Comme Jacques Beynac venait de décéder, toute une histoire disparaissait sous mes yeux, je rentrais définitivement dans le rang. La Révolution sociale s’envolait définitivement, et en 2025 je ne m’intéresserai plus qu'à l'histoire sociale, la seule que nous pouvons écrire puisque nous sommes les seuls à l’avoir faite.
Pour y voir plus clair, j’allais récupérer Jojo, la mémoire de cette institution IHS-CGT. Bien sûr, j'adore ces voyages informels où je vais apprendre. Une formation intensive dispensée par un militant CGT hors pair ! Qui m’a instruit sur Alexandre Viro ? La révolte des métayers dans les Landes dès 1919 ?
Qui m’a permis de réaliser ces formidables randonnées sur les pas de nos ancêtres révoltés ? Jojo !
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Et au retour de la réunion, j’ai involontairement fait une double " Marcheprime " tellement le discours de Jojo est passionnant et passionné.
La notion d’une Marcheprime est née lors d'un précédent voyage cégétiste.
Dans cette version actualisée d’une Marcheprime, à la sortie de Mont-de-Marsan, j’ai pris la mauvaise direction car nous étions concentrés sur les outrances du Payaso versaillais qui comme une Majesté césarienne occupe son temps d'inutilité sociale à faire joujou avec la démocratie.
La deuxième Marcheprime, je la réaliserai à Saint-Geours-de-Maremne car au lieu de prendre la direction du pays de mon enfance prolétarienne heureuse, Tyrosse, j'ai bêtement bifurqué vers Soustons !
Mais j’ai bien fini par ramener Roger la Mougne (le nom de Jojo dans la clandestinité de nos Landes si républicaines ! )
Pour agrémenter le premier voyage, nous avions évoqué Rabelais et l'abbaye de Thélème. Bien sûr, Jojo est un authentique spécialiste de Rabelais même s’il s’en défend. Il a même eu la chance de visiter la Devinière, chose que je n'ai pas pu faire car nos enfants étaient bien trop jeunes à l’époque où nous avons été en villégiature au pays de François !
En randonnée, avec Patxi, nous étions juste passés à côté de la maison avant de franchir le gué de Vède où beaucoup de soldats de l’armée de Picrochole moururent noyés par le puissant jet d’urine de la jument de Gargantua
C’est Madame Colombo, (appellation certifiée par Pascal, imminent membre de l’ACER (Amis des Combattants en Espagne républicaine) et illustre chanteur et musicien des Szgaboonistes ), donc Madame Colombo, la mienne, pas celle de la télé, avait réservé un gîte de France à La Roche-Clermault.
Sacré séjour : la découverte du Chinon (le vin) car le propriétaire produisait à ses heures perdues un nectar !
De plus, nous étions situés pas bien loin de la dernière demeure de mon idole, le château d'Henri II Plantagenêt (combien de fois il m’a sorti d’une impasse dans laquelle je m’étais fourvoyée. Et lorsqu’j’étais à court d’arguments, quel que soit le sujet, je faisais discrètement dévier la conversation sur mes couronnés préférés Henri et Aliénor. Et Jean-Mi peut en témoigner, il a un jour vécu la scène en direct, le sujet portant sur la musique classique !)
Au cours de la journée de l'IHS-CGT, j'allais devenir un élève studieux puisque je ne connais que très peu l'histoire sociale des Landes malgré les cours de rattrapage intensifs de mes cégétistes de parents lorsque nous passions les vacances à Tyrosse. En effet, j'ai longtemps vendu ma force de travail cognitive dans la région parisienne puis en Picardie.
Autour de la table, figuraient des spécialistes high-tech de l’histoire sociale ! Du lourd, du très lourd !
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Parfois, me semble-t-il, ils n’ont pas toujours conscience de leur immense talent d'historiens-archivistes car ils appartiennent à une classe sociale qui ne frime pas comme ces inutiles que se la jouent théâtre et bouffonnerie chez les médias de Bol-doré !
Les comptes-rendus et projets de ce 6 décembre seront prochainement consignés soit dans Aperçus d’Histoire Sociale en Aquitaine ou dans d’autres écrits en cours.
Venons-en à présent au syndicalisme CGT que j'ai pratiqué en Ile de France. Car lorsque j’écoute les camarades exprimer leur engagement syndical, je suis admiratif car j'ai toujours été protégé par mon statut. Je ne prenais aucun risque ce qui n'était pas le cas des camarades dans ces combats contre ces groupes capitalistes !
