Marc Dumont MD (avatar)

Marc Dumont MD

Historien de la musique - Producteur à Radio France (1985-2014) - Conférencier, auteur et dramaturge.

Abonné·e de Mediapart

110 Billets

0 Édition

Billet de blog 17 juin 2024

Marc Dumont MD (avatar)

Marc Dumont MD

Historien de la musique - Producteur à Radio France (1985-2014) - Conférencier, auteur et dramaturge.

Abonné·e de Mediapart

« Le jour d’après… » (Épisode 3)

Les déclarations caricaturales se multiplient. Au mépris de toute réalité. Mais qu’importe !

Marc Dumont MD (avatar)

Marc Dumont MD

Historien de la musique - Producteur à Radio France (1985-2014) - Conférencier, auteur et dramaturge.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Et si… Si l’extrême droite arrivait au pouvoir ?  Le Pen se présente en rempart démocratique : le comble absolu du langage détourné : "le bloc islamo-gauchiste prône la disparition de l'ensemble de nos libertés.".

Illustration 1

Tout ceci vient du chaos dans lequel Macron nous a plongé avec la politique qu’il mène depuis 12 ans, d’abord Ministre de l’Économie puis Président d’une République désormais en grand danger. Le comble de l’outrance. D’ailleurs acceptée, avalisée par les anciens chasseurs de nazis passés directement à l'extrême droite et le revendiquant avant même le second tour... La déclaration de Klarsfeld est sidérante qu’irresponsable. Cette vieillesse est un naufrage. Heureusement, une autre jeunesse veille…

Illustration 2

La droite y va de ses amalgames qui rejoignent ceux du RN. Pendant que Pascal Praud et ses copains fachos serinent « personne ne croit une seconde que Bardella soit d’extrême droite », que Manuel Valls se répand partout en hurlant que « cet accord de Front Populaire est immoral », que Gabriel Attal prétend que c’est « un accord de la honte », voici ce que l’on peut lire sur le tract de campagne de notre ex-député et actuelle porte parole du Gouvernement, Prisca Thévenot, dans une formule que rien ne différencie de l’extrême droite - et sur laquelle nos juristes se penchent concernant la calomnie d’antisémitisme. 

Illustration 3

La panique les saisit, nous le savons et sentons partout.

Quelles différences reste-t-il avec les unes de plus en plus extrême droitières du Figaro ? Alors que les mots de notre Ministre des Finances qui a tant plombé les comptes de la France empruntent au même registre ?

Certains pourraient penser que l’on revit 1981, lorsque les droites annonçaient les chars soviétiques sur les Champs Élysées et le chaos collectiviste en vue. Mais non, car alors, deux camps s’affrontaient. Aujourd’hui, il y en a trois - dont deux très libéraux. Alors, en ce moment où tout le monde parle de chaos. Reprenons.

Car attention, si l’ancien Président dit que « cette dissolution peut plonger le pays dans le chaos », c’est en visant clairement… « l’extrême gauche » tout en trouvant de grandes qualités et même « du talent » à Bardella.

Illustration 4

D’ailleurs, la Une du JDD est claire : ce sont bien les mots d’ordre du lepénisme qui sont mis en avant : identité, sécurité, autorité. En ouvrant le journal, on peut lire ce qui sera perçu comme une épiphanie pour le RN : selon un sondage Ifop pour le JDD, plus de la moitié des sympathisants Les Républicains seraient favorables à une alliance avec le Rassemblement national. Un autre sondage portant sur les législatives indique par ailleurs que le RN progresserait à 35%, « vent dans le dos » contre 26% pour le Nouveau Front Populaire. La veille, Le Point donnait 29,5 au RN et 28,5 au NFP. Partout, les macronistes sont à la peine avec autour de 18%. A suivre dans ce paysage très fluctuant d’un pays où le Président joue avec la dynamite. Ses propos rapportés par le journal Le Monde sont simplement sidérant : « Je prépare ça depuis des semaines et je suis ravi. Je leur ai lancé ma grenade dégoupillée dans les jambes. Maintenant, on va voir comment ils s’en sortent. » Peut-on faire plus irresponsable ?

Illustration 5

Le paysage est d’autant plus mouvant que les évènements ou coups de théâtre se succèdent. Avec à la droite du NPF, l’adoubement par le PS de l’ancien Ministre de Macron. Ou encore le coup de force de François Hollande qui pousse dehors le maire de Tulle, candidat officiellement investi à l’origine par le PS. Les médias s’en émeuvent moins que l’affaire de ce que beaucoup nomment « une purge » au sein de LFI. Vu de l’extérieur - et même de l’intérieur - cela peut vraiment choquer. D’abord parce que le principe de reconduction des députés sortants a été acté. Mais alors, pourquoi s’offusquer de la reconduction d’Adrien Quatennens - qui, en homme politique responsable, vient ce matin de laisser la place pour que « toute l’énergie soit utilisée contre la droite et l’extrême droite. »

Quant à Damien Abad et Jérôme Peyrat après leur condamnation pour violences conjugales, ils se représentent, soutenus par la macronie. Pas sûr que les médias en aient autant parlé car ça passe crème…

Et puis il y a ce dont les médias se repaissent depuis hier matin. Les « méthodes autoritaires et antidémocratiques » de la France Insoumise, comme le dis lui-même Alexis Corbière. « La purge » lit-on et entend-on partout. C’est peut-être un peu plus compliqué. Jean-Luc Mélenchon a-t-il tort lorsqu’il déclarait ce midi : « Les mêmes qui pleurent n'ont pas protesté » quand ils ont été « parachutés dans leur circonscription » en 2017. Et surtout, depuis de très longs mois, au sein des groupes d’action locaux de LFI, il y avait plus qu’un rejet des positions des cinq exclus de la reconduction de leur mandat. Il est assez piquant que ceux qui reprochent le manque de démocratie au sein de LFI refusent… le choix démocratique fait par les militants locaux.

Pour autant, il n’y avait pas pire moment pour régler ces comptes là. Croisant Sophia Chikirou à la manifestation d’hier, je l’ai abordé en ces termes : « Bravo pour le travail, continuez dans l'unité. Mais arrêtez vos conneries, c'est pas possible ! Dis-le bien à Mélenchon ». Le mal est fait. Les problèmes seront à régler après le 7 juillet. Et cela s’annonce sanglant à la lecture du très long post de François Ruffin, peu amène, la jouant perso sous couvert d’indignation… sélective. Compliqué, c’est le moins que l’on puisse dire.

Hier, dans 150 cortèges, les marches contre l’extrême droite ont certes mobilisé - mais ni partout ni suffisamment. A Paris, la place de la République était presque pleine. A peine plus que lors des meetings présidentiels de Mélenchon en 2017 et 2022. Deux cortèges rassemblaient aux alentours de 100.000 manifestants. Sans débordements, contrairement à ce que les médias avaient seriné en amont. A Évreux, 200 personnes se retrouvaient dans une ville qui a voté à 27,5% Bardella aux Européennes. C’est un raz de marée qu’il aurait fallu dans cette marche contre l’extrême droite à l’appel de multiples syndicats.

La campagne électorale est lancée à partir de 0 heure. Dans deux semaines, le rideau sera déjà retombé après le premier acte…

Illustration 6
Candidate PS / Suppléant LFI

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.