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Billet de blog 17 juillet 2022

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Les balades de Laurie Lee ont inspiré nos artistiques actuelles

C’est en lisant " Un beau matin d'été " que j’ai réalisé combien cet auteur était important à nos yeux d'utopistes-réalistes. Nico est venu par la suite compléter cette information en me détaillant l'engagement du poète anglais lorsqu'il est reparti en Espagne défendre la République attaquée par les putschistes de tous bords (armée, église, latifundistes).

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

I Laurie Lee et l'Espagne

Marcheur de l’impossible, Laurie Lee s’était rendu en Espagne en 1935 accompagné de son violon, un an avant la criminelle action de ces généraux qui ne vivent que de l'assassinat de l'innocence !

Le jeune homme allait divaguer le long des sentiers de transhumance et des antiques chemins muletiers d’un pays figé qu’il ne connaissait absolument pas !

Ce livre m’a tellement fasciné que chaque fois que je charge mon sac à dos, je pense à Laurie Lee ! Car le périmètre de l’aventure accessible à tout un chacun dépend de l’image que l’on se fait du monde, de l’ailleurs, du différent et de l’autre.

Illustration 1
Nico, accompagné de la prose de Laurie Lee dans la traversée du Vexin !

Plus tard, Nico m’apprendra qu’en décembre 1937, Laurie Lee s’était engagé du côté des forces républicaines. Pourtant, il restera un éternel suspect en ces temps troublés car on ne se trimballe impunément pas au front ou à l’arrière avec un violon !

Quant à son engagement dans les Brigades Internationales, je laisse les spécialistes Nico ou Georges compléter ces informations .

Dans son livre Instants de guerre : 1937-1938, Laurie Lee dénonce les horreurs et les absurdités de la guerre qui n’ont jamais été arrêtées malgré la collection d’impensés de ces catastrophes.

Et lors de nos longues balades évasives hors du cadre de notre légendaire périmètre de l'Iron-métal de l'Hiver 1995, Nico avait repris la parole, et dieu sait s'il parle bien le garçon. C'est ainsi que j'ai su que Laurie Lee avait intégré un groupe hétéroclite des Brigades Internationales :

« Bien peu savaient déjà que nous débarquions dans une guerre de vieux mousquets et de mitrailleuses enrayées, conduite par des amateurs aussi courageux que désemparés. Mais pour l’instant, il n’y avait pas de place pour les demi-vérités ou les hésitations ; nous avions trouvé une nouvelle liberté, presque une nouvelle moralité, et identifié un nouveau Satan – le Fascisme. »

II Les "Laurie Lee" en bande dessinée

Après les livres du poète anglais, Nico le toujours libraire ambulant de l’ACER qui est aussi un amoureux de cet art considéré par les étriqués comme un art mineur, m’a présenté ce formidable artiste, dessinateur, raconteur d’histoires passionnantes qu’est Bruno Loth.

Ce spécialiste d’histoires tristes mais palpitantes qu’il met au service d’un sacré coup de crayon, est fascinant.

Hélas, ce souvenir à venir n’a pu être prolongé du côté de Bordeaux à cause de la période Covid !

Illustration 2
Dédicace de son album Dolorès !

Ses œuvres sont formidables malgré la complexité des sujets abordées !

Bien sûr on y croise des héros de l'ombre comme Ernio ou Dolorès, mais aussi Makhno et Durruti !

Les BD d'Ernio et Dolorès, je les avais achetées à la libraire Envie de Lire à Ivry-sur-Seine toujours en compagnie de mon professeur d'espagnol Nico.

Et je lirai plus tard son Guernica qu'il a sorti en 2019.

S'il y bien une autre personne qui m’a guidé dans ce domaine de la saine libération de l'esprit, c'est bien sûr René Goscinny par la force de notre première rencontre. Ma mère m’avait acheté Astérix et les Normands à la suite d'une opération bénigne à la mode à cette époque (comme les amis de Béatrice).

Et de fil en aiguille, la lecture de tous les Astérix façonnés par ce maître de l'écriture, a inspiré certains de mes jeux de mots foireux comme celui qui j'ai presque dévoilé avec cette opération bénigne réalisé par les amis de Béatrice.

Voici en quelques lignes mes goscinnyennes préférées

Si les deux chefs sont de force égale, ils ont le droit de se jeter des ballots à la tête, on dit alors qu’ils sont en ballotage

Par Thor ! Par Odin ! Par exemple !

Où sont les Gaulois alors qu’Abraracourcix se trouve dans la piscine vide ?

