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Historien de la musique - Producteur à Radio France (1985-2014) - Conférencier, auteur et dramaturge.

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Billet de blog 1 mai 2024

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1er mai : Folie partout !

Dans un contexte ravageur et guerrier, le 1er mai est bien la fête des travailleurs - sans frontières et pour la Paix...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le martyre palestinien à Gaza et en Cisjordanie est-il encore à démontrer ? Sans doute puisque les manifestations et réunions le dénonçant sont pourchassées, interdites, réprimées. Et que demander le cessez-le-feu est odieusement assimilé à de l'antisémitisme par médias et politiques réunis. Et les mots wokisme et islamo-gauchiste reviennent en boucle. Ainsi, Sciences Po Paris aurait été « mis à sac, à feu et à sang par une minorité dangereuse » qui voudrait « importer une idéologie venue d’Outre Atlantique ». 

Qui a dit cela ? Qui a prononcé de telles fake-news stigmatisantes ? Jordan Bardella ? Non, le PM Gabriel Attal et Sarah El Haïry, la ministre chargée « de l’enfance, de la jeunesse et des familles ». N’hésitant pas à transformer une occupation pacifique de campus en moment « à feu et à sang ». Pire : en parlant de la clameur qui s’élève des quatre coins du pays pour exiger la Paix comme d’une « idéologie ». Que de dérive des mots, du sens, de la raison de la part de nos « responsables » politiques qui n’ont plus grand chose pour se différencier des slogans d’extrême droite. 

Illustration 1

Pour autant, il ne faut pas se voiler la  face : il y a des gens qui minimisent ce qui s'est passé le 7 octobre. Il faut lire ce livre et ses témoignages, glaçants, sur la tuerie, le pogrom qui a mis le feu aux poudres. Les crimes de guerre y sont à cru, évoqués avec pudeur par cette journaliste israélienne de Haaretz.

Quand un ami me raconte que sa fille de 12 ans s'est faite apostropher par un autre gamin avec un terrifiant " on va finir le travail d'Hitler", il y a de quoi être anéanti. Et vouloir réagir, plus que jamais, en luttant contre tous les confessionalismes. Judéophobie et islamophobie sont les mêmes faces d'une pulsion de mort qui annule l'autre, cherche à le nier en le supprimant, nous le savons - ou devrions le savoir.

Alors, tout s'emballe : une manifestation islamiste allemande rêve de l'instauration d'un califat. Un Ministre israélien, Smotritch, appelle à la "destruction absolue" des palestiniens au nom de la religion. Un publicitaire français annonce en direct, sur Radio J, la création d’une milice privée communautaire armée avec l’aide d’un ministère israélien, tout en jouant au scrabble d’une façon plus que provocatrice qui assimile Rima Hassan (et  donc LFI) au Hamas, à l’Iran et aux SS… 

Folies partout !  

Dans ce contexte ravageur, le 1er mai est bien la fête des travailleurs (et non « du travail », comme la très droitière Catherine Vautrin, la Ministre de Macron, le prétend, avec ses relents pétainistes qui plaisent tant aux extrêmes droites), c'est bien qu'il s'agissait, dès l'origine, d'en faire une fête internationale, faisant fi des frontières et des religions, un internationalisme qui rêvait de devenir « le genre humain ». 

Force est de constater que nous voici revenus à des années lumières de cette utopie humaniste. Le nationalisme le plus borné et guerrier est désormais en tête de gondole, partout. Et l’histoire du 1er mai est déjà réécrite par Le Figaro, oubliant tout bonnement dans son texte les origines historiques : la journée internationale des travailleurs date de 1889 et le massacre des ouvriers en grève le 1er mai 1891 à Fourmies…

Dès lors, fêter le premier mai 2024 est plus que jamais un moment qui symbolise le lien entre lutte sociale et humaniste.

D’autant plus que, partout, la macronie est à partout l’offensive contre le monde du travail. Face aux plus grands profits jamais enregistrés par les grands patrons, Sanofi licencie, Attal continue de s’attaquer aux chômeurs, les services publics sont tous en ligne de mire (sauf l’armée et la police) et voilà que le Ministère de l’Éducation Nationale met le feu en annonçant hier, en catimini, l’annulation du paiement des heures supplémentaires de ses personnels… 

La liste des méfaits est trop longue pour être actée : le Président des (très) riches ne cesse de fracturer la société, alors que nous sommes face aux prises avec une exigence brûlante, celle de la Paix comme urgence absolue. A Gaza, en Ukraine, partout.

L'enjeu est si loin des basses polémiques, de toute « récupération politique » ou « instrumentalisation électorale », comme les chiens de garde ne cessent de répéter. Un cessez-le feu, seul, pourra permettre de faire baisser les tensions internationales, inter-communautaires. Chaque jour de guerre attise cette haine ravageuse qui emporte tout, à commencer par la raison.

Le chantier est immense, l'enjeu vital.

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