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Billet de blog 15 juin 2022

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Les circonvolutions reclusiennes du Vignac de la source à l’embouchure

Dans ce second épisode de l’histoire de ce ruisseau, j'ai dû mener une première enquête du côté de Lesperon pour savoir où se cachait la source. Quant à l'embouchure du côté de Contis, ce fut tout simplement une révélation !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je vais commencer par citer mes sources avant de me mettre à leur recherche car cet étonnant ruisseau doit certainement en cacher plus d'une pour alimenter sa dérive poétique d'une trentaine de kilomètres environ !

Illustration 1
Un cousin croisé sur la piste du Vignac !

Bien sûr, Élisée  Reclus s'intéressait à tous les ruisseaux même les plus modestes :

«  Il ne sort point des hautes montagnes chargées de glace ; ses bords n'offrent point une splendeur exceptionnelle de végétation ; son nom n'est point célèbre dans l'histoire.

Certes, il est charmant ; mais quel ruisseau ne l'est pas, à moins qu'il ne coule à travers des marécages rendus fétides … ».

Grâce à ses leçons, j’ai rapidement compris que tous les cours d'eau étaient passionnants même lorsque ils paraissaient insignifiants. 

Bien sûr la chute d’une cascade est spectaculaire et j'en ai vu de sacrées dans les Hautes-Pyrénées, le Cantal, la Haute-Loire ou le Jura, mais à mes yeux, elles ne sont que ça : spectaculaires !

J’ai même vu celles du Vignac, elles étaient tourbillonnantes alors je les ai prises pour ce qu’elles étaient, insignifiantes mais délicieuses ! 

  • La source du Vignac !

Pour dessiner la randonnée qui pouvait m'y emmener, je me suis appuyé sur la Fiche-Rando 11.5 du Pays morcenais

Circuit des ruisseaux de Capcor,  du Bourg et de la Fontaine Saint-Jean   

Collectionneur de l'inutile mais aussi grand marcheur de solitudes, je possède l'ensemble de la collection des rando-guides des Landes.

Pour ceux que cela pourrait intéresser, on les retrouve aussi  sur le site  rando.landes.fr 

Pour m'immerger dans cette reclusienne particulière, je ne vais pas décrire l'itinéraire qui est par ailleurs fort agréable mais me concentrer sur les bizarreries que charrie mon ruisseau tout au long de son parcours .

Rappelons qu'il se nomme Le Vignac sur la carte IGN 1341 ET de Castets alors qu'il disparaît sur la carte IGN voisine, la 1441 SB de Morcenx.

Et c'est en arrivant à la Fontaine Saint-Jean que j'ai enfin compris qu'il avait changé de nom.

Illustration 2

Après avoir alimenté le moulin et la fontaine, il se scindait en deux :

Comme j'avais croisé le Ruisseau de la fontaine de Pécoume en passant près de sa source, le Ruisseau du Bourg était bien mon Vignac lesperonais. 

Et le chemin qui à présent sautait de rive en rive grâce à des petits ponts de bois judicieusement placés était idéal pour s'ouvrir  à la contemplation toute reclusienne pour ceux qui débutent dans cette matière annexe de la philosophie anarchiste !

Illustration 3

Dans la première boucle du huit malformé du circuit de randonnée qui encadre le village, j'avais croisé un groupe de randonneurs qui m'avaient demandé je faisais le chemin de Saint Jacques en voyant ma collection de pin's orner les bretelles de mon sac à dos ?

Visiblement ils ne connaissaient pas les Terra Aventura pour me poser une question aussi saugrenue !  Et comme ils m'avaient dit qu'ils venaient de de Vieille Saint-Girons, j'ai su plus tard que j'avais échangé avec les fameux Randonneurs Cocosates

Pour ceux qui s'intéressent aux origines de cette tribu  gauloise ou aquitaine, je vous laisse le choix, il faut reprendre le texte de Jules César : La guerre des goals !

Humour désespérant diront les gens sérieux même si j'admets que l'immense Goscinny aurait saucissonné cette médiocre inspiration gasconne dans la cité des Gaules !

Et je pourtant je n'avais même pas abusé de ma potion magique "Geaune" que je réservais pour plus tard  ! 

Voici le relaté de la victoire de Crassus, mais pas par n'importe qui, par Jules en personne  :

" Au bruit de cette victoire la plus grande partie de l'Aquitanie se rendit à Crassus, et envoya d'elle-même des otages. De ce nombre furent les Tarbelles, les Bigerrions, les Ptianii, les Vocates, les Tarusates, les Elusates, les Gates, les Ausques, les Garunni, les Sibuzates, et les Cocosates. " 

Voilà pour les Cocosates et sur vos cousins aquitains à vous les celtes  !

