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Billet de blog 22 mars 2020

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Plus rien ne sera pareil… Mais le changement n’est pas certain.

De la responsabilité individuelle en vue de l'action collective

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Lorsque l’on récite des formules telles que « il y aura un avant et un après le coronavirus », « plus rien ne sera comme avant », « les choses doivent changer », on pense généralement à l’économie mondiale (cette fameuse mondialisation), souvent à “notre” service public en voie de destruction, et, surtout, aux traumas générés par cette séquence inédite, (soi-disant) nouvelle, et particulièrement mal gérée par des autorités aux égos dignes d’enfants pourris gâtés d’une dizaine d’années. 

Mais il y a un grand oublié, au mieux à peine effleuré, dans ces changements à venir.

Soi.

Quid des remises en question personnelles ? On a trop peur pour affronter ses peurs ? Je ne comprends pas : nous voilà confinés dans nos appartements et autres résidences (parfois secondaires), “rien à faire” et… Et on passe notre temps à avoir peur pour sa petite personne ?

Parce que, bourgeois que nous sommes, il n’est généralement pas question des “plus démunis” (magnifique euphémisme) quand on a peur. Les réfugiés oubliés dans les CRA, les SDF toujours SDF, les emprisonnés depuis et pour des lustres, les familles entassées dans de ridicules appartements (eux-mêmes entassés dans des tours immondes à la périphérie des beaux centre-ville), les caissières et autres personnels des magasins, qui continuent à nous approvisionner quotidiennement en TOUT, les routiers qui, parce qu’ils n’ont d’autres choix, continuent de rouler, après que des manutentionnaires (engagés en urgence et payés au lance-pierre) aient chargé leur camion avec ou sans protection de base, les flics qui commencent à engorger à leur tour les services médicaux, et j’en oublie (et ça me fait chier d’en oublier), pour eux, la peur que l’on éprouve est bien relative… Ceux qui sont réellement entassés les uns sur les autres ou qui ne peuvent pas rester chez eux et qui, tous les jours, se rendent la boule au ventre (euphémisme encore), dehors, là où le risque est bien réel – si ce n’est directement pour eux, pour les plus faibles (physiquement) qu’ils pourront croiser par la suite (leurs vieux parents peut-être ?)

Quitte à avoir peur à raison, peut-être pourrait-on d’abord avoir peur pour eux.

Et puis il y a l’espoir que fait naître telle “découverte”, telle nouvelle, telle information relayée à peine elle a pointé le bout de son nez par une presse globalement proche de la nullité. L’espoir, cette autre face de la peur. L’espoir rapidement détruit, aussitôt remplacé par une bonne peur bien brutale, comme on l’aime, parce qu’on la connaît si bien. Si la peur m’agace (j’adore les euphémismes), l’espoir me dégoûte.

Aujourd’hui, nous n’avons certainement pas besoin de peur ni d’espoir. En revanche, un poil de courage serait le bienvenu. Et, pour rester cloitrer chez soi, le courage dont il est question est fort relatif. Sinon… Et bien sinon, d’ici peu de temps, tout redeviendra tristement normal, comme avant, c’est-à-dire pire qu’avant.

Plus rien ne sera pareil, oui, peut-être… À la condition sine qua none que chacun ait changé entre temps, c’est-à-dire se soit remis en question, c’est-à-dire ait eu le courage de se dire : « j’ai peut-être été un petit peu con(ne)… »

M le Mot Dit

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