Le parcours de la balade : derrière l'école communale de Baillet-en France, un chemin anonyme se coude entre la Ferme morte et les Quatre ormes pour rattraper Montsoult. Derrière de jolies sentes accompagnent le chemin de Saint-Jacques qui se balise la coquille avant de retrouver Mafliers. Puis après une visite courtoise du bois Carreau, une sente discrète vous monte sur la butte de Nerville où l’on découvre un agréable panorama. Après une brève traversée de la forêt de l'Isle-Adam, le point de ravitaillement se trouve près du carrefour Boucault (logique pour un néo-tarnosien). Pour digérer, des diverticules subtils vous ramènent devant la grille du parc.
C’est là que notre brillant historien spécialiste de la guerre d’Espagne allait nous conter une histoire
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méconnue de la CGT qu’il avait eu la chance de vivre ! En effet, le jeune Jordi fréquentait le parc de loisirs Henri Gautier qui était à l'époque une œuvre sociale qui appartenait à la CGT de la métallurgie de 1937 à 1972. Jordi nous raconta ses fêtes de 1963, 1964, 1965, la dernière ayant eu lieu en 1970.
Lors d’un retour de la fête, en gare du Nord pour distraire les voyageurs, notre jeune gauchiste se mit à chanter «La tour de Londres » qui est comme tout le monde le sait une ode dédiée à la gendarmerie !
Et plus il avançait et plus il enchantait son public : « J'emmerde les gendarmes Là-haut là-haut J'emmerde les gendarmes Et la maréchaussée, etc, etc, … »
Mais le jeune inconscient ne s’était pas rendu compte que la maréchaussée contrôlait les arrivées en gare ! De là à les emmerder, ils ont très peu apprécié ! Et ce fut sa fête à Jordi !
Embarqué avec dépôt de plainte à la clef. Plus tard un tribunal avalisa le fait que Jordi n'avait pas vu les gendarmes (il a eu de la chance car sur la lettre de son avocat qu'il m'a fait parvenir, un gendarme avait bien signifié le chant volontaire qui leur était adressé !).
Malgré les preuves évidentes de cet acte de rébellion, son chant du départ à l'arrivée fut considéré comme une erreur de jeunesse et non comme une provocation ! Mais il avait eu chaud notre marin. Il avait reçu une permission spéciale pour se rendre au tribunal car il risquait la prison pour insulte à l’encontre des autorités militaires !
Et pour arranger les choses, comme il s’était signalé par un comportement « limite » sur le bateau quelques jours plus tôt, avant de rejoindre le tribunal, le commandant en second lui avait asséné une bonne leçon de morale : « Vous êtes mal parti dans la vie, Puig ! Dans le civil, vous insultez les gendarmes et à bord, vous ne respectez pas la hiérarchie ! »
Logique et méritée la leçon de morale préventive surtout lorsqu'on voit des jeunes paltoquets comme Jordi se moquer de l'Autorité ! Un vrai bidasse en folie ou un marin de la Mer Noire en devenir notre Jordi ? Je pencherai pour la folie. Encore merci Jordi pour nous avoir gentiment révélé ton passé de jeune délinquant !
Jordi enfin redevenu adulte, nous raconta ces merveilleux moments passés grâce à la CGT ! Il y a tellement de tristes sires qui nous crachent leur servilité consentie ou leur médiocrité, à la figure, qu'un peu de publicité pour le syndicat de mon cœur ne fait pas de mal !
Jordi avait connu le château qui est aujourd'hui détruit. Mais cerise sur le gâteau, il était présent lors de l'ouverture de la fameuse glacière qui fut le point de départ de cette incroyable histoire !
En effet les Propylées ou les bas-reliefs réalisés par le sculpteur russe Joseph Tchaïkov qui encadraient le pavillon soviétique lors de l'Exposition Internationale à Paris de 1937, furent offerts par l'URSS à la CGT.
Les bas-reliefs furent d’être démontés avant d'être remontés devant le château de Baillet en France.
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Après la récente mise au point de Nico, ce n'est pas Jordi qui avait noté la date de la conférence de François Gentili, l’archéologue qui en 2004, avait découvert les statues dans la glacière.
Mais c'est bien lui, Nico, qui avait lu cette information dans un journal local. Simplement comme Jordi n'était pas libre pour y assister, j'ai inversé les deux informations d'où cette rectification ! Donc c'est bien grâce à Nico que nous avons pu écouter François Gentili nous raconter cette incroyable histoire.
Ce jour-là, une jeune historienne et une dame qui s’occupait de la restauration des statues, complétaient l'équipe pédagogique. Et ce n'était pas de trop car on se serait cru dans un véritable film de science-fiction à rebours, puisque entre 1937 et 2004, il s’en était passé des choses dans le monde et à une plus petite échelle dans le parc de Baillet en France !
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Voici ce que j’en ai retenu de la conférence : L’archéologue François Gentili supposait que c'était en juin 1941 que les bas-reliefs avaient été brisés pour les raisons que l’on sait (rupture du pacte germano-soviétique et collaboration active de Pétain avec les nazis. D’où la mise en sommeil du parc estampillé « communiste » car cégétiste qui accompagna la dictature fasciste de la vieille ganache galonnée, le Collabo de Montoire !
Les statues monumentales représentaient les onze républiques de l’URSS : Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Georgie, Kazakstan, Kirghizistan, Ouzbekistan, Russie, Tadgikistan, Turkmenistan, Ukraine.
Je pensais poursuivre la suite de l’aventure avec la restauration progressive des statues que les « débiles » fascistes avaient détruites. (On sait que ces « adorateurs de la mort de l’autre » détestent l’art en général, et brûlent les livres impies pour ne garder que des opuscules qui confortent leurs cerveaux de demeurés.)
Qu’importe le rendez-vous manqué de demain à la mairie de Baillet-en-France ou au musée de Guiry en Vexin, nous avions vécu un grand moment avec cette découverte archéologique et cette histoire de la CGT dévoilée par Jordi !
J