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Toujours harmoniste reclusien et rabelaisien au 1 janvier 2025 !

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Billet de blog 1 juin 2021

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Sur les chemins tortueux et torturés de l'histoire !

J'ai profité de cette trêve pour marcher dans un passé négligé au moment où l'horizon se charge de lourds nuages noirs. Avec pour commencer une plongée dans les ténèbres, suivie d'une déroutante traversée en diagonale du roman national pour finir par trinquer à la santé de Rabelais dans une abbaye de Thélème enfin repérée.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

1 Découverte de l'indicible au camp de concentration du Struthof-Natzweiler  !

Mon professeur d’histoire Jean Mi me proposa de découvrir le camp de concentration du Struthof que les nazis appelaient le Konzentrationslager Natzweiler

Illustration 1
Photos du Struthof-Natzweiler, prises en 1979 lors de la découverte du camp de concentration

Dans la salle de présentation de la structure du camp, une immonde crapule avait peint une croix gammée sur la photo géante qui montrait la libération du camp.

C'était en 1979 et le geste était tout sauf gratuit.

Au milieu de la cour, je me souviens qu'une sinistre potence rappelait que l’on donnait la mort sous toutes les formes dans ce camp.

Enfin, nous découvrîmes le summum de la barbarie des nazis : la chambre à gaz  et le four crématoire ! 

La chambre à gaz du Struthof avait servi aux médecins SS du camp et à une université du crime pour réaliser des expériences sur des êtres humains.

Des scientifiques ces ordinaires ? Non, de simples bourreaux complétement malades ! Et certains nazis sont morts tranquillement dans leur lit. Pour m'immerger dans ce passé instruit par la folie meurtrière et industrielle des nazis, j'ai relu le livre de Vladimir Jankélévitch "L'Imprescriptible. Pardonner ? Dans l'honneur et la dignité".  Il nous dit :  

Illustration 2

« Le ton doctoral du racisme germanique fait penser à la fois aux communiqués de la Wehrmacht et au galimatias de M. Heidegger, (...) Théoriciens du racisme et praticiens de l’atrocité scientifique, ils sont aussi méticuleux que sanguinaires, aussi bavards que féroces. »

Cette vision cauchemardesque d'un non-monde, m’a vacciné à tout jamais des idéologies flirtant avec le fascisme dont le nazisme n’est que l’horrible raffinement de la mort de l'autre !

Mais il ne faut pas oublier que le fasciste même espagnol avait eu l'idée de solliciter le "brave capitaliste" qui, lui, avait vite intégré qu'on pouvait faire de l'argent même avec l'horreur ! Quant aux groupes capitalistes qui ont aidé le prédicateur de Mein Kampf à mettre en œuvre son programme de destruction de l'humanité (confère Le perdant radical - Essai sur les hommes de la terreur de Hans Magnus Enzensberger), ils sont pour certains d'entre eux toujours en tête de "gondole" dans notre belle Europe qui a opportunément oublié !  

Et Jankélévitch de conclure sa première partie

« Qu'un peuple débonnaire ait pu devenir ce peuple de chiens enragés, voilà un sujet inépuisable de perplexité et de stupéfaction. On nous reprochera de comparer ces malfaiteurs à des chiens ? Je l'avoue en effet : la comparaison est injurieuse pour les chiens. Des chiens n'auraient pas inventé les fours crématoires, ni penser à faire des piqûres de phénol dans le cœur des petits enfants ...»

Se pose tout de même le problème de l'enseignement de l'histoire lorsqu'on entend un homme politique en France dire que le crime industriel des nazis n'était qu' un "détail de l'histoire" ! Et que ce poujadiste-néo-fasciste pour ne pas dire autre chose se soit reproduit à cette vitesse me laisse pantois.

Pétain tiendrait-il sa revanche avec ce sinistre personnage ? Les français ont-ils la fibre collabo ?   

Je vais juste essayer d'illustrer  un début de réponse qui m'est venu à l'esprit en randonnant du côté de Poitiers.   

2 Comment le roman national s'écrit en 732 près de Vouneuil-sur-Vienne  

Illustration 3

Au départ, les Imprévus, groupe de randonnée originaire de la Seine-Saint-Denis, pensaient simplement discourir de la galette au sarrasin lors de ce séjour intermédiaire car il y a des migrants bretons dans l'équipe !   

Mais lors de la première balade, nous avions croisé une ancienne cantinière de la division charlemagne

Pendant que son fils nous prenait en photo, la "vieille taupe" (l'appellation est voulue) commença à me chanter les ritournelles habituelles à propos de la fameuse bataille de Poitiers de 732 entre les "pas francs du collier" de Charles Martel et les Sarrasins  d’Abd er-Rahman.

