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Historien de la musique - Producteur à Radio France (1985-2014) - Conférencier, auteur et dramaturge.

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Billet de blog 20 juin 2022

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Séismes !

Vous vous réveillez dans un pays où plus d’un député sur 6 est d’extrême droite, où 70% de l'Assemblée nationale se contrefiche de l'écologie et où plus d'un inscrit sur 2 ne s’est pas déplacé.

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Assurément, les résultats électoraux de ce dimanche 19 juin 2022 resteront comme une étape politique historique. L’impossibilité d’une majorité est une évidence. Elle est ce premier séisme.

Illustration 1

Jamais, depuis 1958 et la naissance de la Vè République, un tel cas de figure ne s’était présenté. Si ce fut le cas une seule fois, en 1988, la situation était fort différente car jouant sur l’apport circonstancié soit des députés PC, soit de ceux de l’UDC centriste, le PS obtenait alors cette majorité. Équilibrisme délicat mais possible, sans commune mesure avec la situation actuelle. 

La première leçon est une abstention qui ne cesse de se fair ela chambre d’écho de la crise politique profonde liée à la perte de confiance dans les politiques comme dans les institutions, à la crise sociale et écologique inédite que nous traversons.  

Illustration 2

La deuxième leçon est bien une déroute totale du parti présidentiel. 

-  par la claque retentissante du résultat, si loin de la majorité absolue : 246 sièges au lieu de 351 en 2017, avec une perte d’un million de voix.

- par le nombre de battus du premier rang de la macronie. Après Jean-Michel Blanquer dès le premier tour, ce fut Richard Ferrand l’ex Président de l’Assemblée, Christophe Castaner, l’ex-président du groupe LREM à l’Assemblée (quels symboles !) ou la ministre Amélie de Lombard de Montchalin et quelques autres… Elisabeth Borne elle-même, parachutée dans un fief a-priori tout acquis du Calvados, ne gagne que par 52% face à un NUPES de 22 ans.

- par l’impossibilité de former la moindre majorité, le moindre consensus sans l’aide institutionnelle de partis d’opposition - et quelles oppositions !

Illustration 3

Car la troisième leçon est l’arrivée en force des deux autres blocs politiques structurant la société : la NUPES et le RN. Pour ces deux forces, le moment est historique. 

- La NUPES a réussi un incroyable pari, certes a-minima, mais impensable il y a encore à peine deux mois. L’inter-groupe qui va se former au Palais Bourbon sera décisif dans l’avenir de l’alliance et son poids réel comme sa destinée politique. Le score de 142 députés est décevant par rapport à certaines projections. Celui de LFI, passant de 17 à 79 députés, reste en deça de ce qui était visé et envisageable. Pour peser davantage ensemble, Jean-Luc Mélenchon vient de faire une proposition qui changerait radicalement la donne en arrimant la NUPES à un projet ambitieux face à un enjeu décisif. Refus des autres partis…

Illustration 4

- Les sondages leur annonçaient 15 à 30 sièges, Le Pen s’était vantée d’en obtenir une centaine ; l’extrême droite obtient un score inédit et devient, avec 91 sièges (89 RN + Nicolas Dupont-Aignan et Emmanuelle Ménard), le premier parti d’opposition, devant LFI qui n’en compte que 79. Ce qui autorise le RN a immédiatement revendiquer la si sensible présidence de la commission des finances, là où LFI aurait souhaité se trouver afin de peser fortement.

Une autre leçon reste l’impossible parité : 215 femmes (lors qu’elles étaient 224 en 2017) pour 362 hommes.

Mais l’essentiel est ailleurs. Car si le RN entre en force, c’est en très grande partie lié à l’éclatement du Front Républicain.

Illustration 5

 Là se trouve l’immense responsabilité historique des macronistes d’avoir fait exploser le « barrage », auquel ils n’avaient cessé d’appeler entre les deux tours des Présidentielles. Dans les 62 duels NUPES-RN, les macronistes avaient été six à clairement se prononcer… Et les candidats NIPES en ont seulement gagné 29. Leur responsabilité est totale.

Renvoyer les prétendus « deux extrêmes » dos à dos fut une terrible faute politique de la part du camp Macron. Non, l’extrême droite et la NUPES n’ont rien à voir. Non, la NUPES n’a pas un programme « extrémiste, de chaos » mais un programme réaliste et adapté à la crise démocratique, écologique et sociale sans précédent.

Enfin, pire que tout, nous n’avions pas compris que le slogan officielle de la macronie, « Ensemble » (piqué, sans aucun respect républicain et avec un mépris pervers au mouvement de Clémentine Autain « Ensemble ! », lancé en 2013), était le premier temps de ce terrible aveu, formulé dès ce matin par le Ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti : « Avancer ensemble avec le RN ». Dans la pure lignée d’un Bayrou qui, il y a quelques jours, affirmait benoîtement que le RN n’était pas d’extrême droite… 

Illustration 6

Nous ne sommes qu’au début d’un effondrement idéologique et politique qui va sans doute conduire (à quelle échéance ?) à l’éclatement de la macronie, tirée toujours plus à droite jusqu’à l’extrême de l’autoritarisme. Pendant l’entre deux tours, l’utilisation de mensonges grossiers et d’anathèmes délirants visant la NUPES n’a fait que confirmer ce glissement progressif des mots - avant celui des actes.

Ainsi, le « front républicain » est mort ce dimanche. 

Macron l’a tué et il est désavoué sur tout, partout. 

Sa responsabilité est entière.

La crise politique est devant nous

car la boîte de Pandore est grande ouverte.

Illustration 7

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