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Marc Etxeberria Lanz

Toujours harmoniste reclusien et rabelaisien au 1 janvier 2025 !

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Billet de blog 12 avril 2023

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Le 18 mars 2023 sonne-t-il le glas d'une certaine philosophie harmoniste ?

J'ai ressorti cette date mythique de mon imaginaire communaliste car elle symbolise à la fois l'espoir puis hélas l'échec d'une évolution réaliste vers des sociétés futures du partage et de l'entraide.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mais avant de me lancer dans de nouvelles écritures, je voulais terminer ces deux ou trois billets qui ont marqué l'avant puis le retour  du voyage à Taiwan ! Et mon improbable quête d'absolu différencié en a pris un sacré coup après ces somptueuses découvertes des îles volcaniques du Tout-Monde !La Martinique, je l'avais décrite telle que je l'avais découverte dans un roman qui n'intéresse personne ! Mais j'assume totalement ce qui pourrait s'apparenter à un échec alors que je n'ai fait que mon boulot d'historien social en évoquant mes chouchous Fanon et Glissant tout en liant deux drames humanitaires aussi différents que l'esclavage et la Guerre d'Espagne.

Une longue enquête aboutie grâce à mes camarades de l'ACER : les profs d'histoire Nico et Jordi, mes profs de français Jean-Pierre et Fafou et les Philosophes-acteurs du Phalanstère caraïbéen de Saint-Pierre. Mais laissons là ces considérations passées et surtout mon arrière-grand-père gascon, ce héros méconnu qui le restera après ce loupé, pour nous intéresser aux belles surprises qui nous attendaient avant ce nouvel envol.

Illustration 1
Croquis aquarellé de la Pelée. Je préfère dessiner la beauté que l'horreur des baraques et des tombes de Gurs !

Après avoir déposé ma basquaise retraitée chez sa copine Flore-Volkan, nous sommes partis avec Fred, mon éternel compagnon international de randonnée à la recherche du lieu où se tenait une Klandeztinea philosophique improvisée ! Et après avoir galéré dans ce labyrinthe francilien du silence car je n'arrivais plus à retrouver la demeure de Cathy et de Nico, nous avons fini par pénétrer presque à l'heure au coeur de cette alcôve graduée où l'intelligence engagée a droit de cité car le débat est permanent !

Et chaque fois que j'ai eu la chance de vivre des Klandeztineak philosophiques en direct, j'en suis ressorti purifié tellement ça volait haut et pas uniquement dans le Politis qui était un sujet comme un autre.

Le lendemain de ce formidable moment, c'est Sandra, la boss des Imprévus qui avait organisé une nouvelle rencontre. Je précise à l'attention des services du Nain de l'intérieur que cette équipe n'est certainement pas un regroupement de gauchistes (même le Jeannot des Meldes ne peut être identifié comme tel à cause de Guillaume), non, c'est un simple groupe de randonneurs accueillants, né dans le Neuf-trois où vivent des gens ordinaires que méprise ce Sale-teint-banque d'Amiens au nez pounchut.

Précision à l'attention des morphopsychologistes confirmés ou en herbe : ma grand-mère gasconne Marthe Descoustey m'a toujours dit que ceux qui ont le nez pounchut sont de mauvaises personnes ; Macron en est l'illustration parfaite.     

Mais revenons à des choses sérieuses avec cette improvisée dont voici des extraits que Nico m'a autorisé à divulguer : 

« Dans une petite librairie-épicerie-eco solidaire, autour d'un verre, les plus jeunes avaient pris place aux côtés de lecteurs avertis pour partir sur les traces d'un oublié-retrouvé … »

Ouahhhh, il maîtrise à présent la dérivation glissantienne le Nico ! 

