Cette série de tours et de détours de la Conscience, estampillée " Livres, Randonnées en Liberté " débutée avec une "Anecdotes " limousine, allait se terminer comme il se doit par un feu d'artifice culturel du côté de Naves.
Avant d'effectuer ce court voyage régional Haute-Vienne-Corrèze, j'avais relu Comme si nous étions déjà libres de David Graeber pour me repasser ce film personnel qui avait marqué les années 1995 et 1996 !
Comme d'hab' (et ça continue encore et toujours aujourd'hui et demain), le célèbre duo Chibienréac y El Fakir del Plumaçon avait décidé de flinguer l'héritage des Jours Heureux.
Et comme le bruit et l'odeur les avait toujours incommodés, on avait décidé de les "emmerder " en organisant des charivaris monstres dans la rue et des merguez-party près des braseros des piquets de grève ! Et ils avaient fini par craquer.
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J'avais enfin eu le temps d'aller explorer la boutique du bouquiniste du marché aux Puces à la porte Saint-Ouen. Et malgré mes égarements habituels dans le tortueux labyrinthe, j'avais fini par tomber dessus. Bonne pioche car comme je ne cherchais rien, j'avais fini par trouver. Du lourd, du très très lourd :
- Émile Pouget en Père peinard lorsqu'il était anarchiste !
- Pierre Daix et ses mémoires.
- Et cerise sur le gâteau, le livre de François Maspero : Les Passagers du Roissy-Express
La phase 1 du bonheur ayant été atteinte, j'avais arrêté mes recherches. J'avais payé avant de charger ces trésors dans mon éternel compagnon d’aventure, le sac à dos !
Comme j'étais heureux, avant d’arriver au Carrefour Pleyel, je m'étais arrêté dans un petit restaurant à l'ancienne qui ne payait pas de mine. Là-aussi, je m'étais régalé.
Impeccable avant d'entamer ma longue traversée qui me rappelait tout d'abord cette catastrophe humanitaire qui s'était déroulée à la porte de Paris à Saint-Denis ! Là, j'avais revu les images de la honte de notre seconde affaire.
Nous avions été soutenir ces Sans-papiers en lutte qui bravaient les oukases du Fakir du Plumaçon toujours premier ministre malgré sa déculottée de l'année précédente ! Ces jeunes gens nous avaient racontés comment les marchands de sommeil et les capitalistes peu regardants se goinfraient en exploitant leur situation catastrophique ! Et pour essayer de s'en sortir, comme ils voulaient des papiers, ils avaient entamé une grève de la faim.
Dur, dur car le Fakir s'était fait une spécialité de la chasse aux Sans-papiers, il avait déjà avait envoyé les Ilotes Casqués de la République les déloger de cette Borne de Sauveté moderne qu'était devenue l’église de Saint Bernard en 1996 !
Et l'arrogant montois qui a toujours méprisé ceux qui n'appartiennent pas à cette classe de la mesquinerie étriquée bourgeoise, reste un éternel prestidigitateur de la politique puisqu'il continue de sévir à 76 ans ; il a juste changé de bottes depuis qu'il chausse à présent des bottes de sept lieues pour pénétrer dans un palais royal !
Et comme le chantait le Célèbre d'Astaffort, ça continue encore et encore !
S'attaquer à des Sans-papiers, j'ai toujours trouvé ça répugnant ! Hier comme aujourd'hui ! Et les troubadours actuels de la haine raciale ont oublié qu'ils ne sont que de simples produits d'une migration ! Je déteste ces minables qui surfent sur la misère humanitaire, je n'ai pas oublié que ma toute famille n'avait pas de papiers en 1936 pour entrer dans ce pays dit des Lumières qui continuent de s'éteindre depuis que ces loulous ont décidé de privatiser le bien commun ! Et tous ces assoiffés de l'eau de Vichy (pour plagier Jean Ferrat), ne sont qu'une ribambelle d'apprentis sorciers qui essayent de ressembler nationalement au peintre raté à la moustache ridicule ou au goret galicien !
La traversée Saint-Denis-La Courneuve achevée, je longeais à présent Le Parc départemental Georges Valbon. Je m’y suis perdu plus d’une fois dans cette respiration paysagère que je connais pourtant comme ma poche. Il m’est même arrivé d’errer comme un loup ou un renard cherchant une belette et ce jour-là, je n’ai dû ma délivrance qu’à un trou bienvenu dans le grillage qui m’a renvoyé vers une cité de Dugny !