Comme je savais que la vieille "facho" appuyée sur sa canne ne connaissait ni David Graeber, ni Pierre Clastres, ces remarquables anthropologues, encore moins Marshall Sahlins, je lui ai répondu que je tenais ma brillance intellectuelle du sang sarrasin apporté par mon bâtard navarrais de père, ce migrant de 8 ans qui fuyait en 1936, ces rats fascistes du Goret Galicien.

Et pour plagier Jankélévitch, j’admets que la comparaison est injurieuse pour les rats.

Comme par hasard sur le panneau qui indiquait le musée à ciel ouvert,  des identitaires-souchiens-fachos avaient dessiné la croix celtique d’Occident !

À l’intérieur du camp où était décrit une page à ellipses du roman national ayant reçu le prix Goncourt de l’absurde, je remerciai à haute voix Abd er-Rahman de nous avoir laissé l’alambic en prime de sa défaite et de sa mort.

Et à chaque fois que je déguste un Armagnac, je salue mes racines sarrasines.

Car il ne faut jamais oublier qu'après leurs déboires militaires, les Sarrasins comme les Wisigoths ont occupé le Sud-ouest. Et cette remarque est valable pour les basques qui pensent posséder la souche Euzkadi certifiée ! Qui correspond  à quelques gênes près, à la même souche "Abers Salée" de la famille vénète spécialisée dans les détails de l’Histoire !

Ces celtes consanguins étaient aussi subtils que pouvaient l'être les Francs. Les nouveaux francs parce que les anciens francs, on les reconnaissait à la francisque (no comment ! )

Illustration 4

Et pour ceux qui se sont mis Martel en tête, je confirme les dires de Jankélévitch : « Ni pardon, ni oubli ! ».

Un autre épisode du roman national montre à quel point le niveau de bêtise s'est élevé aujourd'hui en France dans un processus général de dépolitisation. 

Direction Chinon cette fois-ci ! À la fin de la randonnée, nous étions montés au château de Chinon pour étudier en famille la pertinence du roman national. En effet, c'est  ici-même que la Wonder Woman neurasthénique de Domrémy allait recevoir son César du meilleur seconde rôle.

En attendant que la visite commence, je m'attardais devant la pierre tombale d’Henri II Plantagenêt car je connaissais bien son histoire pour des raisons qui seraient trop longues à expliquer dans le cadre de ce billet.

Retenons que Richard poussé par sa mère Aliénor, avait fini par avoir la peau de son père, bien aidé par le roi de France, Philippe Auguste ! Et Henri II  trahi pas ses fils, abandonné de tous, exceptés Guillaume, son fils bâtard et deux de ses plus fidèles compagnons, Guillaume Maréchal et Maurice de Craon. Je raconterai un jour pourquoi l’histoire des Plantagenêts est liée à une belle histoire sociale qui a conditionné mon enfance prolétarienne.

Là, je dus me diriger en urgence vers le donjon car la visite commençait.

Devant la cheminée du donjon, j'ai failli tomber en pamoison lorsque j'ai appris comment "la plus celle qu’elle était ou pas" avait  reconnu le Dauphin et futur roi de France. Car un jeune guide plus que brillant racontait avec force détails cette rencontre douteuse filmée par Merlin l'enchanteur ! 

À la fin de la visite, j'avais sauté sur l’occasion pour converser seul à seul avec ce jeune érudit. Et je lui avais posé cette question :

« Comment expliquez-vous qu’une bergère ou une paysanne à moitié cinglée qui entend des voix, ait pu diriger l’ost royal aux côtés de soudards comme le bâtard Dunois, Etienne de Vignolles (La Hire pour ma cousine) ou Poton de Xaintrailles pour ne citer que ceux qui reviennent en boucle ? Or, ce sont bien les français qui ont condamné la Relaps comme un vulgaire Cauchon ? 

Je me contente de dire ce que les gens ont envie d’entendre ! Et regardez comme ils sont heureux ! », m'avait-il répondu.

Réponse qu'il avait accompagnait d'un large sourire. Puis nous avions continué à discuter de choses historiques sérieuses. Ce jeune guide était formidable, j'en garde un sacré souvenir.

Alors pourquoi les néo-fascistes français dirigés par une tribu familiale celte ou vénète célèbrent-ils Jehanne d’Arc ?

La "Vénète en chef " nous explique que Jehanne se serait battue contre les ennemis du dehors qui condamnaient le royaume de France à la disparition. C'est du grand n'importe quoi ! Et surtout du ressassé car même remastérisée en Gorgone hystérisée,  la "Vénète en chef " n'est qu'une horrible Picrocholine qui se fout de Jehanne d’Arc, mais certainement pas de Pétain, de l’enfermement de la pensée, des camps de la mort ! Car elle souhaite en douce un juste retour à l'ordre fasciste. Tout simplement ! 

