Marc Etxeberria Lanz
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Billet de blog 22 nov. 2022

Marc Etxeberria Lanz
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Le sac à dos était en effet chargé d'un lourd passé oublié

La découverte de ces photos dans un coin d'une bibliothèque du sanctuaire de Cameleyre a inspiré des balades Reclusiennes d'une troisième dimension que le hasard allait conceptualiser avec l'aide de Nico et de Roland.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Commençons par saluer la perspicacité de ma grande-sœur, Fafou, qui avait eu la présence d'esprit de classer toutes les photos à la mort de nos parents.

C'est en cherchant un livre que je suis tombé par hasard (encore) sur une documentation parfaitement classée par celle qui est devenue aujourd'hui une solide historienne même s'il en s'en défend !  

Illustration 1

Alors que fallait-il faire de ces inattendus oubliés-retrouvés ? Mener une enquête certes, mais par où commencer ?

Le plus simple était de fouiller les lieux accessibles dans un périmètre ciblé avant d'imaginer un jour poursuivre les investigations en Ardèche. Quant à la Martinique, c'était plus que compliqué à l'époque car l'île ne se trouve pas à portée de randonnée !

Mais comme j'avais fini par me passionner par ces silences familiaux, je me suis décidé à écrire l'histoire de ces deux drames : la guerre d'Espagne de 1936 et l'éruption monstrueuse de la Montagne Pelée en 1902  à partir de ces documents et d'autres que ma mère avait conservés.  

Ce qui est amusant de noter c'est l'intervention toute récente de Roland, un de mes Maîtres à penser la société autrement qui venait de m'expliquer les raisons de ce besoin d'écrire ces histoires familiales.

Il a commencé par me dire que chaque individu porte sur ses épaules un sac à dos plus ou moins chargé qui l'accompagne toute sa vie. 

Et lorsque je lui ai dit que le mien avait toujours été vide puisque j'avais eu une enfance heureuse dans cette famille de prolétaires cégétistes émancipés.

Et là, il m'a claqué cette réplique sans concessions :

Tu parles, il était bien chargé et ne dis pas le contraire sinon tu n'aurais jamais écrit ces livres. "

J'ajoute simplement que si le hasard ne m'avait pas mis en contact avec le halo historique de la " comète éclairante " Nico, je pense que je n'aurai jamais commenté la photo prise à Irun en 1936 à quelques mois du début de la Guerre d'Espagne. 

Illustration 2

Par la suite, Nico allait déclencher un processus mémoriel assez étonnant car ce fouineur de l'intelligence historique était tombé sur ce livre :

Un maquis de républicains espagnols en  Cévennes - Espagnols rouges d'Hervé Mauran.

Ce fut le début de l'aventure puisqu'en page 32, on pouvait lire :

« le cantonnement est établi en retrait de la petite ville, aux usines du Moulinet … »

Je rappelle que c'est en lisant ce livre que j'ai enfin compris ce lien invisible car jamais révélé en famille entre le Irun de 1936 et Largentière toujours en 1936.

Après avoir chargé d'autres sacs à dos, en compagnie de Jean-Mi puis de Xebo, d'Éric mais aussi de Thierry puisque l'enquête se poursuit encore aujourd'hui, nous sommes partis à la recherche des traces de l’agression fasciste de 1936 en Euskadi (appellation actuelle)  !

Illustration 3

Ces randonnées dans la montagne basque ont permis d'imaginer l'impossible et magnifique résistance des jeunes miliciens restés fidèles à la République espagnole, de septembre 1936 en Euzkadi à la chute de Bilbao en juin 1937 !

Puis de traverser les champs de bataille parfois balisés par du mémoriel, qui rappellent les crimes de ces minables généraux espagnols fascistes entre septembre 1936 en Gipuzkoa jusqu’à la chute de Bilbao en juin 1937.  

Formidable résistance parfois ignorée encore aujourd’hui.

Je pense à l’oubli systématique du bataillon Isaac Puente de la CNT qui appartenait à l’Eusko Gudarostea (écriture de 1936).

7 bataillons de la CNT figuraient parmi les 79 bataillons de l'Armée basque !

Pour mes camarades historiens, j’ai mis un extrait du Dictionnaire des Militants anarchistes car Marcelino Bilbao Bilbao fut un des lieutenants du bataillon Isaac Puente. Et oui des basques anarchistes ça existait à l'époque ! 

