Argument n°1:
Nous sommes dans un régime présidentiel ultra centralisé. Et Marine Le Pen a déjà dit qu'elle n'hésiterait pas à appliquer l'article 16 : les pleins pouvoirs. Je le dis depuis des mois : cela peut aller très vite, très très vite. Et cela signifie que l'armée et les forces de l'ordre seront mobilisées pour faire régner l'ordre.
L'ordre ? C'est sur son affiche, son programme et c'est à prendre au premier degré : "remettre la France en ordre" Cela s'appelle une dictature ; aux mains du FN. Je vous assure que cela n'a rien du tout d'un fantasme. Il suffirait d'un attentat, de quelques manifestations. Dès les jours suivant le 7 mai. Pourquoi pas le 13, en souvenir de 1958 ?
Cela fait partie de leur logiciel n°1. Quitte à mettre le feu partout. Mais les forces de l'ordre seront à leur main. Pour un « ordre nouveau »...
Argument n°2 :
Le FN, c'est l'outrance dans les mots, dans les actes - dans le programme. C'est la haine de l'étranger, du réfugié, de celui qui est différent. La haine de l'Islam.
Le FN au pouvoir, ce serait une horreur sans commune mesure avec cette France rabougrie que nous laisse Hollandde et ses comparses en héritage, une France incapable d'accueillir plus que quelques petits milliers de réfugiés lorsque des centaines de milliers déferlent ; une France où à la frontière de Vintimille par exemple, les policiers font la chasse à de pauvres gamins épuisés par des semaines d'errance les amenant à frôler le pire et se voyant repoussés avec la plus inhumaine des attitudes.
Le FN au pouvoir, c'est la fin de la France des Droits de l'Homme - et de la femme (imaginez Marion Maréchal au Ministère de la Famille...)
Le FN ? C'est NON. Pas une voix pour Le Pen !
Argument n°3 :
A la veille du premier mai, fête internationale des travailleurs, cet argument mérite d’être proposé loin des assignations ou des pensées binaires – en développant une réflexion politique.
Ce troisième argument que je poste aujourd’hui est sans doute différent de ceux auxquels vous pouviez vous attendre. Il est lié à un rapport de forces avec le FN, qu’il ne faut à aucun prix laisser s’installer, contre lequel il va falloir lutter pied à pied. La France Insoumise est face à la nécessité impérieuse, vitale, d'amplifier ce qui vient de se passer avec ses 20% de voix le 23 avril.
N’ayons aucun doute : après, avec les étrangers, nous serions les premiers visés par la politique répressive du F N. Partis d’opposition, syndicats, mouvements associatifs et autres structures de solidarité seront immédiatement visés. Il est essentiel de préserver et développer nos acquis de dimanche, de mesurer ces véritables enjeux.
Car le 7 mai au soir, plus le pourcentage de voix sera important pour Le Pen, plus cela entraînera immédiatement une dynamique dont nous serions bien incapable de mesurer les effets sur les législatives – mais dynamique, à n’en pas douter, potentiellement porteuse d’un immense danger. On ne pourrait même exclure que cette dynamique FN ne les amène à asseoir une majorité à l’Assemblée le 18 juin prochain.
Nous sommes, quant à nous, avec nos 20%, le premier, le plus fort rempart contre le FN. Nous avons réduit, de façon spectaculaire, l’écart avec Le Pen. Nous avons endigué sa progression annoncée – on le donnait à 28 ou 30% au premier tour il y a encore quelques semaines. Depuis le début de la France Insoumise, notre but est la reconquête des milieux populaires. Inutile d’insister sur la terrible menace si elle était élue – ce qui est fort improbable. Mais il est vital de comprendre que plus bas sera son pourcentage dimanche prochain, moins forte sera la dynamique FN lors de la campagne des législatives.
Contre ces dangers multiples, il faut s’appuyer sur nos résultats du 23 avril : 84 % des votes sont des votes d'adhésion au programme de la France en Commun. 30 % des jeunes ont voté Jean-Luc Mélenchon. Là est un espoir immense.
Regarder le bilan ville par ville est plus qu’édifiant et montre l’ampleur du succès remporté par F.I. en n’oubliant jamais que Marine Le Pen est en tête dans 19.000 de nos 36.000 communes (soit 55% ! ) : 38 départements nous ont qualifié pour le 2è tour, nous plaçant en tête dans de très nombreuses grandes villes : Montpellier 31,5 % Lille, Toulouse et Le Havre 30% Grenoble 29% Avignon 28% St Etienne et Marseille 25% Nimes 24% Sans parler de Gennevilliers 47 %, La Courneuve 44 % – ou Evry, la ville de Valls où JLM est en tête avec plus de 34 % des voix. Les scores sont impressionnants : Roubaix 35%, Tourcoing 28%, Rennes 26 % Nantes, Rennes, Amiens, Besançon, Clermont-Ferrand : 25 % Strasbourg 24 % Bordeaux, Limoges, Lyon 23 % Le Mans 22 %
Qui l’eut dit il y a quelques semaines ? Ceci résonne d’autant plus que dans les derniers moments de la campagne, n’oublions pas que – de la droite la plus dure au Président de la République – tous les coups les plus bas furent portés contre Mélenchon et non contre Le Pen.
