l’amour de la Torah et l’amour du prochain sont une seule et même chose ». Et cette utopie, se sera aussi celle de Walter Benjamin, penseur Juif de l’émancipation de tous les opprimés[ii].

Le Nouveau Testament est à l’avenant : certes, d’un côté, Jésus chasse les marchands du temple (en distribuant des pains, merci les Inconnus) et dit : « Je n’apporte pas la paix, mais l’épée » ; mais, de l’autre, il est aussi l’auteur supposé du fameux « vous allez vous aimer les uns les autres, bordel de merde » (merci les Inconnus, derechef) et des célèbres gimmicks de la joue droite et de la joue gauche, et de la première pierre qu’on ne peut jeter le premier que si l’on a pas péché. L’ensemble demeure ainsi plus propice à l’amour du prochain et au pardon des offenses qu’au barbecue d’hérétiques tchèques.    

Bon. Mais alors, allez-vous me dire, comment passe-t-on de ça à l’inquisition, aux bûchers de sorcières, au massacre des huguenots, des manichéens, des Amérindiens, et j’en passe ?

Et bien, on en vient là en se basant sur le fait que le récit biblique est un long texte relativement obscur et que, partant de là, on peut le lire absolument comme on veut. On peut insister, dans le Pentateuque, sur le personnage d’Isaac, véritable pacifiste avant l’heure, ou, au contraire, sur l’histoire du veau d’or. On peut mettre l’accent sur le massacre des prêtres de Baal par Elie, ou lui préférer cette phrase de Zacharie : « Ni par la force, ni par l’armée, mais par mon souffle annonce l’Eternel ». C’est comme on veut. Il y a bien plus de paroles de paix dans la Bible, mais en bidouillant un peu entre les lignes, on peut y trouver de quoi justifier l’injustifiable, et l’Inquisition peut l’emporter sur les lumières Andalouses et la bonté des moines franciscains chers à Rabelais.

Mais pourquoi l’emportent-t-ils, d’ailleurs ? Parce que leur lecture est plus proche de ce que serait réellement le christianisme, à savoir une religion de guerre ? Evidemment non. S’ils l’emportent, c’est pour une raison profondément politique, la même qui a fait que, lors de la Révolution d’Octobre, c’est l’aile droite de Staline qui a fini par s’imposer : à savoir, le fonctionnement millénaire du pouvoir, dont c’est souvent, voire toujours, les tenants les plus brutaux et sans scrupules qui emportent le pompon.  

En outre, pour s’imposer et perdurer, ce pouvoir a besoin de deux choses : d’une force (militaire, policière…) et d’une idéologie. Quand cette idéologie repose sur l’athéisme, comme en URSS, alors on instrumentalise l’athéisme, ce qui ne veut pas dire que le fait de ne pas croire en Dieu soit en soi une porte ouverte logique à la pensée totalitaire soviétique. Quand cette société repose sur le Catholicisme, et bien on instrumentaliste le catholicisme, bien pratique pour donner une justification à l’esclavage d’un peuple qu’on déclare dénué d’âme, ou pour rétamer des opposants, qu’il suffit de taxer « d’hérétiques ». C’est commode. Et, dans le contexte tempétueux de l’Europe médiévale, ça se prête évidemment à tous les excès sanglants. La controverse de Valladolid a bien exprimé cette dualité.

Mais, il faut le souligner avec force, jamais conflit humain n’a eu de causes uniquement religieuses : luttes pour un territoire, des ressources ou un leadership, les véritables explications sont légions. Pour exemple, les Hutus n’ont pas tué les Tutsis pour des raisons religieuses : il s’agissait d’un conflit ethnique attisé par des leaders criminels, et basé sur des inégalités économiques et les la question de la gestion des exilés Tutsis de la guerre civile Rwandaise de 90-93.  

Quand Torquemada fait cramer une paysanne qui a cloué une chouette noire sur sa porte, il ne défend pas sa foi, il défend son maître, et s’assure la tranquillité d’un peuple parfois bouillonnant en faisant un exemple. Il n’est même pas sûr qu’il soit lui-même, au fond de lui, un croyant bien fanatique : la piété relativement perfectible de bon nombres de dignitaires politiques et religieux de l'époque en témoigne. Quant au pauvre bougre qui allume le feu, c’est un crétin qui fait ce qu’on lui dit de faire, tout comme le petit seigneur galopant en Terre Saintes pour aller tronçonner du Sarrazin. Ils se sont laissé bourrer le mou et, suivant les époques, ils auraient pu tout aussi bien devenir nazis, tortionnaires en Algérie, maoïstes, assassins de trotskistes en Amérique Latine, ou kamikazes pour le compte de l’Etat Islamique.

