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Billet de blog 19 septembre 2017

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La République en Bern

Septembre 2017 : 225 ans après la naissance de la République, les symboles sont têtus. Retour sur quelques positions royalistes au plus haut niveau de l'Etat.

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Personnellement, j'ai toujours pensé, vécu et enseigné l'Histoire comme une école sans pareil de formation au sens critique. Avec rigueur.

Pas certain que ce soit dans l'air du temps macronien de "l'histotainment", au moment où le Président de notre République nomme Stéphane Bern chargé de mission pour le patrimoine historique (gratis pro deo...) Petits arrangements entre amis - pour qui l'histoire de la royauté tient une si grande place.

N'oublions pas qu' E.M., juste après sa déclaration de candidature à l'élection présidentielle, le 16 novembre dernier, est allé se recueillir sur les tombeaux des Rois de France à St Denis. Quelques semaines plus tard, le 11 décembre, il déclarait à TF1 que "le rôle des enseignants est de faire aimer notre pays."

Sans oublier, surtout, ce qu'il disait en juillet 2015, à propos de la royauté : "Dans la politique française, l'absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n'a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n'est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d'y placer d'autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l'espace. On le voit bien avec l'interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au coeur de la vie politique. Pourtant, ce qu'on attend du président de la République, c'est qu'il occupe cette fonction. Tout s'est construit sur ce malentendu."


C'est peu dire qu'à l'époque, ces déclarations m'avaient scandalisé à plus d'un titre. Par l'argumentaire et la prise de position ; par l'interprétation plus que douteuse de ce moment historique fondateur ; par la filiation sous-tendue (Napoléon - de Gaulle - et maintenant, Macron lui-même) ; par l'absence de référence à la République ; par l'insolence inique d'un Ministre à l'égard de son patron-parrain de l'époque... Mais pas seulement.

Car ces déclarations étaient l'écho exact des paroles du Comité royaliste qui en 1993, commémorait le bicentenaire de la mort de Louis Capet en prétendant que "depuis, les français cherchent un roi, sans le savoir", comme le disait alors Thierry Ardisson, très investi. Bern, lui, dans une récente émission sur Marie-Antoinette, fait tout pour réhabiliter celle qui voulait "faire égorger tout Paris" comme le chantait justement la Carmagnole, dans ces paroles en lien direct avec les menaces explicites du manifeste de Brunswick. 

Le 22 septembre 2014 - soit le jour anniversaire de la Première République en 1792 ! - Bern annonçait clairement la couleur à la télévision (visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=RO14-YAqSLU ) en précisant : "On a besoin d'un symbole national. On n'a aucun symbole autour duquel se rassembler... A titre personnel je reste royaliste et même profondément monarchiste."


Ce sont donc les nostalgiques royalistes qui tiendraient le haut du pavé ?

Et la République continuerait à être vidée de son sens, par les nominations, les projets, les pratiques, les ordonnances ?

Illustration 1
Stéphane Bern reçu par Alexis Corbière au Musée de Montreuil, le 13 novembre 2017

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- L'article ci-joint date déjà (2013). Il est pourtant d'une grande actualité : http://www.lesinrocks.com/2013/04/12/medias/historiens-de-garde-perpetuent-vision-reactionnaire-notre-histoire-11382686/

- Ici, l'historien Nicolas Offenstadt s'en prend directement à la nomination du nouveau Mr Patrimoine, le 18 septembre : http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20170918.OBS4778/stephane-bern-en-charge-du-patrimoine-sa-vision-de-l-histoire-est-etriquee-et-orientee.html 

- Là, la réponse de Stéphane Bern, le 19 septembre : http://www.lexpress.fr/actualite/politique/stephane-bern-missionne-par-emmanuel-macron-les-critiques-m-agacent_1944796.html

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