" Poursuivez l'ami ! ", avait ajouté Georges (ou Jordi, appellation contrôlée Républicaine catalano- espagnole-certifiée), et Nico de reprendre :

« C'était quand même une chance d'avoir cet homme de lettres à la philosophie de vie inspirée par l'émerveillement et la contemplation, une chance parce qu'il part en tournée à Taipei, après des arrêts à Limoges et à Villepinte en compagnie de sa muse, la jeune retraitée alors que son compagnon habituel Fred, lui, reste en métropole.»

Illustration 2
La Klandeztinea improvisée © Nico

J'avais envoyé ce compte-rendu exprès au quatrième larron de cet avant-garde éclairée à la bougie de cette Internationale contemplative :

« JP, tu as manqué une sacrée soirée. Ce genre d'inattendu fut tout simplement un régal grâce à Nico. Et nous avons fini par tomber d'accord avec Georges pour s'entendre sur une motion commune qui mixe la désobéissance civile à un syndicalisme révolutionnaire d'action directe bien sûr d'inspiration CGT (Pouget! ) mais que ce fut dur ! »

Je précise que Pouget dont on ne lira jamais une seule ligne dans la propagande des fabulistes assermenteurs est un personnage essentiel de l'Histoire sociale française (made in CGT amiénoise). Et pour éclairer mon propos toujours à la bougie puisque personne ne le connaît au temps de l'électricité, j'ai juste repris l'introduction de sa fiche trouvée dans le Maitron : 

Né le 12 octobre 1860 à Pont-de-Salars (Aveyron), mort le 21 juillet 1931 à Lozère (Seine-et-Oise)  ; militant anarchiste et syndicaliste révolutionnaire ; fondateur du Père Peinard, de La Sociale et de La Révolution ; secrétaire adjoint de la section des fédérations de la CGT de 1901 à 1908. @ https://maitron.fr/spip.php?article155495, Colette Chambelland, Guillaume Davranche, Josef Ulla, 23 novembre 2022.

La réponse de Jean Pierre ne se fit pas attendre :

« Ah oui les amis, merci Nico ! vous avez dû passer un bon moment ! Je constate que Georges et Etxé ont réalisé une synthèse digne du PS des grandes années !!! Message au camarade Etxé : ” Ne t’excuse pas toutes les dix minutes, gère tes contradictions (nous en avons tous, confère Anicet Le Pors et son livre sur le sujet), tu as parfaitement le droit d’apprécier Ronsanvallon (que j’avais vu à Lyon) ” À bientôt de vous voir ou de vous entendre. Ciao ciao

En montant sur Paris, j'avais écouté une émission sur France Inter où Ali Badou interrogeait Pierre Ronsanvallon avec deux autres journalistes. Un régal. Même si cela choque mes camarades j'ai toujours été un grand fan de cette sommité intellectuelle qui s'apprêtait, pépère, à aller manifester contre l'indécence politique de cette murène de l'anormalité démocratique : le Nez Pounchut ou le Néron de la Somme (confère le billet de blog de Nadia Tadil ; mon père était mineur) ; je vous laisse le choix des larmes !

Un peu plus tard, bien installé dans l'avion, j'avais dévoré Histoire et Utopie de Cioran que je ne connaissais pas bien. J'ajoute que je trouve tous ces trésors à la librairie de Salies, Le Moment libraire ou chez Jean Bernard, le bouquiniste qui étale ces trouvailles ressuscitées, le jeudi sur le marché toujours à Salies de Béarn !

En lisant Cioran, j'avais surligné ces points qui m'avaient interpellé :

« En divinisant l'Histoire pour discréditer Dieu, le marxisme n'a réussi qu'à rendre Dieu plus étrange et plus obsédant. On peut tout étouffer chez l'homme, sauf le besoin d'absolu…»

« [...] notre règne est celui du « je ». Exister c'est condescendre à la sensation, donc à l'affirmation de soi. 

[...] Plus nous cherchons à nous arracher à notre moi, plus nous nous y enfonçons.

