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Toujours harmoniste reclusien et rabelaisien au 1 janvier 2025 !

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Billet de blog 14 mars 2022

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Mon dernier tour historique et philosophique de Tarnos

Ce parcours concentré de subtilité politique, je l’ai effectué à plusieurs reprises pour en décrire une dernière fois la quintessence philosophique. Avec la toute récente découverte de cette plainte pacifiste remise à sa juste place en 2017 sur le monuments aux morts de Tarnos !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mais avant de s’en aller marcher dans un bonheur simplifié et accessible à tout un chacun, il fallait juste chasser les nuages noirs qui assombrissent en permanence l’Hexagone.

Illustration 1

Je venais de terminer la lecture du livre d’Emilio Lussu : La Marche sur Rome et autres lieux préfacé par Antonio Tabucchi ! Edifiant ! Ce livre révèle l’ordinaire du fascisme avec ces ritournelles ridicules, puis ces intimidations avant que la violence officielle te mène à ton tour au fascisme.

Plus grave, Emilio Lussu montre comment de fervents anti-fascistes, des intellectuels, des socialistes critiques vont trahir leurs idéaux pour devenir des fascistes opportunistes puis des fascistes convaincus !  

Mais lorsque tu as traversé certains camps de concentration implantés en France, un camp de concentration nazi, le Struthof, avec sa chambre à gaz et son four crématoire, et que l’on continue à faire de la propagande pour ces oiseaux de malheur, je me dis que quelque chose ne tourne pas  rond dans ce monde-là !

Pour moi ces bourgeois déclassés, Elle et Lui, avec leur tronche d’hallucinés qui se flagellent la couenne à grand coups de francisque en chantant maréchal nous revoilà tout en bouffant des clovisses avec la coquille, sont tout simplement fêlés !

Pour ne pas en rajouter dans cette noirceur absurde que l’on nous vend comme une évidence pour mieux masquer la réalité des choses : un capitalisme triomphant, arrogant, méprisant n’attendant qu’un bon vieux bouffon n’active les petits soldats pour mettre à nouveau à terre l’héritage des Jours Heureux, je feuillette mon bel album communiste que j’ai aiguisé sur le vieux polissoir libertaire de 1906 à Amiens !  

Et tout avait commencé ici-même à Tarnos en 1975 à l’endroit même où je venais de m’arrêter pour faire les photos de l’enseigne Télé Secours où j’avais reçu le premier prix récompensant mes piètres qualités de militant communiste dans la vente.

L’histoire est connue mais je la rappelle une dernière fois : je devais vendre les billets de la tombola pour la Fête des pins (fête de l’Huma régionale)  puisque j’appartenais  aux Jeunesses Communistes.

Et comme personne ne voulait m’en acheter, pour ne pas passer pour une buse, j’en  ai acheté 3 carnets.

Du coup, j’ai gagné le premier prix  qui n’était autre qu’une télévision, et ça tombait bien puisque ma sœur Fafou adorait la télé alors que la directrice du centre aéré qu'elle était, n’avait même pas daigné m’en acheter un seul billet !

Grâce à Jojo Darricau, j’ai retrouvé la photo aux Archives départementales des Landes qui se trouvent  à côté de l’UD CGT à Mont de Marsan.

Après la réunion de l’IHS CGT, nous avons été rechercher les anciens numéros des Landes Républicaines, (titre de l’Hebdomadaire du Parti Communiste des Landes).

Les Landes Républicaines accueillent la plume incisive et brillante de Jojo qui signe une chronique hebdomadaire magnifiquement ciselée qu’il conclut systématiquement d’une maxime gasconne bien frappée.

Dans ce monde du silence, Jojo avait fini par mettre la main sur l'article qu’il recherchait, qui décrivait la réunion du 11 janvier 1958 qui avait réuni 6 000 fermiers et métayers en colère à Dax, et de mon côté, j’avais fini par repérer la photo que je cherchais. Je l’ai juste modifiée en ajoutant les noms des personnes  présentes lors de la remise du prix !

Merci Jojo ! Tu as parfaitement encadré ces séminaires d’adaptation à l’intelligence  émancipatrice comme le formidable historien-social de la CGT que tu es ! Et je n’oublie pas le poète même si tu t’en défends et le chanteur d’obédience gasconne que tu sais être aussi !

