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Toujours harmoniste reclusien et rabelaisien au 1 janvier 2025 !

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Billet de blog 24 mai 2024

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Tyrosse était aussi le pays des Francas

Cette vieille histoire m'est revenue lors de notre séjour en Baie de Somme. Ce soir-là, j'ai interrogé tous les randonneurs du groupe des Imprévus par curiosité pour savoir s'ils connaissaient les Francas de nos centres de Loisirs d'antan

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mis à part Hervé les Beaux Yeux qui avait son Bafa, visiblement tout la belle équipe des Imprévus ignorait l'essence et la nature de cette association spécialisée dans l’éducation de l'intelligence laïque qui avait tant estampillé la petite cité ouvrière : les Francas .

Illustration 1

J’ai donc décidé de raconter cet épisode en traversant cette énigmatique concentration de subtilité éducative comme toujours, en randonnée. 

Jean Claude Sescousse fut le premier magistrat de Tyrosse de 1989 à 2003. Mais avant cet illustre personnage s'était mué en un célèbre Coco malgré ses ascendances socialistes à l'époque de ma participation à cette aventure.    

Mes maîtres à penser le Franca courant (franc et franche camarade) furent Coco, Serge, Bruno et épisodiquement Maurice Testemale lorsque je jouais à l'extérieur comme à Soustons par exemple. 

Je ne cite pas volontairement ma sœur Fafou pour éviter les conflits d'intérêt ou de favoritisme !

Pour une fois, nous allons évoluer le long d'un parcours tyrossais classique que j'ai appelé la Francade ambulante en revisitant ces lieux qui ont tant marqué cette histoire, et surtout mon histoire.

Comme la randonnée débutait au cimetière, je traversais la longue ligne droite pour m'arrêter devant le premier site qui concernait les Francas, à savoir le collège qui porte le nom du plus célèbre d'entre eux,  Jean-Claude Sescousse !

Mais laissons de côté le Principal adjoint ou le prof pour nous intéresser qu'au fantastique Franca Coco !

Avant de commencer à raconter cette histoire, pour ne pas me répéter, j'ai consulté le Bulletin de l’Association Mémoire en Marensin N° 32 de 2021 car j'avais déjà écrit sur ce sacré personnage au tout début de ma traditionnelle dérive tyrossaise sur les traces de l'ancienne voie ferrée du Matte-cul de Tyrosse à Léon !  

Je rappelle que Jean Jacques Taillentou est le Président de cette belle association et que Fafou, ma grande soeur n'est autre que la Secrétaire ; rien que ça ! Et  j'ignore si Nicole, elle-aussi Franca Lot-et-garonnaise, appartient elle-aussi à ce brillant staff technique ! 

Pour revenir à Coco, je dois reconnaitre que cet  immense éducateur de l'enfance m'a tout appris en matière d'animation imaginative d'un groupe. 

Comme il serait trop long de lister toute la longue trame de cet apprentissage, je vais me contenter de cette anecdote qui fut une simple injustice que je trouvais incroyable à l’époque et amusante aujourd'hui. Dans ma folle jeunesse, j’appartenais aux Jeunesses Communistes comme tout le sait. 

(Oui, je sais Jean Mi, je suis breugue mais je me soigne, enfin j'essaye !) 

Pour préparer la journée du lendemain, nous avions une réunion tous les soirs. C'était facile car nous mangions tous au Centre de Loisirs  et pour certains d'entre nous, dormions sur place car un local était réservé pour les monos qui venaient de différents endroits. J'adorais dormir au centre pour  pouvoir tchatcher jusque à pas d'heures.  

Or, un soir au tout début de réunion, Coco m'interpella sèchement pour ne pas dire violement : 

«  Marc, tu m'enlèveras cette affiche de la fête de l'Humanité ! Je te rappelle que les Francas sont apolitiques ! »

Les bras m'en étaient tombés car si j’avais aperçu l'affiche, j’étais loin de me douter qu'elle avait un rapport quelconque avec mon engagement aux Jeunesses Communistes. Elle était jolie et c'est tout ! J’eus beau expliquer au vieux Coco que le jeune coco n’y était pour rien, il ne m’a jamais cru. Je connais l'auteur de cet acte terroriste et il était loin d'être communiste, et je ne l'ai jamais dénoncé 🙂 !  

