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Marc Etxeberria Lanz

Toujours harmoniste reclusien et rabelaisien au 1 janvier 2025 !

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Billet de blog 1 février 2022

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Une banale question historique laisse le hasard lui répondre !

Ma petite-fille voulait savoir ce que je pensais de Napoléon ? Je lui ai donné ma vision des choses sans en rajouter car la leçon d'histoire de son Instit' de CM2 avait été d'excellente facture. Ce furent les propos d'Ainhoa qui m'avaient permis d'en juger.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ces Reclusiennes historiques parcourent les champs des batailles napoléoniennes qui ont broyé le pays des basques des deux côtés de la frontière de 1802 à 1813.

Ces balades dans les limbes infernales de l'absurdité guerrière vont m'aider à répondre sérieusement aux questions de la gamine.

Et comme toujours, le hasard, cet incroyable compagnon allait me proposer une piste pour essayer de résoudre une vieille énigme familiale que je traîne comme un boulet depuis mon adolescence à cause d'une autre guerre d'Espagne (1936 à 1937).  

Je vais raconter ces Reclusiennes dans un désordre chronologique de 1813 à 1802 puisque la chance, cet autre compagnon, a décidé me les présenter dans cet ordre.

Je rappelle que la Reclusienne type te permet d'évoluer dans le passé parfois oublié.

Alors certains me demandent parfois à quoi ça sert ?

Je réponds certainement à rien et pourtant je continue dans cette voie de l'inutilité afin de transmettre une vision historique différente en même temps que la philosophie qui l'entoure ! Et tant pis si la mode est aux sornettes monstrueuses débités par des faussaires, j'en connais au moins deux qui se sentent concernés !

Alors je tourne les pages de mon livre d'histoire personnel pour préparer les prochaines visites de mes deux petits historiens en herbe. 

Une dernière remarque avant de lancer la machine cauchemardesque à remonter le temps, je ne ferai que très peu de commentaires sur les conséquences des aventures meurtrières de Napoléon, je laisse à chacun le soin de se faire une idée du personnage comme l'a si bien réussi l'Instit de CM2 d'Ainhoa.  

La première Reclusienne déroule ses contrastes autour du site d'Arrapidia sur la commune de Saint-Pierre d'Irube.

Cette randonnée est absolument remarquable. Elle est aussi accessible à tout le monde. De plus, elle délivre des daguerréotypes assez exceptionnels, côté mer et côté montagne. Pour les apprécier il suffit juste de donner la priorité aux yeux et de laisser tomber le superflu comme les kilomètres, le temps ou autre données sans intérêt.

Illustration 1

J'ai réalisé un triangle en concentrant trois circuits qui sont décrits dans le Topo-guide " Nive Adour Ursuya ". Je les ai ensuite reportés sur la carte IGN du BAB 1344 OT en ayant toujours à l'idée que l'inspiration éloigne le formaté car il faut toujours laisser une place à l'incertain pour apprécier la rêverie et consolider l'imaginaire. 

Après chacun fait comme bon lui semble, je précise que je n'ai jamais déclaré la guerre aux gépesiens, je suis un pacifiste. D'ailleurs Ainhoa utilise à merveille cet outil de guidage lorsqu'on chasse le Poïz lors de nos Terra Aventura !    

Ce jour-là avec Dolorès, nous avions déniché une table sur les hauteurs d'Elorrimendi pour contempler un premier sublime sur les montagnes basques que j'ai eu la chance de parcourir en intégralité dans ce secteur.

Ensuite nous avons atteint le sommet d'Arrapidia.

Là, un autre sublime nous avait repeint l'horizon bleuté en ajoutant le tacheté blanchâtre des deux figures légendaire de la montagne pyrénéenne, l'Ossau et l'Anie.

Rien à voir avec l'Ossau-Iraty, ça c'est le fromage que confectionne à merveille notre camarade bergère Pauline dans son Kayolar en estive ou  à cette  époque de l'année au milieu d'une ferme secrète du Pays basque avec toute la petite famille.

Après avoir contemplé cette image figée, l'avoir photographiée bien sûr, en se retournant, on découvrait les conséquences absurdes de cette bataille.

Illustration 2

Elle opposa les forces de Wellington à celles du duc de Dalmatie, le maréchal girouette Soult. Et je n'en dirai pas plus car ce militaire n'en vaut vraiment pas la peine. Ces crimes en appellation recluso-kropotkinienne sont une mer de tranquillité rouge pour l'histoire officielle.

En poursuivant la lecture du panneau fort explicite, on découvrait qu'il y avait eu 11 000 morts pour rien au coeur de ce site paradisiaque et de ses environs. 11 000 morts à la fin de ce fatidique 13 décembre 1813 après 5 jours de combats !  

J’ai promis à Ainhoa et à Eneko de les emmener aux prochaines vacances sur les sentiers de l'absurde afin qu'ils visualisent ce désastre tant qu'ils ont l'imagination à égalité avec la sensibilité ! 

La seconde Reclusienne se passe en Gipuzkoa

Ce jour-là, en compagnie de Xebo et de Thierry, nous avons suivi consciencieusement le GR 121 pour un premier arrêt à l'Ermitage de San Marcial. au dessus d'Irun.  Ici aussi Soult allait frapper fort avant de se retirer en France. Il laissait sur le carreau 4 000 hommes pour  2 500 chez les espagnols.

Illustration 3

Le 31 août 1813, la bataille de San Marcial mettait fin à la Guerre d'Indépendance puisque les troupes espagnoles assistées des anglo-portugaises venaient de chasser définitivement les armées napoléoniennes d'occupation.

