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Michel Ragon, est décédé le 14 février 2020
Fabienne, l'autre librairie de l'ACER m’informa que Jean-Luc Porquet avait écrit un super article sur sa disparition dans le Canard enchaîné. Je me suis empressé de l'acheter car j'aime lire les livred de Michel Ragon.
J'avais dévoré La mémoire des vaincus qui m'avait fait comprendre que je vivrais ad vitam æternam avec cette Mélancolie historique qui n’a jamais cessé de me quitter.
Puis dans la foulée, Tatave m'avait envoyé le Gustave Courbet de Michel Ragon.
Tatave est mon éternel compagnon de l'étude de la minorité différente car si nous sommes de vieux camarades comme dirait Roland, de ce syndicat vomi par tous ces voleurs historiques pourris, je dis bien pourris et j'assume mes dires car à Laval et Bousquet, j'ai toujours préféré Moulin et Croizat.
Et je ne les cite pas car je considère qu’il y a assez de médias du style radio Vichy pour chanter leurs louanges. Et tous ces collabos qui leur baisent leurs pieds malodorants, les prenant pour le bouillon Kub de Royaumont, l'ignoble Louis IX
Pour continuer de chasser ces apories idéologiques, j’ai poursuivi ma quête de l’impossible car comme dit Raphaël Confiant : « C'est nous les écrivains qui écrivons l'histoire des vaincus ».
Et je me suis toujours demandé si Michel Ragon n’avait pas été victime d'ostracisme dans la sphère intellectuelle pour l’avoir si bien raconté. De là à lui faire un procès en sorcellerie à cause de Makhno et des marins de Kronstadt, étant toujours personæ non gratæ dans le landerneau, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas.
Michel Ragon, bouquiniste sur les quais de la Seine, nous apporta du bonheur avec ces livres de l’au-delà qu’il me paraissait indispensable de faire un pied de nez à tous ces hurluberlus qui l’ont oublié.
Au fait, une étonnante info : Octave, Roland et moi-même sommes toujours à la CGT pour emmerder les pleutres amoureux des 40 voleurs et plus.
On poursuit avec Maurice Rajsfus
Cet éternel révolté est décédé le 13 juin 2020.
Or, Maurice Rajsfus et sa sœur Jenny avaient échappé aux rafles du 16 et 17 juillet 1942.
Si on aborde ensuite le parcours politique de Maurice Rajsfus, il est tellement complexe pour un non initié qu’il est préférable de lire sa fiche tirée du dictionnaire du mouvement ouvrier, le célèbre Maitron.
Il assumera tous ses combats à travers une longue déshérence politique classique de ces années de la complexité dite révolutionnaire : du parti communiste au PSU en passant par la mouvance trotskiste avec des accointances certaines avec les anarchistes !
Un sacré militant Maurice Rajsfus ! Et c’est en le lisant, que de mon côté je m’étais mis en marche depuis Paris sur les traces de l'ancien Vel d'Hiv jusqu'au camp de concentration ordinaire, Drancy.
On pourrait penser que je suis obsédé par cette histoire : la recherche des camps de transit avant ceux de la mort. Eh bien oui car l’histoire me passionne et quand je vois la gueule dégoulinant de haine de la Voleuse Impie et de son roquet, je ne comprends pas l'appétence actuelle des Français pour ces sinistres fachos.
Un matin que j'étais en avance à mon rendez-vous, je les ai entendus s’exprimer dans ma voiture à Nanterre à côté de leur bunker. Ça fait peur ! On ne se rend pas compte de la dangerosité de ces loulous.
Et je n’oublie pas qu’à 21 ans, je suis entré dans une chambre à gaz avec Jean-Mi dans le camp de concentration du Struthof Natzweiler alors ces néo-fascistes à la mode ne peuvent passionner que des ignorants qui répètent leurs stupidités en ajoutant mais ce n’est pas pareil. Mais oui c'est la même chose : l’exclusion de la différence puis l’élimination eugéniste et puis la guerre
Si on comprend pas le rapport il suffit de lire ou relire le livre d’Olivier Giez La Disparition de Josef Mengele. Oui, Jean-Pierre, ça a bien existé, je l’ai constaté et je reste persuadé qu’on trouvera un barge pour remettre le couvert.
Lorsque j’en avais fini avec le tour de l’ancien camp de concentration, je m’étais simplement demandé comment on pouvait vivre à l'intérieur d'un tel endroit dont les murs suintaient la misère humaine, le crime à venir lors de l’étape suivante, la déportation !
Aberrant à mon sens d’avoir converti un site historique comme un camp de concentration en habitations !