[...] Nul ne se remue sans inféoder au multiple, aux apparences, au « je »…»

À méditer pour l'autre car en ce qui me concerne, après la Martinique puis Taiwan, j'ai définitivement tourné la page après avoir tué mon autocentré théorique qui a largement échoué. 

J'avais pourtant commencé à faire de la politique dès l'âge de 15 ans, et au même âge, Marx et Engels jouaient encore aux billes, c'est dire si j'étais précoce.

Normal, je suis né dans une famille de prolétaires qui se prenaient en pleine gueule l'exploitation de ces rats-dégout pour nous offrir une autre vie à ma soeur et à moi ! Mais ils savaient se défendre les vieux cégétistes. Même mon espagnol de père était devenu un solide dans le combat social rapproché malgré le handicap de son enfance brisée par ces ordures de généraux fascistes (Franco en Espagne et Pétain en France). 

Un peu plus tard, je m'étais glissé dans la peau d'un Olentzero noir de suie mais aujourd'hui je tombe les armes devant ce mur obscurantiste de la Réaction.

Et pour confirmer cette désolation typiquement française (la liste des fascistes d'hier et l'évolutive d'aujourd'hui est tellement longue que j'aurai dû mal à l'intégrer dans ce billet), j'ai acheté le livre de Michel Winock La République se meurt Chronique 1956-1958 à la librairie Le Pigeonnier à Taipei.

Illustration 3

L'historien alors étudiant décrit une période de flottement où les pustules fascistes allaient accompagner la trahison de la gauche des dégonflés durant cette période de folie.

Certes j'ai toujours bien aimé Michel Winock (comme par hasard, il a aussi écrit un remarquable livre sur la Commune) mais ce dernier livre ne faisait que confirmer mon intuition. 

Plus amusant, Michel Winock évoque Cioran dans le livre que j'ai dévoré à New Taipei City.

Plus que l'analyse des dires du philosophe, c'est la coïncidence Winock-Cioran qui m'avait interpellé ! L'historien et le philosophe en débat imaginaire, que du plaisir !

De retour en France, pour récupérer de ce long voyage, en compagnie de mon éternel compagnon de randonnée, Fred, nous avons traversé nos souvenirs communs du côté de Villepinte. 

Et sans l'avoir voulu car lorsque le bonheur vient te saluer tous les jours durant un mois dans un coin perdu du Tout-monde, la notion du temps s'égare. Et pourtant nous étions bien un 18 mars !

Alors pour saluer Pascal Gabay qui est né ce jour communard si particulier, j'ai retrouvé l' article de Jean-Paul Chantereau qu'il avait écrit dans le Bulletin de liaison n° 39 de l'ACER de décembre 2021.

Pour le 150e anniversaire de la Commune de Paris, il avait relaté à sa façon cette journée particulière :

« À l’unisson de la ferveur ambiante, nous n’étions pas en reste avec Pascal Gabay, à l’accordéon, pour entonner et chanter les incontournables du répertoire de la Commune, Le Temps des Cerises et L’Internationale [...]

En cette année du 150e anniversaire de la Commune de Paris et des Communards, nous avons convoqué et fait revivre le souvenir des volontaires des Brigades internationales et du Bataillon Commune de Paris.

Durant la guerre d’Espagne, ces volontaires avaient pour étendard le drapeau de la Commune.

Ils partageaient les idéaux de fraternité, de solidarité et d’émancipation sociale de la Commune.

Ils portaient les mêmes valeurs d’engagement démocratique pour une société nouvelle.

Combattre le fascisme aux côtés du peuple espagnol pour défendre la République de ce pays, c’était pour eux témoigner des idéaux et des valeurs de solidarité de la Commune en donnant du sens à leur engagement internationaliste

Illustration 4
Jean-Paul, Ramon au fond et Pascal Le Szgab soit l'ACER et le Bataillon Commune de Paris © Acer

Un sacré couplet évocateur pour honorer ces oubliés de la Liberté massacrée ! 