Le Coran, texte de haine ? Et bien non.   

L’islam, d’ailleurs, parlons-en, puisqu’en ce moment, en France, il n’est plus question que de ça et que, à en croire Zemmour, qui tente de faire croire qu’il y connait quoi que ce soit à ce propos, cette religion serait fondamentalement une religion de haine.

Le texte sacré de l’islam nécessite le même constat que pour la Bible –sans doute en pire, en termes de nébulosité. Le Coran a été écrit dans un arabe aujourd’hui massivement disparu, si ce n’est, suppose-t-on, dans quelques tribus Bédouines de la péninsule arabique. Du coup, une bonne partie du sens est passée à la trappe. Comme l’expliquait le fabuleux moine dominicain et spécialiste de l’islam, Adrien Candiard, sur le plateau d’Arrêt sur image il y a quelques temps, le voile n’est ainsi peut-être qu’un rideau de cuisine, et les fameuses et sensuelles houris du paradis de simples grappes de raisin –on mesure la déception du djihadiste arrivant en mille morceaux pour chercher sa récompense. Le Coran, qui dénote des inspirations autant judaïques que chrétienne, mais aussi des croyances des tribus nomades d’Arabie, est un long poème obscur, parfois magnifique, mais toujours ambigu, et qui ne peut évidemment souffrir une grille de lecture unique. On y retrouve pêle-mêle des conseils domestiques et culinaires, des récits, des anecdotes, des admonestations diverses et variées, mais rien de très cohérent –d’autant qu’au Coran, dans l’Islam, s’ajoutent les Hadits, qui achèvent de rendre le corpus musulman plutôt barbu (ah, ah) à décrypter.  

De là, si un tordu souhaite y trouver des passages contre les infidèles, il va les y trouver. Mais si un croyant lambda y cherche des paroles de paix, il les trouvera également, et en plus grand nombre : « Ceux qui contiennent leur colère et qui sont indulgents pour les hommes. Dieu aime les vertueux » ; « l’être humain est un édifice de Dieu, maudit soit celui qui détruit cet édifice » ; « la bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles, repousse le mal par ce qui est meilleur ; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient un ami chaleureux » ; « Et ne discute que de la meilleures façon avec les gens du Livre (Juifs et Chrétiens principalement –et en passant, parlant « d’infidèles », je précise qu’à l’époque, le terme désignait souvent les païens, la possibilité de ne croire en aucun dieu n’étant alors même pas pensable), sauf ceux d’entre eux qui sont injustes, et dites-leur : nous croyons en ce qui nous a fait descendre vers vous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même, et c’est à lui que nous nous soumettons » ; et dans la sourate 5, La table servie (oui, les sourates ont des noms rigolos : l’araignée, l’abeille, la table servie…), il est dit que le meurtre d’une seule personne équivaut à une agression contre toute l’humanité[iii]. Pas vraiment de quoi inspirer un maniaque de la décapitation… Tant il est vrai que bon nombre de djihadistes sont des paumés, des cas sociaux n’ayant qu’un rapport distant vec les textes, et se fiant à l’interprétation délirante de charlatans psychopathes…     

