Vous étiez dans les rues et sur les ronds-points pour appeler à un renouveau démocratique et à la justice fiscale avec des efforts mieux partagés, alors que les richesses et les pouvoirs n’ont jamais été aussi concentrés.
Vous étiez avec vos chasubles dans les manifestations en observations citoyennes pour décrire les pratiques des forces de l’ordre et rendre compte des violences commises qui ont fait des dizaines de blessés graves, en dépit des intimidations, des agressions et de l’instrumentalisation de la justice.
Vous étiez aux côtés des étrangers qui demandent l’asile, leur apportant aide et assistance pour pouvoir vivre sur notre territoire qu’ils ont atteint au péril de leurs vies, au nom de l’égale dignité et d’une solidarité internationale nécessaire face à ces victimes des guerres et des misères sur lesquelles nos nations portent une lourde responsabilité.
Vous étiez sortis de vos classes de cours pour dire qu’en tant que jeunes, votre futur ne pouvait plus se contenter de mots et de promesses face à un dérèglement climatique qui menace la planète, et, avec elle, l’humanité tout entière, et qu’il est urgent de revoir radicalement tant nos comportements individuels qu’un système économique et de production devenus mortifères.
Vous étiez avec toutes les femmes victimes de violences trop longtemps tues, exigeant de mettre fin à un patriarcat mortel, d’avoir une justice et une police protectrices, et appelant à un engagement de toutes et tous pour refuser que des hommes insultent, agressent, assassinent impunément.
Vous étiez rassemblés face aux crimes et actes racistes, antisémites, homophobes toujours trop nombreux pour réaffirmer qu’un seul être est touché en raison de son origine, sa religion, sa culture, sa sexualité, son identité de genre, et c’est l’unique humanité qui est atteinte.
Vous étiez mobilisés pour défendre votre avenir avec des retraites qui permettent à toutes et tous de vivre durablement dans des conditions dignes par une juste solidarité entre les générations et entre tous les acteurs qui doivent contribuer à cette redistribution des ressources présentes et futures, socle de notre contrat social.
La LDH en était à chaque fois au nom de l’indivisibilité des droits et voit, dans ces engagements et ces mouvements protestataires croissants, qui s’accumulent avec un large soutien populaire, un vivier puissant de solidarité autour des valeurs fondatrices de notre République, de liberté, d’égalité et de fraternité. Ils s’inscrivent dans la sollicitation de nos institutions qui peuvent et doivent y répondre, signes d’une démocratie bien vivante et de la confiance a priori en ses ressorts. Elle a bouillonné en 2019 avec des citoyennes et citoyens qui ont exprimé leurs légitimes inquiétudes, leurs impatiences et leurs attentes mais aussi leur disponibilité pour participer aux changements nécessaires et être maîtres de leur destin.
Ces appels éminemment politiques doivent être entendus. Le gouvernement et sa majorité ne peuvent poursuivre dans le mépris et dans l’ignorance de ces expressions pacifiques, avoir des solutions partielles et cosmétiques ou s’enfermer dans des réactions répressives et autoritaires. Il lui revient d’organiser le dialogue et la concertation avec la société civile, d’associer pleinement les corps intermédiaires, syndicats et associations, en transparence des objectifs et des données. Il ne peut être renouvelé la parodie du « grand débat » national, initié au printemps par le président de la République. Il avait dégagé le constat de réformes structurelles à engager, d’un système économique ultralibéral destructeur et des pistes intéressantes de rénovation démocratique et de justice sociale, mais le tout est resté jusqu’ici lettre morte, au risque du désespoir et de lendemains dangereux pour la paix civile.
En ce début d’année, c’est le temps de l’espoir et des vœux. A chacune et à chacun de redonner leur force à nos outils démocratiques, à travailler à penser et organiser de nouvelles voies progressistes, à agir avec la puissance de la citoyenneté pour bâtir un avenir meilleur où toutes et tous seront et demeureront libres et égaux en droits, en dignité.
Malik Salemkour, président de la LDH