Lorsqu’on sort du parc de la Courneuve côté Dugny ou du Bourget, il reste environ une bonne quinzaine de kilomètres avec trois traversées de parcs départementaux au programme. Celui de Jacques puis celui de Maurice qui précède immédiatement le magnifique parc du Sausset avant d’arriver à Villepinte. Merveilleuses balades que seuls les adeptes du paysage tape à l’œil ne savent pas apprécier ! Je l’ai déjà dit mais entre Gaston, ce héros sans emploi et Youri, ce héros russe espacé, j’ai toujours préféré celui de papier, il m’a toujours fait rêver. Car aller faire de l’expression corporelle dans une capsule spatiale, il y a que des hommes pour avoir des idées aussi saugrenues !
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Je l'ai même traversé en tant que monteur de stand de l'ACER lors de la Fête de l’Huma de 2017 au milieu de ce trio des historiques de l'ACER, Jean Paul, Nico et Claude.
Quatre plus tard, alors que roulais en direction de Tulle retrouver Liliane, Jordi et Jean Pierre, acériste discret mais fort célèbre lorsqu'il redevient le Lider Maximo de la Txapela Taldea, Nico m'appelait pour me dire que cette belle équipe exposait au même moment à Gennevilliers les livres de l'histoire méconnue de l'Espagne républicaine !
Le cercle d’Anciens Communistes Disparus Convaincus (ACDC) enfin réuni, nous pouvions débuter notre réunion clandestine !
Pour les réformistes ou les sociaux-démocrates, il faut savoir que lorsque tu possèdes une histoire révolutionnaire, la clandestinité est une obligation car la trahison est le propre du révolutionnaire ou du politique !
Pour illustrer ce point, j’emprunte à l’immense André Gorz cette réflexion :
« Nous avons tous commencé par être " trahis " ; ce n'est que très exceptionnellement que nous nous sommes sciemment et délibérément engagés comme nous nous trouvons l'être. La réalité venue à nos intentions " innocentes " nous a conduits à être ce que nous n'avions pas voulu. »
Je rappelle qu’André Gorz est autre chose que le nom d'une belle banale le long des berges de la Seine à Paris !
Et plus important à mes yeux, il ma appris que sa dynamique pensée gorzienne évolutive a largement dépassé l’immobilisme statique marxien.
Je ne rentre pas dans les détails de cette évolution de la pensée de Karlito car si tu n'as pas lu Das Kapital on ne peut comprendre ce point théorique capital !
Lors de la réunion clandestine. Jean Pierre, le corrézien, (Papa FFI, Tonton FTP) nous raconta le massacre des innocents dans la rue du docteur Valette, endroit où nous nous trouvions.
Tulle 9 juin 1944 !
Les nazis allemands avaient pendu au hasard des êtres humains aux balcons des habitations de Tulle ! Inconcevable, ignoble !
Et je dois ma guérison provisoire à la lecture d'Arendt ou de Jankélévitch qui avaient réussi à déjouer les pièges tentaculaires meurtriers tendus par cette France de la trahison et de la Collaboration, ne l'oublions pas.
Piège évité de justesse pour Hannah car les nazis étaient parfaitement secondés ou parfois devancés par les pétaino-pétainistes (et ça s'explique pour les rois de la bricole historique actuelle que sont ces fascistes ordinaires).
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Deux remarques concernant la division nazie Das Reich. Après le massacre, les SS quittent Tulle, pour le lendemain, reproduire une autre monstruosité avec le massacre d'Oradour-sur-Glane (10 juin 1944).
Le général commandant de ces fous-furieux fanatisés n’a jamais été extradé par l’Allemagne (Ex RFA), il est mort la conscience tranquille du travail de destruction humaine assurée ! Ça fait froid dans le dos !
La réunion clandestine achevée, nous avons pris la direction de Naves pour assister à la conférence que Jordi donnait sur l'engagement des volontaires des Brigades Internationales. Et j'ai bien failli manquer le début car comme à mon habitude, j’ai pris la mauvaise direction en partant du côté de Brive à la sortie de Tulle.
Lors de cette leçon d’histoire, Jordi m’a époustouflé. On pourrait penser que comme c’est devenu un ami, j’exagère son talent ! Eh bien non, c’est du lourd, du très lourd !
