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Historien de la musique - Producteur à Radio France (1985-2014) - Conférencier, auteur et dramaturge.

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Billet de blog 17 mars 2023

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Choses vues

J'étais spectateur à l'Assemblée Nationale hier. Et les choses vues et entendues sont très différentes de ce que les médias main-stream évoquent.

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A l'Assemblée Nationale, ce jeudi 16 mars après midi, c’était plus qu'électrique : historique. En entrant, après avoir passé de nombreux contrôles de police, j'arrive dans l'enceinte, heureux d'y être entré car l'administration de l'Assemblée a limité drastiquement l'accès craignant... quoi ? Sur les écrans, l’ordre du jour s’annonce ainsi.

Illustration 1


Alors que, dehors, de nombreux manifestants s’étaient rassemblés aux abords du Palais Bourbon.

Illustration 2


Or, dès l’ouverture, la séance est immédiatement suspendue par la Présidente car le Gouvernement... n'était pas là. Huées à gauche et à l’extrême droite.
Quelques minutes après, reprise de la séance. La Première Ministre est appelée à s’exprimer et monte à la tribune. Immédiatement les députés LFI se lèvent, brandissent des papiers avec « 64 ans, c’est non ! » et entonnent La Marseillaise. Toute la NUPES est debout. Et, spectacle surprenant, les députés RN se lèvent, suivistes, en l'entendant - mais sans s'associer au chant - dépassés par ce qui arrivait. La Présidente rappelle LFI au règlement et suspend 2 minutes la séance - le temps que les appariteurs récupèrent les papiers.
Reprise de la séance : Elisabeth Borne est en place, débute son discours. Si la télévision permet de l’entendre, je vous assure que sur place, c’était très différent : tous les députés LFI, debout, chantant à tue- tête, poings levés, La Marseillaise, qui a couvert tout son discours (1). Cette fois, les RN restent assis.

Contrairement à ce que l’on entend depuis sur toutes les ondes, ce ne sont pas « les députés » qui ont entonné l’hymne. J’ai même entendu une "journaliste" de la Chaine Parlementaire prétendre que c’était les députés de la majorité qui chantaient... Disons clairement, que ces macronistes étaient dans toute une autre disposition et ne portaient en rien les valeurs républicaines.

Les télés se sont ensuite mises à parler de « chaos ». C’est totalement faux : il y avait de l’ambiance et surtout, quel panache, quel symbole d'une République debout ! Au même moment, les députés RN ne faisaient que hurler « démission ! » en claquant leur pupitre. Pendant qu’une partie des macronistes, se levaient à la suite d’Aurore Berger, applaudissant la Première Ministre, certains invectivant les députés LFI
Au moment où elle annonce le recours au 49.3, les huées emplissent tout l’hémicycle. Et les députés NUPES quittent les lieux, LFI scandant : « Démocratie ! »

Illustration 3


A la sortie de l’Assemblée, je rejoins les manifestants qui s’ébranlent vers la Seine, le long de des Tuileries.
Nous sommes bien dans une grave crise démocratique, sociale, politique. Les cartes sont rebattues à la vue de tous : La macronie affiche son mépris du peuple et son autoritarisme. LR finit d’exploser en vol. Et Dussopt a raison de dire qu’il y a une « mélenchonisation des esprits », car seuls les arguments de la NUPES entrent en profondeur dans la société. Quant au RN, s’il est clairement en embuscade, il n’a aucun argument à avancer en dehors une pure démagogie : il n’est qu’à relire au programme présidentiel de Le Pen...
La Première Ministre ose débuter son discours avec une référence à Michel Rocard. Or celui-ci utilisait le 49.3 pour imposer des réformes d'avancée sociale. Elle fait tout le contraire. Le soir, sur TF1, elle s’enferre et continue les fake-news : non, LFI, la NUPES ne veulent pas « le chaos » comme elle le martèle honteusement. Juste le retrait de cette contre-réforme. Le chaos, c'est elle, c'est eux.

Et hier, Olivier Dussopt enfourchait le tigre du ridicule : car c'est la haine du peuple qui venait d'être actée par le mépris démocratique du 49.3 Et depuis quand La Marseillaise serait-elle synonyme de haine ? Elle a, au contraire, revivifié ce symbole républicain, lancé fièrement à la face des macronistes et de l'extrême droite. 

Illustration 4


La seule chose juste c’est ce qu’a dit Emmanuel Macron le matin de ce jour de bascule : « on ne peut pas jouer avec l’avenir du pays. » Or c’est exactement ce que fait la macronie depuis des semaines. Car le 49.3, c’est la démocratie à la retraite.
Alors, une seule solution : mobilisation jusqu’au retrait. Là est la raison.


PS : La séquence - que j’ai vécu depuis le banc des visiteurs, derrière les députés - est ici : https://www.bfmtv.com/politique/retraites-les-deputes- de-gauche-brandissent-des-pancartes-pour-protester-contre-l-utilisation- du-49-3_VN-202303160491.html

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