Marc Etxeberria Lanz
Harmoniste reclusien et rabelaisien !
Abonné·e de Mediapart

83 Billets

0 Édition

Billet de blog 2 sept. 2022

Marc Etxeberria Lanz
Harmoniste reclusien et rabelaisien !
Abonné·e de Mediapart

L'écriture en randonnée enfin finalisée !

Ce billet raconte mon parcours du " con battant " qui voulait absolument publier des livres qui racontent l'histoire des perdants, bien différente de la soupoudrée et de l'enjolivée des pseudo-gagnants.

Marc Etxeberria Lanz
Harmoniste reclusien et rabelaisien !
Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

1 Les balbutiements

Sans l’intervention du hasard, j’aurai renoncé.

Pourtant au départ de cette plongée dans l'inconnu, je connaissais quelques personnes qui étaient en relation avec le milieu de l'édition.

J'ai de suite pensé que cela allait être facile et bien non ce fut le contraire car lorsqu’on débarque de sa planète, on ignore tout du petit monde de don Camillo. 

J’utilise volontairement cette image suspecte de Guareschi, car les deux protagonistes qui vont intervenir dans ce déroulé étaient tous les deux des enfants d’immigrés italiens. 

Et s'ils étaient devenus des patrons lorsque je les ai côtoyés, ils avaient commencé à travailler très jeunes.

L'un était de gauche, communiste même, l'autre était de droite mais ils possédaient une qualité commune, ils adoraient le bon vin.

Je ne me souviens plus de celui que Jean avait emmené lorsque nous avions marché dans les pas des Communards à Paris, en revanche, l’Aloxe-Corton de Dominique a marqué à tout jamais la traversée de la Vallée de la Vesgre, effectuée en compagnie de Julian le toujours gamin du Carbet, de nos deux œnologues certifiés, Philippe et Jean-Claude et du poète Didier.

Lorsque j’avais enfin fini de rédiger le manuscrit corrigé par Fafou et Jean-Pierre, j’en avais parlé à Jean à la sortie du cimetière du Père Lachaise lors de la balade historique communaliste.

Illustration 1
18 mars 1871, école de Louise Michel, avec Nico et Jean-Claude et les camarades pour saluer les communards

Là, il m'avait répondu : « Écoute, si tu n'es pas connu tu n'as aucune chance d'être édité ! ». 

Or lorsqu'un professionnel te dit ça, tu imagines déjà ton projet enterré !

Mais quelques mois plus tard lors d’un rendez-vous professionnel dans la boîte de Dominique, ce dernier me fila ce tuyau :

« Marc, vous devriez aller chez Publishroom, ça devrait vous intéresser ! ».

Et si Dominique ne m'avait pas donné cette info, la guerre en Euzkadi en 1936 aurait été à nouveau perdue pour mon grand-père, le Mikeleté devenu Gudari par défaut.

Chez Publishroom à Paris, Sabrina pouvait éditer le livre à condition qu’il fasse moins de 600 pages. Alors je n’ai pas hésité à le couper en deux mais si j’avais été moins pressé, je l’aurai réécrit en trois parties :

  • Andoni, la Fuite
  • Juan Gonzalo,  l’enquête
  • Les toiles du berger

Les deux livres édités, j’ai vite compris qu’il fallait que je reste à ma place même si Anaëlle qui s'occupait de la communication chez Publishroom, m’avait envoyé ce message :

«  Je comprends que ce ne soit pas évident de parler de votre livre mais il faut essayer de vous forcer. Les deux tomes sont très bons et parleront à coup sûr aux personnes intéressées par l'histoire de la région et plus largement la guerre d'Espagne. Alors, n'hésitez pas ! Il y a peu de chances pour que vous fassiez des déçus ! »

Mais je n’ai pas voulu me lancer dans un truc qui ne me correspond pas. 

Cet épisode sur le marché de Largentière en Ardèche n'a fait que conforter ce choix. Ce jour-là, lors d’une conférence improvisée au milieu des camarades de la CGT et de l’IHS-CGT, je leur avais raconté que j’avais enfin trouvé  le camp de regroupement de parias espagnols ou basques (appellation 1936) où ma famille avait été internée (ancienne usine de moulinage).

Bien sûr, ils n’en avaient jamais entendu parler. Et ils avaient même été assez surpris par cette information mais à aucun moment, je n’ai été capable de leur dire que je racontais ces oubliés dans la série des Andoni qui venait de sortir .

Nous étions en février 2019. Deux des camarades de la CGT avaient les mêmes origines espagnoles que moi !

Et deux jours plus tard, j’ai renouvelé ma contre-performance à la librairie de Privas après avoir découvert le camp de concentration de Chomérac avec l’aide de " madame Colombo ", toujours en Ardèche.
 

2 L'histoire des couvertures des livres

On pourrait penser que ce point n'a pas d'importance et pourtant.

Illustration 2

Pour commencer, il faut faire un choix au niveau des photos surtout que toutes les décors ont été parcourus et photographiés comme il se doit !

Sur la couverture du premier livre, Andoni La fuite, Jean-Mi m’avait pris au moment où je dévissais dans la redoutable montée enneigée du Txindoki. Or, je me suis toujours demandé comment il avait pu saisir cet instant puisqu'à l'époque nous n'avions que des appareils photographiques Reflex numériques.Alors pourquoi avoir choisi cette photo plutôt qu'une autre ?