Mes Gaulois sont dans la pleine.

Celle là, c'est ma préférée mais c'est Dédé qui me l'avait expliquée : les Gaulois sont dans la plaine est, dit-on, une copie de la Marche Loraine chantée par les Bat d’Af.

J’ai découvert l'immense génie de René Goscinny lors d’une exposition qui lui fut consacré au Musée d’art et d’histoire judaïque juste avant notre retour dans le Sud-ouest.

Illustration 3

Et je relis actuellement les Dingodossiers.

Ces deux génies artistiques Goscinny et Gotlib traînaient des drames familiaux parce qu’ils étaient juifs. En 1970, Goscinny raconte :

[…] une bonne partie de ma famille a terminé dans les fours des camps de concentration ! Je n’ai jamais regardé la couleur, la race, la religion des gens. Je ne vois que des hommes, c’est tout.

Sa fille rajoute l'intervention d'un proche qui venait de lui dire : «Moi, tu vois, René, les Juifs, je les sens » et Goscinny de lui répondre : «Eh bien, tu as le nez bouché ! »

Quant à Gotlib, un de mes pères spirituels et philosophiques préférés si ce n’est mon préféré, j’ai loupé l’expo de 2015 toujours au Musée d’art et du judaïsme, voici ce qu’il pensait de ses origines sachant que son père a été massacré par la banalité de la barbarie nazie qui je le rappelle ne fut qu’un détail de l’histoire à des millions de morts près selon le père de l'autre fasciste ripolinée !

" La religion juive, je ne lui ai jamais dit adieu, ni bonjour, ni bienvenue, explique l'auteur. Moi, la religion, que ce soit celle des juifs ou des musulmans, je trouve ça con. J'avais 14 ans quand ma mère s'est soudain rappelé que je devais faire ma bar-mitsva. Si on m'avait demandé mon avis, j'aurais dit que ce n'était pas la peine. 

A la fin des années 1950, quelqu'un m'avait conseillé de lire Céline, raconte cet autodidacte qui a arrêté ses études en classe de troisième. Je fonce à la bibliothèque. Je prends un volume de Céline. Je lis quelques pages et je repose le livre. Manque de pot, c'était ''Bagatelles pour un massacre''. 

Citation du 4 décembre 2016 de Fabrice Pliskin

Je précise que chaque fois que j'ai lu du Céline comme Bagatelles pour un Massacre ou Céline en chemise brune de Kaminski, j'ai juste validé le fait que ce sale type était un banal propagandiste de la barbarie nazie !

Et je terminerai cette rubrique par cette formidable saillie de René Goscinny : « Il ne faut jamais parler sèchement à un Numide. »

J’ai eu la chance de naître dans ce coin des Landes, de ne pas avoir fait la guerre, de ne pas être parti au Nicaragua et de pas avoir croisé un soldat fanatisé d'une organisation basque quelconque capable d’assassiner en septembre 1986 une militante de la cause considérée comme traître !

La chance de m'être affranchi de toute religiosité de type révolutionnaire à consonance violente.

La chance de m'être affranchi à la Goscinny du rugby-con !

La chance d'avoir eu plus de 25 ans ! Cette dernière tu as eu beau avoir lu Laurie Lee, Koestler, Orwell, Loth, Ortiz, Preston pour l'Espagne, Goscinny, Gotlib, Franquin pour la BD, il n'y a que Nico qui peut la comprendre. Par chance, non abonné à Mediapart, il n'a pas accès aux commentaires.

III Laurie Lee a inspiré ces marches solitaires de l'incertitude

Aujourd’hui la vieillesse de ton corps et de ton esprit t’insinue le doute dans le choix de l’itinéraire. Et comme l'inconscient farceur peut s'inviter à tout moment, il faut accepter cette marginalisation heureuse. Pourtant la marche solitaire te laisse tes yeux en cavale et donc en liberté.

Alors tu repenses à toutes ces découvertes insignifiantes passées qui t’ont légué des images qui sont enregistrées à vie sur ton disque personnel jusqu’à ce que tu perdes la boule comme ils disent à Nanterre !

Illustration 4
Image de l'église du Plessis Gassot brouillée par la chaleur lors de la traversée de la Plaine de France

Parmi mes Solitaires préférées, je retiens essentiellement celles de ma dernière traversée de l'Île de France de gare en gare puisque je voulais découvrir la richesse insoupçonnée de ce territoire de bric et de broc.