Ces résultats concrets sont autant de points d’appui pour lutter contre le F N. Et autant de raisons pour le contrer dimanche, ne pas lui donner une voix – ni une demi voix, car l’abstention (impensable pour des républicains) ou le vote blanc ont immédiatement comme conséquence de faire monter arithmétiquement le pourcentage de Marine Le Pen.
Dans 451 circonscriptions sur 577, avec le résultat actuel, la France Insoumise peut-être présente au second tour des législatives, avec son programme, en continuité avec l’élection présidentielle. Avec la possibilité d’être en tête dans 212 circonscriptions. Nous devrons concrétiser toutes ces potentialités, avec comme objectif notre force de proposition, d’action et d’opposition au FN comme au libéralisme de Macron.
N’oublions pas que depuis dimanche dernier, plus de 60.000 personnes sont venues s’inscrire sur le site de JLM 2017, qui comptabilise désormais bien plus de 500.000 soutiens actifs !
Or depuis dimanche soir, il y a les commentaires incessants, les injonctions, le déferlement de haine, de mots vulgaires et injurieux concernant Jean-Luc Mélenchon et ses électeurs. J’en garde quelques exemples frappants venant souvent de grands intellectuels ou musiciens célèbres… qui sans aucun doute seront aussi virulents face à la position du clergé catholique comme du Pape qui refusent de prendre position. Or notre position est claire, contre Le Pen. Pas une voix au FN. Rien à voir avec ce que prétendent tant de médias qui titrent sur le « ni-ni » de Mélenchon qui ne donnerait pas de consigne de vote. Faux. Car que dit-il ? Non pas tronqué, mais dans le texte (à 17’30 de la vidéo déjà vue près de 900.000 fois en deux jours https://www.youtube.com/watch?v=HcMV4Fa51Cs ) :
« Y’a un doute ? Y’a un doute sur quoi ? Sur ce que je pense du Front National ? Moi mon opinion, elle est affichée sur tous mes habits depuis cinq ans… Le triangle rouge. L’insigne des déportés politiques emprisonnés par les nazis. Et puis cela représente la lutte pour la journée des trois huit. Vous voyez, cela me met à distance de bien du monde dans ce deuxième tour. Mais franchement, est-ce qu’il y a une seule personne parmi vous qui doute que je ne voterai pas Front National ? Tout le monde le sait. Et d’ailleurs parmi les 7.000.000 de personnes qui ont voté pour moi, je suis quasiment certain qu’il doit y en avoir de manière très résiduelle qui vont aller voter pour le F N. Comment je le sais ? Dans mes rassemblements, chaque fois que j’ai mis en cause le Front National et Mme Le Pen, tout le monde criait. Y’a pas de doute sur qui nous sommes. Nous sommes une mouvance politique qui n’a rien à voir avec l’extrême droite. Nous nous y sommes confrontés historiquement, culturellement, philosophiquement, ça tout le monde le sait. Le doute n’existe pas sur ce que va être mon vote. Il est créé pour fiche la pagaille dans les législatives qui arrivent derrière… Le comportement de Monsieur Macron le met dans une situation chaque jour un peu plus difficile. Il passe à la télévision, la première personne à qui il s’en prend, c’est moi. C’est absurde ! Et il dit aux gens : « vous méritez mieux que lui… » S’en prendre à moi de cette manière, c’est pas raisonnable ; ça énerve tout le monde. Il a déjà perdu 6 points dans les sondages. C’est pas moi qui les lui ai fait perdre. A la fin, ça commence à bien faire non ? On nous avait dit que c’était lui le meilleur barrage contre Madame Le Pen. D’ailleurs, y’a plein de gens qui l’ont cru ; alors ils se sont dit « on vote pour lui parce que c’est le vote utile » comme ils disent. Maintenant ils découvrent tous que leur candidat il n’est pas si fameux que ça ; pour ce qui est de faire campagne électorale, c’est pas très au point et ainsi de suite. Mais prenez-vous en à vous. C’est vous qui avez organisé cette comédie, eh bien gérez la maintenant ! Ce qui nous est demandé, ce n’est pas un vote anti-fasciste, ce n’est pas un vote anti-extrême droite. Ce que nous demande Monsieur Macron, il l’a dit : il nous demande un vote d’adhésion. Non, nous n’adhérons pas à ce projet. Avec cette simple phrase, il s’est encore mis dans une plus grande difficulté. Cela ne va pas m’empêcher moi, comme personne libre, de faire ce que j’ai à faire.
Vous n’avez pas besoin de moi pour savoir ce que vous avez à faire. Vous n’avez pas besoin de moi. Je ne suis pas un gourou, je ne suis pas un guide. Je suis un responsable politique qui essaye d’éclairer le chemin et de porter la parole des autres. Vous allez prendre une décision. Mon rôle est de vous aider à rester groupé, d’être la force qui va rassembler. Le programme l’Avenir en commun reste notre cadre. Par respect pour les gens . Il y a longtemps que j’avais dit : si nous ne sommes pas au deuxième tour, il y aura une consultation de ceux qui m’ont soutenu et nous déciderons de la suite. Nous y voilà. »
Dimanche, pas une voix pour Le Pen, comme Jean-Luc Mélenchon l’a redit avec une grande force sur TF1 ce soir.
Donc Macron. Et rendez-vous le 7 mai au soir.
Ensuite, RIEN n’est joué et les 11 et 18 juin seront décisifs pour choisir la politique qui devra être conduite ces cinq prochaines années.