J’avais un peu de mal à comprendre mais j’avais fini mon périple mémoriel devant l’ancienne gare de Bobigny qui était comme celle du Bourget, une gare de transit des camps de concentration vers les camps d'extermination !
La gare de Bobigny fut le lieu de départ de 21 convois pour Auschwitz-Birkenau et la gare du Bourget de 42 convois toujours pour la destination finale du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.
Pour conclure, on peut dire que non seulement la peste brune n'a pas été éradiquée mais qu’elle continue de se propager avec ce parti bien français authentiquement fasciste qui drape sa tromperie derrière un masque de respectabilité républicaine !
Un rapide détour avec Hannah Arendt
car elle savait de quoi elle parlait puisqu’elle avait été une brève pensionnaire du camp de Gurs.
Lors de la rencontre du 28 octobre 1964 avec le journaliste Günter Gaus, Hannah Arendt avait répondu à la fameuse question sur la polémique qu’avait déclenché son fameux livre Eichmann à Jérusalem :
« (…) Mais je pensais réellement qu’Eichmann était est un bouffon. Laissez-moi vous dire ceci : j'ai lu les minutes de l'enquête de police à son sujet, trois mille six cents pages, je les ai lues très attentivement et je ne sais pas combien de fois j’ai ri - j'ai éclaté de rire ! Les gens ont très mal pris cette réaction. Je n'y peux rien. Mais je sais une chose : trois minutes avant une mort certaine, je serai sûrement encore en train de rire.»
Il s'agissait juste d'essayer de comprendre comment un personnage aussi falot qu’ Eichmann a pu devenir un criminel monstrueux.
A partir de la lecture de l’œuvre d’Hannah Arendt, j'ai appelé ce phénomène : le syndrome Eichmann.
Lors des rafles des 16 et 17 juillet 1942, les policiers français ont tous été touchés par ce syndrome qui consiste à obéir sans jamais se poser de questions !
Par ailleurs, je me suis demandé si ce syndrome pouvait atteindre chacun d’entre nous, même l'individu le plus censé, le plus politisé, le plus révolté ?
Alors est-ce juste une évidence ou une vue de l’esprit ? Tout ce que l’histoire nous apprend, c’est que tout dictateur quel que soit son charisme ou son magnétisme sur les foules ne pourra jamais se la jouer solo s'il veut diriger une armée zorglubéenne ! Et il me semble que tant que l'on ne traitera pas ce point central de delirium fasciste, le Zorglub d'hier retrouvera un nouvel uniforme pour incarner le Zorglub de demain.
Et Vladimir Jankélévitch pour conclure !
Son livre L'imprescriptible – Pardonner - Dans l'honneur et la dignité aurait pu servir de conclusion mais avant je vais reproduire ce que j'avais surligné à l'époque dans son livre. Lorsque Vladimir Jankélévitch évoque l'extermination des juifs, voilà ce qu’il explique à propos d’Hitler sachant que le dictateur nazi avait depuis longtemps dit ce qu’il allait faire :
« Il s’en est expliqué longuement avec ce mélange inimitable de pédantisme métaphysique et de sadisme qui est une spécialité allemande. Le ton doctoral du racisme germanique fait penser à la fois aux communiqués de la Wehrmacht et au galimatias de M. Heidegger, et l’on sait qu’il est devenu aujourd’hui l’un des signes de la profondeur philosophique. Théoriciens et praticiens de l’atrocité scientifique, ils sont les uns et les autres aussi méticuleux que sanguinaires aussi bavards que féroces. L’extermination des juifs [...] a été doctrinalement fondée, philosophiquement expliquée, méthodiquement préparée par les doctrinaires les plus pédants qui aient jamais existé ; elle répond à une intention exterminatrice délibérément et longuement murie ;
[...] Après avoir mis un coup de canif à la filiation philosophique doctrinaire allemande qui, dit-il, portait l'empreinte de Nietzsche et dans laquelle s'était reconnu Heidegger, le Résistant Jankélévitch conclue :
« Qu’un peuple débonnaire ait pu devenir un peuple de chiens enragés, voilà un sujet inépuisable de perplexité et de stupéfaction. On nous reprochera de comparer ces malfaiteurs à des chiens ? Je l’avoue en effet : la comparaison est injurieuse pour les chiens. Les chiens n'auraient pas inventé les fours crématoires, ni penser à faire des piqûres de phénol dans le chœur des petits-enfants
Alors comment expliquer cette dégradation catastrophique actuelle ? Comme je n'en ai aucune idée, je me suis juste contenté de relater ces points pour essayer d'y voir plus clair.
Fin du premier épisode.