Le 7 mars, l’ensemble des syndicats a demandé d’urgence à être reçu par le Président de la République, le jour de la plus forte mobilisation contre le projet de loi.
* Réponse d’Elisabeth Borne : allez vous faire recevoir chez Dussopt.
* Réponse de Bruno Le Maire : « Le président de la République a proposé à tous les syndicats d’être reçus au printemps et à l’été dernier. Je rappelle que certains, comme la CGT, ont refusé… à ce moment-là, c’était le temps des syndicats et de la discussion pour préparer le projet de loi de réforme des retraites. La CGT a refusé l’invitation du président de la République ». C’est vrai : car il était clairement annoncé qu’il n’y avait rien à négocier. Discussion n’a jamais été négociation, car le projet était déjà connu dans ses grandes lignes (même si alors, on n’en soupçonnait pas les innombrables mensonges - voir mon texte précédent). Mais depuis, il y a des millions de français dans la rue, dans l’action, dans le refus.
* Réponse d’Emmanuel Macron : Il reste « à l’écoute », mais sa porte est fermée. No comment… Au moment où (chose jamais vue) un Garde des Sceaux faisait trois bras d’honneur au Sénat, le Président n’adoptait pas une autre attitude. Et choisit d'annoncer qu'il va rencontrer Viktor Orban...
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Peut-on faire plus méprisant en abîmant à ce point la valeur de la parole présidentielle ?
Or au même moment, Emmanuel Macron recevait le P.M. anglais, Rishi Sunak, et ensemble, ils parlent immigration, dans un sens ultra-répressif. Car la Grande Bretagne prévoit de renforcer encore sa législation, tout comme Darmanin en France. Ou comment chasser au mieux sur les terres de l’extrême droite.
La député de la 8è circonscription des Hauts de Seine, Prisca Thévenot (« notre » député), est aussi la porte parole des macronistes. Elle ne cesse d’arpenter les plateaux télé, avec une prédilection pour BFM et Cnews. Elle ne cesse de répandre un venin très particulier : celui du mensonge et de la calomnie politique. Son compte tweeter en est une caricature. Quelques exemples, parmi tant :
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* Tout d’abord, il y a ces mots qui aurait toute leur place dans le fameux 1984 d’Orwell : « la conflictualité précède le dialogue et la confrontation précède la négociation » Petit rappel : il n’y eut jamais négociation. Elisabeth Borne et ses affidés, d’Attal à Le Maire, Dussopt et autres, n’ont cessé, durant des mois, de le dire sur tous les tons, dans tous les médias.
Il s’agissait d’une « concertation » et en rien d’une « négociation ».
Contrairement à ce que le Président claironnait hier en mentant sciemment : « il y a eu un temps de négociations syndicales. »
Le dialogue en amont proposé par le Gouvernement n’en a jamais été un. Tous les syndicats l’ont pointé - d’où cette unité d’action rare. Alors, oui, la radicalité d’un pouvoir sourd au rejet de 70% de la population nuit bien au dialogue social - comme à l’ordre républicain.
* Et en parallèle, il y a ces attaques incessantes de Prisca Thévenot contre La France Insoumise. C’est son droit, c’est le jeu démocratique. Mais alors, pourquoi tordre le bras à la réalité, là encore en mentant ?
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Soyons sérieux : jamais LFI n’a pratiqué, encouragé ni soutenu les « « combats de rue » ! C’est le Gouvernement qui a choisi de réduire au minimum le temps des débats à l’Assemblée comme au Sénat, pas LFI. Car les élus LFI font leur travail. Peu de parlementaires travaillent autant. Et les milliers d’amendements qui furent écrits le furent dans la pure tradition parlementaire. Que je sache, personne ne parlait de « frondeurs de la République » à propos des droites multipliant les amendements contre la loi sur le mariage pour tous en 2016, pour ne citer que cet exemple. Et Madame Thévenot ne trouvait pas que ses amis étaient des « frondeurs de la République » lorsqu’ils ont multiplié les amendement et largement pratiqué l’obstruction contre les propositions de LFI lors de la niche parlementaire du mois de janvier. Un peu de retour à la cohérence, à la raison et au simple vrai sens des mots ne nuirait pas à la République. Car si, selon ses mots, il est des « frondeurs de la République », ce sont bien ceux qui, lâchement, brutalement, veulent passer en force une loi inique de régression sociale : les macronistes.
Ajoutons que ces attaques ne relèvent pas d’un emportement incontrôlé, mais bien d’une ligne politique choisie et d’éléments de langage répercutés partout, comme ici par Bruno Le Maire, toujours très en verve anti-LFI - bien plus qu’anti RN. A chacun le choix de ses adversaires et cela en dit long.
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Remettons les mots à l’endroit en rappelant les propres déclarations du Président de la République au lendemain de son élection : « Je sais que nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi, non pour soutenir les idées que je porte, mais pour faire barrage à celles de l'extrême droite. Je veux ici leur dire que j'ai conscience que ce vote m’oblige pour les années à venir. » Tout en promettant « une révolution dans la pratique du pouvoir… » C’est fait (version révolution nationale avec militarisation d’une France qui doit se préparer à la guerre ?) : le pouvoir est toujours plus autoritaire, anti-syndical, toujours plus méprisant et répressif. A rebours de ce que Macron en personne annonçait à ses opposants, le 25 avril dernier, la main sur le coeur : il n’était plus le candidat d'un clan, mais « le Président de tous ».
Le terme « révolution nationale » choque ?
Mais enfin, de quoi s’agit-il avec les rumeurs de généralisation du SNU sur le temps scolaire, si ce n’est d’une propagande rappelant de très mauvais souvenirs, ceux des chantiers de jeunesse à la façon pétainiste ? Le clip officiel amène à cet affligeant constat (rien à voir, là encore, avec le Gorafi).
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Pap Ndiaye a été historien. Il est donc supposé avoir une rigueur intellectuelle sans faille, un sens critique idoine. Pourtant, ministre, il s'affranchit toujours plus de tout respect du sens même des mots : il fanfaronne en trouvant que sa porte est ouverte, que les négociations à l'Education Nationale sont bienveillantes alors que tous les syndicats ont claqué la porte devant les propositions scandaleuses du Ministère concernant le Pacte Enseignant (= travailler plus pour travailler plus)- ce dont il fait mine de se plaindre.
Cela fait suite à son mensonge concernant le député LFI, relayant de fausses informations : non, Sébastien Delogu n’a agressé personne à St Exupéry de Marseille. Il s’est interposé alors que des élèves étaient traités très violemment.
Mais les médias relayent le Ministre, pas le communiqué contredisant radicalement ses dires. Calomniez, calomniez…
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Comment sortir de cette crise très profonde ? Il n’y a que trois solutions : soit la force brute d’un pouvoir de bras cassés isolé dans la population. Soit le retrait du projet. Soit une sortie par le haut. C’est ce que demandent l’ensemble des syndicats comme LFI.
Ni 49.3, ni 47.1, ni 44.3, ni 64. Nous, c’est 60 avec 37,5 annuités
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