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Billet de blog 24 septembre 2025

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La rencontre avec l’Autre déconstruit les certitudes dogmatiques

Après la découverte de l'indicible horreur d'un camp d’extermination nazi en France (à l’âge de 20 ans, merci Jean Mi), j'avais décidé de chercher des pistes libératrices de la pensée. J'ai réellement débuté mes recherches en septembre 1978, elles viennent de s'achever dimanche dernier lors de la fête gasconne à Lit et Mixe.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tout débute à Morteau (25) mais pour ne pas jouer les vieilles breugasses, j'explique :

Jean Mi, ce fabuleux montagnard doubiste, avait patiemment reconstitué le passé de Résistant de son père, Robert né le 9 octobre 1927 et décédé le 5 avril 2020.  Il a ensuite confié le dossier complet au Souvenir Français

Et comme il venait de m'envoyer la copie de l'article paru dans l'Est Républicain, tous les souvenirs mortuassiens me sont revenus car c'est dans le Doubs que mes certitudes historiques, politiques et philosophiques ont commencé à s'incurver ! 

Illustration 1

On trouve cet article sur le net, source : L'Est Républicain - 22 août 2025 à 20:29

" Le comité local du Souvenir français a récemment reçu les précieuses archives de Robert Samson, ancien résistant FFI engagé à 17 ans. Remises par son fils, ces pièces — récits d’opérations, témoignages et photographies — éclairent d’un jour nouveau les actions de la Résistance locale, avant leur transfert au musée de la Résistance à Besançon."

Chaque fois que j'allais à Morteau chez Thérèse et Robert, ce dernier qui était un camarade CGT XXL  me demandait : " Alors Marc, toujours marxiste-léniniste d'obédience trotskyste ? " C'est ainsi que je m'étais présenté lors de ma première visite.

Et à la mort de mon père, Thérèse et Robert avaient fait le déplacement ( le voyage en voiture Morteau-Tyrosse, une paille !). Après la cérémonie, Robert me posa la fameuse question et il fut tout étonné d'entendre : " C'est fini Robert, le marxiste-léniniste d'obédience trotskyste est devenu anarcho-syndicaliste CGT branche amiénoise de 1906 ! "

Il s'amusa de ma récente conversion l'accompagnant d'un rire tonitruant dont il avait le secret. 

Salut Thérèse, Robert et mes formidables cégétistes éducateurs, Marcelle et Felix. Oui, je reste persuadé qu'il existe encore des personnes dites ordinaires qui possèdent cette dimension humaine qui leur collait à la peau !

Illustration 2

Puis lors d’une randonnée avec Jean-Mi où nous étions parvenus sur le belvédère qui surplombe le Saut du Doubs, j'avais décidé de poursuivre mes éclairantes grâce à ces premières leçons qui m’avaient ouvert la voie royale du doute. 

Toutes les traversées suivantes allaient faire tomber une à une mes croyances dogmatiques. 

N'en déplaisent à Jordi et à Jean, le Mermoz des Imprévus dont la boss est toujours Agatha Remington, j'ai toujours eu confiance dans la Nature Humaine. Malgré la mise en esclavage du Bien-Meuble codifiée par  le versaillais dit Roi-Ténèbres, la boucherie 14-18, la chambre à gaz, le camp de travail des totalitarismes déjantés des patries dites des travailleurs heureux, la bombe atomique et les génocides passées et actuels qui massacrent à qui mieux-mieux la différence ! 

La merveilleuse journée passée encore hier à Lit et Mixe me prouve une nouvelle fois la justesse de cette perception de l'homme mais j'en reparlerai. Mais revenons à nos moutons sans les compter bien sûr pour ne pas s'endormir, sur les chemins de l'Utopie à la rencontre de l’Autre.

Illustration 3

Commençons par la découverte de la Bande dessinée qui eut lieu à Seignosse 

A la sortie de la cérémonie qui avait suivi la mort de notre mère, une dame m’avait discrètement demandé si je la reconnaissais ? 

Après m’avoir dit un petit mot, elle me salua avant de s’éloigner.

Or le père de cette dame, était le responsable FO de l’usine de chaussures Bellocq à Tyrosse. Et comme les deux leaders syndicaux Popette (FO) et ma mère (CGT), étaient restés en bons termes, voilà pourquoi nous avions été patauger dans la piscine de cette dame à Seignosse.

