« Maintenant, je suis la Mort, le destructeur des mondes »

AVERTISSEMENT : honoré de faire la Une de Mediapart, je ne suis pas l'auteur des quelques mots d'accroche qui s'y trouvent et comportent une énorme erreur, un contresens total. J'en suis stupéfait !

Enfin un grand film hollywoodien qui interroge, fait réfléchir et soulève de multiples questions historiques et politiques - malgré une musique envahissante, insupportable, inutile (les "effets" autrefois réservés à la musique de film sont ici ceux... du silence).
En ce 6 août, 78 ans après Hiroshima, il faut aussi se souvenir que :
- 60% de l’uranium utilisé pour la fabrication des trois premières bombes nucléaires provenaient du Congo belge, de la mine de Shinkolobwe (Katanga) et avait été fourni aux États-Unis dès septembre 1942 à l'initiative de la Société Générale de Belgique via l’Union minière du Haut Katanga. Lorsque le gouvernement américain demanda au gouvernement belge à Londres si l’Union Minière pouvait fournir de l’uranium et dans quels délais la réponse aurait été « Combien de tonnes ? Nous pouvons vous fournir dans la semaine… » Car le minerais était stocké aux Etats-Unis à l’insu du gouvernement  américain...
- la bombe a tué en deux jours deux fois plus de civils japonais que la guerre n'a tué de soldats américains en quatre ans.
- début août 45, les négociations sur la reddition du Japon était déjà très avancées
- la vraie raison des deux raids est donc ailleurs : par cette course à la terreur, il s'agissait de montrer aux soviétiques la supériorité des USA et d'éviter qu'ils n'interviennent militairement par le Nord du Japon, comme ils s'apprêtaient à le faire. La situation géostratégique dans l'Asie du sud-est en eut été totalement bouleversée. La décision fut politique bien plus que militaire : les bombes ouvrent la guerre froide.
La politique d’endiguement débute ce 6 août. Cela, le film de Nolan ne l'évoque jamais. C'est son énorme point faible.

« Nous savions que le monde ne serait plus le même. Quelques personnes ont ri, quelques personnes ont pleuré, la plupart sont restées silencieuses. Je me suis souvenu d’une phrase tirée de l’écriture sainte hindoue, la Bhagavad-Gita : Vishnu essaie de persuader le prince de faire son devoir et, pour l’impressionner, prend sa forme à plusieurs bras et dit : "Maintenant, je suis la Mort, le destructeur des mondes". Je suppose que nous avons tous ressenti cela chacun à notre manière. » Robert Oppenheimer

En commémorant Hiroshima, le Premier Ministre ne cite pas les USA - mais la Russie.