Illustration 2

Toujours dans la rubrique " rions un peu " lorsque j’étais aux JC, je devais  vendre des billets de loterie pour la Fête des Pins qui se déroule chaque année à Tarnos (c'est une fête locale de l'Humanité).

C'était l'été, deux séjours comme mono à Tyrosse, c'était le moment idéal pour les placer.

Hélas, personne n'en voulait et comme j'ai toujours été un piètre vendeur, j'ai acheté 4 carnets de loterie sur les 5 que la section locale du PCF m'avait octroyés. Et cette année là, j'ai gagné le gros lot : une télévision.

Comme nous n'en avions pas à la maison, c'est Fafou qui a été contente, ce média ne m'ayant jamais passionné. 

Bref, j'ai retrouvé cette photo dans le journal communiste landais Les Landes Républicaines aux Archives Départementales des Landes grâce à mon camarade CGT, Jojo qui continue toutes les semaines à produire un article de qualité (respect !) dans ce canard auquel je suis abonné depuis mon coup de bol tarnosien. 

Illustration 3

Mais laissons-là nos drôles de Cocos, le Socialiste (oxymore en politique depuis le Congrès de Tours en 1920) et l'Authentique, celui des Landes Républicaines, pour entrer dans le quartier de la Vieille Poste qui se situe derrière l'ancienne Nationale 10 en direction d'Hossegor.

En ce temps-là, ce fut un véritable Ghetto Franca car au hasard d'une balade on pouvait y rencontrer pas moins de 12 moniteurs et 5 directeurs !

Et encore, j'en ai peut-être oublié.  

Comme je ne peux pas écrire sur tous les participants, je n'en ai retenu que 3 !

Les heureux élus sont Serge, Bruno et ma sœur Fafou qui fut, elle-aussi, un acteur majeur (ou une actrice pour faire genre, elle est bien bonne !) de ce temple de l’intelligence diffusée à profusion.  

Sur la photo de l'affiche, Serge et Bruno sont placés sur la gauche de la bobine de notre mère qui fut elle-aussi une pièce majeure de cette aventure.

Non pas parce qu'elle était Franca mais bien parce qu'elle fut secrétaire CGT du Comité d'Entreprise de l'usine de chaussures Bellocq !

Je précise ce point, car par deux fois lors d'échanges informels avec des jeunes gens brillants ayant l'âge de nos enfants, ils ignoraient tous qui était Georges Séguy

Comme si toutes les avancées sociales nées à la Libération étaient tombées toutes crues. Donc, la CGT et les Francas sont à l'origine de la naissance du Centre de Loisirs de la Souque à Tyrosse.

Ok, la mairie de Tyrosse dirigée par Coco Secousse y est aussi pour quelque chose, ne l'oublions pas !

Quant à moi, l'important fut d'avoir croisé Serge et Bruno ou Bruno et Serge car les deux sont indissociables.

Illustration 4

Ils m'ont tout appris de l'art de la photographie de a jusqu'à z. De la prise de vue où seul l’œil du photographe compte jusqu'à la création de la photo révélée dans la chambre noire ! Et tout ce matériel spécifique était présent au Centre de Loisirs de la Souque.

Serge et Bruno avaient aussi du talent et ils savaient transmettre leur savoir (je me souviens encore de leurs photos en noir et blanc de la forêt landaise). Du grand art ! 

Pour mieux connaitre ces illustres personnages, faisons appel à l'ancienne correspondante de Sud-Ouest Chantal Larrère, car elle a écrit deux articles en 2014. Dans le second du mois d'août, Serge raconte son épopée :   

" Coco m’a embarqué moniteur, à 16-17 ans, se souvient Serge. À la fin du séjour, une équipe de vieux est venue nous offrir un pot. Ils devaient avoir la quarantaine. C’étaient les bénévoles, des gens d’une énorme disponibilité. Ils nous épataient, connaissaient tout et tout le monde. Parmi eux, Marcelle Etcheverria, une figure militante tyrossaise. Marcelle travaillait à l’usine de chaussures Bellocq, où elle était responsable du comité d’entreprise, poursuit Serge. Elle a été artisane de la création de l’association, en relation étroite avec ce comité

[...]  Coco Sescousse a ensuite assuré onze ans de présidence. Il la confie, en 1987, à Serge Vignolles, et prend alors le chemin de la mairie."