Comme c'est le temps du baston en histoire, il faut bien avouer que Jordi est un authentique historien. Il a fait des recherches, c'est un véritable spécialiste dans ce domaine. Il a fouillé les archives. Il a été même été sur le terrain en Espagne !
Oui, ce samedi, j’ai découvert un brillant historien Jordi Bertant-Puig, membre du bureau de l'ACER, qui n’avait plus rien à voir avec l'éternel contradicteur de nos randonnées valdoisiennes. Et je le surprenais dans un rôle que je ne lui connaissais pas !
Comme les conférenciers de talent, il parlait sans notes, multipliant les précisions mais aussi les détails dans tout le déroulement de la guerre d'Espagne à travers la belle histoire des Brigades internationales !
Une fois de plus, j'ai beaucoup appris sur ce conflit que j'ai longtemps ignoré.
Après avoir répondu aux diverses questions avec une dialectique soignée aux petits oignons, nous avons visité l’exposition à la Médiathèque de Naves.Conduits par Daniel Gutiez et Marie de Grâce Alves dans leur très beau local, cette visite était presque privée ! Avant de visiter la dernière salle qui allait nous réserver de sacrés surprises, j’ai repris la brève de La Montagne du 04/12/2021 :
" Naves La guerre d’Espagne expliquée
C'est devant une assemblée clairsemée que M. Bertrant-Puig a proposé une conférence magistrale sur la guerre d'Espagne, « plus qu'une guerre civile, une guerre annonciatrice de ce qu'il s'est passé quelques années plus tard. »
Les personnes qui ont raté la conférence peuvent toujours voir l'exposition sur les Brigades Internationales à la médiathèque de Naves, jusqu'au 28 janvier prochain."Alors avant de décrire ce dernier épisode qui a surpris Georges lorsqu’il a aperçu le drapeau du POUM qui précédait le drapeau républicain espagnol, je précise que ce n’est pas moi qui avait été l’accrocher.
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En revanche, comme Miguel Pedrola était un des fondateurs du POUM, j'ai donné une brève information sur le remarquable livre qu’Amada, la Présidente de l'Ateneo Republicano du Limousin, a écrit sur l’histoire bouleversante de son père qu’elle n’a pas connu !
Bien sûr, lorsque tu restes un adepte du communisme libertaire depuis ta jeunesse folle, le POUM, Georges Orwell, Hommage à la Catalogne tu connais ça par cœur.
Alors lorsque j’entends des " loulous " soi-disant éclairés débiter des âneries sur le longiligne Jo qui a pris une balle faf' en pleine gorge, je les invite à lire le livre de Simon Leys : Orwell ou l’horreur de la politique !
Moi, je ne perds plus de temps à discuter de l'irrationnel ou d'essayer de traiter le fameux déni historique, je " Leys tomber " !
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Je recommande les livres que j'ai entourés sur cette photo :
- Celui d’Amada qui permet de découvrir cette terrible histoire passionnelle de la guerre d’Espagne : Miquel Pedrola Une renaissance. (Bien sûr, j'ai fait un copier-coller de la photo pour l'intégrer à la sélection de la Médiathèque !)
- Celui de Remi Skoutelsky ! L'espoir guidait leurs pas
Je me souvenais l’avoir entendu en conférence à Eaubonne en compagnie de l’immense et merveilleuse Lise London ! Que du bonheur d’écouter la Mégère de la rue Daguerre nous raconter Le Printemps des camarades et de temps à autre laisser la parole à Rémi Skoutelsky qui, dans son livre, racontait l’engagement des volontaires français dans les Brigades internationales !
- Enfin le livre de Jean Serre qui nous sert aussi de guide en randonnée pour étudier les combats de septembre 1936 dans le Nord de l'Espagne jusqu’à la chute du Guipúzcoa ou Gipuzkoa ! Je l’ai encore vu dans la vitrine d’un bouquiniste à Bayonne une semaine avant de venir en Corrèze mais je ne m’attendais pas à le trouver ici-même à Naves !
Bravo Daniel et Marie pour ce travail car la médiathèque de Naves dispense aussi de la culture historique subtile !Mais je dois remercier tous ces découvreurs de ma propre ignorance sur cette Espagne républicaine dont j'avais à peine entendu parler :
- Les historiques de l’ACER et le libraire ambulant Nico
- Les deux clandestins de Tulle Jordi, JP