Ce qui montre bien que contrairement à ce qu’affirment les historiens  à la solde ou à la botte, les faussaires, les décalés, les conversos, les girouettes ou les opportunistes, le communisme possède aussi  un parfum d’essence joyeuse !

Et lorsque que j’ai raconté ce joli conte de 1975 à mes deux petits-créolisés en insistant sur le fait que comme nous étions pauvres puisque nous n’avions pas  de télévision, ils m’ont rétorqué : « Ah, tu étais pauvre alors que tu mangeais du foie gras tout le temps ! ».

Je n’aurai pas dû leur dire que j’étais même parti manifester avec un sandwich au foie gras, préparé par ma grand-mère qui le faisait bien mieux que l’industriel du célèbre « coquin » de Saint Geours de Marennes.  

Pour revenir à mon point de départ à Tarnos, je dois aussi reconnaître que la période du confinement nous a bien aidés à découvrir les innombrables sentes chatoyantes de cette ville déconcertante ! Car comme le canard, le confit ne ment pas ! 

Tarnos la Rouge

! Pas du délavé, pas du rouge Canada Dry ! Non, du rouge tout simplement !

Après avoir louvoyé dans ce réseau étonnant de venelles vertes encadrés par du pin ou du chêne-liège je suis arrivé devant la salle de spectacle Maurice Thorez, où nous venions d’écouter la formidable campagne pour la magistrature suprême de Guillaume Meurice !

Quant  à Maurice Thorez, tout ce que j’ai appris sur l’homme politique, je le dois à une de mes historiennes préférées, Annette Wieviorka qui a écrit ce formidable livre : Maurice et Jeannette - Biographie du couple Thorez

Plus loin, je me suis arrêté devant le lycée Ambroise Croizat ! Normalement tout le monde devrait connaitre ce formidable instructeur  de la sociale des temps nouveaux puisqu’en France tout le monde profite de ses géniales dispositions !

Et ceux qui s’intéressent à la politique, doivent aussi savoir que tous les réactionnaires-associés arrivés depuis au pouvoir en France, s’escriment  à gommer de la mémoire collective ce trésor national afin de graisser la patte aux petits copains qui vous ont  permis de vous élever sur le pavois de la République. Et au royaume de la Macronie, ils pullulent ces parvenus détrousseurs du Bien Commun après s’être largement servis de nos largesses détournées.

C’est pour cette raison que l’on défile depuis des années, pour sauver ce qu’il en reste ! Ne nous remerciez pas, les syndicalistes CGT ont toujours été altruistes ! Ils font profiter aux autres, à tous les autres, des avancés de leurs combats considérés comme risibles parfois par les asservis ! Ainsi va le monde …  

Plus loin, je saluais Jean Paillé. Une fois de plus, c’est Jojo Darricau qui m’a raconté cette histoire d’engagement du syndicaliste CGT.

Il l’a aussi écrite dans le spécial « 1939-1945 L’engagement de jeunes aquitains dans la Résistance » dans la revue Aperçus d’Histoire Sociale 107-108-109 2012-2013 !

Jean Paillé est mort gazé au camp de concentration de Mauthausen le 3 juillet 1944. Il était né  le 4 janvier 1912, il a été assassiné à 32 ans.

Précisons qu’il fut arrêté par la police française  du fasciste-chef Pétain, simple rappel pour les amis ignorants de l’histoire, que les fascistes ordinaires Elle et Lui, ne cessent de réécrire en permanence.

Illustration 2

C’est au niveau du Mémorial des Forges qui rend hommage aux résistants et déportés du Boucau et de Tarnos que j'ai sollicité Hannah Arendt en attendant que Pascal me rejoigne pour poursuivre cette traversée historique !