C’est ainsi que j’ai appris l'histoire de la Bande Dessinée grâce à Pierre qui était dans la même classe que moi en seconde au lycée. Il m’a donc initié à la BD qui était prohibée à Tyrosse car notre mère considérait que ce n’était pas de la littérature. Il m’avait ensuite fait découvrir Corto Maltese, avant de m’instruire sur la bande de Charlie Mensuel, les Gébé, Reiser, Cabu et compagnie.

Et cerise sur le gâteau, il me prêtait volontiers toute sa collection. Grâce à cette courte mais intense formation, je suis devenu un inconditionnel de cet art qui a toujours accompagné ma vie culturelle. Pierre qui avait sûrement été mal orienté car c’était un artiste perdu au milieu de cette classe de matheux, dessinait les batailles entre les armées motorisés de Rommel et de Montgomery au lieu de prendre en notes ces leçons d’histoire ! C’était impressionnant et il n’y avait que lui pour s’y retrouver. 

Illustration 4

Un grand merci Pierre pour cette initiation car par la suite j'ai de commencé à acheter tous les mois A Suivre, Circus et tant d’autres.

Oui avec mon argent de poche car j'étais déjà moniteur Franca l'été ! Et Hara Kiri avec l'argent de ma mère qu'elle me donnait mensuellement, d'où sa colère quand elle avait su d'où venait le financement car le Professeur Choron, et la mère Etcheu cela faisait deux !

Je me souviens de la fois où Hara Kiri avait déshabillé Dalida avant son spectacle à l'Olympia. Ma mère qui avait trouvé le journal m'avait demandé ulcérée : " Dis donc Marc, c'est avec mon argent que tu achètes ces saloperies ? ". J'avais dû changer de ligne budgétaire pour continuer à me cultiver n'en déplaisent à tous ces légalistes adeptes de la morale bourgeoise !     

Mais celui qui m’a fait basculer dans ce monde de la subtilité, ce fut bien sûr Gaston Lagaffe, et son génial créateur  André Franquin.

Puis vinrent Tardi, Blueberry de Gir, Astérix aussi, Lucky Luke de Morris. Et bien sûr  Goscinny et Gotlib  avec leurs Dingodossiers et tant d'autres. Aujourd'hui je continue à lire de la BD mais je choisis les albums  à la Médiathèque qui  en possède une sacrée collection toujours renouvelée.   

Enfin Nico me fit un dernier cadeau avec la rencontre avec Bruno Loth à la SCOP Envie de Lire à Ivry-sur-Seine 

Illustration 5

La découverte de sciences sociales à Bordeaux  

L’Economie Spatiale 

Je voulais juste raconter cette anecdote qui va à l'encontre de toutes les théories débiles d'apprentissage des premiers de Corday (comme Charlotte). Il s'agissait de mon examen passé dans la matière qu'enseignait un  célèbre professeur bordelais : Claude Lacour. (On trouve tout sur son parcours sur le net).

Pour commencer, il m’avait appris la relation naturelle entre un étudiant et un professeur comme l'imaginait Élisée Reclus que je ne connaissais pas à cette époque.

Claude Lacour était un grand spécialiste de l’économie urbaine et spatiale.

Il nous emmenait sur la terrain et on s’arrêtait parfois dans des échoppes où il nous invitait car il aimait bien trinquer avec nous, la région s’y prêtant !

Mais ce qui m’a le plus marqué, ce fût le jour de l’examen (bien sûr, j’avais bossé son cours sans soucis, j’adorais sa matière enseignée en économie). 

Il ne m’avait pas posé une seule question sur son sujet fétiche et nous avions simplement conversé sur l’environnement autour de Bayonne et du B.A.B car il savait que j’étais originaire de Tyrosse. Et  à la fin de la conversation, il me dit : " Marc, 15 sur 20, ça te convient ou tu as besoin de plus ? ", et je lui répondis : " Non 15, ça sera suffisant pour assurer. Merci Claude ! "

Cette étonnante histoire se déroula à Bordeaux lors de ma dernière année de licence en Sciences Economiques. Certes j'avais déjà ma licence au Club Bouliste Tyrossais mais celle-là me permettait de valider mon concours d’Inspecteur de la  Fonction Publique.

Grâce ce concours, d’étudiant le plus pauvre à Bayonne, j’étais devenu un étudiant riche puisque je touchais une paye de contrôleur.

