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Billet de blog 23 septembre 2010

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Comment avoir la maitrise de son destin?

Telle est la grande question de la politique, et c’est, avec la justice, sa seule grande véritable ambition. Les deux sont d’ailleurs liées.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Telle est la grande question de la politique, et c’est, avec la justice, sa seule grande véritable ambition. Les deux sont d’ailleurs liées.

A cette question, le discours des mondialistes répond : cela est devenu presque impossible car tout est mondialisé.

On voudrait leur demander : pourquoi la situation est-elle devenue ainsi ?

Ils répondront : ‘c’est la marche des choses’, c’est une ‘fatalité’, oubliant au passage que :

- - La mondialisation n’est que le fruit de décisions politiques visant à rendre toujours plus dépendants les pays entre eux (cf. Les méfaits de l'interdépendance).

- Que toute décision politique est réversible, par une décision contraire, qu'il faut parfois avoir le courage de prendre.

Quelle est le moyen de maitriser son destin dans la mondialisation ?

Le seul moyen, nous explique-t-on, est de s’en remettre à des instances mondiales qui régleront le monde.

Leur réponse est donc, pour maitriser son destin, de s’en remettre à des instances les plus éloignées possibles de soi. Ce qui est tout de même, on l’admettra, une bien étrange manière de régler le problème.

Au fond, la situation est la suivante.

Dans un petit village, un maire prend les décisions suivantes :

- Désormais plus personne ne fermera ses portes car c’est contraire à la convivialité et à la règle d’hospitalité qui doit régner entre les hommes.

-- - Nul ne fera chez soi un travail personnel : chacun devra travailler pour autrui, car c'est par l'échange que l'on crée de la richesse et c’est en s’entraidant que l’on se soude et que l’on évite de se taper dessus.

Quelque temps après, le même maire plein d’idées s’étonne : les vols ont doublé et les gens sont de plus en plus dépressifs et montés les uns contre les autres. Ils n’ont plus le sentiment de vivre pour eux et pestent contre leurs voisins qui profitent de leur travail.

« Mais comment cela est-il possible ? » se demande notre petit maire qui avait pourtant pensé à tout pour que le paradis revienne sur terre.

Se rendre dépendant des autres est le meilleur moyen de n’être plus maitre de sa propre vie. Il est étonnant d’avoir à rappeler cela même à des « libéraux ».

Ainsi la mondialisation est un mouvement proprement contraire à toute véritable politique, et une « politique mondialisée » ne peut qu’être une contradiction dans les termes, une belle illusion dont il serait temps de sortir.

Il est vrai que de gros intérêts sont en jeu. Car, si l’idéologie mondialiste est le fait de quelques politiques, la réalité de la mondialisation, elle, est le fait de quelques acteurs économiques très puissants et qui retirent les plus grands profits du travail des uns pour les autres. Ils n’ont donc pas beaucoup envie que l’on redonne un jour son sens à la politique.

Au fond, la mondialisation est un processus d’asservissement de tous contre tous, au profit de quelques uns.

Ah tout de même, j’y vais un peu fort. J’oubliais de préciser que la mondialisation, ça permet malgré tout aux gens de voir du paysage plus facilement. Il ne faut tout de même pas minimiser l’importance de cette grande avancée.

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