A propos de Gurs où elle fut internée pour quelques temps, elle nous dit :

« […] je n'ai jamais entendu parler qu'une seule fois de suicide, et encore s'agissait-il de suggérer une action collective, une sorte de protestation en somme pour excéder les Français. Lorsque certaines d'entre nous ont fait remarquer que, de toute façon, ils avaient été expédiés là pour crever, l'humeur générale s'est subitement transformée en un violent désir de vie. »

Là aussi comme les adorateurs de nos très ordinaires fascistes, Elle et Lui ignorent tout de l’histoire de l’inhumanité, demandons des explications à Hannah :  

« Même les nazis ont veillé, avant de procéder à l'extermination, à priver les Juifs de leur statut juridique (puis du statut de seconde zone), les ont entassés dans des ghettos et des camps de concentration, les ont coupés du monde des vivants. Ainsi - et c'est décisif - une situation de non-droit complet a été créée, avant même que le droit à la vie ne soit remis en cause. »

Quant au droit d'avoir des droits,  elle ajoute :

« Ce n'est que lorsque l'espèce humaine atteint son degré d'organisation intégrale que la perte de la patrie et du statut politique équivaut à l'expulsion de l'humanité tout court. » 

J’ai donc retrouvé Pascal dans la traversée du quartier des Forges. Il avait entièrement raison lorsqu’il avait défini les limites des deux villes au passé si Résistant ! La suite de la balade insinuée au cœur de sentes secrètes traversait les marécages entre Boucau et Bayonne.

Un virage serré nous mena aux portes du magnifique Parc de Castillon pour la pause repas classique. La suite de cette histoire allait atteindre des sommets.

Mais la balade au cour du parc n’est surtout pas à négliger pour celui qui sait voir la simplicité de l’éphémère. Il suffit de regarder le nuage farceur refléter la brève absence du soleil dans l’eau bleutée du lac pour comprendre que la lenteur est le principe d'une vie réaliste. La vitesse capitalistique de toute les circulations est un simple enfumage que l'on inculque dès le plus jeune âge par le venin de la soumission !

Illustration 3

J’ai toujours fait de formidables photos à toutes les saisons dans  cet espace de liberté ! Après cet arrêt plaisant avec Pascal dit le Chouchou, nous sortons par une porte dérobée qui va nous mener vers le parcours historique et politique de Tarnos. Je le répète, ici nous sommes à Tarnos !

Commençons par l’école  Robert Lasplacettes ! Étonnante cette ville qui donne le nom d'une école à un camarade CGT.

Bien sûr si j'avais été élu maire d'Amiens, j'aurais rebaptisé l'école de la rue rigollot : École Émile Pouget ou École Victor Griffuelhes mais à Tarnos la réalité dépasse la légende !C’est toujours plaisant de trouver une école qui porte le nom d’un ancien Secrétaire d’Union locale CGT. Robert s’occupait de l’UL de Tarnos. Membre du PCF, il fut aussi Premier adjoint à la mairie de Tarnos en 1991 sous le mandat de Pierrette Fontenas.

Illustration 4
Pascal

Mais il était bien copain avec mes parents, les Etxé qui de leur côté, faisaient vivre l’UL CGT de Tyrosse !

Une sente longeait un stade avant de bifurquer dans un lotissement pour retrouver l’avenue Cécile et Henri Rol-Tangy.

Là, pour saluer ces deux Héros de la Résistance ainsi que mes camarades de l’ACER (Amis des Combattants en Espagne Républicaine), j’ai fait poser lors d’une précédente balade, Nico, un de ses plus illustres représentants de cette association qui regroupe de brillants historiens passionnés ! L’écriture inclusive n’étant pas mon truc, je n’oublie pas les camarades !

Illustration 5
Nico

En retrouvant l’avenue Salvador Allende, le président chilien que la bande de criminels diligentée par l'État américain avait fait assassiner pour placer cet odieux général-fasciste- Pinochet, je sifflotais : "El pueblo unido jamás sera vencido".

Pour saluer les poètes chiliens aussi. Pablo Neruda, Victor Jara (notons au passage que Victor Jarra fut torturé, ses mains furent broyées et il fut assassiné le 16 septembre 1973 dans un stade de foot).

Les fascistes sont des criminels assermentés des poètes qu’ils exècrent car la poésie est la contestation la plus avancée de l’ordre noir de ces tarés.  Mais comme le disait Pablo Neruda : " Podrán cortar todas las flores, pero jamás detendrán la primavera".