La seule différence avec la Relaps qui entendait des voix, c'est que la Harpie, elle, les engrange les voix

3 Alors pour contrecarrer l'invasion du front de la haine nationale, partons sans tarder à la recherche de l'abbaye de Thélème   

Elle se trouve quelque part cachée du côté de La Roche Clermault

C'est ici que j'avais découvert le "Chinon" ! Le propriétaire du gîte, qui en réalisait un de haute tenue avait pris le soin d’étiqueter ses bouteilles avec la tête de Rabelais !

Puis nous avions marché au cœur même du territoire où se déroulèrent les Guerre picrocholines.  

Illustration 5

Elles avaient débuté lorsque les fouaciers de Lerné refusèrent de vendre leurs fouaces aux bergers de Grandgousier.

Non seulement, les fouaciers s’opposèrent à la vente mais ils maltraitèrent les bergers tout en les conspuant.

S’en suivit une rixe entre les deux communautés. Et comme les fouaciers vinrent à se plaindre auprès de leur roi, pour venger l’affront, Picrochole déclencha la fameuse guerre qui embrasa tous les sentiers de randonnée que nous avions parcourus dans un territoire restreint.

Le très pacifiste Grandgousier fut dans l’obligation de répondre à cette agression en rappelant son fils, le fameux Gargantua, à qui Rabelais donna une « si longue et si belle vie ». Il lui confia le commandement de son armée qui était bien inférieure en hommes à la puissante troupe picrocholine.

Un des événements décisifs se produisit à La Roche Clermault, plus exactement au célèbre gué de Vède. La puissante rossinante de Gargantua noya une partie de la soldatesque de Picrochole lorsqu’elle pissa dans le dérisoire Negron.

Cette avancée victorieuse amena Gargantua au pied du château où il mit en fuite les spadassins de Picrochole et sa majesté qui n’en menait pas large. Il suffisait ensuite de remonter vers les coteaux qui surplombent le village car ils offrent un remarquable panorama sur ce territoire rabelaisien.

Derrière les vignes, je me souviens encore de ce joli chemin qui s'enfonçait dans un joli bois avant de nous déposer près d’une fromagerie qui produisait le « Saint Maure de Touraine » (elle est toujours en activité).

La suite du reportage sur les guerres picrocholines aurait pu mal tourner lorsque nous avions traversé  le fief du roi guerrier, Lerné. En effet, nous fûmes surpris par le bruit des grelots des chiens de chasse qui poussaient un chevreuil dans notre direction. Alors pour ne pas rallumer une guerre sans intérêt, nous avions fait comprendre aux spadassins de Picrochole que nous étions dans l’axe de la fuite du cervidé que nous avons sauvé ce jour-là. 

Les descendants belliqueux de Picrochole n'avaient pas tout compris en nous croisant. Et nous avions poussé un grand ouf de soulagement car nous étions mal engagés ! Enfin l’abbaye de Seuilly nous accueillit avec un bon verre de Chinon pour nous instruire sur la rébellion des moines que l’intrépide Frère Jean des Entommeures avait dirigée contre Picrochole, depuis que ce sinistre personnage les avaient spoliés de leurs vendanges.

Pour finir, l’armistice fut signée à La Devinière devant la maison de Rabelais.

Illustration 6

La suite du parchemin se trouve à l’abbaye de Thélème ou dans le remarquable livre  de Jean-Marie Laclavetine que je viens de relire ! C'est drôle mais je n'avais jamais fait le lien entre le "Laclavetine" rabelaisien et le "Laclavetine" du Siné Mensuel !    

Bien sûr qu’une abbaye de Thélème où plus personne ne picole et ne rit peut rapidement devenir un enfer ! Et même  Frère Jean des Entommeures n’en voulait pas ou si peu ! 

Malgré ce handicap puisque l’Utopie réaliste n’est pas enseignée à l’école dite normale, j’ai toujours milité pour l'édification d'une abbaye de Thélème. Alors en conclusion de cette première partie, j’ai fait appel à mon « ni dieu ni Maître » personnel, éternel professeur de choses simples et limpides, Elisée Reclus :

«  De tous temps, il y eut des hommes libres, des contempteurs de la loi, des gens vivant sans maîtres, de par le droit primordial de leur existence et de leur pensée. Même aux premiers âges nous retrouvons partout des tribus composées d'hommes se gérant à leur guise, sans lois imposées, n'ayant d'autre règle de conduite que leur « vouloir et franc arbitre », pour parler avec Rabelais, et poussés même par leur désir de fonder la « foi profonde » comme les « chevaliers tant preux » et les « dames tant mignonnes » qui s'étaient réunis dans l'abbaye de Thélème. »

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