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Dans le cadre de la campagne électorale c’est en distribuant des tracts pour Jean-Luc Mélenchon que j’ai été abordé par une charmante dame qui recherchait des citoyens engagés dans ce combat hors norme de la Présidentielle, afin de venir parler devant une caméra. Elle me dit que les participants seront des gens comme vous et moi, c’est à dire qu’il n’y aura pas de responsables de parti, d’habitués des plateaux médiatiques. Et que cela se ferait en anglais, avec une célèbre animatrice de la télé américaine, Chelsea Handler (dont je ne connaissais même pas le nom, mais qu’importe) en vue de multi-diffusions sur Netflix. Après quelques hésitations, j’accepte – malgré mon anglais parlé qui n’est pas au top. J’accepte car pouvoir débattre avec quatre autres personnes anonymes, petit panel divers, soutenant chacune un des quatre autres principaux candidats, m’intéresse beaucoup.
Rendez-vous est donc pris, après que l’on m’ait demandé d’adresser une courte vidéo en anglais me présentant. Et l’après-midi, me voici attablé dans un bistro parisien près de Notre Dame. Une impressionnante équipe technique, trois caméras, et pour nous, une table avec une bouteille de vin rouge, du saucisson et du pain frais pour décor. Clichés de la France.
Je suis arrivé le dernier des cinq. Immédiatement je fut surpris. Nous n’étions pas cinq français d’âge et d’origine diverses, mais j’étais le seul « vieux » (60 ans) : mes quatre interlocuteurs avait tous entre 21 et 24 ans. Dont acte.
Les surprises n’allaient pas s’arrêter là. Lorsque nous nous présentons, les quatre étudiants se présentent comme totalement bilingues. Je constate que le soutien de François Fillon est un jeune plutôt raide et qui débattra peu, Stephan, alors que Sonia, la sympathique jeune femme franco-iranienne soutenant Macron apporte la touche de « diversité ethnique » chère aux médias. Des cinq, c’est la seule femme.
Mais surtout, je constate que le souriant Richard est responsable de la Jeunesse Socialiste sur l’Ile de France depuis cinq ans. Pourtant, on m’avait bien dit qu’il n’y aurait pas de responsables politiques… Le plus surprenant – au très mauvais sens du terme – était à venir avec le représentant ou disons le porte-parole du FN. Car David, lui, est le responsable de la section FN à Sciences Po Paris. La section qui a tant fait coulé d’encre, au cœur de tant de polémiques depuis longtemps déjà. Et qui ose prétendre se nommer « Jean Moulin ! ». C'est peu dire que sa présence m'a mis en colère !
Arrive la « journaliste célèbre »… qui nous pose des questions plus étranges les unes que les autres (vous n’avez plus de roi en France ? Depuis quand ?), n’a absolument aucune connaissance de la vie politique française, n’a visiblement même pas lu le nom des candidats à l’élection avant l’enregistrement et se met à parler de Trump, des mails de Clinton en s’énervant toute seule, sans rapport avec… la choucroute. Surtout, le débat n’est qu’un prétexte : sa seule obsession c’est Le Pen. Ce n’est pas du tout de comprendre, débrouiller les enjeux de cette élection. Elle déteste Trump et veut faire détester le FN. Alors ? La première question s’adresse au David. Le jeune cadre formaté parle, parle, ne s’arrête pas dans son discours pervers si bien rodé. Avec un sourire d’ange ? A vous de juger. Car c’est ce moment qui est gardé dans l’émission diffusée ce vendredi 21 avril sur Netflix. Il est le seul à qui est donnée la possibilité de parler de son programme. Aucune des critiques de fond que je fis en portant la contradiction n’a été gardée en dehors de quelques mots. Et les quatre autres programmes ? Rien – pas un mot n’a été gardé du rapide tour de table fait en fin d’enregistrement. Lorsque juste apr ès un premier tour de table j’ai repris la parole pour lui dire que l’enjeu de l’élection est autre : qu’il s’agit de la pauvreté, de la crise, du chômage, de choisir une autre voie que celle de la rigueur, de la haine… elle me regarde excédée. Tout fut de la même veine. Pendant une petite heure.
Et voilà comment sous couvert de lutter contre le F Haine, on lui ouvre une tribune !
D’autant que je vous invite à goûter le second extrait conservé dans le talk show, auquel sont rajoutés des rires enregistrés ( !!!) En tout, 3’15 ont été gardés en deux passages. La meneuse de revue demande à Richard s’il est gay et se tourne alors vers David – tous deux acquiescent. Et la marieuse leur propose qu’ils se retrouvent. Au delà de la vulgarité abyssale de la séquence, il y a le dernier mot. Elle « vous n’êtes décidemment pas dans la bonne équipe » et lui « j’ai l’esprit ouvert. »
L’enregistrement terminé, j’ai filé. Le soir, la Politique avait droit de cité sur notre poste de télé. Pour Netflix, il s’agit de tout autre chose, mêlant, sous couvert de grrrrand professionnalisme (merci le montage !), un total amateurisme et une totale absence d’élémentaire rigueur intellectuelle.
La séquence à propos des élections françaises débute à 25’25
Invitée : Nicole Bacharan
Deux séquences du débat : de 27’20 jusqu’à 29’40 et de 30’20 jusqu’à 31’15 = 3’15
Les deux extraits sont facilement visibles ici : https://www.youtube.com/watch?v=JOnj4iWo4f0&t=3s