Ce conquistador de l'inutile devenu empereur par inadvertance laissait en héritage un bilan catastrophique à l'Espagne qui allait avoir de terribles répercussions après le départ des français. L'Espagne allait enchaîner guerre civile sur guerre civile tout au long du XIX ième siècle.  

La suite de la randonnée fut beaucoup plus calme. Un peu plus haut le sentier de grande randonnée se scindait en deux. Nous avons alors pris la direction de la borne  de Soroeta connue aussi sous le nom de la "Pierre des déserteurs" où l'on pouvait lire cette sympathique gravure : " D'ici la désertion est punie de la perpétuité ".

On la voit de loin car elle se situe au carrefour des pistes des forts d’Erlaitz et de Pagogaina

Un peu plus haut, nous sommes restés un long moment à contempler les nuages qui s'étaient lovés dans la montagne. Au loin le pays de ma grand-mère, avec au pied du Mendaur, le plus beau village d’Europe, Ituren !

Illustration 4

Avant de donner la parole à ma grand-mère, Juana Lanz, j'ajoute ce point car il faut savoir qu'aujourd'hui la Navarre révise son histoire dramatique qu'elle avait effacée durant la dictature franquiste puisqu'elle avait participé à sa montreuse édification.

Et c'est ainsi que j’ai trouvé sur un site mémoriel que m'avait transmis Thierry, cette incroyable retrouvaille avec un grand oncle Antonio et son frère José. À la rubrique  " exilés ", j'ai tapé Lanz, et Antonio Lanz Maquirrain est arrivé sur l'écran ! 

Ce fut tout drôle de croiser de façon binaire la mémoire des Tonton Lanz qui parlaient si mal le français. Ils étaient plus doués en espagnol ou en basque, leur langue maternelle! Oui car même si Ituren se trouve en Navarre, toute la famille parlait basque, nous obligeant à improviser de véritables chansons de gestes pour essayer de nous comprendre !

C’est pour cette raison que j’ai longtemps eu le Lanz accolé au nom de mon père car il était lui-même un Lanz. Je l’avais perdu à la suite de l’intervention de ma mère mais aujourd'hui, je me le suis retrouvé.

Toujours en ce temps-là, ma grand-mère disait qu’elle était "ouna bouena répoublicaine" et lorsqu’elle m’embrassait, elle ajoutait en regardant ma mère " qué l’enfant, il  serra muy inteligente" ! Quelle lucidité Juana ou Ana dans sa vie ressuscitée romancée !

Mais elle évoquait aussi une bizarrerie à propos de notre nom de famille. J'avais enregistré cette information sans trop chercher à comprendre ! Elle disait que notre nom Echeverria ou Etcheverria (car là aussi ça changeait de temps à autre), était un nom de bohémien.

Et depuis quelques jours le mystère vient de commencer à se révéler. Attention je n’en suis qu’au tout début des recherches.  

Mais avant d’évoquer ce point presque miraculeux pour utiliser un terme qui plaira aux adorateurs du Grand Esprit, retrouvons mes deux compagnons, Thierry et l’Euskal Maisu Ttipia occupés à mitrailler ces sommets arrondis qui sortaient de l’intensité de la brume blanche qui occupait toutes les vallées bientôt ensoleillées. À la fin de la séance photographique après deux habituels aller-retours incongrus que j'assume comme d'hab'  nous sommes descendus nous poser près des cascades d’Aitzondo avant d'entamer un long débat sur une autre guerre d’Espagne.

Le lendemain comme je me suis empressé d'aller commander des livres chez Elkar à Bayonne, je suis tombé sur un trésor :  Les Bohémiens des gens sans Histoire ? de Nicole Lougarot

Illustration 5

Ce livre est fascinant. Bien sûr j’ai appris tout un tas de choses. Et j’ai eu enfin la confirmation de ce que répétait souvent ma grand-mère.

Nous avons un nom de famille, les Etxeberria qui a un rapport avec ces parias détestés par tous ces enfumeurs, (je ne donne pas les noms, je vous laisse libre d’établir les listes habituelles !). En page 12, Nicole Lougarot écrit :

" Ce réseau s’étendait jusqu’au Pays Basque Sud et les individus qui en étaient originaires avaient des patronymes à consonance … », suivi d'une note en bas de page qui renvoie au patronyme : Echeverria.

Et ce fut la première révélation. La suivante allait me " scotcher " car je n’en avais jamais entendu parler. Il y a bien eu une rafle en 1802 de 450 bohémiens, rafle ordonnée par le préfet mais supervisée par Napoléon qui avait plein d’idées pour déplacer des êtres humains là où bon lui semblait. 

Je voudrais clore ce billet en signalant un article de Mediabask du 13 février 2019, signé bien sûr par Nicole Lougarot :

«  Aski ! » (Ça suffit)  qui dénonce le racisme latent des mascarades au Pays basque. Sa conclusion est sans appel : « Peut-on encore au XXIe siècle, sous prétexte de respecter la tradition, transmettre cette vision d’un groupe humain qui a réellement existé et a été très marginalisé, parfois de façon haineuse ? »

Merci Nicole Lougarot pour cette leçon d’histoire et aussi de m’avoir aidé à comprendre ce grand mystère car je ne voyais aucun rapport entre notre nom basque 3XL et ce qu’avait raconté ma grand-mère navarraise réfugiée en France au tout début de la guerre d’Espagne.   

Adishatz munde  

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