C'est drôle mais Max Demau n'en a jamais rien dit sur sa radio d'antan, poste qui doit être rangé dans le musée de Fafou !

Mais il est fort possible que le poète berrichon ait une préférence pour les impérialistes romains même si sa tribu, les Bituriges, n'a pas trahi comme leurs voisins, les Éduens !    

Il faudrait que je relise à fond toute cette histoire, cela me permettrait de saluer ainsi Titus Labiénus, le grand copain d'Éric.   

Chez les celtes ou les aquitains, seuls les Heriko verts, rouges et blancs, d'ailleurs plus blancs que rouges, ça j'en suis sûr !, vous diront qu'ils n'ont rien à voir avec ces celtitudes car ce sont des pré-ibères non romanisés qui dansaient le fandango caucasien !

Les basques sont capables d'inventer n'importe quoi pour sanctifier leurs particularismes absolu !       

Lorsque mes randonneurs se mirent à me raconter leurs aventures, Falbala,  la Cocosate-chef qui tenait le parchemin de Lesperon, donna l'ordre de marche ! 

Et de moi de mon côté, j'ai dû abandonner l'idée d'aller jusqu'à la source qui se trouve entre les Landes de Tracoulet et la parcelle du Moussu tout simplement parce qu'il m'était impossible de franchir l'autoroute A63 !

Mais je n'écarte pas l'idée d'y aller un jour pour essayer de la trouver même si je dois traverser l'immense pinède.

Toujours à propos de sources, deux réflexions. D'abord celle de Reclus :  

" L’histoire d’un ruisseau, même de celui qui naît et se perd dans la mousse, est l’histoire de l’infini."

Suivi d'une remarque bien frappée à l'attention des spécialistes de l'éducation casernée :   

" Mais, après les dix mois de chaîne, voici les heureux jours des vacances […] Que le collégien sorti de la prison, sceptique et blasé, apprenne à suivre le bord des ruisseaux, qu’il contemple les remous, qu’il écarte les feuilles ou soulève les pierres pour voir jaillir l’eau des petites sources, et bientôt il sera redevenu simple de cœur, jovial et candide." 

Oui car j'ai toujours été persuadé qu'il y a bien d'autres façons d'apprendre que la compétitive qui sévissait déjà à mon époque !

Pour imaginer une autre voie, j'ai ajouté ce montage juste pour comprendre ce qui pourrait de passer si jamais Jean-Luc me nomme ministre de l'éducation à temps partiel bien sûr.  

Il faudra que j'en touche un mot à Jean-Mi puisque les deux ont manifesté ensemble il y a très très  longtemps pour sauver les Lip du côté de Besançon

Et puis l'anecdote pour se ressourcer : en randonnée sur le plateau des Millevaches, nous étions à la recherche des sources de la Vienne.

Et nous sommes tombés par hasard sur un vieux panneau de bois qui signalait que ces deux flaques d'eau insignifiantes étaient le début de ce magnifique cours d'eau !    

Enfin pour clore mes recherches pas totalement infructueuses, j'ai retrouvé le chemin qui longeait l'autre ruisseau, le Capcor jusqu'au centre de Lesperon. Bien sûr je me suis arrêté devant la magnifique boîte à lire disposée au centre du village. 

Là, j'ai repris le livre de Zola, La débâcle, livre que j'avais lu il y a fort longtemps. Mais je n'en dirai rien pour ne pas ouvrir un hors sujet  puisque après la source du Vignac, il fallait à présent que j'aille voir l'embouchure !

  • L'embouchure du Courant de Contis !Après un bref ravitaillement du côté d'Uza, j'avais retrouvé Le Vignac qui venait de quitter l'étang de la Forge.

Mais il allait bientôt perdre son nom. En effet quelques kilomètres plus loin, de menus affluents étaient venus le rejoindre pour former le Courant de Contis !

Illustration 4
La Plaine de Pigeon et le Courant de Contis

Et c'est ainsi qu'après avoir serpenté  à la frontière du Born et du Marensin, il s'en est allé vers la délivrance océane.

Pour évoquer son histoire, j'ai bien sûr relu les deux livres que Jean-Jacques Taillentou lui a consacré.

L'exemplaire que je possède date de 2005. Comme d'habitude, c'est ma mère qui me l'avait acheté connaissant ma passion pour l'histoire dite locale comme le susurrent avec condescendance ces jacobins bornés qui pensent que tout se passe à Paris ! 

Jean-Jacques l'avait dédicacé ainsi :

« A Marc,

L'histoire de Contis est bien plus riche que les amoureux de notre région ne le croient …

Que ce voyage dans le temps et l'espace d'un lieu qui nous est si cher, vous fasse découvrir quelques mystères de Contis.

