Cela semblait une très mauvaise fiction il y a encore quelques années (Le Pen à 16% à la Présidentielle de 2002, absent en 2012…)
C’est pourtant là la motivation vitale de mon engagement politique depuis des décennies : le refus absolu du fascisme, la lutte contre les extrêmes droites.
Or nous y sommes. Il n’y a pas seulement un risque de voir un Premier Ministre RN gouverner la France le 7 juillet à 20 heures. Nous le sentons toutes et tous - y compris en voulant faire « comme si pas » et en refusant d’ouvrir les yeux. Il y a presque une certitude que cela arrive. Car notre système électoral à deux tours amène à une polarisation.
Le Figaro ne s’y trompe pas, qui mettait en Une ceci dès hier soir :

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Ainsi, regardons les choses en face, lucidement :
Pour LR, cela ne fait aucun doute. La scission-disparition est en gestation depuis leur élection interne de décembre 2022. Les ténors ont beau essayer de pousser de la voix, la moitié de leurs électeurs ne les écoutent plus.
La journée surréaliste d’hier, le spectacle donné, mieux qu’une bonne série Netflix, a déchiré les hypocrisies. Ainsi, le RN ne peut qu’engranger davantage de respectabilité et de dynamique. D’autant qu’après avoir fait semblant de pactiser avec Reconquête , tout en sachant pertinemment ce qu’il tramait avec Ciotti, les Lepenistes ont cassé le mouvement de Zemmour, s’assurant ainsi une image encore plus fédératrice pour la droite traditionnelle. Voilà une vraie stratégie politique pensée, intelligente, imparable. Et plus que dangereuse. Il n’y aurait pas de quoi être étonné de les voir flirter avec les 40% au soir du 30 juin.
Quant à la macronie, elle est en pleine perdition. Électoralement, ses 14% de dimanche le pointe. Idéologiquement, c’est bien pire. Car la logorrhée du Président d’hier était non seulement vide de projet politique, mais surtout une dérive particulièrement dangereuse. En utilisant la réthorique de l’extrême droite. En assimilant RN et le Nouveau Front Populaire à des partis hors de la République, il perd toute crédibilité et joue la carte du pire. Il a passé plus de temps à tirer contre LFI que contre le RN, avec un tissus de mensonges et de calomnies.
Il ne fait ainsi que baliser ce qui dans les deux semaines qui viennent, va être répété sur tous les tons : « le Nouveau Front Populaire est antisémite ». Ils l’assènent donc ils ont des preuves ? Que n’attaquent-t-il LFI en justice car l’antisémitisme est un délit heureusement durement réprimé par la loi. Mais non, rien. Au contraire, voici l’un des points du programme sur la base duquel LFI a engagé les conversations avec ses partenaires.

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Macron menteur ? Cela n’a rien de neuf. Mais l’enjeu, ici, est très particulier. Il installe ce poison de parti hors de la république alors que LFI a fait le choix d’une révolution citoyenne, fondée sur une victoire par les urnes. Le RN au pouvoir, nous verrons immédiatement tant de ralliements de « vrais et sincères démocrates ». Pensez seulement à Bolloré : il se dit du centre libéral et ne cesse de promouvoir l’extrême droite partout. Est-il rejeté comme hors du champ républicain ? Pensez à tous ces ministres qui se pressent sur les plateaux de BFM comme dans les colonnes du JDD. Sont-ils collabos et hors du champ de notre belle République en lambeaux ? Le RN au pouvoir, nous verrons aussi ce parti agir contre ce que lui et les macronistes ont désigné : LFI accusé de tous les maux. N’oublions pas les appels répétés, multiples, du centre au RN, à l’interdiction de LFI. Ils l’ont dit, ils le feront.
Le rejet de Macron est une force incalculable. Tant de mépris social, de violences sociales et policières, de politiques sinistres. Les macronistes en déroute ne veulent même plus la tête du Président sur leurs affiches de campagne ! L’un refuse d’avance de s’inféoder au Président s’ill est élu, l’autre tremble simplement à l’idée de faire campagne… Le souffle de la débâcle est bien là. D’où le grand n’importe quoi dans le langage et les « arguments ». Fondé sur la peur et la panique.
Car n’oublions pas ce que Macron a dit hier - et pas dit : « Ne pas donner les clés du pouvoir à l’extrême droite en 2027 », ce n’est pas refuser et se battre pour « ne pas donner les clés du pouvoir à l’extrême droite à l’été 2024 ». Ces mots actent déjà la défaite du camp présidentiel. C’est une sinistre stratégie de pyromane car non, on n’essaye pas le fascisme !
Attendons avec intérêt le soir du premier tour, lorsque Gabriel Attal et ses petits camarades seront amenés à prononcer cette phrase « aucune voix pour le Rassemblement National ». N’est-ce pas ce que disait Mélenchon le soir du premier tour de la Présidentielle ? A moins qu’il ne fassent comme Bellamy, tête de liste LR aux Européennes qui vient ce matin d’acter les futurs résultats :

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Et si… Si l’extrême droite arrivait au pouvoir ? Sur le site de Là bas si j’y suis, Mordillat propose une projection de ministrables. Bien vu. Mais à suivre dans « Le jour d’après… » (Épisode 2), car s’il est essentiel de prendre la vraie mesure des dangers, avec le Nouveau Front Populaire, rien n’est joué ! A l’action, résistance et détermination, hors des lamentables.