Oui, je  fus un fonctionnaire chanceux et j’emmerde toutes les déçus du pétainisme qui ont critiqué cette institution.

Entre le collabo René Bousquet (opération Vent Printanier) et le Résistant Jean Moulin, j’ai toujours fait mon choix. 

Et je précise pour les éternels nostalgiques de cette période spécialisée dans la renaissance des Perdants radicaux (confère Hans Magnus Enzensberger) que des écrivains collabos jusqu'à plus soif comme Céline (Bagatelles pour un massacre) étaient plus Maréchal nous voilà que Résistance à ces tarés de nazis ! 

Et Jean Prévost, les buses actuelles néo-pétainistes, et leur chef la Voleuse Impie et son caniche facho, le connaissent-ils  ? 

Mais il ne faut pas que je fasse trop le malin, je n'ai découvert cet écrivain-résistant que depuis que j'ai lu le bouquin de Jérôme Garcin : Des mots et de actes !   

La découverte d’une autre science sociale non enseignée  

Toujours dans la rubrique des rencontres heureuses, Christian, un ancien de la Gauche Prolétarienne, m’emmena dans un bar-restaurant de la rue du Palais-Gallien à Bordeaux. Du patron jusqu’aux camarades qui bossaient au comptoir ou en cuisine, cela transpirait la différence. 

Et j’allais recevoir une mémorable leçon d’histoire donnée par Martine, une prof d’histoire pendant que Robert, (son compagnon Insoumis, il avait refusé d’aller en Algérie tuer des innocents !) me vendait Le Monde Libertaire.

Les cousines basquaises connaissaient ce lieu de la pertinence. Mes deux parents lorsqu'ils venus m'aider à déménager, étaient venus discuter avec tous ces Gauchistes. Et Jean, le patron du Tarbais leur avait confirmé que nous étions des petits gars bien sympas !

Mais venons-en aux faits. Un soir, Martine allait faire dévier ma rassurante trajectoire marxiste après une mémorable leçon d’histoire.

J’avais voulu faire le  malin en revendiquant mon appartenance au courant syndicaliste révolutionnaire de la CGT  (Charte d’Amiens 1906). 

(On vient de découvrir en ce mois d’août 2025, la maison natale du camarade Victor Griffuelhes à Nérac !).

Et à force de faire l’intéressant, je me suis fait démonter car Martine et Robert m’avaient traité de jeune stalinien ignorant la réalité des choses.

Mais cette leçon me fut salutaire car à compter de ce jour, j’ai su que les camps d'enfermement existaient, la Tcheka aussi, que le Parti se renforce en s’épurant.... Kronstadt, Astrakhan, Moscou et j’en passe comme la factice paix de Brest-Litovsk. 

Puis après avoir beaucoup lu de la propagande dans ma jeunesse, je découvrais l’histoire inconnue (Skirda, Ragon pour ne citer que les premiers), et enfin de la philosophie compréhensible (Arendt, Jankélévitch).

Et j’ai fini par admettre que l’idéologie primait sur l’histoire.

Illustration 6

Pour avancer dans ce nouveau monde inconnu, l'Utopie réalisable, j'ai eu quatre professeurs : 

Octave dit Tatave considéré comme un communiste ortho-doxa (humour arentdien) et cégétiste XXL  

Nico (guerre d’Espagne, Livres et BD, voir les billets précédents)

Le poète révolutionnaire Roland même s’il pense pas le contraire

Le Lider Maximo de la Txapela Taldea et la littérature !  

Anecdote : lors de l’hiver 95, j'ai eu la confirmation que que Roland était un Autre

Au tout début de l'affrontement entre la rue glacée et le Montois, le roi de ortolan et des emplois fictifs (grande spécialité de ces parvenus républicains d'hier et d'aujourd'hui), notre Tashunca-Witko (comme l'était le fantastique Lakota Oglala) de la Dimension Humaine, nous invita dans un café sans prétention à un petit déjeuner royal.

Un grand moment de la relation solidaire amicale que ne connaitront jamais ces parvenus " bourges " qui vivent au crochet de la Révolution française.  

Pour finir cette confession d’un pseudo-hérétique complétement intégré dans l’histoire du capitalisme triomphant en France malgré ses rêveries d’un promeneur accompagné, je rappelle juste le bonheur d’avoir épousé la cause du syndicalisme révolutionnaire CGT d’obédience amiénoise. 