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De plus, j’ai eu la chance de travailler plus tard à Amiens. Et grâce à des collègues férus d’histoire, j’ai découvert le temple du syndicalisme révolutionnaire rue Rigollot n’en déplaisent à tous les baratineurs de l’obsolescence verbeuse, léninino-troskyste ou maoïste du boulevard Saint-Germain ou du café Flore !
La motion Griffuelhes-Pouget devenue la Charte d’Amiens pour l’histoire a été rédigée dans le coin ! Comme je l’ai racontée au moins 50 fois lors des pèlerinages que j’organisais avec Patrice, le régional de l'étape, je vais évoquer des figures moins connus mais très importantes à mes yeux !
- Maxime Leroy
Il avait discrètement assisté au congrès d’Amiens. Il participa à la rédaction de la motion Griffuelhes - Pouget (source Boris Souvarine). Indépendamment du congrès d’Amiens, on s’intéresse à Maxime Leroy comme à d’autres inconnus car ici on ne parle pas du vent dans les voiles des pitres médiatiques assermentés mais des acteurs du mouvement social que l’on raconte et consigne pendant et après l’action avant d'archiver le tout dans une IHS-CGT.
Sans être lui-même un militant, Maxime Leroy sympathisait avec de nombreux syndicalistes. Ami de Victor Griffuelhes qui fut secrétaire général de la CGT jusqu’en 1908, il assista au congrès d’Amiens en 1906 et suivit l’élaboration de la Charte d’Amiens (« j’en ai revu avec eux bien des brouillons, bien des épreuves » écrivit-il dans un article consacré à Griffuelhes et Merrheim) dont il donna un remarquable commentaire dans La Coutume ouvrière. Il était particulièrement lié à Alphonse Merrheim avec lequel il entretint une longue correspondance. En 1907, il montra la force croissante du syndicalisme dans Les Transformations de la puissance publique ; en 1909 paraissait Syndicats et Services publics.
Avec La Coutume ouvrière (1913) qui allait devenir un classique, Maxime Leroy décrivait le droit né de l’action ouvrière ; il avait voulu, écrivit-il, « tenter l’œuvre nouvelle d’une systématisation de la pratique syndicale actuelle, qui s’est développée librement, en dehors de la loi » et entreprendre « une explication descriptive de la coutume ouvrière, selon la méthode générale proposée par la nouvelle sociologie qui s’est mise à l’école de l’Histoire.
Source : https://maitron.fr/spip.php?article118142, notice LEROY Maxime, Auguste par Nicole Racine, version mise en ligne le 24 novembre 2010, dernière modification le 16 août 2022.
- L'antimilitarisme et la motion de Georges Yvetot
Je n'en ai retenu qu’un extrait. Elle ne fut adoptée qu'à 488 voix contre 310. Certes, elle n'allait pas empêcher la Grande Boucherie de 14 - 18 mais le pacifisme fait partie de notre ADN CGT même si on a tendance à l'oublier ! :
" le Congrès affirme que la propagande antimilitariste et antipatriotique doit devenir toujours plus intense et toujours plus audacieuse.
Dans chaque grève, l'armée est pour le patronat ; dans chaque conflit européen, dans chaque guerre [...] la classe ouvrière est dupe et sacrifiée au profit des classes patronales parasitaire et bourgeoise.
C'est pourquoi le congrès approuve et préconise toute action de propagande antimilitariste et antipatriotique, qui peut seule compromettre la situation des arrivées et des arrivistes de toutes classes et de toute écoles politiques. "
- Après l'histoire, mon activité syndicale passée préférée !
J’allais dans des sites où régnait le non-droit en plus de dispenser des information syndicales mensuelles dans les bureaux gares parisiens et à la direction de Champs-sur-Marne .
Mes horaires de travail me permettaient de jongler parfaitement avec ma vie familiale grâce à la rigueur de Madame Colombo car je n'ai jamais été permanent. Je pouvais ainsi adapter mon discours en fonction des sites visités.
En fait, le déviant gauchiste adepte du syndicalisme révolutionnaire n'a été retenu pour prêcher la bonne parole que lorsque les vieux militants de la CGT sont partis en Jubilación.
Mais je précise que je n'ai jamais reçu de consignes, ni de la CGT des Bureaux-Gares et Ambulants (rue Turbigo à Paris). Ni de remarques ou de censures sur mes écrits ou dans mes interventions.
De toutes façons les Patrick, Roland et Tatave étaient déjà dans l'œil du cyclone fédéral alors un dissident de plus ou de moins sur le terrain plutôt que de la parlotte dans les congrès, qu'importe !