Voici la fiche (Article mis en ligne le 27 février 2013 - Dernière modification le 1er mars 2014) de Marcelino Bilbao Bilbao 

" CNT - Bilbao (Euskadi) - Né le 16 janvier 1919 à Alonsotegi (Biscaye) - mort le 1er février 2014 - Chatellerault (Vienne)

Dès le début du coup d’état franquiste de juillet 1936, Marcelino Bilbao Bilbao s’était enrôlé dans le bataillon confédéral Isaac Puente.

Après avoir combattu en Bizcaye puis aux Asturies (Gijon), il parvint à s’embarquer pour la France lors de la chute du front nord à l’automne 1937, avant de regagner la Catalogne et de poursuivre la lutte notamment sur l’Ebre.

Passé en France lors de la Retirada, il fut interné dans divers camps et fut sans doute enrôlé dans une Compagnie de travailleurs étrangers pour aller travailler aux fortifications de la ligne Maginot.

Fait prisonnier lors de la percée allemande de l’été 1940, il fut ensuite déporté au camp de concentration de Mauthausen où il fit parti des prisonniers sur lesquels les nazis firent des expériences médicales : il fut l’un des 7 survivants, sur une trentaine, à des injections de benzène près du cœur effectuées par les médecins SS.

Après la libération du camp en 1945 il fut rapatrié en France où il s’installa à Châtellerault (Vienne). " 

Après ces premières découvertes d'une histoire ignorée, Nico a organisé tous les stages d’immersion dans le passé de l'Espagne républicaine, avec à ses côtés, Camillo Carrara, le Professeur de Psychothérapie institutionnelle et Jordi Bertan-Puig, Professeur Honoris Causa de l’Université Spatiale Reclusienne dont nous reparlerons dans le dernier billet consacré à cette histoire. 

Illustration 4

Le minutieux travail de recherches s'est traduit sur le terrain par de formidables randonnées dans les Landes, en Euzkadi, dans les Hautes-Pyrénées. 

Quant à l'Ardèche, j'ai pu reconstituer l'histoire de mes grands-parents grâce aux Archives Départementales de l’Ardèche qui m’avaient envoyé les copies de leurs cartes de réfugiés.

Après avoir végété dans le fameux camp de regroupement de l'usine de moulinage désaffectée de Largentière, ils ont habité " Rue de la Halle à Largentière ".

La suite de l'aventure s'est révélée lors de l'avènement de la créolisation de la randonnée, phénomène naturel qu'instaura Alain, le beau-frère de Fredo. La créolisation a vu le jour en Francilie avec ces différents groupes qui n'en étaient pas, les Imprévus, les Harmonistes avant de se délocaliser au pays de celui qui l'a conceptualisée Édouard Glissant.

Illustration 5
Pascal, Mikel et Alain célèbrent la créolisation active avec ce décollage matinal sur les falaises du Vexin

Et en 2014, 10 ans après le lancement des recherches ciblées sur la photo prise en 1902 ou 1903, les premières reconnaissances de la Martinique ont été effectuées grâce à Fredo, le guide-pays (logique c'est le grand-père-pays !) et à Alain qui avait eu la gentillesse de m'accueillir dans son groupe de randonneurs  !

Et avant de ranger le sac à dos, à présent vide, je laisse la parole à Gisèle et à Tatave pour montrer combien la remarque de Roland était pertinente !

Gisèle

" Marc,
Ce petit mot juste pour te dire que j'ai lu le Marin gascon et la Pelée. Il est bien, il se lit facilement, mais j'ai quand même préféré les 2 premiers."

Merci à toi Gisèle pour ce clin d'œil ! Et comme Roland et Jean-Mi m'ont dit la même chose à quelques virgules près, ces réactions sont tout a fait naturelles car je m'étais fixé un cadre précise lorsque j'ai dessiné le personnage de François Laruna.  

Tatave

" Je trouve ta philosophie de plus en plus harmonieuse. Élisée Reclus serait fier de toi. Je constate que tu es en train de créer un nouveau courant à la fois harmoniste, anarchiste, libertaire tout en faisant preuve de collectivisme. Je n'ai pas eu le temps de méditer sur tous ces problèmes, je reste sur mes principes marxistes. Je pense que tu pourras puiser certaines idées pour ton prochain essai sur la randonnée harmoniste. " 

Merci Tatave pour ces enseignements, toi qui m'a fait connaître Kropotkine ou Sylvain Maréchal, ce babouviste méconnu de le Révolution française et tant d'autres auteurs différents ! 

Fin de la première partie car dans le suivant, je tenais à remercier tous les acteurs qui m'ont aidé directement ou indirectement à traverser cette formidable aventure de l'inattendu ! 

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