Quant à Pascal, plus connu sous l'appellation poétique du Szgab, j'ai eu la chance de marcher avec lui en Île de France et en Navarre avant de l'entendre mettre le Feu, rue des Vinaigriers au milieu des camarades de l'ACER !

Alors pour saluer son anniversaire un 18 mars, un seul slogan qui lui colle à la peau : crosses en l'air !  

Encore plus surprenant, Flore-Volkan m'avertissait que sa grande soeur Solitude-Douce était née elle-aussi un 18 mars. Et j'ai eu la chance d'échanger quelques mots en direct avec cette si brillante Prof' du Phalanstère. 

La chance avait encore frappé !

Alors pour la saluer une nouvelle fois, j'ai ajouté ce montage si particulier car on ignore (et moi le premier jusqu'en 2014) que derrière la beauté incandescente de l'île se cache une étonnante et perpétuelle révolte.

Illustration 5

Mon tour de créolisation achevé dans ce Tout-Monde à moi, rien qu'à moi, ayant fini d'écrire tout ce que je devais écrire, j'ai dégusté un dernier rhum avant de laisser tomber le stylo qui est toujours à sa place depuis notre retour à la réalité. 

Alors pour en finir, voici un épilogue en rythme si tu causes sinus !

Ma grande sœur Fafou m'a fait connaître Los de Nadau devenus aujourd'hui Nadau.

Des poètes que les ringards cravatés de la République n'apprécieront jamais car ils ne peuvent comprendre ce monde apaisé de l'intelligence contreculturée tellement ils sont engagés dans leur suffisance de parvenus !

Et n'ayons pas peur des mots, Macron est une boursouflure républicaine imposée par la déliquescence du Politis pour s'éviter les fachos de la Gorgone hysterisée ! Et c'est tout ... 

Or, les trois petits créolisés écoutent Nadau (Ainhoa a même été les voir en concert à Linxe mais pas d'inquiétude, je l'avais à l'œil ce jour-là), et même Irma à un an les écoutes ! Patapim patapoum ! Mais aussi L'Imortelà ou L'Encantada !

Et il  y a quelques jours de cela, du côté de Limoges, avec Eric nous avons balayé une histoire banale, née du hasard déstructuré mais authentique d'après le "missionnaire" béarnais qui milite pour une société à rapports humains naturels.

Lors d'une randonnée dans les contreforts de la montagne basque nous nous étions arrêtés devant une merveilleuse chapelle romane. 

Un panneau indiquait qu'il fallait solliciter le premier voisin si on souhaitait la visiter. Après le casse croûte classique, ni une ni deux, Fanchon était partie réveiller ce vieux monsieur qui allait s'avérer être un érudit ! 

Il déroula une conférence historique aux petits oignons mais avant de nous expliquer les raisons de cette concentration de stèles discoïdales au pied de la chapelle, ils nous invita à grimper le vieil escalier pour atteindre la plateforme étroite sous le clocher : 

« Et si vous voulez chanter, ne vous gênez pas, bien au contraire…»

Alors avec Éric, nous avons entonné notre chant poétique préféré, De cap tà l'Imortelà :

Sèi un païs e ua flor

(E ua flor, e ua flor)

Que l'aperam la de l'amor

(La de l'amor, la de l'amor)

Haut Peiròt, vam caminar, vam caminar

De cap tà l'immortèla

Haut Peiròt, vam caminar, vam caminar

La païs vam cercar …

Putain ça raisonnait du feu de dieu, et dieu était absent ce jour là car il venait tout juste de partir en séminaire à Taiwan pour étudier le taoïsme.

Et c'est sur l'étrangeté de ces paroles que s'achève ma dernière réflexion sur une philosophie harmoniste qui n'a jamais fait recette. Mais l'optimisme va revenir après le reportage extraordinaire sur Taiwan qui va suivre.

Adishatz monde  

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