Et de fait, l’islam s’est tout d’abord plutôt imposé comme une religion de paix (j’insiste quand même sur le « plutôt »). Après d’intenses guerres de conquête lors de sa phase d’essor, guerres logiques venant d’un peuple de guerriers comme l’étaient les nomades d’Arabie[iv], et sans que la foi musulmane ne soit imposée par la force (à l’époque les combattants Sarrazins, comme on disait, se foutaient relativement de la notion « d’infidèle », ils ne songeaient qu’à conquérir des territoires et ne demandaient à leurs sujets, comme les Romains à leur époque, qu’obéissance et de bien vouloir consentir à payer leurs impôts –certes moins élevés pour les croyants, ce qui a poussé à des conversions massives), c’est une civilisation brillante, prospère et plutôt pacifique, selon les standards de l’époque, certes peu exigeants en la matière, qui a vu le jour, du IXème au XIIème siècle surtout, et notamment en Perse, en Egypte, en Syrie et en Andalousie. Lors des Croisades, c’est le grand Saladin qui a donné une leçon de tolérance à l’occident. Ce sont les médecins, philosophes, poètes, scientifiques musulmans qui ont alors aidé l’Europe à sortir de son marasme obscurantiste. A l’époque, les lumières de la Raison resplendissaient surtout en Orient. Pas parce que l’islam serait par définition, et texte sacré à l’appui, plus progressiste que le catholicisme, évidemment non : mais bien parce que les élites musulmanes, à l’époque, l’étaient, elles, plus progressistes –dans les grandes lignes, et je reconnais que tout ceci est un peu schématique, mais voilà. Toujours cette question du pouvoir, et des utilisations du fait religieux qui sont faites selon les époques. D’ailleurs, à partir du XIème siècle, c’est un calife, celui de Bagdad, Al-Qadir (947-1031) qui met hélas fin aux heures fastes de l’ijtihad (l’exégèse coranique) qui enfanta des penseurs comme Al-Kindi, Avicenne et Averroès. Ce qui n’empêche pas que pendant longtemps, ainsi que l’a noté Samir Kassir, « les philosophes arabes ne se sont pas contentés de s’approprier la philosophie antique, mais ils ont posé l’universalité de la raison -un précédent qui mériterait d’être médité aujourd’hui par ceux qui affirment l’impossibilité théorique de la démocratie en terre arabe »[v].

Puis, plus tard encore, l’occident s’est imposé, avec les conséquences et les ravages que l’on sait, et les civilisations musulmanes, par exemple celle des Ottomans –du reste marquée par une solide tradition d’exercice violent du pouvoir-, se sont mises à péricliter. Ce n’était plus leur heure. Les rapports de force avaient changé, et la colonisation du monde par l’Europe pouvait commencer.  

Et dans tout ça, la religion n’aura joué qu’un rôle d’instrument, mis au service de volontés diverses, tantôt plutôt bienveillantes, tantôt carrément hostiles, et soumis aux péripéties des collectivités humaines et de leurs dirigeants. Le Coran ? Coté pile, il aura produit au Proche-Orient une civilisation intellectuellement brillante (bon, et qui aura aussi participé au trafic d’esclaves, et autres joyeusetés de l’époque) ; côté face, par exemple, un empire Ottoman violent qui s’est cruellement imposé dans les Balkans[vi]. La Bible ? Côté face, elle aura mené à des massacres sans nom ; côté pile, mené à l’apparition des penseurs et artistes de la Renaissance, une fois digéré le bagage Andalou, et grâce à l’apparition d’élites plus éclairées (avec par exemple un monarque comme François 1er, et le développement des universités). L’instrument, et ce qu’on en fait. Le pouvoir et ses circonvolutions. Les aléas de l’histoire des hommes. Enfin, ce genre de choses, quoi. Il y a dans tous ça à boire et à manger, mais, comme on dit, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain.  

Les racines politiques du djhadisme contemporain  

Restons marxistes, et ne perdons jamais de vue les super-structures. Qui refourgue l’opium du peuple ? Dans ces histoires de religion, tout est toujours (ou très souvent) question d’intérêts politiques et économique, de stratégie du pouvoir, de logique de domination, le tout sur un tissu qu’il faut appréhender en termes sociologiques, donc en prenant en compte les déterminismes. Ce qui pousse un jeune type à se faire sauter dans un aéroport, psychologiquement parlant, on ne le saura probablement jamais. Mais quant à savoir pourquoi il l’a fait en se revendiquant de Daech, qui lui-même se revendique de l’islam, ça, par contre, on peut le savoir.  

Regardons le conflit Israélo-palestinien. : qui oserait prétendre sans rire que ce conflit est d’ordre religieux ? Certes, la religion y intervient, mais uniquement, encore une fois, comme instrument idéologique destiné d’un côté, chez les Israéliens, à justifier leur mainmise sur les « terres saintes », et de l’autre, chez les Palestiniens, à redonner un semblant d’unité et d’imaginaire collectif à une communauté atomisée, dispersée à tous les vents. Et, au moment de la fondation de l’Etat d’Israël, en 1948 et dans les années qui ont précédé, des intérêts stratégiques occidentaux sont clairement, eux aussi, entrés en jeu.  

