Je m’exprime sans doute bien mal à propos de Gaza puisque mes billets et mes réponses aux commentaires qu’ils ont suscités me semblent ne pas avoir été compris. Je me propose, une fois passé le moment de sidération provoqué par certaines réactions, de publier un billet où je m’efforcerai de fournir une argumentation mieux structurée. Dans l’immédiat, je tiens à rappeler quelques faits.
- Nombreux sont ceux qui pensent qu’un être suprême éternel détermine quel peuple est propriétaire d’un territoire donné. Ainsi qu’ils le disent eux-mêmes, c’est une croyance.
- Il y a quelque trois mille ans une peuplade, les Hébreux, a conquis par le fer et par le sang la Palestine, passant au fil de l’épée ses habitants. Le livre de l’Exode de l’Ancien testament le conte et l’archéologie le valide.
- Pour effroyable que soit cette démarche criminelle, elle ne diffère en rien de ce qui a été pratiqué sans cesse dans l’histoire de l’Humanité. Innombrables sont ceux qui, à la suite de migrations ou d’invasions, se sont installés dans des territoires habités par d’autres. Pour ne citer qu’un exemple, je rappelle que, à partir du 16ème siècle, des Européens ont débarqué dans les trois Amériques et les ont colonisées, y assassinant des millions d’autochtones.
- Pour mettre en place un nouvel ordre mondial, on a au 20ème siècle créé la Société des Nations puis l’Organisation des Nations Unies.
- En 1947, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution proposant un partage de la Palestine mandataire en trois entités. Il est possible de tenir cette décision pour inique.
- En 1948, après la déclaration unilatérale d’indépendance de l’État d’Israël, les armées de cinq États arabes ont envahi l’État d’Israël, État reconnu par la Communauté internationale.
- Fuyant la guerre, ses destructions et des massacres perpétrés par des Israéliens, huit cent cinquante mille Palestiniens arabes ont abandonné leur terre natale.
- L’ONU a créé en 1949 l’UNRWA et, en 1950, l’UNHCR. Pour plus de précisions, on peut suivre ce lien-ci : https://blogs.mediapart.fr/malesherbes/blog/131223/presentation-sommaire-de-quatre-institutions-internationales
Si quelqu’un s’inscrit en faux contre une seule de ces remarques, qu’il vienne sans attendre la contester.
Ignorons un instant la situation qui s’est créée après le 7 octobre 2023, jour où des hommes du Hamas, venus de Gaza, sont entrés en territoire israélien pour y massacrer au moins mille quatre cents civils. Un conflit a commencé et des crimes de guerre y ont depuis été commis. Il est vain d’établir quelle est des deux parties celle qui l’a emporté en férocité. Rappelons au passage que, en 1948, Gaza, sous administration égyptienne, comptait trois cent trente mille personnes devenues deux millions trois cent mille en 2023.
Venons-en maintenant à la situation qui prévalait avant cette agression. L’UNRWA recensait, à la mi-2023, six millions de réfugiés palestiniens, c’est-à-dire des malheureux qui avaient fui cette guerre et, pour l’immense majorité, leurs descendants. À la différence de l’UNRWA, l’UNHCR comptabilise comme réfugiés ceux qui ont, en personne, dû quitter de force leur région de résidence. Leur nombre dans le monde s’élève, à la mi-2023, à cent dix millions de déplacés de l’année. Parmi eux, on compte plus de trois millions de nouveaux "partis", des Soudanais.
J’en viens à l’essentiel de mon propos. On peut bien évidemment pervertir les mots. Mais le fait incontestable est que, de 1948 à 2023, en soixante-quinze ans, le nombre de réfugiés palestiniens a été multiplié par sept. Pendant la deuxième guerre mondiale, en Europe, en six ans, de 1939 à 1945, six millions de Juifs, soit un tiers de leur population mondiale, a été exterminé. Parler d’un génocide des Palestiniens est une insulte à la raison.