Certes je n’ai fait que prolonger la tradition familiale puisque mes deux grands-parents français (les deux autres étant espagnols) appartenaient à la CGT mais je m’y suis toujours senti très bien et ce depuis plus de 47 ans !

Mais pour comprendre la différence, j'ai sollicité le hasard qui ne m'a jamais trahi.

Un jour, après une virée historique à Paris sur les traces d'un mauvais Vent Printanier, j'ai découvert la Promenade André Gorz le long des berges de la Seine.

Alors j'ai décidé d'étudier ces professeurs de la différence que furent Michel Winock, Pierre Rosanvallon, Simon Leys, Kenneth White, Edouard Glissant, Raphael Confiant et Patrick Chamoiseau découverts grâce à des copains qui balisaient discrètement ces voies de l'intelligence. 

Et puis j'ai fait la connaissance de Didier Motchane (+ 2017) grâce à Xavier, mon camarade de l'IHS-CGT des Landes.

Xavier donnait une conférence à la Librairie Caractères à Mont de Marsan pour présenter ce personnage. Et autant je connaissais son épouse, Dominique Cabrera que j'avais eu la chance d'entendre après la projection de son film Nadia et les Hippopotames, j'ignorais tout de Didier Motchane

Comme quoi, comme dit Élisée Reclus : " le savant du jour est l'ignorant du lendemain ".   

Illustration 7

Ce soir-là, à Mont de Marsan, il y avait aussi un ancien ministre que je n’avais pas reconnu. Il avait dit une chose qui m’avait marqué : " J’en veux beaucoup  aux anciens gauchistes de 1968 ! "

Et aujourd'hui, après avoir lu Simon Leys, je comprends mieux cette remarque qui portait sur les Maos de salon du boulevard Saint-Germain qui ont écrit à foison des âneries sur la Chine en particulier. Ils se disaient philosophes alors que ce n’étaient des ânes bâtés de la stupidité, qu'ils soient Castors Juniors ou Séniors avec les mains sales ou pas ! 

Et j’ajoute avec ce mépris de ces gens qui se croient sortis de la cuisse de Jupiter alors que ne sont que de pauvres hères qui ont besoin de l’assistance de descendants de  psychiatres révolutionnaires comme Tosquelles ou Fanon !    

Bref, avec ce dernier billet, je repars à Lit car je viens de vivre de sacrés moments que je me dois partager car il me semble qu’ils continuent  à détonner à contre-courant.

Et lorsqu'on écoute l’orchestre gascon et que l'on voit danser la camarade MH²  comme elle dansait, il y 48 ans au Centre de Loisirs La Souque à Tyrosse, on se dit qu'elle a trouvé sa voie et c'est tant mieux !

En rythme au son du crincrin comme du temps de Perlimpinpin Folk. (Je précise que ces danses folkloriques ne m'ont jamais passionné car le rythme et moi, ça fait deux.)    

Alors en conclusion, pour se faire plaisir, dans la poétique marchée en solitaire, inspirée par Michel Ragon, voilà ce qu’il en dit  :

 « La voie libertaire est un petit chemin caillouteux, montant, sablonneux, malaisé sur lequel ne s’engagent que quelques utopistes. En bas, dans la vallée, sur la route si large, s’engouffre la multitude, persuadée de son bon droit, de sa raison, de sa logique. »

Illustration 8

Kenneth White,  découvert grâce à Max Demau alors journaliste de la célèbre radio libre, Ici Ondres :

[…] Pourquoi écrire ? Pour ne pas devenir fou de cette ivresse blanche qui est le sang de l'écriture

Enfin  Albert Camus :

[…] Ne marche pas devant moi, je ne te suivrais peut-être pas. Ne marche pas derrière moi, je ne te guiderai peut-être pas. Marche à côté de moi et sois simplement mon ami

Voilà c’est fini et bien fini  ! J’ai écrit ces quelques lignes pour sanctifier la chance et le hasard qui m’ont permis tout au long du chemin parcouru de réaliser cet extraordinaire périple !

Donc, un grand merci à tous ceux qui m'ont accompagné le long de ce parcours du combattant  de la Liberté. Grâce à vous, j'ai découvert tous ces inconnus historiques.

A présent direction Lit et Mixe !    

Fin 

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