Et pour ce qui est de l’islamisme politique radical, qui enfanta Al-Qaeda puis Daech, c’est la même chose, il faut en revenir aux origines, comme pour Alien. Pensée violente, conquérante, prosélyte, et furieusement attractive pour beaucoup hélas, aujourd’hui, sans distinction d’origines sociales ou religieuses (quoique beaucoup de djhadistes soient des convertis ou des personnes revenant à la foi musulmane après une longue période de jahiliya, d’ignorance), le djihadisme est quelque chose de relativement récent. Nabil Mouline, dans un article du Monde Diplomatique[vii] : « A l’instar d’autres idéologies extrémistes, le djihadisme puise ses racines dans le désenchantement provoqué par la première guerre mondiale. Le démantèlement de l’Empire ottoman, l’abolition du califat par Mustafa Kemal Atatürk, la domination occidentale et la montée en puissance de nouvelles formes de socialisation ont engendré un véritable désarroi dans certains milieux musulmans ».

Un certain Hassan Al-Bannah crée ainsi la congrégation des Frères Musulmans en 1928, donnant le point de départ de toutes ces mouvances. Auparavant, dans les pays à majorité musulmane sous la coupe des puissances Occidentales, par exemple, les résistances à l’occupant ne s’étaient pas faites dans l’ordre d’une défense de la religion, mais bien du territoire national et historique (ce qui ne veut pas dire que le troubles religieux n’existaient pas, mais ils étaient surtout liés à des conflictualités politiques et ethniques locales). Abd El-Kader, combattant musulman mais protecteur, entre autres, des Chrétiens du Liban, en fut l’incarnation. Bref. Mais à partir des années 20, dans un contexte de radicalisation tout azimut du champ politique et d’apparition de nombre d’idéologie de type totalitaire, une partie des oulémas, dans les pays Arabes (qui pourtant connurent au siècle précédent le renouveau intellectuel et politique de la nahda, la renaissance), finit elle aussi par céder à l’air du temps, et à développer une pensée fondée sur l’idée d’une islamisation par le bas des sociétés, jusqu’à l’instauration de divers Etats islamiques qui finiront par s’unir dans un vaste Califat, dans lequel sera imposé la charia (la loi islamique. Précision toutefois : la loi islamique, ce n’est pas nécessairement couper les mains des voleurs. La charia est ce que décident d’en faire les oulémas, et peut donc grandement varier en fonction des régions. En France, la charia respectée par la plupart des musulmans est tout ce qu’il y a de plus humaine. Fin de la parenthèse.)

Nabil Mouline toujours : « Grâce à la simplicité relative de son discours et au zèle de ses membres, la confrérie élargit considérablement sa base de soutien en Egypte et ailleurs dans le monde arabe. Elle ne parvient toutefois pas à réaliser son principal objectif : s’emparer du pouvoir, condition indispensable pour rétablir la cité de Dieu et obtenir le salut. Dès la fin des années 1940, cet échec pousse une minorité résolue à adopter des positions de plus en plus radicales, notamment en ce qui concerne l’usage de la violence. Les choses s’accélèrent de manière dramatique durant la décennie suivante en raison de la répression sans précédent menée par la junte militaire fraîchement installée au pouvoir au Caire ».

 Et c’est là qu’apparait Sayyed Qotb. Rendu chaud-bouillant par son emprisonnement par le régime de Nasser, ce militant islamiste part de l’idée que les « vrais croyants » composant désormais une toute petite minorité, dans une époque de djahiliya (ignorance) généralisée, ceux-ci doivent s’unir pour mener un djihad total et instaurer un véritable Etat islamique –toute la matrice de Daech est là.