Dans le premier article qui date du 12 juillet 2014, Chantal Larrère décrivait la carrière d'enseignant de Bruno pour son départ en jubilación avant de conclure :

( Je ne dis plus retraite depuis que tous ces enfoirés du Fakir du Plumaçon à l'actuel Manu 49.3 ont décidé de nous spolier nos droits à grands coups de Francisque :   

«  On ne peut pas retracer la carrière de cet enseignant sans évoquer celle du militant de l’enfance qu’il fut une cinquantaine d’années durant au sein du mouvement des Francas (Francs et franches camarades). »

Bruno fut aussi notre maître de stage à Mourenx lors du troisième cycle du Bafa ou du brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur en français  ! Il nous avait même emmenés depuis Tyrosse, Le Tut, Philippe et ma pomme !   

  • Jacques dit Le Tut est un immense pétanqueur avec qui j’ai eu la chance de faire des concours dans ma jeunesse. Je rappelle que j'ai perdu la finale à Soustons car j'étais tout simplement bourré et je tanguais dans le cercle avant de pointer. Au tir, par chance aucun spectateur n'a pris une boule dans la tronche !  Et chaque fois que je le rencontre, il me raconte l'incident.       
  • Quant à  Philippe, avec qui nous avions crée un formidable sketch Le Nain, à faire pâlir nos amis dacquois car en ce temps-là nous ne pouvions pas encaisser ces rugbymen de paillette, originaires de la ville voisine honnie !,  aujourd'hui, il est devenu un dirigeant important de l’UST que je croise toujours avec plaisir du côté de la Fougère.
Illustration 5

De retour à la randonnée après avoir versé une larme sur ces inoubliables souvenirs, je me dirigeai à présent vers la Fontaine de la Souque et le Centre Aéré. Je suivais le balisage officiel qui avait remplacé les fameuse marques jaunes et blanches que mon père avait dispensées ça et là  sur le premier sentier de randonnée tyrossais. Puis j'avais traversé le Petit Bois avant de retrouver la fontaine de la Souque et de retrouver le Centre Aéré.

Illustration 6

Ici même comme aurait pu le dire Tardi, j'avais réalisé un sacré jeu de pistes pour tout le centre en m'inspirant du Petit Indien Atékaté Yumba cher à Coco.

J'avais simplement remplacé les Sioux Oglalas et autres Hunkpapas par des Cocosates et des Tarbelles. Et je me revoie à la fin du jeu arriver au centre de l’arène déguisé en Jules César, dressé sur destrier mécanique qui n’était autre qu’un solex ! 

J’avais les cheveux tout blancs grâce à un shampoing sec et je m’étais drapé dans une toge de drap blanc tout simplement. Pas un des gamins ne m’avait reconnu !

Illustration 7

Cette fois-ci je n’irai pas voir notre territoire sacré de Piougit pour aller directement à la voiture.

Dans la dernière traversée de ma ville natale, je pensais à ce qu’avait dit Serge lorsqu’il reconnaissait qu’il avait eu la chance de connaître ce sacré bonhomme, ce formidable Franca, Coco !

Moi aussi j'ai eu la chance de les croiser Coco, Serge et Bruno même si notre cohabitation ne fut pas toujours simple parce que j'étais un pauvre couillon de jeune moniteur intoxiqué par un marxisme à la petite semaine ou si l’on préfère de comptoir même si j’avais dévoré le Capital du philosophe prussien.

Or, plus tard, j’ai admis que l’harmonisme reclusien ne peut être gangrené par des scories totalitaires quelle que soit l'église qui les véhicule ou les enseigne.

Et il m’a fallu arriver à l'âge de 23 ans pour être légèrement moins con lorsque j'ai reçu en pleine tronche la leçon de Martine à Bordeaux qui m'avait dit que je n'étais qu'un jeune stalinien ignare qui racontait n'importe quoi. Et elle avait entièrement raison !

Aujourd'hui en traversant tous ces souvenirs, je fais régulièrement ce parcours transcendantal tel un taoïste reclusien ! Amen car je ne sais pas le dire en chinois  ! 

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