J'avais écarté les territoires que je connaissais bien comme le Vexin, la Haute Vallée de Chevreuse ou le Pays des Morins pour aller vers l'inconnu. Et comme j'ai l'intention de raconter un jour ce périple assez étonnant d'une richesse historique incroyable souvent formatée par la révolte, je vais me contenter de ce résumé pour éclairer ma bienveillante solitude.

N'en déplaisent à tous ces ministres de la République bourgeoise qui ne le prennent jamais craignant de froisser leurs jaquettes et de perdre leurs hauts de forme, c'est bien le maillage ferroviaire extraordinaire (essentiellement le RER ) qui m'a permis de réaliser ce vieux rêve que j'ai toujours eu en tête depuis ma montée à la capitale.

Pour les amateurs de chiffres, ce parcours essentiellement balisé par les GR®(1, 11, 12, 13, 14, la Ceinture verte de l'IDF) représentait 1106 kilomètres à pied réalisés en 40 étapes soit une moyenne de 27,65 kilomètres sur une année à moitié travaillée.

Certains harmonistes proches en lisant ce bilan, se demanderont si je n'ai pas changé de crémerie ?

Que nenni pour reprendre une expression culte de Gotlib, les 1106 kilomètres marchés ne furent que du bonheur puisque je pouvais marcher dans mon projet même si je n'ai pu le terminer puisque madame a été mutée en Province pour la rentrée de septembre 2018.

Lors de la cinquième étape valdoisienne, je constatais que l'Oise était sortie de son lit dans la boucle de Cergy. Cet inattendu ne m'a pas empêché de me "jeter à l'eau" lors de cette longue balade imposée par les circonstances.

Illustration 5

La balade tracée autour de Cergy avait fini par atteindre la barre des 38 kilomètres dont quatre kilomètres les pieds dans l'eau au bord de la rivière. C'est ainsi qu'après Neuville-sous Oise où j'avais enfin rejoint la terre ferme, mes pompes se mirent à flicflocter en rythme jusqu'à la gare d'Eragny, terme de l'étape.

J'avais l'intention de compléter ce tour en divagant le long de 5 "diverticules" choisis par département francilien, Paris compris ! Mais ce n'est que partie remise puisqu'il suffit d'imaginer un bref retour en Francilie pour terminer cette belle histoire, si les nouveaux Caligula qui infestent le monde nous le permettent.

Ces Caligula autrefois mis en lumière par Camus, on en rencontre à tous les coins de frontières de ce monde à la dérive, en folie, monstrueux.

Et pourtant si la vie n’a pas de sens en soi, elle n’en a pas moins de la valeur !

Malgré cet axiome, certains voient des Caligula acceptables alors que d’autres les trouvent détestables ! Je n’ai jamais fait de différence car un Caligula reste un Caligula quel que soit le camp dans lequel il opère.

Lorsque j'étais jeune (il y a fort longtemps) je me suis souvent opposé à ces penseurs assermentés du mensonge qui polissaient leur Caligula imaginé. Eux savaient, moi je n'étais que l’ignorant classique, le jeune intoxiqué par le discours dominant.

Mais à l'époque, je n'avais pas osé leur dire qu'ils pipotaient pour satisfaire une certaine tranquillité d'esprit dévoyée. Et si Reclus, (toujours pour faire plaisir à Jean Louis), a dit que le savant du jour est l’ignorant du lendemain, aujourd'hui, j’ai parfois l’impression que le savant d’hier est l’ignorant d’aujourd’hui !

Alors pour soigner cette lézarde, la lecture de Laurie Lee est à mon sens un antidote au mal absolu que l'on se doit d'accompagner d'une marche réparatrice ! Ajoutez-y les corrections toujours d'actualité de mes chers acéristes, Nico, Jordi et Jean-Pierre, et le bon cap historique est maintenu !

Lors de mon dernier périple chez les petits-créolisés, au retour je me suis arrêté à Brive pour saluer mon vieux camarade Jean Pierre.

Là, il m'a fait découvrir sa nouvelle librairie, La Baignoire d'Archimède avant de m'emmener dans un petit restaurant à la nostalgie retrouvée. Et c'est ainsi que grâce à ce double miracle, l'ordinaire s'est métamorphosé en aventure à la Laurie Lee !

Ce bref retour dans un passé proche m'a ainsi permis de saluer tous les participants à ces éphémères de plaisir partagé. Je ne marche pas toujours en solitaire car comme on me l'ont appris mes chers disparus, il faut savoir diviser les parts fugaces de bonheur.

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