Le reste fut le produit, encore une fois, de démarches politiques. Pour comprendre l’essor très contemporain du djihadisme, il faut en effet aussi prendre en compte les choix stratégiques qui ont été faits par l’occident lors de la Guerre Froide. Obnubilé par le « péril rouge », la diplomatie américaine, et avec elle l’Europe, n’a eu, jusqu’à l’effondrement du Mur, qu’une hantise, voir des pays, quels qu’ils soient, basculer dans le giron de l’URSS ou dans quoi que ce soit qui puisse ressembler à de la gauche. Conséquence : le soutien à l’opération Condor en Amérique Latine, à l’Opération Phoenix en Asie du Sud-est, et, dans les pays Arabes, un rejet affirmé du projet panarabe anti-impérialiste et non-aligné élaboré par Nasser. Or, contre Nasser, en Egypte, et contre l’URSS, en Afghanistan, qui y avait-il ? Des tenants de l’islamisme radical, qui furent donc soigneusement entretenus et formés par l’occident. D’autant, que, dans le même temps, celui-ci, toujours en manque de pétrole, formait des alliances avec les pétromonarchies du Golf (avec lesquelles il y avait beau temps qu’avait été établie la loi du « pétrole contre protection »), dont les dirigeants sont historiquement acquis au Wahhabisme (du nom de Mohammed Ibn Abd Al-Wahhab, prédicateur intolérant de la tradition des « pieux ancêtres », al-salaf al-salih, d’où le nom de « salafisme »), fidèle apologistes du djihad, par exemple en Afghanistan contres les « athées » soviétique (alors que la plupart des pays Arabes restaient neutres), Afghanistan où Ben Laden fit ses premières armes, et la boucle est bouclée.   

Et d’ailleurs, que lisait-on dans la presse, en ces temps pas si reculés ? Comme la noté Pierre Souchon dans un article pour le Diplo, Quand les djihadistes étaient nos amis, à l’époque, le ton était volontiers laudateur, voire dithyrambique, pour désigner ces « combattants de la foi » contre l’obscurantisme soviétique : « Peu importe que la quasi-totalité de ces combattants héroïsés soient des musulmans traditionalistes, intégristes, même. A cette époque, la religion n’est pas nécessairement perçue comme un facteur de régression, à moins qu’elle s’oppose, comme en Iran au même moment, aux intérêts stratégiques occidentaux. Mais ce n’est le cas ni dans la Pologne catholique couvée par le pape Jean Paul II, ancien évêque de Cracovie, ni, bien sûr, en Afghanistan. Par conséquent, puisque la priorité géopolitique est que ce pays devienne pour l’Union soviétique ce que le Vietnam a été pour les Etats-Unis, un récit médiatique quasi unique va, pendant des années, exalter les moudjahidins, présentant leur révolte comme une chouannerie sympathique, attachée à sa foi. Il dépeindra en particulier la place et la vie des femmes afghanes à travers le prisme essentialiste, naïf (et parfois enchanté) des traditions populaires ».

Souchon ajoute plus loin : « Assurément, les moudjahidins des années 1980, qui ne commettaient pas d’attentats à l’étranger, se distinguent par plusieurs aspects importants des militants du GIA algérien ou des membres de l’OEI. Il n’en est pas moins vrai que l’Afghanistan a souvent servi de creuset et d’incubateur à leurs successeurs. Le Jordanien Abou Moussab Al-Zarkaoui, considéré comme le « père » de l’OEI, y a débarqué au moment où l’Armée rouge s’en retirait et y est demeuré jusqu’en 1993. Oussama Ben Laden, fondateur d’Al-Qaida, a été dépêché par les services secrets saoudiens à Peshawar, au Pakistan, afin d’appuyer la lutte des moudjahidins. L’Algérien Mokhtar Belmokhtar, dont le groupe, Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), vient de revendiquer l’attaque contre l’hôtel Le Splendid à Ouagadougou, au Burkina Faso, est parti lui aussi pourchasser les alliés afghans de l’Union soviétique à la fin des années 1980 ; il est ensuite revenu en Algérie pendant la guerre civile et a combattu avec le GIA (les Algériens ayant le même parcours étaient appelés les « Afghans ») avant de rejoindre Al-Qaida. Ceux-là, et beaucoup d’autres, ont été accueillis favorablement par l’Occident tant qu’ils servaient ses desseins stratégiques. Puis ils se sont retournés contre lui. L’image que la presse européenne ou américaine donna de leurs motivations, de leur extrémisme religieux, de leur férocité changea alors du tout au tout… »  

Car à ce terreau originel, il a suffit d’ajouter de désastreux conflits en Afghanistan et en Irak (renversement de Saddam Hussein par Bush), en Libye (renversement de Mouammar Kadhafi par le binôme Sarko-BHL, encore bravo à eux), une gestion catastrophique de la guerre civile en Syrie (avec un Bachar Al-Assad qui a par ailleurs sciemment remis de nombreux prisonniers djihadistes en liberté, afin « d’islamiciser » l’opposition aux yeux de la communauté internationale) –sans compter que bon nombre de pays occidentaux, France en tête, n’ont pas su du tout accompagner le mouvement des « Printemps Arabes »-, pour que la créature OEI apparaisse, prenant en otage les populations de pays ravagés par les conflits précédemment cités, et commettant des attentats dans le monde entier –avec une nette préférence pour les autres pays musulmans, tenus pour « apostats ».  

