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Billet de blog 13 avril 2023

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Taiwan ou la découverte d'une ignorée

Après ce mois passé sur cette île de beauté, je vais juste assurer un reportage du bonheur partagé, laissant le soin aux spécialistes de parler de géopolitique

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Cette histoire de l'inattendu est la conséquence de la métamorphose de notre fils en citoyen itinérant du Monde, lui qui ne connaissait que les gymnases du Neuf-trois ou presque. Lors de deux saisons de ramassages de fraises dans le Queensland en Australie, il a rencontré une petite taiwanaise qui allait plus tard devenir sa femme. Et au terme de l'aventure agricole, Iwen et Kepa allaient migrer définitivement à Taiwan.

C'est la naissance d'une nouvelle petite créolisée qui a aujourd'hui 1 an, qui a initié cette incroyable traversée. Et c'est ainsi que nous avons débarqué fin février 2023 à l'aéroport international de Taipei Taoyuan pour aller embrasser Irma

Ce billet va se contenter de survoler l’imaginé enfin réalisé. Quant aux  belles randonnées, je ne retiendrais que celles qui ont marqué ce séjour en postant quelques photos choisies dans des Portfolios du blog Mediapart qui feront suite à ce reportage.

Illustration 1
Côte est de Taiwan : les falaises de Qingshui

Enfin je précise que Kepa qui vit depuis 5 ans à Taiwan parle le chinois couramment et ce fut un avantage certain pour aller au delà de la simple image d'une île flottante au milieu de flots agités par une histoire complexe. Car Taiwan est aussi un modèle de démocratie dont feraient bien de s'inspirer certains dirigeants d'anciennes puissances coloniales qui pensaient avoir écrit l'histoire du monde alors qu'elles n'ont fait que baliser ces routes de l'exploration et du commerce de leurs crimes dit civilisationnels.  

Mais j'arrête là mes commentaires acerbes, car je vais relater à présent une merveilleuse aventure placée sous le signe de la poésie laissant la partie sérieuse aux journalistes. Pour s'informer différemment, il suffit de lire le remarquable article de François Bougon dans le journal de Mediapart du 13 mars 2023 : Taïwan sur une ligne de faille géopolitique ou de regarder le documentaire de Pierre Haski sur Arte : Nous sommes Taiwan.

Notre petite fille nous a accompagnés tout au long du séjour, prenant place dans le sac à dos "porte-bébé" de ses parents ou parfois dans celui de sa grand-mère lorsque nous étions de garde. 

Nous avons débuté notre périple en découvrant le mémorial Tchang Kaï-chek ou 國立中正紀念堂 en chinois traditionnel. Ce général mort en 1975 a un parcours traditionnel de général, type Bonaparte (crimes et châtiments, mausolée et légende noire).

Illustration 2

Je n’en dirai pas plus, étant incompétent dans ce domaine où l’on voit un zigue s’élever au firmament de l’absurdité après avoir massacré ou emprisonné tout ce qui perturbe son ascension. Je me suis contenté de déambuler sur l’esplanade qui précède le monument et de découvrir le musée consacré au dictateur. 

Et nous terminerons notre séjour par le parc du Peace Memorial Day ou parc du Mémorial de la Paix 228 (le nombre 228 ou  02-28 faisant référence au massacre du 28 février 1947 ) !

Mais à la sortie de ce parc qui rappelle ces évènements, une colonie de cistudes taiwanaises a salué ce différentiel historique qui fait partie intégrante de l’histoire de Taiwan.Mais entre ces deux parcours mémoriels complexes, nous avons découvert un pays des merveilles pas si lisse qu’il en a l’air même si c’était l’année du Lapin !

Et dans la prolongation journalière de l’émerveillement, c’est notre petite fille Irma qui a remporté tous les suffrages bien évidemment surtout lorsque nous empruntions le métro ou le bus 250

Enfin saluons nos deux guides attitrés, Iwen et Kepa, qui avaient concocté un solide programme accessible à de tout jeunes retraités émerveillés.

Illustration 3

Je vais commencer par relater mes premières impressions au soleil levant en bon discipline de mes géographes internationaux préférés. Et comme je les avais laissés au repos en France, coup de bol, le hasard d’une balade m'a mis à disposition un célèbre géopoéticien pour accompagner ces plongées dans l'inconnu.En effet, nous avons croisé le poète-géographe-marcheur Kenneth White lors d'une balade autour d'un lac qui rassemble la lune et le soleil.Je rappelle que Kenneth White est le poète préféré de Max Demau d'Ici Ondres qui officie en ce moment dans les manifs obligées contre les diktats de l'autocrate au nez pounchut. Merci à toi Max pour m'avoir remplacé pendant que nous explorions le Tout-Monde comme de braves retraités qui ont fait toute leur vie active des bras d'honneur à tous ces baltringues qui passent leur temps à détruire les fins de vies sociales apaisées.