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Ce jour là je me dirigeai vers Le Bourget dans un centre mi figue mi raisin près de mon domicile de Villepinte.
J’avais prévenu la Direction parisienne de la visite de la CGT. Comme d’habitude je faisais une heure d’information syndicale et je profitais de ces heures pour noter les revendications de ces jeunes en CDD et certains en CDI car je n’y connaissais rien ni en droit privé, ni en droit du travail.
La règle étant pour eux de se constituer en syndicat CGT à minima avec plusieurs adhésions. Je déconseillai l’individuelle trop risquée. Et j’ai même eu des jeunes qui après mes intervention avaient adhéré à un syndicat Canada Dry à la mode, SUD (l’expression était du camarade Ernest, je l’ai reprise).
Mais qu'importe, il ne fallait pas prendre de risques pour ces jeunes !
Un jour, le nouveau directeur de ces horribles centres d’exploitation de force de travail presque bradée m’interdisait l'accès des locaux à l'intérieur du Centre du Bourget.
Il voulait aussi frimer parce qu’il débutait dans la carrière. Et comme un bon toutou, il voulait aussi se la jouer puisqu’il était en présence du grand Directeur de ces centres (un ancien de la CGT, les pires, un renégat).
Je savais qui était cette girouette opportuniste mais lui ne me connaissait pas.
D’où mon histoire classique de clandestinité ! Echeverria était le représentant de la CGT pour la Direction centrale mais Etxe était mon nom classique de cadre supérieur (le supérieur c'est comme le vin ordinaire à 10 ° mais à 13 ° ou 14 °).
J’avais passé deux concours de la fonction publique pour valider ma trahison de classe, le premier sous les ordres impératifs de ma cégétiste de mère et le second sur les conseils de mon ami Jean Pierre qui avait lui-aussi trahi la Classe Ouvrière de ses parents depuis bien longtemps !
J’avais moins de soucis que lui pour assumer ma trahison de classe que je masquais sous le vernis d'un entrisme d’inspiration trotskyste matinée de sociologique bourdieusienne à deux balles pour étudier les rapports sociaux de domination.
Pour revenir à notre affaire, j’avais alors dit au petit directeur que les syndicats étaient légaux depuis la Constitution de 1946 au sortir de la Libération. Il n'avait qu'à lire le Préambule ! Et comme il commençait à me « gonfler » avec ces airs de Collabo du Maréchal Putain (Lydie Salvayre - La Compagnie des spectres), je lui ai balancé :
« Alors comme ça, vous, vous allez empêcher la CGT de rentrer dans ces lieux ! Mais je vais faire connaître votre imposture nationalement ! ».
J’ai toujours été scandalisé par le comportement de ces personnes sans intérêt, peureuses en diable. Après cette contre-attaque verbale spontanée, le grand directeur lui a dit : « Laissez le passer ! »
Lorsqu’on touche à la CGT, je peux devenir méchant, agressif (à cause ou grâce à mes racines espagnoles et aux déviances éducatives libertaires de mon père !).
Et là, je me suis approché de l’autre avant de rentrer et je lui ai dit : « Si vous ne respectez pas la CGT, respectez au moins le nom que vous portez ! »
Alors comment s'appelait-il ? A vous de trouver ! Un indice :
Mon Francisco à moi a fondé une école, disons normale, sans compétition qui a inspiré Freinet par exemple. Détesté par l’église espagnole et par la camarilla, ces horreurs en robes ont profité des évènements dits de la Semaine tragique à Barcelone, pour le condamner à mort le 9 octobre 1909 et le fusiller le 13, quatre jours plus tard !
Et pour finir, ici à Mont de Marsan dans la salle de réunion Guy Garde, comme disait mon illustre compagnon Élisée Reclus, je pensais et je pense toujours que le savant du jour est le simple ignorant du lendemain !
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Encore une séance de bien-être intellectuel passé à Mont de Marsan (cela faisait deux fois que je ressentais cette sensation).
La fois précédente fut au mois de novembre à la sortie à la Librairie Caractères où avait officié le camarade Xavier ! (voir le Portfolio ), sur un sujet que je ne connaissais pas non plus. Décidemment ...
Et le lendemain, je poursuivais mes études du côté de Cameleyre car l’éphémère bonheur continuait sa course folle à cet endroit. Il accompagnait une sacrée découverte car chaque fois que je retourne dans le Marensin, bizarrement je retrouve la mémoire !
Et comme disent les gascons Jojo et Fafou : Adishatz munde !