Je l'ai retenue car  à mon sens elle symbolise la chute définitive de l'Euzkadi !

Mikel qui trouvait la photo de  couverture pas terrible d’Andoni L’enquête m'avait dit : « Tu nous avais habitués à mieux ! ».

Mikel a certainement raison car j'avais longtemps hésité entre l'Ardèche, le Courant d'Huchet, les lacs de Barroude, sites remarquables où mon journaliste de papier Juan Gonzalo avait recherché Andoni. 

Mais j'avais fini par choisir un coucher de soleil qui se scinde en deux parties dans le lac de Léon car l’objectif était rayé ! Choix totalement incohérent ou absurde mais c'est ainsi ! 

Pour l'écriture du premier tome d’Andoni, je dois la reconstitution de cet effacé de plus de 60 ans à Nico qui, tel un geôlier, m'avait livré les premières clefs de la compréhension du drame espagnol.

Ensuite mon imagination a fait le reste car écrire est une chose aisée lorsqu'on a des choses à dire. Et comme j'aime bien fouiller les négligées des choses qui n'intéressent personne (dixit ma mère) ou qui sont passées de mode idéologique, les raconter par la suite devient alors un véritable plaisir équivalent à la dégustation d'un bon vin, à la lecture d'un livre ou à la contemplation d'un tableau.

Fort de ce postulat, je peux dire que certains publicistes sont très forts pour transformer de la piquette en cru bourgeois ! 

En écoutant un dimanche soir ordinaire, Le Masque et la Plume, cette émission culte que nous suivons à 20 heures précises avec " madame Colombo ", je fus étonné qu'un Arnaud Vivian (que j'aime bien) puisse jouer les Jésus à l'envers en transformant le vin en eau comme lorsqu'il avait descendu les derniers ouvrages de Javier Cercas ou d’Erri di Luca par exemple !

Quant à la qualité littéraire des livres, comme je ne peux pas me prononcer encore que je les trouve excellents (la modestie a toujours été une vertu suspecte à mes yeux ou un défaut que je n'ai jamais eu), j'ai repris la critique de Véronique Comet Labadie pour les raisons qui vont suivre.

Cette dame possède une Identité-Racine dacquoise alors que la mienne est une souchienne labélisée Identité-Racine tyrossaise depuis ma naissance au Claquet dans la ville ouvrière de mon enfance.

Et ça c'était fort vu l'antagonisme d'hier entre Dax la " bourge " et Tyrosse la " prolo ". 

Je sais, ce ne sont que des clichés alors au lieu de dire des bêtises, laissons la parole à la resplendissante dacquoise à l'œil noir

«  A partir d'un drame familial profondément enfoui dans une mémoire qui ne pardonne pas aux vaincus, Marc Etxeberria Lanz nous dit l'innommable  avec à la fois un véritable talent de conteur et une précision journalistique. L'histoire de l'homme se fond ici dans l'histoire des peuples au moment où des luttes fratricides font le lit des fascismes partout en Europe dans les années 30. "Andoni" n'est ni un roman, ni un témoignage ou plutôt les deux à la fois, et Marc Etxeberria Lanz réussit à nous emmener à la lisière de l'imaginaire et des racines de notre humanité, tiraillées entre courage et lâcheté, altruisme et ambitions, foi en l'homme et bassesses du pouvoir. Quel idéal pour transcender l'horreur ? »

J’aime beaucoup.

Depuis, j’ai croisé Véronique sur Akelare Elektronika, et j’écoute (ou je lis) ses remarquables chroniques sur une radio dacquoise. Vraiment sympa, merci Véronique ! 

3 Le roman historique achève son dernier voyage en Martinique

Ce marin gascon et sa Pelée est aussi un salut admiratif à Emma Laruna, la femme d'Antoine Laruna  !

Mais c'est aussi une dernière histoire à consonance gasconne créolisée non oxymorique célèbre ces inattendus de l'incroyable traversée dans l'espace-temps du Tout-Monde que j'ai résumé ainsi :  

" Arrivé le 8 mai 1902 à bord d’un croiseur dans la baie dévastée de Saint Pierre, le matelot gascon Étienne Descoustey découvrait la catastrophe de la Montagne Pelée. Un siècle plus tard, François Laruna cherche à redonner des couleurs aux images sépia que sa mère Emma lui avait montrées sans qu’il ne s’y intéresse vraiment ! C’est l’arrivée dans le Tout-Monde de ses petits-enfants créolisés, Ainhoa et Eneko, qui le renvoie vers l’incroyable histoire de son arrière-grand-père.

L’enquête débute au cœur du Phalanstère de Saint Pierre où règne la figure tutélaire de Man Solénie ! "

Je célèbre ainsi la réussite de mon projet d'écriture et au diable les grincheux  !  

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bienvenue dans Le Club de Mediapart

Tout·e abonné·e à Mediapart dispose d’un blog et peut exercer sa liberté d’expression dans le respect de notre charte de participation.

Les textes ne sont ni validés, ni modérés en amont de leur publication.

Voir notre charte