Non, ils ne seront jamais maîtres du printemps mais il faut faire attention tout de même car le venin de la guerre est une épidémie bien plus contagieuse que la peste.

Ici, la mairie est vaccinée pourtant elle affiche un immense geste barrière sur la façade principale  avec la  fameuse maxime de Jacques Prévert !

Illustration 6
façade de la mairie de Tarnos

Décidément cette ville a un souvenir authentique de la différence et pour un pacifiste forcené, ce n’est que du bonheur de croiser de l’intelligence humaine à portée de main ! Et ce n’est pas terminé !

Nous nous sommes ensuite arrêtés sur la place Alexandre Viro, un vieux camarade CGT à tous les deux !

Et c’est toujours l’incollable Jojo qui m’a raconté l’histoire du camarade Viro. La voici résumée : Alexandre Viro  était né le 20 mars 1881 dans la ville de Rive-de-Gier (Loire). Mais s'il était aussi un fils d'italien immigré, il était français ! 

Important cette information pour se rendre compte de la perversité des autorités dites républicaines !

Et même si la crapule d’état Clémenceau venait de prendre sa retraite politique après la  veste reçue aux élections du début d’année 1920, comme il avait distillé son poison sécuritaire à l’encontre de tous mes camarades CGT, ses successeurs poursuivaient leur habituelle besogne de serviteurs de l’ordre capitaliste !

Illustration 7
Place Alexandre Viro

Le Préfet des Landes avait dû recevoir des ordres pour déclarer qu’Alexandre Viro était une menace à lui tout seul pour la sureté publique !

Le même loustic signait son arrêté d’expulsion en mai 1920. Et de la prison de Dax, au soit disant pays des Lumières l’expulsait vers l’Italie.

Mais l’Italie qui se fascisait à vue de nez cette année-là n’appréciait guère la venue d’Alexandre Viro considéré comme un anarchiste ou un  socialiste dangereux. Il fut ensuite refoulé en Espagne à Irun. Il ne fut autorisé à revenir en France qu’en 1924. Et ces quatre ans d’exil minèrent le camarade Viro qui était toujours mis sous surveillance policière au pays des droits oubliés de l'homme !

A quelques mètres là, nous nous dirigeons vers cette dernière découverte et pas la moindre ! 

Lors de l’édification du monument aux morts, en 1921, on pouvait y lire ces quatre inscriptions que j’ai photographiées pour ensuite les coller sur ce montage !

Mais chez les asservis de la République d’hier comme d’aujourd’hui, ça coinçait !

Ils exigeaient que le maire de Tarnos de l’époque, Pierre Dufourcet, supprime le ou les inscriptions ! Le maire refusa de céder, alors il fut viré. Et l’Asservi-chef  fit effacer les inscriptions !

Or, en 2017  le Maire de Tarnos, Jean-Marc Lespade, a fait graver les inscriptions sur le socle du monument telles qu’elles figuraient en 1923.

Illustration 8

"À ceux qui sont morts croyant défendre les belles vertus de la race humaine"

"Les guerres n’ont jamais été que la misère des peuples. Souvenez-vous"

"L’humanité n’a qu’un chemin : la paix"

"Mère de famille, que l’avenir dans la paix nous réserve plus de gaieté".

On pourrait poursuivre l’aventure côté mer en compagnie d’autres pacifistes comme Jean-Mi, Eric ou Txomin mais ces parcours poétiques ont été déjà été réalisés, alors nous allons rentrer par le chemin du Tuc de Jobel !

Après ces quatre années passés à respirer un parfum de liberté communiste que j’ai juste agrémentée d’une once libertaire, je vais définitivement refermer ce bel album !  

Alors pour célébrer dans la joie ce passage clandestin, rien ne vaut la conclusion de ce poème d’Hannah Arendt, Heureux celui qui n'a pas de patrie

[…] La tristesse est comme une lumière dans le cœur allumée,
L'obscurité est comme une lueur qui sonde notre nuit
Nous n'avons qu'à allumer la petite lueur du deuil
Pour traverser la longue et vaste nuit, comme des ombres nous retrouver chez nous
La forêt est éclairée, la ville, la route et l'arbre.

Heureux celui qui n'a pas de patrie; il la voit encore dans ses rêves

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