De quoi Fillon est-il le nom?
« On ne peut pas diriger la France si on n’est pas irréprochable » François Fillon, 24 novembre 2016
« Jusqu’à présent, je ne m’étais jamais impliquée dans la vie politique de mon mari. » Pénélope Fillon, octobre 2016
Souvenez-vous. Lorsqu’il évoquait, le 20 septembre 2012 « l’injustice sociale entre ceux qui travaillent dur pour peu et ceux qui ne travaillent pas et reçoivent de l’argent public », il est clair que François Fillon savait de quoi il parlait. Maintenant, découvrant les révélations du Canard Enchaîné, il évoque les « boules puantes. » Mais ce sont ses pratiques et ses méthodes qui ne sentent pas vraiment la rose. Ce que lui et ses amis dénoncent à longueur de temps, ce sont leurs pratiques depuis des années !
Hier, à la télévision, sa porte parole, Valérie Boyer, était également prise en flagrant délit de mensonge. Notez qu'en quelques secondes, cette ancienne député ment et se rétracte : parlant d’abord de l'emploi de son fils « à titre bénévole » à l’Assemblée, elle doit rapidement reconnaître un emploi « rémunéré, mais pour des activités réalisées »... Pathétique – et tellement révélateur.
En quelques années, Mme Pénélope a donc touché 500.000 euros (via un salaire de 3.900 à 7.900 euros mensuel) pour un travail (?) à l’Assemblée Nationale en tant qu’assistante parlementaire. Pour quelle présence et quel travail ? Mystère… Emploi fictif ? Détournement de fonds publics ? Abus de biens sociaux ? C’est la justice qui tranchera. Heureusement que le parquet financier s’est saisi immédiatement de cette affaire : nous sommes à moins de trois mois de l’élection présidentielle…
Mais n’attendons pas des citoyens une présomption d’innocence envers celui qui s’affiche sans cesse comme un chrétien vertueux et tellement charitable, qui ne cesse de dénoncer le coût de l’Etat – et qui lui fait les poches en douce, sur le dos des contribuables.
Les faits parlent d’eux-mêmes : sa femme, qui aime se dépeindre en « mère au foyer », affirme à longueur de médias complaisants qu’elle n’avait jamais travaillé. Mensonges, puisque son mari lui inventait un revenu universel à usage unique. Comme il disait, avec la malice d’un moralisateur ultra-libéral, en septembre denier : « Il serait temps que l’on accepte qu’il peut y avoir des emplois précaires »
Le camouflage et la dénégation sont d'ailleurs une vraie marque de famille : en 2012, son frère Pierre, ophtalmologiste, se prétendait bénévole à l’Automobile Club de l’Ouest – mais on apprenait qu’il y touchait de fait un salaire de plus de 12.000 euros par mois.
Or ce n’est pas tout : Mme Pénélope a touché, quant à elle, 100.000 euros (via un salaire de 5.000 euros mensuel entre mai 2012 et décembre 2013) pour un travail fictif à la « Revue des deux mondes », propriété d’un de leurs amis, Marc Ladreit de Lacharrière (PDG de Fimalac). Celui qui déclarait à l’automne dernier, devant des journalistes sidérés de le voir mimer sans gêne un marionnettiste : « Ce que j’aime, c’est tirer les ficelles ! »
Après avoir déboursé cette somme pour deux mini-articles fournis par Mme Pénélope sous un pseudo (soit 50.000 euros pour une critique littéraire d’une petite page ou précisemment 100.000 euros pour 1500 signes*), la Revue des deux mondes de février a bien raison de se demander « De qui Fillon est-il le nom ? » Mais elle ne fournit rien d’autre que des réponses hagiographiques à la FOG.
Pourtant, poser la question, c’est y répondre : déguisé en père la vertu, c’est le nom d’un dissimulateur et d’un profiteur pris la main dans le pot de confiture ! Ces 600.000 euros vont vraiment ruiner sa campagne.
Nous y sommes : Autant, médiatiquement, le livre du Président qui « ne devrait pas dire cela » fut le clap de fin pour Hollande, autant les révélations sur Mr et Mme Fillon, avec des pratiques financières et familiales qui font honte à la République, vont marquer un autre tournant politique : celui de la dégringolade d’un candidat, déjà mal en point avec son programme si violent envers toute la société – sauf pour ses amis les riches.
Oui, il s’agit bien de deux mondes que tout oppose ! Pour nous l’austérité maximum. Pour eux le pactole de petits arrangements en famille et entre amis…
Cette histoire symbolique met à nu qui est François Fillon : un châtelain de la Sarthe qui voudrait faire trimer le petit peuple 48h par semaine en accroissant ses propres privilèges.
Alors, le 23 avril prochain, gageons que les électeurs feront fi de Fillon et voteront F.I. – pour une France Insoumise à tant de turpitudes, aux côté de Jean-Luc Mélenchon.
Il est temps de changer de pratiques, d’hommes politiques et de République.
* Ce qui met le coup de chaque signe à 25,57 euros et donc le coû de cet article à 124.832 euros.