A Hossegor, le 2 juillet 2005 »

Lorsque je l'avais rencontré la première fois au collège de Tarnos où il enseignait, j'avais été assez surpris de découvrir un professeur aussi jeune au regard du nombre d'ouvrages scientifiques qu'il avait écrits !

Et chose incroyable, Jean-Jacques Taillentou était aussi un formidable géographe-reclusien, chose que j'ignorais à l'époque !

Mais avant de rejoindre l'embouchure, il me fallait traverser le pays des merveilles et des cistudes. 

J'ai eu la chance de le découvrir en compagnie de Jean-Mi car ce dernier est aussi un gardien du temple de la tranquillité de ces paysages dantesques parce qu'il n'ont rien de spectaculaire aux yeux de ceux qui considèrent que le surfait est l'aboutissement de cette civilisation.

Passons.

Et pour ceux qui ne connaissent pas bien le coin, je me permets de signaler le Circuit du courant de Contis et de la plaine du sable blanc soit la fiche 16.4 du Marensin au départ de Saint-Julien-en-Born.

Balade plus que spectaculaire !Moi, j'aime bien passer par la rive gauche du courant pour épouser ses sinusoïdes qui bordent une autre merveille de géographie humanisée, la Plaine de pigeon

Hélas comme on ne peut pas suivre le courant jusqu'à l'embouchure, j'ai choisi d'emprunter le chemin de Saint-Jacques de Compostelle à la sortie de la Lette, plutôt que de faire la route.

Et au diable si j'ai loupé la source de Marie Madeleine, une sainte qui n'arrête pas de chialer depuis que JC l'avait abandonnée à tombeau ouvert ! Je renvoie aux textes que j'ai lus dans ma jeunesse pour éviter de sortir encore des inepties sur ces phénomènes paranormaux.

En revanche, le phare de Contis, je l'ai abondamment mitraillé !

Illustration 5
Phare de Contis

Quant à l'embouchure, j'ai tout simplement été émerveillé devant cette belle inconnue ! 

Puis j'ai poursuivi mon aventure le long des petits ports ou des haves tranquilles où se cachaient  quelques embarcations.Parvenu au pont rose, j'ai attendu que Jean Mi vienne me récupérer. C'est là que je me suis aperçu que j'avais été mauvais dans ma communication puisque je ne lui avais pas précisé que ces découvertes pédestres étaient programmées le jeudi !

Alors pour me faire pardonner, nous avons célébré la fin de ces reclusiennes au Cap de l'Homy !

Pour  terminer en beauté l'histoire de ce drôle de ruisseau Le Vignac, je vais passer la main à ces deux immenses géographes-historiens, Béatrice Giblin et bien sûr Jean-Jacques Taillentou qui encadrent mon maître à penser différemment.

Illustration 6

Dans le livre Le littoral Aquitain, qu'il a analysé puis commenté, Jean-Jacques Taillentou avait remarqué que notre géographe-anarchiste avait oublié la Marennes, Capbreton et le pays de Seignanx au sud du département.

Il se demandait s'il n'avait pas intégré ces trois territoires dans un Marensin élargi ?

Il pensait que c'était probablement cette hypothèse qu'il fallait retenir, son évocation du marais d'Orx le laissant croire

Surprenant que le camarade Reclus n'ait pas consacré un chapitre spécial sur mon coin !

Bon, ce n'est pas bien grave parce que Reclus n'aurait même pas goûté le fameux vin de sable de Capbreton !

Quant à Béatrice Giblin  si j'ai acheté ce livre, c'était pour compléter la collection des quatre Reclus édités chez Cairn !

Car auparavant je possédais déjà ses livres mais je les ai donnés pour respecter cette transmission naturelle que m'a enseigné le fait libertaire !

Dans son remarquable ouvrage, j'ai retenu un passage assez extraordinaire puisque Élisée Reclus, avait comme avant lui, Jean-Jacques Rousseau, son cabinet de travail dans la nature

" D'ailleurs, voir la Terre c'est pour moi l'étudier ; la seule étude véritablement sérieuse que je fasse est celle de la géographie et je crois qu'ils vaut beaucoup mieux d'observer la nature chez elle que de se l'imaginer du fond de son cabinet.

Aucune description, aussi belle qu'elle soit, ne peut être vraie, car elle ne peut reproduire la vie du paysage, la fuite de l'eau, le frémissement des feuilles, le chant des oiseaux, le parfum des fleurs, les formes changeantes des nuages ; pour connaître il faut voir."

Voilà mes deux histoires du ruisseau du Vignac sont à présent bouclées.

Dans le dernier billet que je vais consacrer à Élisée Reclus, je vais l'accompagner dans une tournée commune d'adieu puisque je viens de terminer ce parcours mémoriel personnel en allant l'autre jour à Orthez pour d'évidentes raisons d'écriture.

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