Mais pour comprendre toutes ces dérivations, il fallait que je connaisse à minima l'histoire de Taïwan. Alors Kepa nous a guidés vers la fabuleuse librairie Le Pigeonnier de Taipei, spécialisée dans le livre français  !

Et j'ai dû réfréner des achats compulsifs de culture différente de la très réactionnaire-colonialiste-impérialiste-bourgeoise vendue en France en 2023 pour aller à l'essentiel avec ce livre : L'Histoire de Taiwan de Lee Hsiao-Feng  dont voici le résumé pour ceux qui sont comme moi des béotiens assurés lorsqu'ils évoquent le Tout-Monde.

« A la jonction du plus vaste des continents et du plus vaste des océans existe un pays insulaire, jadis connu sous le nom de Formose . Cette belle île ballottée par les flots du Pacifique, a jadis porté bien d'autres noms : Ryuchiu, Pekang etc. Aujourd'hui le monde entier l'appelle Taiwan. Taiwan est un pays riche d'une très longue histoire. Pourtant nombreux sont ceux qui ignorent toute la réalité présente et passée de cette île lointaine. Le présent ouvrage, écrit par un spécialiste de l'histoire taiwanaise, permet de combler cette lacune. En 43 étapes traitant chacune d'un sujet clairement défini, il emmène le lecteur de l'âge de pierre à l'âge de l'internet, tout en mettant en lumière des pages d'histoire longtemps occultées.

Illustration 4

Né en 1952 à Madou, district de Tainan, ancien rédacteur en chef des magazines taiwanais Les Années 80 et Asiatique, Lee Hsiao-Feng est aussi journaliste et écrivain. Professeur à l'Université Shih-Hsin, au département d'Etudes politiques de l'Université Tung-Wu ...»

Sa lecture m'a bien aidé à faire le lien avec une idée générale conceptualisée par mes anthropologues préférées lorsque je visualiserai plus tard les traces de la civilisation aborigène.

Après cet intermède culturel, le quotidien s'inscrivait dans ce presque quartier annexe familial de New Taipei City où l'accueil fut plus que chaleureux ! Seule la barrière de la langue a différencié ce séjour de la Créolisation de celui de la Martinique.   

Puis vinrent les Day-Market puis les Night-Market, mais cela ne se raconte pas tellement c’est complexe à appréhender. Incroyable, tu peux manger partout, de tout avec une variété impressionnante d'aliments cuisinés, de légumes, de fruits, de saveurs.

Pourtant je pensais que la cuisine landaise était une des plus authentiques au monde, et bien, après ce séjour qui a mis à genoux nos papilles gustatives tellement c'était délicieux en plus d'être délicat, je dois reconnaître que j'ai rabaissé mon caquet chauvin en allant de dégustations en subtiles dégustations. 

Que ce soir au hasard en suivant les conseils d’Iwen la spécialiste, de Kepa cet amateur de bonnes choses, puis en dégustant le festin de la maman d'Iwen, ou au restaurant avec Einsagna.

Et pour clore ces parcours de l'extase, j'ai encore dans la tête ce merveilleux moment passé à Tamsui où ce plat à base de noix de Saint-Jacques made in Taiwan vint conclure une balade presque parfaite qui se situait dans le delta de Taïwan en mer de Chine.

Illustration 5

Lors de cette balade, j'avais noté le nom espagnol d'un fort, San Domingo. Au 17e siècle, l'Espagne avait occupé la région de Tamsui avant de se faire jeter par une autre puissance colonisatrice ; les Néerlandais ont expulsé les Espagnols en 1642. Bien sûr nous avons visité le fort, comme nous avons visité bien d'autres musées sans oublier les nombreux temples magnifiquement décorés.

Et pour finir ce bref reportage par un sourire, lorsque nous avons découvert le temple de Longshan à Taipei qui associe bouddhisme, confucianisme et taoïsme au milieu de décors féeriques avec de jolis cascades pour agrémenter le tout, je me suis dit que j'allais faire des photos géniales car à la nuit tombée, toutes les couleurs chamarrées resplendissaient de couleurs primaires.

J'ai alors tiré mon éternel Lumix du sac à dos mais lorsque j'ai voulu l'allumer, il n'a pas répondu. Normal, j'avais oublié de remettre la batterie que j'avais laissée à charger et pour corser le tout celle de secours ! Alors ce sont les yeux qui ont bossé pour fixer ces images ! 

Je n'évoquerai pas non plus la découverte de la délicieuse côte-est et de ses jolis sauts de puce marchés, ni les autres balades de la simplicité à New Taipei City, car je vais juste privilégier quelques images qui m'ont profondément marqué dans les portfolios à venir.   

 à suivre ... 

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