Or donc, quand de jeunes crétins prennent la décision dramatique, suite à un parcours de vie qui peut varier suivant les personnes, d’ôter la vie à ces civils innocents, de toutes confessions, lors d’une attaque kamikaze, c’est tous ces aspects-là, auxquels s’ajoute en France et ailleurs un contexte social troublé par les ravages de l’ultralibéralisme, la nullité des politiques d’intégration des populations pauvres et/ou issues de l’immigration, et l’essor de l’idéologie nationaliste et xénophobe, qu’il faut prendre en compte, bien plus que de chercher dans leur acte un quelconque acte de foi, qui ferait écho à une chimérique « pureté » d'un prétendu islam "originel".

Je conclurai mon propos par une citation de Mohammed-Chérif Ferjani : « S’il est légitime de prendre en compte les spécificités des religions, des cultures, des situations concrètes pour éviter les pièges de l’ethnocentrisme, il ne faut pas pour autant sacrifier l’universalité de l’humain sur l’autel du culturalisme et des conceptions essentialistes, réduisant les groupes humains et leurs représentations à des déterminations figées et sans histoire, ou à des systèmes qui les dresseraient fatalement les uns contre les autres. Cette conception négatrice de l’universalité de l’humain et de ses droits inspire les prophètes de la guerre des cultures, ou du « clash des civilisations », et tous les xénophobes de toutes les sociétés ».

Et, pour terminer sur une note plus légère, un quatrain de Khayam :

"Autrefois, quand je fréquentais les mosquées,
je n'y prononçais aucune prière,
mais j'en revenais riche d'espoir.
Je vais toujours m'asseoir dans les mosquées,
où l'ombre est propice au sommeil".

Luttons contre l'oppression économique, le capitalisme, le néolibéralisme, le patriarcat, l'intolérance, la bêtise, la violence, mais ne nous trompons pas d'ennemis.

M.D.

P.S. : j'avais oublié de mettre un lien vers ce merveilleux entretien avec Eric Baudelaire, paru sur Mediapart : https://www.mediapart.fr/journal/france/280817/eric-baudelaire-face-au-terrorisme-je-regarde-les-structures-et-le-contexte

[i] Je ne cite pas la madame, afin qu’elle ne croie pas que je tente de la mettre au pilori. Je ne cite son propos qu’en illustration d’une pensée répandue.

[ii] Et, au contraire de son grand ami Gershom Scholem, antisioniste notoire, je le précise à l’intention de notre président bien-aimé.   

[iii] N’ayant pas mon Coran sous la main, j’ai trouvé ces citations dans un article disponible sur Cairn, Islam et violence, de Mohamed Thahaly, et paru dans la revue Etudes sur la mort.

[iv] Une tradition guerrière et violente qui a d’ailleurs profondément marqué le régime de succession des califes après la phase originelle traumatique de la lutte entre les compagnons du prophète, la « grande discorde » (al-fitna al-kubra). Comme l’a écrit à ce sujet Mohammed-Chérif Ferjani dans son article Islam, paix et violence : « La « grande discorde » marque, de façon tragique, la fin du Califat de Médine. Elle a débouché sur l’institution de la violence comme mode quasi exclusif de l’accès au pouvoir d’une dynastie, ou d’un autocrate. La violence devient le moyen principal d’exercer le pouvoir et de s’y maintenir pour ne le quitter que mort ou chassé par une action violente ». Ce qui, du reste, n’est pas vraiment à l’époque une spécificité du monde arabo-musulman. Les sanglants conflits de succession furent bien longtemps très répandus au sein des régimes politiques anciens.  

[v] Cité dans l’article Réflexion sur l’islam des lumières, Akram Belkaïd, le Monde Diplomatique

[vi] Où subsiste par ailleurs, en Bosnie, en Albanie, au Kosovo et ailleurs, un islam fort peu rigoureux.

[vii] Nabile Mouline, Genèse du Djihadisme, le Monde diplomatique.

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